mercredi 17 juin 2009

GdO 1 - Libération

Chapitre 17

Libération

Le silence qui suivit cette déclaration, bien que chacun l'eut comprise avant, fut pesant. Chacun des trois Gardiens se préparant à ce qu'ils allaient devoir affronter le soir-même. Ce fut finalement AxeMan qui rompit le silence, après s'être levé pour regarder le soleil qui se couchait à l'horizon.

- Une fois de plus, ils nous prennent de vitesse, dit-il sans laisser paraître son énervement. Espérons seulement que le temps qu’ils nous ont laissé pour nous préparer n'aura pas été vain pour nous.
- Et qu'allons-nous faire exactement ? demanda Wood.
- Libérez le Fondateur, répondit AxeMan en haussant les épaules.
- Oui, mais après ? On retourne bien sagement ici, sachant que la Milice doit être avertie de notre refuge ? On s'enfuit à nouveau ailleurs ? On affronte la Milice ?
- On affronte la Milice. Il est hors de question de les laisser circuler un jour de plus.
- Je vois...
- En ce qui me concerne, commença Félix, j'ai dit au neveu du Fondateur et à son ami d'attendre dans la taverne et, si possible, de faire évacuer les lieux le plus discrètement possible et...
- Quoi ? s'exclama AxeMan. Discrètement, alors qu'il est suivi par la Milice ? Tu penses que ça passera inaperçu ?
- J'ai assez bien observé les alentours avant d'entrer, dit Félix en secouant la tête, et je n'ai vu aucun membre de la Milice.
- Et ça servira à quoi ? demanda Wood.
- Tout simplement à avoir un point de repli une fois que le Fondateur sera libéré. Si nous arrivons avant la Milice là-bas, la défense sera plus facile à mettre en place, le seul point d'entrée étant la porte. Le tavernier a fait renforcer les fenêtres à cause des soulards qui les cassaient…
- Très bien, dit AxeMan en hochant la tête. Ca peut être une bonne idée, en effet.
- Et, reprit Félix, je leur ai également demandé de vous acheter des capes similaires à la mienne, afin que vous puissiez passer inaperçus en ville.
- C'est également une bonne idée, commenta Wood. Il vaut mieux éviter que l'on nous reconnaisse avant d'arriver au Temple... après tout, nous sommes recherchés en ville...
- Très bien, dit AxeMan en portant sa main à sa poitrine. Donc, au menu de ce soir : libération du Fondateur et fricassée de Miliciens à la taverne.
- C'est prometteur, dit Félix.
- Je pense que cette nuit sera inoubliable, dans un sens, comme dans l'autre... finit AxeMan en regardant l'horizon tandis que le soleil venait de disparaître totalement. Nous partirons une fois la nuit tombée.

Et une fois que l'obscurité s'était étendue autour d'eux, les trois Gardiens se mirent en route vers l'Arche et la traversèrent rapidement pour se trouver face à l’Empire. La rue qui s'ouvrait devant eux était déserte, mais ils avancèrent avec prudence et arrivèrent au niveau de la taverne.
AxeMan fit signe à Félix de regarder si la salle était vide et d'aller chercher les capes. Celui-ci s'exécuta et entra dans la taverne. Il en ressorti cinq minutes plus tard, indiquant que la taverne n'était pas totalement vide.

- Combien reste-t-il de personnes ? demanda Wood.
- Une vingtaine, environ, répondit Félix en lui donnant une des deux capes qu'il avait récupérées. Mais tout à l'heure, il y avait une centaine de personnes, donc on peut espérer qu'elle soit vide quand on revient.
- Dans ce cas, allons-y, dit AxeMan après avoir fini d'accrocher sa cape autour de son cou et après avoir remonté sa capuche. Je pense que le temps nous est compté.

Et le groupe reprit sa marche. Les rares personnes qu'ils croisèrent étaient intriguées de voir un groupe de trois personnes vêtues d'une cape grise, la cagoule relevée. Ils purent entendre des commentaires sur le fait que les étrangers étaient vraiment bizarres et que ceux-ci venaient sans aucun doute de loin. Mais personne ne tenta de les arrêter.

