mardi 25 août 2009

GdO 2 - Souvenirs

Chapitre 7

Souvenirs

Wood se réveilla à cinq heures du matin le lendemain, soit beaucoup plus tôt que ce qu'il avait fait ces derniers temps, mais il avait pris une décision quant à ce qu'il ferait si jamais un attentat devait avoir lieu ce jour-là. Il s'habilla afin d'être prêt à partir le plus vite possible et descendit prendre un petit-déjeuner dans la cuisine. En passant devant une des fenêtres, il aperçut de la lumière dans la maison en face de la sienne, celle occupée par AxeMan depuis quelques jours. Il mit de l'eau à chauffer et observa l'extérieur. Le temps était complètement dégagé : des étoiles brillaient d'une lueur froide dans le ciel et du gel était répandu dans l'herbe, d'après ce que Wood pouvait voir dans l'obscurité.
L'eau se mit à bouillir et Wood se détourna de la fenêtre pour aller se servir une tasse de café noir, afin d'être sûr de pouvoir tenir la journée, ou du moins, la matinée. En repassant devant la fenêtre, il remarqua que la maison de AxeMan était désormais éteinte, mais il ne s'y attarda pas et alla s'asseoir à sa table.
Cinq heures dix. Si cela restait comme d'habitude, il en avait pour au moins une demi-heure à attendre que l'attentat ait lieu, si jamais il avait lieu. Wood fixa sa tasse de café d'un regard à moitié vide. Une demi-heure. Cela faisait longtemps qu'il n'avait pas eu autant de temps inoccupé de suite pour la simple raison que ses journées se limitaient souvent à restaurer des livres du Dôme sans arrêt quand il n'était pas en réunion avec le Conseil des Cinq ou sur une scène d'attentat. Il regarda autour de lui et s'aperçut que cela pouvait se sentir rien qu'en regardant l'état de sa cuisine : vaisselle sale entassée, sol taché en de nombreux endroits et d'autres aspects qui permettaient de dire que le propriétaire du lieu ne s'occupait plus vraiment de l'entretien des lieux.
Wood but une gorgée de café, plus pour s'occuper l'esprit qu'autre chose. Le goût le surpris étrangement, comme si cela faisait un temps extrêmement long qu'il n'en avait pas bu, comme s'il le redécouvrait. A bien y réfléchir, il ne se souvenait plus de la dernière fois où il avait vraiment bu du café car les dernières fois qu'il s'en était servi, le café était simplement resté à refroidir dans la tasse sans jamais être bu. Il réfléchit pour essayer de se souvenir. Il avait l'impression que cela faisait des siècles. Et pourtant...
Il se souvint d'une fois où il en avait bu. Le matin de deuxième attentat sous la responsabilité du Conseil. Pour se tenir éveillé, justement, car il n'avait pas dormi cette nuit-là... Wood secoua la tête. Il avait passé ces dernières semaines à essayer de ne pas penser à cette journée, justement, et voilà que, laissé à lui-même, c'était presque la première chose qui arrivait, comme il l'avait souvent craint. Il tenta de chasser cette pensée, mais elle s'incrustait dans son esprit de plus en plus.
Le premier Consul était venu l'avertir, comme d'habitude, qu'un nouvel attentat avait eu lieu et, comme la fois précédente ils s'étaient tous retrouvés dans le quartier général des Gardiens afin que le Premier Consul leur donne le rapport préliminaire des policiers envoyé sur le lieu de l'attentat. Wood était entré dans la salle et avait pris un café, son dernier, semblait-il, avant très longtemps, du moins le dernier qu'il boirait. L'entrée de Félix dans la salle, le regard sombre. Tout comme Wood, il se souvenait encore à ce moment-là de leur première scène d'attentat et il était clair qu'il ne souhaitait pour rien au monde y être confronté à nouveau.
Wood ferma posa sa tasse sur la table de la cuisine, se leva, et se mit à faire les cent-pas dans la cuisine pour essayer encore de chasser ce souvenir. Mais il était tenace car trop longtemps refoulé dans le fond de son esprit, un peu comme si le souvenir demandait des comptes à Wood, comme s'il souhaitait le faire souffrir encore plus que ce qu'il ne souffrait actuellement. Il regarda sa montre. Cinq heures et demie. Wood s'arrêta devant sa fenêtre et posa sa tête contre la vitre. Le contact était froid.
Froid... C'est un peu ce que Wood avait ressenti quand le Premier Consul avait annoncé la rue dans laquelle l'attentat avait eu lieu. Les regards qui se tournaient vers Wood alors qu'il sautait sur ses pieds, renversant sa chaise et son café sur lui, sans pour autant sentir la chaleur brûlante du liquide qui s’infiltrait dans ses vêtements. Il avait d'autres choses sur lesquelles s'inquiéter.
Le Fondateur qui lui demandait ce qu'il avait. Le regard de compréhension dans les yeux de Félix qui, d'une certaine manière, lui disait de ne pas s'inquiéter. Il aurait tellement aimé ne pas avoir à s'inquiéter...
Wood avait repris son parcours désordonné de sa cuisine. Il secoua une nouvelle fois la tête mais rien n'y faisait : quoi qu'il fasse, ce souvenir revenait sans cesse, impossible à chasser et Wood en arriva à se demander comment il avait réussi à le contenir durant tout un mois. Peut-être n'aurait-il pas dû le contenir, car il semblait s'être renforcé avec le temps ainsi que la puissance de l'effet qu'il pouvait avoir sur lui.
Il heurta la table. Douleur dans la jambe. Bruit de casse. La tasse de café non vide était tombée sur le sol suite au choc. Wood sortit sa baguette et répara la tasse qu'il reposa sur la table après s'être penché pour la ramasser. Le café était toujours répandu au sol dans une flaque sombre. Une flaque qu'il serait possible, dans l'obscurité, de confondre avec les tâches de sang que Wood découvrit quand il entra en premier dans la maison où l'attentat avait eu lieu.
Wood se releva, fit un mouvement de baguette pour nettoyer la flaque de café répandue sur le sol. 

Un grondement sourd. 

Wood se retourna vers la fenêtre. Il lui semblait bel et bien avoir entendu quelque chose dehors, relativement loin. Il resta immobile pendant quelques secondes à fixer l'extérieur puis se précipita vers la porte d'entrée, attrapa sa cape qui se trouvait suspendue à côté de la porte et sortit rapidement de chez lui.
Le froid qui régnait le mordait, mais il ne s'arrêta pas vraiment pour s'en inquiéter et courut vers le quartier général des Gardiens. Il ne s'y arrêta pas, mais le dépassa pour se retrouver face à d'autres maisons. Celle d'Ed et Cécile et celle de Bill. Toutes les deux étaient éteintes. Wood passa derrière les maisons toujours en courant, traversa le peu de forêt entourant les maisons des gardiens et se retrouva au bord de la falaise bordant le plateau. Il regarda autour de lui afin d'essayer de voir s'il pouvait identifier l'endroit d'où le bruit était parvenu. En face de lui et à sa gauche se trouvaient les quartiers résidentiels, là où une explosion aurait le plus de chance de s'être produite.
Il ne voyait pas grand-chose dans l'obscurité ambiante mais il repéra assez vite des volutes de fumées s'élevant dans le quartier résidentiel ouest. Une fumée bien plus importante que ne le serait celle d'un feu de cheminée...
Wood se retourna et repartit en courant vers le quartier général, ou tout du moins, vers le local à balais. Quand il arriva devant, il trouva la porte ouverte. Il vit une silhouette à l'intérieur du local et, d'après ce qu'il pouvait distinguer, la personne se tenait la poitrine.

