lundi 28 septembre 2009

Gd0 2 - Urgence policière

Chapitre 11

Urgence policière

Une fois encore, ce furent des coups à sa porte qui réveillèrent Wood. Il regarda rapidement la fenêtre et aperçut de minces raies de lumière passer à travers les volets. Il était plus tard que d'habitude et ce n'étais donc sûrement pas pour un attentat. Cependant les coups à la porte étaient pressants et il entendait la voix de Nast l'appeler. Il descendit donc rapidement les marches puis ouvrit la porte pour se retrouver face à un Nast qui lui paraissait en proie à un énervement et à une inquiétude encore plus intense que le froid qui régnait au dehors.

- Enfin, dit celui-ci. Dépêche-toi de t'habiller et rends-toi immédiatement au commissariat.
- Pourquoi ? commença Wood. Qu'est-ce qui...

Il s'interrompit, une inquiétude s'emparant de lui.

- Attends, reprit-il, ce n'est tout de même pas... ?
- Il y a de ça, répondit Nast. Mais en ce moment, le commissariat est pris d'assaut par un des gangs des Cognards.
- Combien ?
- Je ne sais pas, dit Nast. J'ai été averti à l'instant par mes hommes avec un miroir à double-sens. J'y ai déjà envoyé Félix et j'irai avertir les autres Policiers le plus vite possible après.
- Et les autres Gardiens ?
- Non. Vous, vous avez déjà en partie perdu votre incognito, eux non. Si la situation dégénère vraiment, je ferais appel à eux. Mais pour l'instant, je vous envoie en tant que sûreté, dans le cas où d'éventuelles négociations échoueraient.
- Ok, j'y vais.

Wood remonta afin de s'habiller rapidement, prit sa baguette et ressortit en courant vers le local à balais du quartier général des Gardiens.
Il décolla et partit dans la direction du commissariat. Il repéra un autre balai entre lui et sa destination. Il accéléra au maximum afin d'atteindre son but le plus vite possible, inquiet quant à la cause que pouvait avoir cette émeute. Comme si les choses n’allaient déjà pas suffisamment mal dans la Capitale...
Il finit par apercevoir le commissariat et celui-ci était entouré d'une foule sombre, difficilement comptable, mais il ne semblait pas y avoir de combat : aucun jet de lumière ne traversait l'air. Cependant il ne voyait aucun point d'atterrissage à proximité du commissariat.
Il tourna quelques secondes à la verticale du commissariat quand il dut faire une embardé pour éviter un jet de lumière rouge provenant de la foule sous lui. D'après ce qu'il aperçut après s'être stabilisé, cette attaque fut suivie d'une autre contre le commissariat duquel provinrent de nombreux jets de lumière qui firent reculer une nouvelle fois la foule qui resta à observer sa proie.
Wood observa les alentours, vit un autre balai dans une ruelle située à une vingtaine de mètres du commissariat et se dirigea alors vers cette ruelle. Il y aperçut quelqu'un qui observait discrètement la foule du bout de la ruelle, accroupi et semblant prêt à bondir. Seulement, il semblait qu'il n'avait pas vu deux autres personnes qui s'avançaient discrètement depuis l'autre bout de la ruelle, provenant sans aucun doute de la foule entourant le commissariat. Wood accéléra sa descente tout en passant derrière eux. Puis, quand il fut à hauteur des toits, il fit demi-tour et plongea en piqué sur les deux personnes qui se rapprochaient l'une derrière l'autre de Félix.
Gardant toujours une main pour tenir le balai, il se tint à celui-ci comme à un trapèze, les jambes tendues en avant. Il atteint le premier des deux dans le dos qui, sous l'effet de la vitesse et du choc, fut propulsé en avant et renversa son compagnon avant de ne plus bouger, allongé sur le sol. L'autre tenta de se relever, mais au moment où il passa au dessus de lui, Wood lâcha son balai et lui tomba dessus et il retomba à terre et ne bougea plus.
Tandis que son balai tombait au sol à peine deux mètres plus loin, Wood se releva et alla rejoindre Félix qui n'avait pas bougé depuis tout à l'heure et qui semblait observer toujours aussi patiemment la foule. Il ramassa son balai et le posa à côté de celui de Félix puis s'accroupi à côté de ce dernier.

- Je n'ai pas entendu de sort, dit Félix. Tu as essayé d'être original ?
- On peut dire ça, dit Wood en se penchant pour apercevoir ce qu'il se passait. Comment ça se présente ?
- En ce qui nous concerne, nous, nous avons un répit de deux minutes. Ils m'ont repéré quand je suis arrivé et ont vu l'endroit où je m'étais posé. Ils ont profité de ton arrivée pour lancer une attaque de diversion afin d'envoyer ces deux là... pour me capturer, je suppose. Pas très discrètement, en tout cas... Quoiqu'il en soit, je ne pense pas qu'ils s'attendaient à leur retour avant au moins cinq minutes et comme ça fait trois minutes qu'ils sont partis...
- D'accord, dit Wood. Puissance des attaques ?
- Moyenne à faible. Mais ils ont l'avantage du nombre avec une cinquantaine de têtes. Et ils ont également eu celui de la surprise.
- Et en ce qui concerne les Policiers ?
- Il doit y avoir l'équipe de nuit, et encore, celle allégé des personnes présentes sur le lieu du dernier attentat. Mettons quatre. Par contre, il me semble qu'ils ont AxeMan avec eux.
- Cinq contre cinquante..., soupira Wood. Il y a eu des tentatives de dialogue ?
- J'ai entendu un des policiers tenter de nouer le contact, mais la seule réponse a été un éclair de stupéfixion et un cri de "Policiers, assassins"...
- Le dialogue sera difficile, dans ce cas...
- Avec les Cognards, il l'a toujours été. Ils saisissent toujours la moindre occasion pour s'en prendre à la police. Un peu comme pour se débarrasser d'un gang adverse.
- Bon, dit Wood. Dans ce cas, il va falloir attendre la prochaine occasion pour tenter de les disperser.
- Hmhm, fit Félix. AxeMan d'un côté, nous deux de l'autre et cinquante Cognards au centre... ça devrait le faire si on arrive à avoir un quelconque effet de surpr – Eh, s'exclama-t-il. Mais qu'est-ce qu'il fait ?

