lundi 7 septembre 2009

GdO 2 - Disparitions

Chapitre 8

Disparitions

Wood ne savait pas ce qui l'étonnait le plus quand il sortit de la maison accompagné de AxeMan, un brancard de fortune qu'il avait fait apparaître entre eux deux. Etait-ce le silence total des personnes réunies devant la maison durant les premiers instants, comme s'ils étaient surpris que quelqu'un fût retrouvé vivant ? Etait-ce les cris qui se déclenchèrent peu après quand les gens prirent conscience de ce qui se trouvait sur le brancard en lévitation, comme s'ils reprochaient, pour certains, de n'avoir retrouvé qu'un seul survivant ? Ou était-ce l'écart que firent les gens quand ils passèrent avec le brancard à travers la foule grossissante, quand certains détournèrent les yeux afin de ne pas voir la personne étendue inconsciente ? 
Une chose était sûre, l'homme avait perdu une grande quantité de sang, et il avait besoin de soins appropriés, bien plus que les quelques sorts que Wood effectua sur le moignon saignant de l'homme. Il devait être amené à l'hôpital, qui se trouvait de l'autre côté de la ville. Pour l'y emmener rapidement, Wood et AxeMan avait fait apparaître un brancard sur lequel ils avaient déposé le survivant et l'y avaient fermement attachés afin d'éviter qu'il ne puisse en tomber. La respiration de l'homme était saccadée, mais il ne semblait pas être conscient. AxeMan avait lancé un sort de lévitation sur le brancard et lui et Wood s'étaient dirigés vers la sortie de la maison, non sans prendre les balais qu'ils avaient déposés à l'entrée et ils étaient ressortis affrontés la foule et le froid.
Une fois dans la rue, ils attachèrent le brancard à l'avant et à l'arrière de chaque côté à un balai afin d'assurer son maintien une fois qu'ils seraient en l'air. Et ils décolèrent, laissant derrière eux la scène de l'attentat qui venait de se produire, le froid de la pré-aube leur mordant le visage et toutes les parties découvertes. Wood se tourna vers le brancard qui volait entre leurs deux balais. Celui-ci tremblait légèrement, due à la vitesse. Ils avaient fait de leur mieux pour protéger l'homme qui y était étendu du froid qu'il aurait à subir durant le voyage, mais il fallait espérer que cela serait suffisant.
En retournant la tête pour regarder de nouveau devant lui, il s'aperçut qu'ils étaient en train de survoler le plateau et la rue donnant sur le quartier général des gardiens. Il apercevait des mouvements devant le bâtiment, à proximité de ce qui lui semblait être le local à balais. Félix, Nast, le Premier Consul et le Fondateur semblait être sur le point de partir se rendre sur les lieux de l'attentat. Ils devaient se demander où lui et AxeMan se trouvaient à l'heure actuelle, se doutant sûrement qu'ils étaient partis directement sur la scène du crime. Quoi qu'il en soit, ils avaient laissé des instructions aux policiers qui se trouvaient sur place, comme les avertir de l'endroit où ils se trouvaient, du fait qu'ils avaient trouvé un survivant dans les décombres et que, de ce fait, ils n'avaient pas poussé les fouilles très loin, suffisamment néanmoins pour trouver tous les corps.
AxeMan cria quelque chose par dessus le sifflement du vent qui hurlait dans leurs oreilles et il pointa devant lui. Wood regarda dans la direction indiquée et aperçut l'hôpital qui se rapprochait d'eux rapidement. La rue devant était encore déserte et ils purent s'y poser sans trop de problème, le brancard oscillant légèrement entre eux. Ils le détachèrent rapidement des balais, puis se dirigèrent avec vers l'entrée de l'hôpital. Le hall d'entrée était presque désert et leur entrée ne passa pas inaperçue.
Ils avaient à peine atteint le centre du hall qu'une guérisseuse se précipita vers eux. Ils lui expliquèrent la situation le plus rapidement et le plus clairement possible. La guérisseuse acquiesça d'un signe de tête puis se tourna en emmenant le brancard en appelant certains de ses collègues.
Laissés seuls dans le hall de l'hôpital, Wood et AxeMan soufflèrent légèrement.

- Une bonne chose de faite, dit AxeMan en allant s'asseoir sur une des séries de sièges se trouvant là.
- Ouais, dit Wood en s'essuyant le front. Tu penses qu'il se sortira ?
- Très franchement, je n'en sais rien, admit AxeMan. La médecine ne fait pas partie des branches de la magie que j'ai pu étudier. Mais il m'avait quand même l'air salement amoché. Il a perdu une main, il s'est reçu un mur, il a perdu énormément de sang... C'est... surprenant qu'il ait réussi à tenir aussi longtemps, déjà.
- Au moins, on aura fait ce qu'on pouvait, dit Wood qui se sentit étrangement plus léger après avoir prononcé ces mots même s'il était toujours extrêmement sombre.
- Ouais, acquiesça sombrement AxeMan. Malheureusement pour lui, nous n'avons pas pu sauver sa famille... sa femme... son fils...