- AxeMan ? demanda Wood.
- Que... ? grogna celui-ci. Wood, qu'est-ce que tu fais là ?
- Je pourrais te poser la même question, répondit Wood. Ta douleur à la poitrine ?
- Ouais, dit AxeMan dans un grognement. M'a surpris alors que je revenais.

Malgré l'impossibilité de distinguer son visage dans l'obscurité régnant dans le local, Wood devinait, à la voix de AxeMan que celui-ci serrait les dents pour parler.

- Tu tiendras le coup ? lui demanda Wood.
- T'en fais pas, répondit AxeMan sur le même ton. Pas la première fois.
- Ca fait pourtant longtemps que je ne t'ai pas vu souffrir comme ça...
- Ca ne dure jamais très longtemps, dit AxeMan d'un ton légèrement détendu. Là, tu vois, ça passe, ajouta-t-il en soufflant sans pour autant baisser la main qui tenait sa poitrine. Et donc, qu'est-ce que tu fais là ?
- Tu n'as pas entendu l'explosion ? lui demanda Wood.
- L'explosion ? Non, je...
- Tu es resté combien de temps là-dedans à souffrir ? demanda Wood d'un ton incrédule et légèrement apeuré.
- Je... je ne sais pas, admit AxeMan. Quelle heure est-il ?
- Six heures moins le quart.
- Dans ce cas, dit AxeMan, ça fait dix minutes. Mais tu parlais d'une explosion ?
- Oui, confirma rapidement Wood. Dans le quartier ouest, d'après ce que j'ai pu voir.
- Dans ce cas, on ne perd pas une minute, dit brusquement AxeMan en attrapant un des balais accroché au mur.

Wood prit un des balais également et décolla quasi-immédiatement à la suite de AxeMan dans la direction qu'il venait d'indiquer. Une fois en l'air, Wood eut du mal à ignorer plus longtemps le froid qui régnait. Celui-ci le piquait à chaque endroit de peau découverte alors que lui et AxeMan fonçaient vers l'endroit d'où s'élevait la fumée. Avant tout le monde. 
Wood était aussi parti avant tout le monde lors de cet attentat. Félix, les Consuls et Nast qui essayèrent de le rattraper ou de lui dire d'attendre. Mais Wood ne les entendait plus depuis l'instant où le Premier Consul avait annoncé le lieu de l'attentat.
Wood secoua la tête pour se reconcentrer sur l'affaire présente et remarqua que AxeMan était descendu et était sur le point d'atterrir et il descendit lui aussi à proximité de l'endroit qu'ils cherchaient à atteindre. De ce qu'ils pouvaient voir, quelques personnes étaient déjà réunies devant la maison d'où sortait la fumée. Alors que Wood et AxeMan avançaient vers la maison, ce dernier se retourna vers Wood en montrant une maison en ruine à leur gauche.

- Il y a déjà eu un attentat ici ? demanda-t-il.
- Oui, dit Wood en regardant les ruines. Il y a deux semaines.
- Cette ville va finir par partir en ruine, soupira AxeMan.

Ils continuèrent à avancer et finirent par distinguer la maison touchée par l'attentat. Elle semblait en relativement bon état par rapport à ce que Wood était habitué à découvrir car seul une ouverture de la taille d'une simple porte était visible dans la façade du bâtiment, et de la fumée sortait par ce trou. Les personnes réunies autour de la maison se retournèrent et quelques unes se précipitèrent vers eux.

- Lâchez les fauves, marmonna AxeMan avant que les gens n'arrivent à sa portée.
- Excusez-moi, dit l'une des personnes à Wood, mais vous êtes une des personnes en charge de l'enquête ? Il me semble que je vous reconnais d'il y a deux semaines.
- Oui, répondit Wood.
- J'ai quelque chose à vous rapporter, continua l'homme.

Wood jeta un regard vers AxeMan qui acquiesça d'un signe de tête.

- Eh bien, dans ce cas, veuillez rapporter ce que vous avez à dire à mon collègue, dit Wood en indiqua AxeMan d'un signe de tête.
- Très bien, dit l'homme en regardant AxeMan.

Wood continua à avancer, laissant AxeMan interroger l'homme et la foule qui pouvait se trouver autour d'eux. Quelques rares personnes dans la maigre foule lui demandèrent où en était l'enquête quand il passa, tandis qu'un autre lui dit que, de toute façon, le pouvoir était corrompu et que l'enquête n'avancerait pas tant que de nouveaux Consuls ne seraient pas élus. Wood répondit par les phrases classiques disant que la foule serait tenue au courant en temps et en heure de l'évolution de l'enquête.
Il entra dans la maison qui ne disposait d'aucun jardin et posa le balai contre le mur à côté de la porte d'entrée. Etrangement, l'entrée semblait être relativement intacte et seule une porte étendue au milieu du passage et une fissure dans le mur de droite pouvaient indiquer en cet endroit que quelque chose s'était produit là.
Wood avança précautionneusement dans la direction vers laquelle il supposait que l'explosion avait eu lieu. La première salle par laquelle il passa, à droite du hall d'entrée, était dévastée. Le mur en face de l'entrée de la salle était détruit et seuls quelques pans laissaient entrevoir sa présence. Le mobilier présent dans la salle, table, chaises... Tout était détruit. Et parmi les débris de la table, se trouvait ce qui semblait être un gâteau. Intact, du moins avant l'explosion. Il avança entre les débris en regardant autour de lui à la recherche de ce qu'il espérait pouvoir trouver : des survivants. 
C'est-à-dire la même chose que ce qu'il avait cherché lors de l'attentat présent dans ce souvenir. Avançant à l'aveugle dans les ruines fumantes d'une maison qu'il connaissait bien. Regardant autour de lui à la recherche d'une indication comme quoi elle pourrait avoir survécu. Trouvant, sous un trou de plafond une flaque de sang qui continuait de se remplir par des gouttes qui y tombaient. Montant l'escalier en courant tout en entendant Félix l'appeler à l'entrée. Ouvrant la porte de la chambre.
Wood secoua la tête. Il était de nouveau dans la maison où avait eu lieu le dernier attentat. Il s'était rapproché du reste du mur explosé. Il leva la tête. Un morceau de plafond s'était effondré par manque de soutien. De l'autre côté du mur se trouvait ce qui ressemblait à la chambre. Le lit semblait être détruit et quelques morceaux de murs étaient répandus dessus, mais pas suffisamment pour cacher un éventuel corps. Sur sa droite, le mur donnait sur l'extérieur et le trou dans le mur. L'explosion devait donc avoir eu lieu à proximité.
Le regard de Wood s'attarda dans un des coins de la salle. Quelque chose qui ressemblait à un corps. Ou peut-être deux. Wood s'approcha lentement et s'agenouilla à proximité des corps. Il s'agissait du corps d'une femme et de son fils, âgé d'une dizaine d'années, au maximum. 
C'était d'ailleurs ce qu'il avait retrouvé ce jour-là, un mois plus tôt dans la chambre. Etendu devant la porte de la chambre, s'était trouvé le corps de la fille, d'une dizaine d'années elle aussi, de la femme se trouvant au milieu de la pièce. Un corps semblable à celui de tous les cadavres principaux qui avait été et qui allaient être retrouvé dans les attentats. Wood ne voulait pas regarder mais pourtant, son regard avait été attiré vers le cadavre déchiqueté car il ne faisait aucun doute qu'il s'agissait bien celle qu'il espérait retrouver vivante. Il s'était laissé tomber à genou, puis au sol, parmi les débris à peine conscient de ce qu'il pouvait faire. Hurlements intérieurs. Et extérieurs.

- Wood ?