- Et si c'était un piège, dit Wood à mi-voix alors qu'ils arrivaient au bas de la route qui gravissait le plateau du Temple.
- On verra bien, dit AxeMan. On ne peut se permettre de supposer que c'en est un.

Il semblait que personne n’était de sortie ce soir-là. Wood eut beau regarder autour de lui pendant l’ascension, il ne distingua aucune silhouette dans les rues. La seule lumière provenait de la lueur blafarde qu’émettait encore l’horizon durant l’agonie du jour et la naissance de la nuit.
Ils atteignirent l'entrée de la Rue Interdite. Il leur semblait avancer beaucoup trop facilement. La rue était vide, comme souvent. Ils continuèrent d'avancer et entrèrent dans le parc du Temple après avoir traversé le bois le bordant. Silencieux, également.

- Nous y voilà, dit AxeMan en s’arrêtant devant la porte sombre. Je passe le premier et vous me suivez.
- Euh... fit Félix.
- Quoi ?
- Je te rappelle que seul toi peux rentrer dans le Temple.
- Ah, merde ! Je n'avais pas pensé à ça...
- Et donc, on fait quoi ? demanda Wood.
- Ce n'est pas très différent d'un transplanage ou d'un portoloin, dit AxeMan. On peut donc supposer que si j'essaie de rentrer alors que vous êtes en contact physique avec moi, ça devrait fonctionner...
- De toute façon, on n'a rien à perdre dans tout ça, dit Félix. Tentons...

Ils s'approchèrent de la porte et Wood et Félix agrippèrent AxeMan aux épaules alors que celui-ci posait sa main sur la porte. Au début, Wood ne sentit rien, puis une sensation de chaleur lui envahit la main qui était posée sur l'épaule d'AxeMan. Puis, cette sensation diminua et laissa place à une sensation de froid et Wood fut comme projeté en avant, à travers la porte, qu'il traversa, accompagné d'AxeMan et de Félix.
Ils tombèrent lourdement sur le sol, puis se relevèrent.

- Quand même, dit Félix en se relevant, ça me paraît une manière un peu simple de contourner la protection du Temple.
- A ce détail près, qu'il est quand même nécessaire d'avoir quelqu'un qui dispose de la possibilité d'entrer dans le Temple. Et on ne trouve pas ça à tous les coins de rue.
- En tout cas, voici vos baguettes, dit AxeMan en leur tendant leur baguette respective qu'il avait ramassées au sol.
- Merci, dit Wood. Et maintenant ?
- Je suppose qu'il est retenu au sous-sol, répondit AxeMan en se dirigeant vers le fond de la salle.
- N’empêche, dit Félix à mi-voix en lui emboitant le pas, quel est l’idiot qui s’est cru obligé de nous séparer de nos baguette ?
- Le Fondateur, répondit AxeMan sans se retourner. Et tu peux te considérer heureux qu’il n’y ait pas quelques unes des ses boules puantes sur le lieu d’atterrissage.
- Un vrai gamin, c’est pas croyable…

Ils surveillèrent les alentours tout en parlant, mais ne virent personne. Mais ils n’en avaient pourtant pas moins l’impression d’être observé. 
Ils arrivèrent devant une porte qui donnait sur des escaliers en colimaçon qui semblaient taillés directement dans la pierre qu'ils se mirent à descendre pour déboucher sur une sorte de salle taillée qui semblait dans le même cas. Si le hall du Temple était lumineux, son sous-sol était sombre, mais il y régnait une faible lumière suffisante pour s'y repérer. L’endroit devait être à peu près aussi grand que la salle à l’étage supérieur, mais aucune colonne de marbre n’était là pour masquer la vue.
Ils finirent par trouver le Fondateur, dans une espèce de cellule dont seul les barreaux métalliques offraient une différence avec le reste de l'environnement.
Celui-ci était allongé au sol et semblait inconscient.