Wood se tourna pour regarder vers l'extérieur. Le temps s'éclaircissait, preuve de la montée du soleil.

- Par contre, reprit AxeMan, il va falloir l'interroger une fois qu'il se réveillera.

Wood se retourna vers AxeMan. Celui-ci se massait la poitrine à l'endroit où Wood savait que se trouvait sa blessure.

- Et étant donné qu'il semble être le plus touché dans l'explosion, il y a de grandes chances qu'il soit le "principal" de l'attentat, continua AxeMan. Il aura donc des choses assez intéressantes à nous révéler, normalement.

Wood avait oublié ce détail. Il était resté fixé sur le fait de trouver des survivants et il y avait réussi. Par contre, il en avait presque oublié le fait qu'ils se trouvaient tous en plein milieu d'une enquête de très haute importance et qu'un survivant avait de grandes chances de pouvoir apporter des témoignages plus qu'intéressants, d'autant plus si le survivant en question était, comme AxeMan l'avait souligné, le "principal" de l'attentat.
A cet instant, un guérisseur passa entra dans le hall et, après l'avoir rapidement parcouru des yeux, se dirigea vers Wood et AxeMan.

- Excusez-moi, messieurs, commença-t-il, c'est bien vous qui venez d'amener un blessé ?
- Oui, répondit AxeMan en se relevant et en se massant toujours la poitrine.
- Bien, dans ce cas, je me dois de vous dire que vous l'avez amené au bon moment. Dix minutes de plus, et il n'aurait pas tenu. Quoi qu'il en soit, son état est désormais stable et sa vie n'est plus en danger.
- Peut-on lui parler ? demanda AxeMan.
- Pas en ce moment, dit le guérisseur en secouant la tête. D'une part, il est toujours inconscient ; d'autre part, il est encore extrêmement faible. Il a perdu une énorme quantité de sang, et nous sommes dans l'incapacité d'en produire par magie.
- Vraiment ? s'enquit Wood.
- Oui. Et croyez bien que de nombreuses personnes ont essayé. Mais le sang à une nature intrinsèquement magique, impalpable, certes, mais bien présente. Et c'est quelque chose que nous sommes incapables de reproduire.
- D'accord. Et quand pourrons-nous passer pour lui parler ? demanda Wood.
- Difficile à dire. Même impossible. Il vaudrait mieux que l'un d'entre vous reste ici et nous vous avertirons quand il se réveillera.
- Malheureusement, nous sommes très occupés, dit AxeMan. Nous repasserons d'ici une à deux heures.
- Très bien, dit le guérisseur. Puis-je vous demander ce que vous avez à la poitrine ?
- Hmm ? Oh, rien, dit AxeMan. Une simple démangeaison.
- Vraiment ? demanda le guérisseur en observant AxeMan. Très bien, comme vous voudrez.
- Bien, dans ce cas, nous reviendrons tout à l'heure.

AxeMan et Wood se dirigèrent vers la sortie de l'hôpital et montèrent sur leurs balais.

- Tu ne souhaites pas qu'ils t'aident ? demanda Wood. Pour ta douleur ?
- Je suis déjà allé les voir il y a un peu plus de six ans, et ils avaient été incapables de me dire de quoi il s'agissait. Je ne vois pas pourquoi il y réussirait maintenant, dit AxeMan en regardant la main dont il s'était servi pour se masser la poitrine. Et puis...
- Oui ? s'enquit Wood.
- J'ai parfois l'impression de commencer à comprendre de quel sort il peut s'agir.
- Et de quoi s'agirait-il ?
- Rien de bien méchant, répondit AxeMan d'un ton neutre. Il faudrait penser à rejoindre les autres.

Ils décollèrent et se dirigèrent vers le quartier résidentiel où s'était produit le dernier attentat. Ils y arrivèrent rapidement, trouvant sur place une foule un peu plus nombreuse que lors de leur départ avec le survivant. Ils atterrirent dans la rue à côté de la foule puis entrèrent dans la maison sans prêter attention à ce que les curieux pouvaient leur dire. A l'intérieur de la maison, près du lieu où ils avaient trouvé le survivant, ils virent que le reste du conseil de cinq les attendait.