Celui-ci sentit des mains le saisirent par les épaules et le secouèrent légèrement et il se rendit compte qu'il était tombé à terre. Une fois de plus. Rattrapé par ce souvenir. Il regarda autour de lui et aperçut AxeMan qui était penché sur lui.

- Ca va ? demanda celui-ci.
- Je... je ne sais pas, répondit Wood.
- Tu la connaissais ? demanda AxeMan en regardant la femme qui semblait tenir son fils dans ses bras, une expression de frayeur et de peine sur le visage.
- Non. Non, je ne crois pas.
- Tu étais en train de pleurer et de hurler à côté de son cadavre, pourtant, dit AxeMan légèrement inquiet en regardant Wood dans les yeux.
- Quoi ? Je... je n'en avais pas conscience..., dit faiblement Wood.
- Combien de temps ça a duré ? demanda AxeMan.
- De quoi ?
- Ta relation avec cette femme.
- Je viens de te dire que je ne la connaissais pas, lui rappela Wood.
- Pas elle, l'autre..., commença AxeMan en hésitant, celle de ton souvenir.
- Je croyais que tu ne lisais pas dans mon esprit ?
- Crois bien que je suis désolé, mais ce souvenir sortait carrément de ton esprit, dit faiblement AxeMan. Je n'ai pas souhaité le voir.
- Quatre ans, répondit Wood.

Ils restèrent sans rien dire pendant plusieurs minutes, puis Wood soupira et se releva.

- Et donc, demanda Wood, que voulait nous dire l'homme à l'extérieur ?
- Qu'il avait entendu un grand cri dans la maison juste avant l'explosion, répondit AxeMan en se relevant à son tour.
- Autre chose ?
- Non, dit AxeMan. A ce moment-là, je t'ai entendu hurler à l'intérieur et je me suis précipité pour voir ce que tu avais.
- Je vois. Dans ce cas, continuons de fouiller.

Wood regarda la femme et son fils. Ils semblaient avoir été projetés contre le mur. Wood avait du mal à regarder ailleurs que vers eux et faisait de son mieux pour ne pas sombrer à nouveau comme il venait de le faire.

- J'ai trouvé quelque chose, dit AxeMan.

Wood se retourna. AxeMan se trouvait près des débris tombés du plafond et était agenouillé à côté de quelque chose de rougeâtre.

- Qu'est-ce que c'est ? demanda Wood.
- C'est... une main, répondit sombrement AxeMan. Une main tenant une baguette.
- Est-ce que... est-ce qu'elle est reliée à un corps ?
- Non, dit AxeMan en secouant la tête. Sans aucun doute la main du principal.
- Peut-être, dit Wood. Il devrait se trouver non loin, dans ce cas.
- Le tas de décombres, dit AxeMan en montrant le tas de morceaux de mur et de plafond, c'est le seul endroit qui pourrait être suffisamment gros pour cacher un corps.

Wood se recula et sortit sa baguette tandis que AxeMan tendait le bras dans lequel apparut une de ses baguettes. Ils écartèrent avec précaution les morceaux qui étaient entassés et trouvèrent finalement un corps sous les décombres. Wood s'avança et observa l'homme qui était étendu. Il ne présentait aucune des caractéristiques habituelles des cadavres principaux : le corps était intact, sauf au niveau du bras droit auquel il manquait une bonne moitié, et il ne présentait aucune trace apparente de brûlure. L'homme était complètement habillé et portait une cape, comme s'il venait de rentrer chez lui.
Il sembla soudain à Wood de voir un mouvement de poitrine chez l'homme et il posa deux doigts sur son cou. A ce moment, quelques policiers entrèrent dans la maison, trouvant AxeMan et Wood agenouillé à côté d'un corps, Wood cherchant le pouls de celui-ci.

- On ne vous attendait pas avant au moins dix minutes, dit un des policiers.
- On a préféré venir rapidement, répondit AxeMan.
- Et c'est une chance, dit Wood en relevant la tête. Celui-ci est vivant.


dimanche 16 août 2009

GdO 2 - Une Nouvelle Piste

Chapitre 6

Une Nouvelle Piste

Deux jours s'étaient écoulés depuis le dernier attentat. L'orage de ce jour là s'était dissipé pour laisser place à un ciel plus clément quoique couvert de minces voiles de nuages et une légère brise soufflait depuis le matin, prompte à rafraîchir brutalement toute personne ayant oubliée le fait qu'ils se trouvaient à la fin de la mi-automne.
Dans la salle du conseil du Temple se trouvaient, réunis autour de la table centrale, Wood, Félix, Nast, le Premier Consul et le Fondateur. Ils avaient passé la matinée à se repasser tous les indices qu'ils avaient pu trouver depuis le début de cette affaire afin de tenter d'y trouver une solution potentielle. L'absence de AxeMan, inexpliquée, avait été remarquée au début de la réunion par un Fondateur relativement sur les nerfs.

- N'avait-on pas averti tout le monde que l'on se réunirait ce matin ? avait-il demandé, la voix légèrement tendue derrière laquelle on pouvait sentir un énervement contenu.

Cela n'allait plus être mentionné pendant le reste de la réunion mais le Fondateur jeta fréquemment des regards vers le siège vide qu'aurait dû occuper AxeMan.
Il leur sembla que ce qu'il faisait ne servait à rien. Ils ne possédaient que peu d'indices qui pourraient leur être réellement utiles, et encore, c'était beaucoup dire. Ils savaient que ce qui causait l'explosion, un sort d'une grande puissance sans aucun doute, se produisait à l'intérieur des maisons touchées. Ils savaient qu'une personne était particulièrement touchée, beaucoup plus que les autres, lors de chaque attentat. Cela avait donné naissance à deux théories qui ressortaient plus souvent que les autres.
La première consistait à supposer qu'à chaque fois, une personne avait eu une cible particulière et qu'il l'avait abattu quelque soient les dégâts qui pouvait s'en suivre. L'hypothèse avait ses faiblesses comme le fait que le coupable devrait soit posséder une protection magique très puissante lorsqu'il lançait le sort, si jamais il se trouvait à proximité, soit le fait qu'il lui fallait lancer le sort de plus loin, même si cette deuxième solution était possible. Seulement cette solution correspondait avec l'hypothèse d'une unique personne à moitié folle derrière tout cela.
L'autre hypothèse majeure consistait à supposer que les victimes principales des attentats n'étaient autres que les lanceurs de sorts. Cela expliquerait de manière satisfaisante le fait que leurs corps soient dans un tel état mais, en plus d'apporter une possibilité d'organisation secrète derrière les attentats, il restait le fait que les attentats n'avaient pas été revendiqués qui avait tendance à faire diminuer la probabilité de cette hypothèse.
C'était en tout cas les arguments que Wood utilisait pour se défendre de cette hypothèse, plus pour une question personnelle que pour une raison de bon sens. Lors de sa première scène d'attentat, il avait émis cette hypothèse et elle avait été accueillie avec un enthousiasme retenu. Retenu à cause de ce que cela pouvait impliquer au niveau d'un éventuel réseau au sein de l'Empire, mais un enthousiasme tout de même dû au fait que l'hypothèse était vraisemblable. Cependant, à la surprise de tous, après le quatrième attentat dans l'Empire, soit sa deuxième scène de crime, Wood avait abandonné la possibilité de cette hypothèse bien que rien n'ait pu véritablement faire changer de vue sur les lieux et dans les indices retrouvées. Il était revenu à la toute première hypothèse qui avait été soulevée
Toutefois, le Conseil des cinq était resté convaincu depuis le début que tous les attentats ne dissimulaient qu'une seule et même personne, quelle que fut la méthode que celle-ci utilisait.
Une nouvelle idée, pas quant à la méthode mais quant à la personne derrière tout ça, intervint vers midi.