- Fondateur, dit AxeMan à mi-voix en agrippant les barreaux. Fondateur, ça va ?

Mais celui-ci ne répondit pas et alors qu'AxeMan pointait sa baguette vers les barreaux de la cellule, Wood aperçut une espèce de halo bleuté sur les murs de la cellule.

- Il est dans une Cage de l'Esprit, dit-il.
- Quoi ? dit AxeMan.
- Je préfère ne pas savoir à quoi a servi cette Cage, mais je suppose qu'en ce moment, il est mort... du moins, mort pour l'intérieur de la Cage...
-Exact, dit une voix derrière eux qui se réverbéra sur toutes les parois de la caverne avant de s’éteindre.

Les trois Gardiens sursautèrent et pointèrent leur baguette dans la direction d’un homme de taille moyenne avec un visage banal, sans aucune marque de distinction. Une personne dont il était difficile de dresser un portrait si on ne l’avait pas en face de soi. Un monsieur tout le monde, en quelque sorte, à une exception de taille près : il portait la robe blanche des Consuls et les trois Gardiens le connaissaient. 
Le Premier Consul. Les bras croisés, mais aucune expression menaçante sur le visage.

- Je me doutais du fait qu'il ait donné la permission à l'un d'entre vous d'entrer dans le Temple, continua-t-il.
- Restez où vous êtes, intima AxeMan. N'essayez pas de vous interposer.
- Pourquoi le ferais-je ? répondit le Consul en haussant les épaules. Le Fondateur est à l'origine de l'Empire, de l'endroit où nous sommes. Pourquoi empêcherais-je de le sauver ?
- Dans ce cas, pourquoi l'avoir laissé enfermé dans le Temple, et pourquoi le laisser dans cet état ? demanda Félix.
- Si je le libérais, qu'aurais-je fait ensuite ? répondit le Consul d’une voix très légèrement plus faible. M'enfuir parce que je les aurais trahis ? Cela m'est impossible, j'ai des responsabilités importantes dans cette ville.
- Trahis ? répéta Félix. Vous êtes l'un d'entre eux ?
- C'est plus compliqué que ça. J'ai laissé Ford prendre trop de pouvoir. J'ai laissé le Fondateur créer une unité pour contrer la Milice. J'ai été pris en étau, dans l'impossibilité d'en faire trop pour l'un ou pour l'autre.
- Dans ce cas, rejoignez-nous, proposa Wood.
- Non. Je ne suis pas en position de me lancer dans une guérilla urbaine, Wood. Je suis le Premier Consul, l’Œil qui Voit sans être Vu et qui Décide pour le plus grand bien de tous, énonça-t-il d’une voix presque monocorde qui brisa l’effet que le titre aurait pu avoir.
- Vous ne vous prenez pas pour de la merde, quoi, fit remarque Félix.
- Et encore, si vous aviez vu le Fondateur quand il était encore à ma place, il y a quelques années de ça, lui, il s’y croyait vraiment.

Il soupira.

- Mais je ne vous accompagne pas. Ford a commis de grosses erreurs avec ses Miliciens, mais il reste un ami.
- Mais pourquoi laissez-vous le Fondateur dans cet état, demanda AxeMan en faisant exploser les barreaux de la cellule.
- La mort, dans une Cage de l'Esprit, est un moyen de vie beaucoup plus acceptable que la souffrance éternelle.

AxeMan entra dans la cellule et s'agenouilla à côté du Fondateur. Il le mit sur ses épaules et sortit de la Cage. Le Fondateur se mit à bouger immédiatement et AxeMan le redéposa à terre.

- Que... ? Où... où suis-je ? demanda faiblement le Fondateur.
- Dans le sous-sol du Temple, répondit AxeMan.
- Que... ? AxeMan ?
- Oui.
- Je suis... désolé pour ce...
- On parlera de ça plus tard, dit AxeMan en l'aidant à se relever. Tu peux marcher ?
- Je pense que oui.
- Dans ce cas, on y va, dit AxeMan en regardant le Premier Consul. Et il est dans votre intérêt de nous laisser passer...

