mercredi 8 avril 2009

GdO 1 - Promenade au clair de lune

Chapitre 4

Promenade au clair de lune

Wood marchait dans le quartier marchand. Maintenant qu'il semblait que l'agitation dans l’Empire ait pris fin, il allait peut-être enfin pouvoir savoir à quoi s'en tenir en période normale. La nuit était tombée depuis environ deux heures et les rues étaient désertes, ce qui, pensa Wood, était normal étant donné que l'hôtel était le seul endroit qui comportait un endroit où dormir dans le quartier marchand et qu'il était justement l'heure de dormir. Pour une raison qu'il ignorait, il n'avait pas sommeil. Pas encore.

Il venait juste de sortir de la taverne, qui était le seul endroit visible à proximité qui émettait de la lumière et duquel on pouvait entendre des cris et des rires étouffés. La première chose qui vint à l'esprit de Wood était d'aller au parc ouvert le plus proche afin de marcher un peu parmi les arbres. Cela pourrait le déstresser un peu. Plus, en tout cas, que de rester enfermer dans une chambre d'hôtel.
L'endroit était silencieux et reposant. Mis à part le bruit de l'eau provenant de la mare, aucun bruit ne pouvait être entendu. Après ces deux semaines de bruits et de cris partout dans l’Empire, un peu de silence ne faisait vraiment pas de mal. Le jour, cet endroit était assez apaisant également, même si le fait de devoir y côtoyer des centaines de personnes tendues par leur travail en cours n'aidait pas toujours à cela. D'ailleurs, pensa-t-il, il faudrait vraiment qu'il pense à chercher un travail, les réserves d'argent qu'il avait emmenées dans l'Empire commençait à diminuer de manière inquiétante. Il faudra qu'il y pense le lendemain.
Pour le moment, il cherchait à ne plus penser à tous les évènements de la semaine. Regarder la lune à travers les feuilles des arbres au dessus de lui parvenait en partie à faire cela. Puis, alors qu'un vol de chauve-souris passait entre la lune et lui, il aperçu du coin de l'œil un éclat de lumière rouge sur sa droite. Quand il regarda dans cette direction, il aperçut deux silhouettes un peu plus loin, entre les arbres. Deux personnes qui réglaient un différend, pensa-t-il en haussant les épaules. Ce ne serait pas la première fois qu'il serait témoin d'une querelle de ce genre. Alors qu'il redirigeait son attention vers la lune, la silhouette de droite sembla vouloir s'enfuir et fut rattraper et arrêter par quatre jets de lumière rouge. De ce qu'il pouvait apercevoir, il sembla à Wood que la personne ainsi touchée vola de plusieurs mètres avant de retomber au sol. Pris de curiosité, Wood décida de s'approcher légèrement afin de savoir si ce qu'il voyait nécessitait une intervention ou s'il s'agissait de la Police qui interpelait un suspect qui aurait refusé de se rendre, même si, de ce que Wood avait pu voir, la personne assommée n'avait pas lancé de sort vers ses agresseurs.
Il s'approcha et se plaça, accroupi, derrière un buisson à proximité de l'endroit où toutes les personnes étaient regroupées.
Ils étaient quatre et avaient tous leurs baguettes allumées et dirigées vers l’homme qui gisait inconscient dans l’herbe. L'un d’eux était penché sur le corps et semblait le fouiller.

- Quelque chose d'intéressant ? dit une voix de femme à destination de la personne accroupie.
- J'ai trouvé sa clé, répondit celui-ci en tendant derrière lui ce qui ressemblait effectivement à une clé.
- Aucun intérêt Tom, ses amis se rendraient vite compte si quelque chose manquait chez lui.
- Arianna a raison, dit une autre voix parmi les personnes regroupées derrière le dénommé Tom. Cherche plutôt les objets de valeur qu'il peut avoir sur lui.
- Pas de problème, répondit Tom en reprenant sa fouille. Ah, j'ai trouvé une montre. Elle me paraît être en or. Qu'est-ce que tu en penses Bob ? ajouta-t-il en passant la montre au dernier de membres du groupe.

Celui-ci examina la trouvaille à la lueur de sa baguette, sous le regard avide de ses compagnons. Finalement, il jeta la montre à terre et l'écrasa avec le talon de sa chaussure.