- Il y a toujours la possibilité qu'il suive ses victimes dans la rue, disait Wood. Qu'il les prenne au hasard.
- Quand bien même, cela n'explique pas comment il pourrait survivre à ses propres sorts de déflagration, ou quels qu'ils soient, réfuta le Premier Consul.
- On en a déjà parlé, répondit Wood, il pourrait très bien se...
- Des sorts de déflagration ! s'exclama brusquement le Fondateur.
- Quoi ? lui demanda le Premier Consul en se tournant vers lui. Tu vois une autre possibilité ?
- Ce n'est pas ça, dit le Fondateur en hochant la tête. Mais des sorts de déflagration suffisamment puissants pour tuer un grand nombre de personnes, on en connaît une. Suffisamment puissant, en tout cas, pour tuer une Gardienne et cinq policiers en un coup.
- Tu ne pense quand même pas à celui qui nous a pris Leanne tout de même ? demanda Félix.
- Tout à fait, dit le Fondateur.
- Mais..., commença Wood. Il doit errer dans le monde, sans souvenir, une épée de Damoclès suspendue au dessus de la tête. Comment pourrait-il... ?
- Nous savons tous que les sorts d'amnésie ne sont pas infaillibles et qu'il est possible de les inverser, dit le Fondateur. Il suffit qu'il soit tombé sur un sorcier suffisamment compétent pour remarquer qu'il avait une amnésie et le tour est joué. Il se sera ensuite souvenu avoir fait ce Serment Inviolable et donc qu'il était dans l'incapacité de parler à qui que ce soit de son... problème...
- Et il serait revenu pour se venger, tu penses ? demanda le Premier Consul
- Je ne sais pas, admit le Fondateur. Mais cela reste une piste intéressante, non ? La méthode utilisée correspond avec notre homme. Le fait qu'il ne fasse aucune revendication aussi, car il serait obliger de parler de cette nuit-là. Et enfin, il est obligé de travailler seul.
- Ca se tient, dit le Premier Consul. Quelqu'un se souvient-il de son nom ?
- Non, répondit Wood. Il ne me semble pas qu'on lui ait demandé. Après la bataille, il était déjà difficile de retenir Luce pour éviter qu'elle ne le tue sur place pour ce qu'il avait fait à Leanne.
- Ouais, confirma Félix. Leanne et Luce étaient comme deux doigts de la main. La décision qui a suivi est tombée vite, sans grande concertation.
- Bon, dans ce cas, il nous faudra un portrait robot. Nast, est-ce que vous avez encore cela au commissariat ?
- Normalement, oui, dit Nast. Dans les dossiers secrets, on conserve toutes les photos des grands condamnés. On devrait pouvoir trouver ça. Pour une campagne de placardage, je suppose ?
- Oui, dit le Fondateur. Tout le monde est d'accord, je présume ?
- C'est la seule piste que nous avons depuis longtemps, répondit Félix. Si jamais elle peut se révéler fructueuse, on n'a pas le droit de passer à côté.
- Je suis d'accord, dit Wood.
- Moi aussi, dit Nast.
- Très bien, dit le Premier Consul. Et cette campagne aura peut-être l'avantage de montrer aux gens qui nous travaillons sur l'affaire.
- Bon, dit Nast. En s'y mettant bien, on devrait réussir à placarder les affiches dans la ville dans l'après-midi. Je transmettrai également la photo aux différents journaux avec comme légende le fait qu'on le recherche pour des informations quant à l'affaire touchant actuellement l'Empire et que l'on recherche des informations le concernant.
- Très bien, acquiesça son oncle. Tu penses que l'on aura les premiers résultats de cette campagne quand ?
- Je dirais qu'il faudrait attendre trois-quatre jours pour avoir des résultats véritablement exploitables. On va avoir sa famille qui va vouloir de ses nouvelles, les gens qui vont l'avoir aperçu devant chez eux hier au soir à quatre emplacements différents à la même heure... 
- Dans ce cas, la prochaine réunion, sauf imprévu, est fixée dans trois jours, même heure. Et faites le savoir à AxeMan, ajouta le Fondateur à l'adresse de Wood et Félix alors qu'ils se levaient.
- Aucun problème, dit Félix.

A la sortie du Temple, chacun se sentait plus léger qu'il ne l'avait été durant de nombreux jours. Ils avaient le sentiment d'avoir avancé dans l'enquête et, même si cela pouvait se révéler être une fausse piste, cela restait un soulagement car le sentiment de surplace qui régnait durant les dernières semaines commençait à vraiment se ressentir sur le moral de Wood.

- Tu penses qu'il y a une chance pour qu'on soit tombé juste ? demanda-t-il à Félix alors qu'ils se dirigeaient vers le quartier général des gardiens, une cape nouée autour du cou pour se protéger du froid qui régnait.
- Une chance infime, comme à chaque fois, dit Félix. Mais j'espère vraiment que l'on touche le bon bout, même si j'en doute.
- Il est vrai que ses deux compagnons qui étaient avec lui lors de la bataille ont déjà été reportés comme étant morts. Il y a de grandes chances qu'il le soit lui aussi.
- Ouais, dit Félix alors qu'ils tournaient à l'angle de la rue qui donnait sur leur destination. Mais, de toute façon, cela aura un côté positif : ça occupera la population sur d'autres fronts. En partie, tout du moins.
- Peut-être, acquiesça Wood. D'un autre côté, cela pourra peut-être énerver notre coupable, que ce soit lui ou non, et il commettra peut-être une erreur la prochaine fois.
- Ca, seul l'avenir nous le dira, dit Félix en s'arrêtant devant sa maison. Je t'invite pour le repas ?
- Non merci, répondit Wood en esquissant un sourire. J'ai... des choses à faire.
- Vraiment ? dit Félix en regardant Wood dans les yeux. Je vois de quoi tu parles et je pense vraiment que tu devrais chercher un autre moyen de te passer le temps. Tout ce travail, ça va finir par te tuer. Intérieurement, au moins. De plus, ce n'est pas ça qui la...
- Je sais, l'interrompit Wood. C'est la centième fois que tu me le dis, mais...
- La dix-septième, le corrigea Félix.
- La dix-septième, lui accorda Wood, mais ça me permet de ne pas y penser.
- Bon, soupira Félix, comme tu voudras. Bonne journée.
- Qu'est-ce que tu vas faire de ton après-midi ?
- Je sens que je vais aller me dégourdir les pattes de tigre à l'extérieur de l'Empire. Ca me fera du bien. Si jamais il se passe quelque chose, tu les préviendras.
- Pas de problème. A plus tard.
- A plus tard.

Alors que Félix rentrait chez lui, Wood se dirigea vers le quartier général des Gardiens dans lequel il ne s'arrêta pas au niveau de la salle de détente pour se diriger à la place vers un cabinet de travail. Celui où il était resté enfermé à travailler sans relâche sur des livres depuis presque un mois. Sur le lutrin qui trônait au milieu de la petite pièce, se trouvait un épais livre que Wood restaurait depuis la veille et, empilés dans un coin, se trouvait un tas de livres en attente de restauration. De quoi travailler sans réfléchir à rien d'autre pendant une longue période.
Alors qu'il approchait de la fin de la restauration de son troisième livre de l'après-midi après plusieurs heures de travail, la porte derrière lui s'ouvrit et Wood se retourna pour apercevoir AxeMan qui se tenait dans l'encadrement de la porte.