- Eh bien ? demanda Félix.
- Il s'en sortira, répondit Wood. De peu.
- C'est une bonne chose, dit le Premier Consul, mais pourquoi n'êtes-vous pas venus nous avertir lorsque l'attentat a eu lieu ?
- Je n'y ai pas pensé, admit Wood.
- Vous avez attendu ensemble ? demanda le Fondateur.
- Non, on s'est croisé en route, répondit AxeMan. Quoi qu'il en soit, vous avez trouvé des choses ici ?
- Pas vraiment, dit Nast. Il y a les deux corps restants ainsi que la main près des débris.
- Dans ce cas, vous avez également trouvé la baguette, dit AxeMan. Je pense qu'elle pourra être intéressante.
- Nous n'avons trouvé qu'une baguette près du corps de la femme, indiqua le Fondateur. Le fils était trop jeune pour être en possession de sa propre baguette. Par contre, je doute que nous tirions quelque chose de bien révélateur de la baguette de cette femme, ajouta-t-il.
- Mais il y avait une baguette avec la main, dit AxeMan.
- Avec la main ? demanda Nast. C'est-à-dire ? A côté de la main ? Dans ce cas, elle aura pu rouler sous les décombres, ajouta-t-il en regardant dans la direction de la main.
- Non, corrigea AxeMan. La main tenait la baguette et... 

Il s'interrompit en regardant la main qui se trouvait, toujours en très mauvais état, sur le dos. Wood comprit ce qui troubla AxeMan. Tout à l'heure, la main se trouvait paume contre terre, la baguette parfaitement enserrées dans les doigts.

- Vous avez touché à la main ? demanda AxeMan d'une voix légèrement tremblante.
- Non, répondit Félix. On l'a laissé telle qu'elle était lors de notre arr...

AxeMan se précipita vers le trou dans le mur et regarda vers l'extérieur.

- EH ! cria-t-il. Depuis tout à l'heure, vous n'avez laissé entrer personne dans cette maison ?

Wood entendit une voix lui répondre sans parvenir à comprendre ce qu'elle disait.

- Et personne n'a tenté de rentrer ? 

Nouvelle réponse inaudible.

- Aucun mouvement suspect à l'intérieur de la maison ? Rien qui puisse indiquer que quelqu'un soit rentré, disons, en étant invisible ?

Encore une fois, il y eu une nouvelle réponse.

- Bon, très bien, dit AxeMan avant de se retourner vers les autres. Nous avons un gros souci, annonça AxeMan d'un ton soucieux en se rapprochant d'eux à travers le sol jonché de débris.
- Lequel, exactement ? demanda le Fondateur.
- Nous nous sommes fait voler la baguette que tenait cette main, dit AxeMan d'un ton lourd en montrant la main. Et il y avait de grandes chances que ce fut celle du "principal" de cet attentat.
- Mais comment a-t-on pu se faire voler quelque chose au sein même de ce lieu ? demanda Nast. Il était protégé par les policiers durant le court moment où personne n'était là.
- J'ai l'impression que nous avons à faire à quelqu'un de tenace, dit AxeMan. Qui n'hésite pas à revenir sur les lieux de ses actes quand il pense que quelque chose pourrait l'incriminer s'y trouve.
- Dans ce cas, il faut envoyer des policiers protéger le survivant à l'hôpital, dit Wood d'un ton pressant
- Et pourquoi ? demanda le Fondateur.
- Parce que si le coupable n'hésite pas à venir récupérer des choses ici, il pourrait très bien tenter de réduire au silence une personne qui pourrait être en mesure de l'incriminer.
- Nous ne sommes même pas sûr qu'il s'agisse bien du coupable qui soit venu voler cette baguette, dit le Fondateur. Et puis, en quoi pourrait-elle l'accuser ?
- L'accuser, je ne sais pas, dit Félix. Mais si jamais on parvenait à en tirer quelque chose, on pourrait rejeter des hypothèses. Et... dans le cas de l'une d'elle... on saurait quel sort est réellement utilisé lors des attentats.
- D'ailleurs, intervint le Premier Consul en se tournant vers Nast. Vous avez des résultats pour cette campagne de recherche ?
- En un après-midi, ça aurait été étonnant, dit Nast en secouant la tête.
- Tant pis, dit le Premier Consul. Wood, tu retournes à l'hôpital et tu te postes devant la chambre du survivant. On t'enverra quelques policiers rapidement. Félix, tu continues de fouiller cette maison. AxeMan, tu vas interroger les gens dehors. Nast, tu vas patrouiller les environs et rechercher des traces pouvant indiquer des déplacements récents vers où depuis cette maison.
- Très bien, dit ce dernier avant de partir.

Wood et AxeMan se dirigèrent une nouvelle fois vers la sortie de la maison et s'arrêtèrent sur le pas de la porte.