- Aucune valeur. Du toc complet. Qu'y a-t-il d'autre ?

Tom se replongea dans sa fouille. Il ne s'interrompit plus et se contenta de mettre ce qu'il trouvait sur un tas à côté de lui.
De ce que Wood avait été témoin jusqu'à maintenant, il savait qu’il aurait fallu faire quelque chose... Mais à quatre contre un, quelles chances pouvait-il avoir ? Certes, le commissariat n'était pas extrêmement loin et il se mit en tête d'y aller quand Tom, qui semblait avoir fini sa fouille, reprit la parole.

- Bon, alors tout ce que j'ai pu trouver, c'est deux pièces d’or et quatre de d’argent éparpillées un peu partout dans ses habits.
- Et merde ! s'exclama Arianna en rage tandis qu’un de ses compagnons se mettait à faire les cent pas. Etienne, je pensais que tu nous avais dit que c'était un de ces rupins du quartier du Vif d'or ?
- Oui. Mais il n'a pas l'air de se déplacer avec des valeurs sur lui. Comment aurais-je pu le deviner ? Déjà, lui donner rendez-vous ici simplement pour une question de mise en sûreté de ses biens n'a pas été simple à faire sans attirer la suspicion, alors si je lui avais demandé de venir avec des valeurs, tu penses bien qu'il ne serait pas venu.
- Pas la peine de vous disputer, les interrompit Bob qui venait de regarder dans la direction de Wood, je pense qu'on peut peut-être augmenter le résultat de la soirée.

Wood déglutit quand baguettes furent pointées dans sa direction avant qu'il n'ait pu faire ne serait-ce qu'un mouvement pour tenter d'attraper sa baguette. Il jugea plus prudent de ne pas chercher à attaquer et préféra leva les mains à hauteur des épaules pour l'indiquer.

- Approche, lui dit Bob. Et pas de geste brusque.

Wood s'exécuta à contrecœur, mais ses choix étaient restreints. Tenter d'attaquer tout de suite et quatre traits de lumière magiques fonceraient vers lui à l'instant même et tenter de s'enfuir ne lui indiquait pas de sortie plus optimiste.

- Tiens, mais j'ai l'impression que je te connais, toi, dis Etienne une fois que Wood ne se trouvait qu'à deux mètres d'eux.
- Vraiment ? dit Wood du ton contenant le plus de bravade qu'il pouvait faire.
- Oui, continua-t-il en s'approchant de lui jusqu'à ce que sa baguette soit en contact avec la poitrine de Wood, dans une ruelle où se trouvait un pilleur qui voulait profiter de la situation. Vous vous êtes fait attaquer.
- Oh, il a déjà été traumatisé, intervint Arianna d'une voix moqueuse.
- Tellement qu'il ne songe jamais à sortir sa baguette avant de commencer à être attaquer.
- Dans ce cas, il ne posera aucun problème. La même chose qu'à tous les témoins, ça devrait aller. On te laisse t'en charger et on se retrouve à l'endroit habituel.
- Pas de problème, répondit Etienne en direction du groupe de trois personnes qui repartait dans la direction de la route.
- Vous êtes le policier qui a interpelé ce pilleur, n'est-ce pas ? finit par dire Wood.
- Pas mal mon petit, dit Etienne d'un ton railleur, un jour tu finiras par réussir à lancer un sort, j'en suis s--

Il s'interrompit. Un cri étouffé leur était parvenu d'un endroit qu'il leur était impossible à déterminer. Wood ne pouvait pas dire d'où le bruit provenait, mais l'homme qui le menaçait recula légèrement tout en tournant la tête pour regarder derrière lui.

- Vous avez raison, dit Wood dont les bras étaient toujours levés, un jour je réussirai à utiliser la magie.
- Puisque je te le dis, répondit l’autre qui semblait toujours chercher à savoir ce qui avait pu se passer.
- Mais pour l'instant...

Il baissa brusquement le bras et l'abattit sur la baguette qui lui était pointée dessus. Dans le même temps, il balaya le sol devant lui avec sa jambe droite. Le policier pilleur tomba en lâchant sa baguette dans un juron.

- ... je peux me débrouiller sans, acheva Wood en sortant sa baguette de la poche de son pantalon.
- Peut-être bien, répliqua Etienne d'un ton amer, mais la magie est quand même bien utile.