- Ah, Wood, dit celui-ci. Je n'ai trouvé personne dans le coin. Tu sais où ils sont tous partis ?
- Euh, commença Wood. Félix est parti gambader dans la campagne, mais les autres...
- Bon, tant pis.
- Sinon, tu étais où ce matin ? lui demanda Wood.
- Pourquoi ?
- Eh bien, tu n'étais pas à la réunion qui était prévue et ton absence n'est pas passée inaperçue
- La... ? Ah, merde... je savais bien que j'avais oublié quelque chose.
- Et où tu étais pendant tout ce temps ? lui redemanda Wood.
- J'étais... occupé... en ville, répondit AxeMan. Je me refamiliarisais avec le coin.
- Si tu pouvais éviter de le faire les jours de réunion, ce serait bien, dit le Fondateur qui venait d'arriver.
- Un simple oubli de ma part, se défendit AxeMan. J'avais simplement d'autres choses à faire.
- Des choses plus importantes, je présume ? demanda le Fondateur en haussant un sourcil.
- Eh bien, ça dépend du point de vue, je suppose, répondit AxeMan. Mais comme je l'ai déjà dit, j'ai tout simplement oublié.
- Bon, concéda le Fondateur. Admettons. Sinon, Wood, je venais te voir car je sais que tu te plonges à fond dans le travail en ce moment.
- Oui ? l'interrogea Wood.
- Je viens de passer dans le Dôme, et certains se plaignaient que l'Histoire de l'Empire soit en mauvais état.
- Pour changer, soupira Wood.
- Je vois que les habitudes restent au niveau des livres, dit AxeMan. L'Histoire de l'Empire... Il doit bien avoir une carte de fidélité, ou un truc du genre, à présent.
- Enfin bon, continua le Fondateur. Ils aimeraient bien que le livre soit restauré rapidement.
- Et les autres Gardiens ?
- J'ai croisé Ed, Bill et Luce dans le parc du Temple. Ils faisaient chacun un tour de ronde. Quant à Antoine et Cécile, ils s’entraînent dans la salle d'entraînement.
- Très bien, dit Wood. Tu as pris le livre avec toi ?
- Non, dit le Fondateur. Les plaignants le lisaient quand même... Incapables de savoir ce qu'ils veulent, ajouta-t-il à mi-voix.
- Et il est passé combien de fois en six ans, ce livre ? demanda AxeMan.
- On a arrêté de compter, répondit Wood. Tu peux toujours aller consulter la liste des restaurations qui est affichée dans la salle de détente et compter.
- Non, en fait, ça ira, dit AxeMan.
- Bon, je vais aller chercher ce livre, dit Wood. Peut-être que je vais tomber sur une préparation de révolte, comme la dernière fois que tu m'as envoyé chercher ce livre.
- Je ne préfèrerais pas, dit le Fondateur. Les révoltes ne sont pas bonnes pour mes nerfs. A la rigueur, ça pourrait te défouler, non ? ajouta-t-il à l'adresse de AxeMan.
- Euh... non, répondit celui-ci le plus sérieusement du monde. Jamais plus d'une révolte par semaine. C'est mauvais pour mon régime.

Wood prit sa cape qu'il avait posée sur le porte-manteau accroché près de la porte et sortit du cabinet de restauration pour partir vers le Dôme afin de récupérer le livre qu'il lui fallait restaurer. Le soleil était déjà bas à l'horizon et le ciel était dégagé de tout nuage. Le vent était froid et Wood resserra sa cape afin de s'en protéger. Lorsqu'il passa dans les bois du Temple il aperçut une silhouette rouge avancer dans les buissons et sa forme lui indiqua qu'il s'agissait sans trop de doute de Bill en ronde autour du Temple.
Il arriva devant le Dôme et, avant de rentrer, remonta la capuche de sa robe de Gardien de manière à ce que son visage soit dissimulé par celle-ci. Il trouva le Dôme occupé par une dizaine de personnes, chacune penchée sur un livre, debout à côté d'un lutrin ou assis à une table. Pour l'avoir réparer durant des années Wood reconnu le livre qu'il cherchait comme celui que lisait un homme à une des tables. Il s'approcha de lui et, après avoir parlé au lecteur pour lui demander de lui laisser prendre le livre quelques minutes, il lança un sort de copie sur le livre et une reproduction identique de l'Histoire de l'Empire apparut à côté de l'original, bien que légèrement plus pâle. Wood donne la copie au lecteur puis, l'original sous le bras, ressortit du Dôme et, après avoir resserré sa cape, il repartit en direction du quartier-général des gardiens où il ne trouva ni AxeMan ni le Fondateur.
Il passa sa soirée à restaurer le livre, bien que cela n'allait servir à rien étant donné que dans un mois au plus tard, il repasserait entre les mains d'un Gardien pour une nouvelle restauration. En sortant du quartier-général avec les livres qu'il avait restaurés dans la journée pour aller les remettre dans le Dôme, il s'aperçut que le temps s'était encore rafraichi et qu'il semblait que certaines flaques d'eau restant de l'orage commençaient à geler. En passant devant la maison de celui-ci, il croisa AxeMan qui rentrait chez lui.

- Tu travailles dur, on dirait, fit remarquer celui-ci en apercevant les livres que Wood portaient sous son bras.
- Ouais, je me passe le temps.
- Etant donné le travail que tu abats, tu m'as plutôt l'air de quelqu'un qui cherche à oublier quelque chose par n'importe quel moyen.
- Qu'est-ce qui te fait penser ça ?
- Je ne sais pas, c'est juste l'impression qui en ressort, répondit AxeMan en haussant les épaules. Si jamais tu as besoin de te confier ou quelque chose...
- J'aurais pensé que tu aurais déjà farfouillé dans mon esprit pour savoir de quoi il retournait, dit Wood.
- Non, dit AxeMan d'un ton légèrement indigné. Il y a des personnes avec lesquelles je ne m'autorise pas ce genre de pratique. Sauf quand je veux les faire marcher un peu, bien entendu, mais sinon, je n'irai jamais lire en toi, pas plus qu'en Félix et que dans un des Consuls.
- Je vois, dit AxeMan. Désolé.
- Y'a pas de mal.
- Mais pour l'instant, je préfère me battre tout seul.
- Comme tu voudras, dit AxeMan. Mais fais attention, les combats avec soi-même sont loin d'être les plus faciles à remporter.
- Je l'ai bien remarqué, dit Wood. Mais pas pour l'instant.
- Très bien, dit AxeMan.
- Sinon, le Fondateur t’a mis au courant en ce qui concerne la prochaine réunion ?
- Non, je ne crois pas.
- Bon, alors voilà le topo.

Wood lui expliqua les décisions prises lors de la réunion du matin et lui donna la date de la réunion suivante.

- Et j'ai tendance à penser que le Fondateur n'aimerait pas que tu ne viennes pas cette fois-ci également.
- D'accord, je tâcherais de ne pas l'oublier cette fois, dit AxeMan en souriant. Et cette piste te semble prometteuse ?
- Je crois que j'ai arrêté d'espérer de ce point de vue là, admit Wood en haussant les épaules, mais on ne risque rien à essayer.
- Non, c'est vrai. Bon, je ne te retiens pas plus longtemps, continua-t-il, vu la température, je te conseille de te dépêcher. Bonne nuit.
- C'est ça, répondit Wood. Bonne nuit.