- Essaie de ne pas le laisser se faire tuer, dit AxeMan à mi-voix en se tenant la poitrine.
- C'est exactement ce que je comptais faire, lui dit Wood.
- Bien, dit AxeMan en souriant. Pendant ce temps-là, il va falloir que je questionne cette foule, ajouta-t-il en montrant les gens regroupés autour de la maison avec une main. Pour entendre quoi ? Que le Temple ne fait pas son travail, sans aucun doute...
- Ils vont même réussir à te reprocher d'avoir sauvé quelqu'un, tu ver...

Wood s'interrompit. Il venait de voir la main, côté paume, d'AxeMan. Ce dernier s’en rendit compte et tenta de la mettre rapidement dans sa poche, mais Wood avait quand même eu le temps de voir ce qu'il y avait sur sa main.

- Tu es sûr que..., commença Wood.
- Ne t'en fais pas, dit AxeMan d'un ton qu'il voulait rassurant. Ce n'est rien.
- N'essaie pas de me faire croire ça, protesta Wood. Ta main est complètement recouverte de sang...
- J'ai... j'ai vu ça, déglutit AxeMan. Sûrement le sang du survivant. Il avait le bras qui coulait à flot et... et j'ai dû le tenir pendant le vol.
-... de sang frais, non séché, compléta Wood.
- Tu devrais te dépêcher d'aller à l'hôpital, Wood, dit AxeMan en se dirigeant vers la foule.
- Oui, dit Wood d'un ton distant en observant AxeMan. Oui, sûrement.

Wood s'éloigna à son tour de la maison et, une fois dans la rue, monta sur son balai et décolla en direction de l'hôpital. La situation semblait s'accélérer à de nombreux points de vue. Une baguette disparaissait, ce qui faisait qu'une personne était sûrement menacée de mort. Et cela, sans qu'ils aient la moindre idée de celui qui était derrière tout ça.
D'un autre point de vue, il y avait la vieille blessure de AxeMan qui semblait se rouvrir, même si celui-ci se refusait à l'admettre. Et puis il y avait aussi lui, qui venait de sortir d'une sorte de combat intérieur. Mais pas de vainqueur à proprement parler.
Il atterrit devant l'hôpital et y rentra après avoir laissé son balai dans le local à balais prévu à cet effet. Le guérisseur avec qui ils avaient parlé peu de temps auparavant se trouvait là et celui-ci vint à sa rencontre.

- Vous arrivez trop tôt, commença celui-ci, il ne s'est toujours pas réveillé.
- Je ne suis pas là pour ça, lui dit Wood.
- Ah ?
- Nous avons de fortes raisons de croire que la vie de l'homme que nous avons amené tout à l'heure est menacée, dit rapidement Wood. Et j'ai été envoyé afin d'assurer sa sécurité. Des policiers devraient arriver très bientôt pour me prêter main-forte.
- Bien, dit le guérisseur en haussant les sourcils. Si vous voulez bien me suivre, je vais vous mener à sa chambre.

La chambre du survivant de l'attentat se trouvait au quatrième étage. Ils l’atteignirent après avoir monté de longs escaliers étrangement calmes et sans aucun doute sous l'effet d'un sort d'étouffement de bruit.

- Voici sa chambre, dit le guérisseur en indiquant la porte portant le numéro 413.
- Très bien, dit Wood. Il vaudrait mieux que je me trouve à l'intérieur de la chambre, pour des raisons de sécurité.
- Dans ce cas, ne faites pas de bruit, dit le guérisseur d'un ton légèrement réprobateur.
- J'y veillerai.

Wood rentra dans la chambre. Elle était plutôt petite et entièrement blanche. Près d'un mur, se trouvait un lit dans lequel se trouvait l'homme qu'ils avaient sorti des décombres il y avait peu. Il était toujours inconscient. Wood alla s'asseoir sur une chaise qui se trouvait en face du lit et prit le journal qui se trouvait sur une table basse et commença à le lire.
Rien de bien intéressant se trouvait dans le journal. A part le mécontentement grandissant de la population face aux attentats et l'avis de recherche passé la veille, rien ne s'y trouvait. Et ce n'était pas l'article sur une femme capable de parler avec les oiseaux qui allaient changer son avis sur la question.
Quelque minutes après qu'il avait commencé à lire, le guérisseur entra dans la pièce et lui indiqua à voix basse que deux policiers étaient arrivés pour assurer la protection du patient. Wood acquiesça et alla demander aux policiers de surveiller l'extérieur de la chambre et le couloir pendant que lui surveillait l'intérieur.
Il passa bien quelques heures à patienter dans la chambre, sortant des fois pour aller chercher un café, demandant au passage à un policier de prendre sa relève à l'intérieur de la chambre en attendant qu'il revienne. Au final, il ne se produisit rien de très intéressant qui aurait pu indiquer une menace quelconque envers l'homme étendu sur le lit.


1 commentaire:

Tocsin a dit…

Pas grand'chose à dire ce coup-ci.

Bonne lecture,

Tocsin