Il se jeta sur sa baguette et un jet de lumière rouge en sortit en direction de Wood qui l'arrêta à l'aide d'un Bouclier. Il lança à son tour une Stupéfixion vers l'homme qui avait roulé sur lui-même. Des mottes de terres venant de l’endroit qu’avait touché le sort atterrirent sur les deux hommes. L’autre ne fit pas attention au fait que le sort avait touché l’endroit où il se trouvait quelques instants plus tôt.
Celui-ci profita du sort manqué pour se relever et tenter de s'enfuir vers l'endroit où ses compagnons étaient partis, et Wood se doutait qu’il allait chercher des renforts. Il n'avait pas d'autre choix que de lui courir après. Le policier lança un sort par dessus son épaule qui alla s'écraser contre le tronc d'un arbre dont un morceau d'écorce fut décroché. Wood pointa sa baguette vers le fugitif et lui lança une Attraction. La vitesse à laquelle il revint vers lui força Wood à se jeter sur le côté afin d'éviter de recevoir le policier en pleine poitrine. Ce dernier se releva difficilement sur le sol à quatre pattes et repéra Wood qui se relevait également à côté d'un arbre proche. Un jet de lumière jaune sortit de sa baguette et Wood parvint à détourner le tir vers l'arbre avant de lancer une nouvelle Stupéfixion sur le policier qui s'écroula sur le sol.
Après s'être relevé, Wood regarda autour de lui afin de vérifier si aucun des compagnons de l'homme étendu inconscient devant lui n'était pas revenu, attiré par le bruit. A quelques mètres de là, se trouvait la victime du groupe. Wood s'approcha d'elle. L'homme avait reçu quatre éclairs de stupéfixion, il risquait donc de ne pas se réveiller de sitôt. Cependant, Wood se rendit compte que ce n'était pas les seuls sorts qu'il avait reçu. La cape qu'il portait une coupure au niveau de l'épaule et l'épaule qui se trouvait en dessous saignait au niveau d'une entaille qui commençait du haut de l'épaule jusqu'à l'aisselle. Wood pointa sa baguette vers la blessure et la soigna du mieux qu'il le pouvait. Il arrêta l'hémorragie, mais l'homme arborerait une cicatrice pendant quelques semaines.
Alors qu'il se relevait, Wood entendit des bruits de pas derrière lui. Il se retourna brusquement, la baguette levée, et se tourna vers l'origine des bruits de pas. Il distingua la silhouette d'une personne qui se tenait à côté du policier stupéfixé. Elle portait une cape noire et sa capuche était relevée si bien qu'on ne distinguait pas son visage et elle gardait les bras croisés.

- Nerveux ? demanda la silhouette et, bien que la voix fût celle d'un homme, elle était sans aucun doute sous l'effet d'un sort de déformation vocale.
- Qui êtes-vous ? demanda Wood en pointant sa baguette vers la silhouette. Et que voulez-vous ?
- Nerveux.
- Pourriez-vous répondre aux questions ? demanda Wood en tenant fermement sa baguette.
- Je m'étais trompé de lieu, dit l'homme sur ce qui semblait être un ton d'excuse, ce qui était assez inattendu.
- Pardon ?
- Oui, j'étais allé au parc de l'autre côté du quartier marchand. Résultat, je suis arrivé en retard.
- Vous êtes des leurs ? demanda Wood en indiquant le corps à côté de la silhouette.
- Si c'était le cas, pourquoi serais-je en train de vous parler ?
- Dans ce cas, que vouliez-vous faire ici ?
- Ce que vous venez de faire. Ne vous inquiétez pas pour le reste du groupe, il est tombé sur nous.
- "Vous" ?
- Disons simplement qu'ils ne risquent plus de vous tenir pour responsable de leur échec de ce soir, même si vous en êtes très certainement la cause.
- Ils ne sont tout de même pas... ?
- Non. Simplement, ils ne se souviennent plus de ce qu'il s'est passé ce soir.