Le Dôme se révéla accueillir encore trois personnes, dont l'homme qui lisait encore la copie de l'Histoire de l'Empire. Wood alla lui donner le livre, puis le toucha à la tranche avec sa baguette et la copie du livre disparut. Wood fit de même avec les autres livres qu'il rapportait en les replaçant dans les étagères à leurs places respectives.
Puis il ressortit une nouvelle fois du Dôme et se rendit directement chez lui afin de prendre un repas rapide et d'aller se coucher directement. Il avait un mauvais pressentiment quant à la nuit qui allait suivre car s'il se rapportait à la fréquence habituelle des attentats, le suivant devrait avoir lieu durant la nuit courant ou la nuit suivante.


dimanche 9 août 2009

GdO 2 - L'enquête

Chapitre 5

L'enquête

Wood partit dans la maison à laquelle il avait le plus facilement accès depuis l'endroit où il se trouvait et ce à partir d'un mur effondré, soufflé par l'explosion. Il entra dans ce qui semblait être la chambre à coucher et son propriétaire était en train de dormir au moment du drame. Contrairement au lit dans la maison du milieu, qui n'était pas en contact avec le mur le plus proche de l'explosion, celui-ci se trouvait en contact avec le mur mitoyen. Le lit était parti avec le mur et il était dur d'imaginer, en le voyant, renversé, tranché en son centre par un morceau de mur, que la personne qui s'y trouvait en train de dormir ait pu survivre longtemps, ou même survivre tout court. 
Wood s'approcha des décombres du lit et, à l'aide de sa baguette, souleva les morceaux de mur recouvrant le lit avec précaution dans l'espoir, certes maigre mais existant, que quelqu'un puisse encore être en vie. Le lit, une fois découvert, laissa apparaître ce que l'on pouvait déjà deviner avant : il était tranché en plusieurs morceaux et à l'envers. Le dernier morceau de mur que Wood avait enlevé lui enleva une grande partie de l'espoir qui pouvait rester en lui de trouver un survivant car le bord inférieur, pointu, était maculé de sang. Et c'est en soulevant les morceaux du lit qu'il put s'apercevoir que la personne qui dormait dessus semblait avoir subi le même sort que le lit. Et à en juger par son état, l'homme ne devait pas avoir survécu plus de quelques secondes, si jamais il avait survécu après avoir été tranché en deux par le mur. A côté de lui, se trouvait sa baguette.
Wood mis la baguette de la victime dans sa poche, se releva et regarda autour de lui avec plus de minutie. Il était clair que l'explosion ne provenait pas de cette maison : les murs avait été soufflé depuis celui qui séparait les deux maisons, écrasant et brisant ce qui se trouvait entre. Par endroit, le plafond, soutenu par les murs, s'était effondré mais le toit semblait être intact. Et l'effondrement des murs avait provoqué une chute du plancher à certains endroits, même s'il semblait que le rez-de-chaussée avait subi beaucoup moins de dégât que l'étage. Wood ne trouva aucune autre chambre et supposa que l'homme qui vivait là vivait seul.
Il repartit dans la maison centrale qui, supposait-il, était celle dans laquelle l'explosion s'était produite et donc dans laquelle il pouvait supposer espérer trouver des indices. Il revint en même temps que Félix revenait de son inspection dans la troisième maison avec une mine sombre qui indiquait déjà ce qu'il avait trouvé.

- Eh bien ? demanda-t-il.
- Rien, dit Wood en secouant la tête. Un mort. Assez moche, je dois dire. Le pauvre a dû souffrir si jamais il avait survécu quelques instants.
- Quelle mort ?
- Tranché en deux par un mur.
- Ah... dit Félix avec une légère expression de répulsion.
- Et toi ?
- Trois morts, dit sombrement Félix. Un couple et leur fille. J'ai l'impression qu'ils sont morts après l'explosion, écrasés par les murs. Enfin... sauf leur fille, elle, n'a pas dû survivre du tout, je pense.
- Et le père et la mère, oui ?
- Il semblerait, mais ce n'est pas facile à dire.
- Et... la fille ? Quel âge ?
- Pas plus de quatre ans, je dirais.

Wood soupira et ferma les yeux. Ce n'était pas le premier enfant en bas âge qui mourait dans ces attentats, mais cela restait tout de même un choc d'entendre que l'un d'entre eux était mort.

- Bon, fouillons un peu cet endroit, dit Wood en rouvrant les yeux. On finira bien par trouver quelque chose qui puisse nous être utile.
- Espérons-le, dit Félix. C'est là que le cadavre principal a été découvert, non ? ajouta Félix en pointant un tas de débris se trouvant sous le plafond effondré.
- Oui.
- On pourrait fouiller par là, au début, histoire de voir si on trouve sa baguette, dit Félix en commençant à enjamber différents débris pour se rapprocher de l'endroit indiqué.
- Le Fondateur a déjà trouvé une baguette à proximité de l'emplacement de l'explosion. C'était sûrement celle de ce Smith.
- Peut-être, dit Félix en s'arrêtant et en se retournant vers Wood. Mais vois-tu quelque chose d'autre que l'on pourrait chercher ? Un cadavre ? On a déjà eu plus que notre compte pour la journée, je pense. De plus, je ne pense pas qu'on en retrouvera un autre. 
- Non, c'est juste que...
- Des traces de quelqu'un d'autre, alors ? continua Félix. Comment en retrouver dans tout ça, ajouta-t-il en regardant autour de lui. A la rigueur, des traces de boues avec cet orage, mais qu'est-ce que ça prouverait ?
- Qu'est-ce que tu veux dire ? demanda Wood en le regardant dans les yeux.
- Tu le sais très bien. Et je pense que le Fondateur le sait également. Ca saute aux yeux avec ces "cadavres principaux", non ? Le coupable de chaque attentat est ce "cadavre principal". Tu vois une autre explication au fait qu'on en retrouve toujours un ayant subi l'explosion de plein fouet et pas les autres ?
- Peut-être, dit Wood. Le coupable pouvait peut-être ne vouloir tuer que ces personnes là, mais les sorts utilisés sont tellement puissants qu'ils font exploser tout le reste avec.
- Et le coupable réussirait à se sortir de l'explosion ?
- Il pourrait très bien lancer le sort depuis l'extérieur de la maison, depuis les toits des maisons en face, je ne sais pas. C'est juste que...
- Je sais pourquoi tu refuses d'accepter cette solution, Wood, mais tu ne peux pas refuser le fait qu'elle soit la plus plausible.
- Peut-être, dit Wood. Mais tant qu'on n'en a pas la preuve formelle...
- Il faut bien partir sur une base. Et pour l'instant, c'est la seule que je vois. Et puis, si on trouve un jour une baguette intacte appartenant à un des ces "cadavres principaux", on pourra soit confirmer, soit infirmer, cette hypothèse.
- Ouais. On verra.

Ils commencèrent à fouiller l'endroit où se trouvait le corps d'Allan Smith, soulevant des morceaux de plafond, de mur, découvrant des morceaux de corps qu'ils auraient préféré ne jamais découvrir durant leur recherche, passant d'un endroit à un autre à la recherche de quelque chose. Wood finit par découvrir une baguette enfouie dans les débris. Elle semblait endommagée et avoir brûlé par endroit. Wood la mis dans sa poche avec celle provenant de la maison voisine.
Ils continuèrent de retourner la maison de fond en comble à la recherche d'indices, mais ne trouvèrent rien d'autre qui puisse être intéressant. Ils se dirigèrent ensuite vers la sortie et s'arrêtèrent au niveau du Policier qui se tenait à l'entrée de la maison. L'orage avait faibli et, même s'il pleuvait toujours, le fait de sortir n'était plus synonyme avec le fait de devenir détrempé en l'espace de cinq secondes. 
En face d'eux, à l'extérieur du petit jardin, se trouvait une foule qui semblait être plus grande que celle qui était déjà là quand ils étaient arrivés. L'accès sur les lieux était bouclé par cinq Policiers qui se tenaient face à la foule et Wood pouvait apercevoir AxeMan en train de parler avec plusieurs personnes dans la foule. 