Le Premier Consul regarda AxeMan dans les yeux, puis s'écarta afin de le laisser passer.

- Faites en sorte que le Fondateur puisse s'échapper, lui dit le Premier Consul tout en tendant sa baguette au Fondateur.
- Ce sera fait, répondit AxeMan.
- La Milice patrouille la ville. Je ne crois pas que vous surviviez à la nuit, mais ce n'est pas à moi de vous en empêcher. Partez maintenant.
- Très bien, dit AxeMan. Mais évitez de vous rendre à la taverne cette nuit... ce pourrait être dangereux.
- Vous avez bien manœuvré, je trouve, dit Wood à voix basse au Premier Consul en passant à côté de lui.
- C’est-à-dire ? demanda le Consul sans s’étonner de la remarque.
- Laissez le Fondateur créer son unité anti-Gardien. Vous n’aimez pas la Milice non plus, mais vous ne voulez pas vous opposer à Ford directement. Vous nous laissez donc le faire à votre place, sans vous impliquer visiblement.

La seule réponse que le Consul consentit à lui fournir fut un léger sourire à peine perceptible.

- Pourquoi ne vouliez-vous pas… ?
- Je connais la raison qui pousse Ford à agir ainsi, quitte à évincer le Saigneur. Je suis d’accord avec lui, mais ça ne lui donne pas le droit de faire ce qu’il fait.
- Et quelle est cette rai — ?
- Wood ! fit AxeMan depuis l’autre côté de la caverne. Grouille-toi, on n’a pas toute la nuit !

Wood s’éloigna du Consul et rejoint les deux autres Gardiens et le Fondateur avant de sortir du sous-sol et de se diriger vers la porte du hall.

- Pas la peine, dit le Fondateur alors que Wood et Félix s'apprêtait à devoir toucher AxeMan ou le Fondateur afin de pouvoir sortir.
- Quoi ?
- Si on part du principe que seuls les autorisés peuvent rentrer dans le Temple, seuls les autorisés chercheront à en sortir, dit le Fondateur. Il n'y a donc pas de vérification pour sortir du Temple.

Les trois Gardiens et le Fondateur posèrent donc leur main sur la porte. Wood ressentit à nouveau la sensation de chaleur l'envahir à partir de sa main, suivie par une sensation de froid, puis il fut projeté hors du Temple et réussit à se maintenir debout.
Juste devant eux se tenait Whyte, la baguette à la main.

- Tiens donc, dit-elle, il me semblait bien vous avoir reconnu tout à l'heure...
- Laissez-la-moi, murmura Félix en remuant à peine les lèvres.
- D'accord, dit AxeMan à mi-voix, mais dépêche-toi, on risque d'avoir besoin de ton aide.

Félix se contenta de sourire. AxeMan, le Fondateur et Wood continuèrent à avancer sans se soucier de Whyte. Celle-ci essaya de les empêcher de partir, mais Wood, qui fermait la marche, se contenta de détourner les sorts qu'elle envoyait. Puis, alors qu'ils avaient avancé de quelques mètres, ils entendirent la voix de Félix.

- Dis-moi, Whyte, tu te souviens de ce que tu as pu me dire sur mon statut d'animagus ?
- Rappelle-moi...
- Que le fait de me métamorphoser en animal devait altérer mes capacités intellectuelles à chaque fois...

Wood ne put en entendre d'avantage, car il était désormais trop loin pour cela. Cependant, alors qu'il arrivait à la limite du parc du Temple, il se retourna et vit que Whyte et Félix se battait.


1 commentaire:

Tocsin a dit…

Bon, je vais devoir briser l'ambiance bonne enfant régnant sur le blog pour avertir d'un drame : cette première est bientôt finie.

Mais comme une mauvaise nouvelle est toujours accompagnée d'une bonne (du moins, c'est ce qu'on dit, à moins que ce ne soit l'inverse), la publication de la deuxième commencera peu de temps après.


Bonne lecture,

Tocsin