Wood considéra l'homme qui se trouvait en face de lui avant de sourire en hochant la tête. La posture de l’homme avait quelque chose de légèrement familier…

- L'Alchimiste avait raison, finit-il par dire.
- Pardon ?
- Les "chargés d'entretien" du Dôme ne sont pas que ça.
- Comment avez-vous deviné cela ?
- Votre posture, votre capuche relevée, vos bras croisés. Vous ressemblez parfaitement à ces personnes que l'on peut croiser dans le Dôme. Ensuite, le fait que vous vous rendiez sur une scène de crime indique que vous n'êtes pas seulement ça.
- Pas mal. Je suppose que vous avez un certain nombre de questions à poser. Si vous le souhaitez, nous pourrons parler de tout ça demain soir.
- Où ? Dans le Dôme ?
- Non. A la taverne. Je réserverai un salon. Le numéro 11.
- Et comment puis-je être sûr qu'il ne s'agit pas d'un piège ?
- Pourquoi le serait-ce ? demanda l'homme en se retournant et en repartant dans les ténèbres. Si j’avais voulu vous éliminer, le plus simple aurait été de la faire ici.
- Attendez !

Mais l'homme ne revint pas. Wood voulait savoir de qui il s'agissait et savait qu'avec les nouvelles mesures, comme le sort d'anti-transplanage posé sur la ville, l'homme serait obligé de repartir à pied et Wood se précipita donc à sa suite. Mais il sembla que l'homme avait également commencé à courir et quand Wood arriva sur la route il regarda autour de lui afin d'essayer de distinguer quelque chose dans l'obscurité et il lui sembla apercevoir une silhouette se déplacer dans la direction du quartier marchand.
Une fois dans le quartier marchand, il ne distingua plus personne dans la rue, plus la moindre ombre. L'homme était peut-être passé par une des ruelles, et il serait très difficile de le retrouver dans ce cas-là. Cependant, Wood avait l'intuition que l'homme était allé se mêler au seul endroit qui serait capable de cacher quelqu'un qui ne voudrait pas être reconnu. Il se dirigea donc vers le vieux bâtiment abritant la taverne et regarda par la fenêtre. Il y avait encore à peu près autant de monde que quand il en était parti. Un détail, cependant, attira son attention. AxeMan était assis à une des tables. S'il avait vraiment eu un rendez-vous dans le quartier résidentiel, il ne pourrait pas être revenu si vite à la taverne. Il lui aurait fallu au moins une heure pour pouvoir faire l'aller-retour.
Celui-ci avait une bièraubeurre à la main et tourna la tête vers la fenêtre. Leurs regards se croisèrent et Wood sourit, et AxeMan, comme pour lui répondre, lui rendit son sourire en levant sa bouteille avant de se retourner vers le reste des personnes se trouvant dans la taverne.
Cependant, une fois qu'il se fut retourné, Wood ne sourit plus. Après tout, il venait d'être témoin d'une attaque digne d'un bandit de grand chemin par un des policiers. Et il se demandait quel aurait été son sort s'il n'avait pas réussi à mettre ce policier hors-jeu. 
Au mieux, il n'aurait eu aucun souvenir de ce qu'il venait de vivre, ce qui aurait fait un souci de moins. Et les soucis semblaient être ce qui se faisait de mieux ici. 
Au pire, il aurait risqué de ne plus avoir de souci du tout.

1 commentaire:

Tocsin a dit…

Si jamais vous vous êtes demandé pourquoi Wood portait un bouclier avec lui durant sa promenade, c'est que la norme que j'utilise n'est pas très claire.

Wood détourna le sort à l'aide d'un bouclier : Wood a utilisé un de ces superbes boucliers (en bois ou en métal, suivant les goûts) pour détourner le sort. Cela a différents inconvénients : c'est lourd, encombrant... et à notre époque, c'est surtout très ridicule.

Wood détourna le sort à l'aide d'un Bouclier : (qui est la verion publiée) Wood a utilisé un sort de bouclier pour détourner le sort qui lui fonçait dessus. Les avantages : une simple baguette est requise (ainsi que la connaissance du sort) et ça peut vous sauver la vie sans vous encombrer. Et, surtout, classe suprême, c'est moins long à écrire.
Mais ça, Wood, il s'en fout un peu.


A part ça, chapitre 4 sur une vingtaine. A deux chapitres par semaines, on finit cette histoire dans environ deux mois.
Joie. Bonheur.

Bonne lecture,

Tocsin