- On en a fini pour l'instant, dit Wood en se tournant vers le Policier. Il y a six corps en tout là-dedans.
- Très bien, répondit le Policier en inclinant légèrement la tête. Vous avez de quoi mettre un terme à tout ça ?
- Aucune idée, dit Wood. J'espère. 
- Et sinon, demanda Félix, rien à signaler dans la foule depuis tout à l'heure ?
- La même chose que d'habitude. Certaines personnes essaient de passer afin d'aller voir directement de quoi il retourne. Mais personne n'est passé aujourd'hui. Mais ils commencent à en avoir vraiment assez de ces attentats.
- Ah oui ?
- Le nombre de personnes qui a crié pour savoir si on voulait vraiment arrêter les attentats augmente à chaque fois.
- Il faut leur répondre que non, comme ça, ils nous ficheront la paix, dit Félix à mi-voix.
- Quelle heure est-il ? demanda Wood. J'ai oublié de prendre ma montre, ce matin.
- Onze heures, répondit le Policier en regardant sa montre.
- Je me demande s'ils ont obtenu quelque chose depuis leurs écoutes, dit Félix en sortant du jardin de la maison et en prenant un des balais posé sur la pelouse.
- On verra bien quand on arrivera, dit Wood en prenant également un balai et en s'installant dessus.
- Ouais, on verra bien.

Ils décollèrent en donnant un coup de pied dans un sol boueux et partirent en direction du Temple, la faible pluie encore présente leur fouettant le visage. Ils atterrirent devant le Temple et posèrent sans plus attendre la main sur la porte du Temple. Comme à chaque fois, le temps passé par la porte à donner ses sensations de chaleur et de froid leur parut une éternité car ils espéraient, même sans trop y croire, que quelque chose de nouveau avait été découvert pendant leur absence ou que une des baguettes qu'ils apportaient pourrait servir les besoins de l'enquête.
Ils furent accueillis par le Premier Consul.

- Alors ? demanda-t-il directement. Qu'est-ce que ça donne ?
- Pas grand-chose, dit Wood en se baissant pour récupérer les baguettes qu'il portait sur lui. Aucune trace, aucun indice intéressant et six morts au total.
- Je vois que vous avez trouvé des baguettes, dit le Premier Consul en regardant celles qui se trouvaient sur le sol.
- Oui, dit Félix en se dirigeant vers la salle du conseil. On a récupéré toutes celles qu’on a trouvées. En comptant celle que le Fondateur a découverte, on doit les avoir toutes.
- Et d'ailleurs, demanda Wood, qu'a-t-elle donné ?
- Rien, dit le Fondateur alors qu'ils entraient dans la salle du Conseil. La baguette était trop endommagée pour qu'on puisse en tirer quelque chose.
- Un problème quelconque ?
- Pas au premier regard, mais il semblerait qu'elle ait été sectionnée et qu'une partie de son cœur soit partie avec ce morceau.
- On a plusieurs baguettes à interroger, indiqua Félix en sortant les deux baguettes qu'il avait récupérées.
- A quel endroit les avez-vous trouvées ? demanda le Fondateur.
- Trois viennent des maisons adjacentes, commença Félix.
- Et donc les chances pour que l'on découvre quelque chose d'intéressant est faible, dit le Fondateur.
- Et la dernière provient de la première maison, dans les débris non loin de l'endroit où Nast a trouvé le cadavre principal, finit Félix.
- La baguette du principal ? demanda le Fondateur d'un ton brusque.
- Aucune idée, dit Félix. Pour savoir, il faut la tester.
- Je vais le faire immédiatement, dit le Fondateur.

Il se leva et prit la baguette que Wood lui tendait. Il l'examina rapidement avec une moue dubitative tandis qu'un léger tic lui donnait des rictus passagers, comme à chaque fois qu'était retrouvée une baguette quasiment intacte d'un des cadavres principaux. Wood, Félix et le Premier Consul étaient également nerveux à chaque fois car si la baguette se révélait intacte, elle pourrait donner raison ou tort à certaines hypothèses et donc leur permettre d'avancer dans leur enquête.
Le Fondateur se dirigea ensuite vers l'ensemble de machines argentées qui se trouvaient dans un des coins de la salle et s'apprêta à poser la baguette dessus afin d'identifier son propriétaire, hésita quelques secondes, puis posa la baguette sur la machine. Celle-ci commença à émettre quelque volutes de fumée, qui s'élevèrent jusqu'au plafond et se dissipèrent, puis s'arrêta.
Le Fondateur souffla dans ce qui ressemblait à un soupir de frustration puis enleva la baguette de la machine et retourna rejoindre les autres.

- Voilà qui règle l'affaire, dit-il en s'asseyant lourdement sur une chaise, cette baguette est morte et on n'en tirera rien.
- On pourrait toujours essayer un Priori Incantatum, proposa Félix.
- Ca ne servirait à rien, dit brusquement le Fondateur. Si la baguette est morte, c'est que le cœur magique est, en partie tout du moins, séparé de la baguette. Et sans cœur magique, on n'obtiendra rien, mais avec le sort de Rappel.
- Mais ça ne coûterait rien d'essayer, insista Félix.
- Je... non, en effet, dit le Fondateur.

Il sortit sa baguette et en colla le bout avec celui de l'autre baguette, prononça la formule et attendit que quelque chose se produise. Cependant, rien ne se produisit.

- Voilà qui est réglé, dit le Fondateur en reposant la baguette et en mettant la sienne dans sa poche.
- Tant pis, dit Félix. Il ne reste plus qu'à attendre que Nast et AxeMan reviennent et on pourra faire un bilan.
- Eh bien, pendant ce temps, on va remettre en route l'écoute, dit le Premier Consul en se levant. 

Il sortit de la salle et quelques instants plus tard, les murs du Temple s'emplirent des bruits des conversations ayant lieu dans la foule réunie autour du lieu de l'explosion. Il était très dur de discerner et d'isoler des discussions particulières étant donné que les différentes voix étaient rendues comme si chaque personne se trouvait à la même distance. De temps à autre ils discernaient la voix de AxeMan posant une question ou quelqu'un qui criait pour protester contre le laxisme de la Police ou quelque chose dans le genre.
Finalement, une heure plus tard, Nast revint et s'assit dans la salle du conseil. Il paraissait véritablement harassé et était complètement trempé. Le Premier Consul alla fermer la porte du mur de l'écoute et revint dans la salle.

- Et alors, cette ronde ? demanda-t-il d'emblée.
- En ce qui concerne les traces, c'est un peu raté, étant donné le temps, dit Nast en se séchant avec sa baguette. Parce que trouver quelque chose sous une pluie torrentielle alors que celle-ci a déjà tout effacé, ce n'est pas du gâteau.
- Et en ce qui concerne les questions aux habitants des environs ? demanda le Fondateur.
- On a laissé un mot dans les boîtes aux lettres des gens qui n'étaient pas là pour leur demander de passer au commissariat s'ils avaient quelque chose à dire. Quant aux autres... on n'a rien eu d'intéressant.

A ce moment, ils entendirent un bruit dans le hall et Wood se leva pour aller identifier l'origine du bruit. Par terre, en face de la porte, se trouvaient deux baguettes et Wood comprit ce qui se passait. Il posa sa main sur la porte et, après les habituelles sensations de chaud et de froid, il sortit pour se trouver face à AxeMan dont les habits et le visage étaient recouverts de boue.

- Ne me dis rien, dit Wood. Tu as oublié que tu n'avais toujours pas l'autorisation pour rentrer dans le Temple ?
- Bingo, répondit AxeMan avec un léger sourire. C'est assez frustrant, d'ailleurs, de se voir éjecter comme ça.
- En attendant, accroche-toi, je rentre.

Wood posa sa main sur la porte et il sentit la main de AxeMan se refermer sur son épaule. Quelques instants plus tard, ils étaient tous deux dans le Temple et ils se baissaient pour ramasser leurs baguettes respectives puis se dirigèrent vers la salle du conseil dans laquelle Nast finissait d'exposer sa ronde.

-... mais bon, au final, la majorité des gens n'était pas chez eux, donc il faudra espérer qu'ils passeront au commissariat...
- En même temps, ils étaient tous agglutinés autour de l'explosion, de la même manière que les mouches vont vers la merde, intervint AxeMan. Il faudrait leur permettre de rentrer, juste une fois, pour qu'ils nous fichent la paix. Je mettrais ma main à couper qu'ils ne resteraient pas s'ils avaient vu les cadavres et qu'ils fuiraient les lieux comme la peste.
- Peut-être, dit Nast. Mais laisser quelqu'un rentrer, c'est prendre le risque de détériorer des indices.
- Je sais, je sais.
- Que donnent les questions ?
- Oh, la grande majorité considère que c'est une honte de laisser courir de telles personnes et que si elles-mêmes étaient au pouvoir, les coupables seraient déjà derrière les barreaux.
- Ca, on le sait déjà, dit le Fondateur. Et sinon ?
- J'ai deux témoignages assez intéressants. Le premier est celui du voisin d'en face. Il déclare avoir vu quelqu'un rentrer dans la maison vers cinq heures et demi et que l'explosion a eu lieu vers six heures moins le quart. Par contre, il lui est impossible de dire si la personne était bien Allan Smith ou sa femme.
- Je ne vois pas ce qui pourrait nous faire affirmer le contraire, dit Félix. Il n'a vu personne sortir entre ces deux moments ?
- Il ne regardait pas tout le temps par la fenêtre. Il devait se lever tôt aujourd'hui et c'est pendant qu'il regardait le temps dehors qu'il a aperçu cette personne rentrer à la lueur d'un éclair. Ensuite, il a entendu, d'après ses dires, l'explosion alors qu'il était devant son petit-déjeuner.
- D'accord, dit Félix. Et le second témoignage intéressant ?
- Il provient d'un ami d'Allan Smith, dit AxeMan. Il a déclaré être resté avec lui à la taverne une grande partie de la nuit, mais qu'ils s'étaient séparés vers quatre heures du matin. D'après ce qu'il m'a dit, Smith n'avait pas l'air préoccupé ou inquiet. Il n'a pas non plus parlé que quelqu'un le menaçait ou ce genre de choses. Quand il est parti, il a laissé Smith seul à la taverne. J'en ai donc profité pour aller faire un tour à la taverne pour poser quelques questions au tavernier. Selon lui, Smith est parti vers cinq heures de la taverne en maugréant contre le mauvais temps.
- Il est donc parti vers cinq heures de la taverne, résuma le Premier Consul, et une demi-heure plus tard, quelqu'un entrait chez lui. Combien faut-il de temps entre la taverne et sa maison ?
- J'ai mis vingt minutes, dit AxeMan.
- Tu y es allé à pied ? demanda le Fondateur.
- Oui.
- Et ton balai ?
- Ah... oui, fit AxeMan en hésitant, eh bien il doit être resté devant la maison.
- Tant pis. Donc ?
- Oui, donc j'ai mis vingt minutes à pied sans trop me presser. Mais je suppose qu'il a dû mettre environ un quart d'heure.
- Et pourquoi cela ? demanda Wood.
- Il maugréait contre le mauvais temps, donc il était pressé de rentrer et a donc forcé le rythme. En tout cas, c'est ce que j'aurais fait à sa place.
- Très bien, dit le Fondateur, donc si on considère cela, la personne rentrant chez elle à cinq heures et demi n'est pas Smith.
- Il pourrait avoir été retardé en chemin, bien entendu, dit AxeMan. Mais il était pressé de rentrer, sans aucun doute.
- Ne peut-on pas considérer qu'il se soit perdu en chemin avec l'obscurité ambiante ? demanda Félix.
- D'après ses voisins, Smith vivait là depuis bientôt dix ans. Je pense qu'il pouvait retrouver son chemin les yeux fermés ou remplis de pluie.
- Avait-il bu à la taverne ? demanda Félix.
- Très peu, d'après le tavernier. En tout cas, très peu d'alcool et seulement en début de soirée. Il était donc sobre lors de son retour.
- Très bien, dit le Premier Consul. Rien d'autre qui pourrait être intéressant ?
- Concernant l'enquête, non, répondit AxeMan. Mais saviez-vous qu'il existerait des phénomènes magiques qui puniraient ceux qui ont commis de mauvaises actions et que c'est cela qui expliquerait les attentats ?
- Qu'est-ce que c'est que cette connerie ? demanda le Fondateur avec incrédulité.
- Simplement une réponse que j'ai obtenue auprès d'un des badauds trainant autour du lieu de l'explosion.
- Bien, tu as des hypothèses à proposer ?
- Mis à part que la personne derrière tout cela est le plus grand monstre qui puisse exister ? demanda AxeMan.
- Oui, dit le Fondateur. Cette hypothèse n'est pas nouvelle et a été proposée de nombreuses fois.
- Eh bien, les premières choses auxquelles on pourrait penser en apprenant l'existence d'un "cadavre principal", comme vous dites, c'est qu'il existe une cible prioritaire à atteindre, quelque soit le prix humain. Seulement, si cela était le cas, je pense que les cibles seraient au courant de quelque chose, qu'elles sont poursuivies ou quelque chose, et qu'elles seraient donc nerveuses, ce qui n'était pas le cas de Smith hier soir.
- Une autre, peut-être ? demanda le Fondateur.
- A la rigueur, peut-être que chaque principal est celui qui fait exploser sa maison avec le reste de sa famille, mais quelqu'un qui s'apprête à faire cet acte laisserait apparaître quelque chose, je pense. Nervosité, angoisse, ne serait-ce que face à l'importance de l'acte qu'ils vont accomplir.
- Toutes ces hypothèses ont déjà été relevées, dit le Fondateur. Mais nous n'avons rien qui puisse nous permettre de choisir entre l'une ou l'autre.
- Surtout que les deux présentent des failles significatives, dit AxeMan.
- Bon, dit le Premier Consul. Wood, Félix ? Quelque chose de notable ?
- Pas vraiment, dit Wood. Comme à chaque fois, l'explosion semble avoir eu lieu très près du principal. Une chose est sûre toutefois : l'explosion a eu lieu dans la maison de ce Smith. Par contre...
- Oui ?
- Si jamais les explosions continuent à cette puissance, dans des maisons ayant un mur commun, on peut avoir une chance de trouver des survivants. Il est possible que nous ayons pu sauver trois personnes aujourd'hui si nous étions partis plus tôt ou si la "fouille préliminaire" des Policiers se concentrait sur la recherche de survivants.
- Très bien, dit le Premier Consul. Je pense que nous avons fait le tour. Désormais, les éléments nouveaux concernant cet attentat arriveront au commissariat. Et j'ai bien l'impression qu'il va nous falloir attendre au moins le suivant pour avoir quelque chose d'intéressant.

Ils se levèrent et tandis que Félix et lui se dirigeaient vers la sortie, Wood aperçut AxeMan se diriger vers le Premier Consul et dire :

- Sinon, il faudrait régler un léger problème avec la porte d'entrée. Ma tête ne lui revient pas.