De là où ils se trouvaient, ils avaient aperçu AxeMan sortir du commissariat les mains ouvertes au niveau de la poitrine, paume tendues vers l'extérieur. Sa sortie semblait avoir déclenché une espèce de mouvement au sein de la foule parmi laquelle certains avaient tendu leurs baguettes vers lui et tout le monde regardait vers lui. Wood et Félix purent se rapprocher du commissariat sans être vus et s'arrêtèrent dans un creux de mur à quelques mètres de la foule. De leur nouvelle cachette, ils pouvaient entendre ce que disait AxeMan.

- ... encore une fois, disait-il, d'une voix forte sans pour autant crier, qu'est-ce que vous voulez exactement ?
- Et vous ? demanda un homme qui s'était détaché de la foule.
- Pardon ? dit AxeMan d'un ton mélangeant sarcasme et incrédulité. C'est vous qui attaquez le commissariat et c'est à moi de me justifier ?
- Avec qui êtes-vous ? demanda à nouveau l'homme.
- Avec moi-même, répondit calmement AxeMan. Et vous ? Que combattez-vous ?
- Les lâches qui se cachent derrière un pouvoir pour commettre des crimes.

Cette phrase fut suivie d'une acclamation de la foule pendant que AxeMan levait les yeux vers le ciel en soupirant.

- Ca tombe mal, vous n'en trouverez pas ici.
- Vous mentez, cria l'homme.

Un jet de lumière rouge sortit de la première ligne de la foule et fonça vers AxeMan. De ce qu'ils pouvaient voir, Wood et Félix aperçurent quelque chose apparaître dans chacune des mains de AxeMan et, tandis que sa main gauche se levait d'un geste brusque et que la droite avançait tout aussi brusquement vers l'endroit d'où provenait le sort, le jet de lumière fut dévié et alla s'écraser contre le mur du commissariat et un autre jet de lumière rouge fonça vers la foule et une personne s'effondra avant que les poussières détachées du mur du commissariat ne touchent le sol. L'instant suivant, AxeMan était de nouveau debout, les mains vides et levées, devant la foule.
Wood regarda Félix qui hochait la tête d'un air appréciateur puis retourna son attention vers la foule qui avait, de manière générale, reculé de quelques pas, sauf en ce qui concernait l'homme qui parlait pour elle et la femme étendue sur le sol, stupéfixée.

- Est-ce simplement possible d'avoir une discussion avec vous ou faut-il passer tout de suite aux choses sérieuses ? demanda AxeMan d'une voix qui trahissait un énervement contenu.
- Dans ce cas, dites la vérité !
- Quelle vérité ? railla AxeMan. La vraie ? Ou la vôtre ?
- Je vous laisse répondre par vous-même ! Vous essayez de nous abreuver de belles paroles tandis que d'autres de vos hommes attendent là-bas ! s'exclama l'homme en indiquant du doigt l'emplacement que Wood et Félix avaient quitté quelques instants plus tôt.
- Et tandis que vous, de manière beaucoup plus juste, vous vous mettez à cinquante contre quatre policiers et moi ? Est-ce cela que vous appelleriez la justice ?
- Vous, je ne vous connais pas. Mais les policiers, eux, le mérite !
- Vraiment ? Des hommes et des femmes épuisés par une nuit de garde ? Des hommes et des femmes épuisés de mener une enquête qui tourne en rond sur les attentats qui touchent l'Empire ? Des personnes qui font de leur mieux pour vous protéger et qui ne reçoivent que mépris et dédain ? C'est cela, pour vous, des gens qui méritent d'être attaqués ?
- Et des personnes qui tuent leurs prisonniers, c'est cela que vous appelez des innocents ? Je vais vous laisser une dernière chance ! Donnez-nous les policiers et il ne vous arrivera rien.
- J'hésite franchement à vous remercier pour votre bonté, ironisa AxeMan. Mais je trouve qu'on a perdu suffisamment de temps comme ça, alors je vais également vous donner une dernière chance. Partez sans faire de vague et il ne vous arrivera rien.
- Vous plaisantez ? railla l'autre.
- Non. Quoique... en fait, j'ai une autre offre à vous faire vu que vous semblez ne pas avoir assez de jugeote pour saisir la meilleure.
- Dites toujours, dit l'autre d'un ton dans lequel perçait un mépris non déguisé.
- Seulement vous et moi.
- Pardon ?
- Je gagne, vous partez. Je perds, vous avez les policiers. Je ne m'y opposerais pas.
- Vous pensez que je vais accepter après ce que vous lui avez fait ? dit l'autre en indiquant du doigt la femme étendue sur le sol.
- J'espère seulement que vous êtes suffisamment intelligent pour comprendre où se trouve votre intérêt et pour partir sans que nous soyons obligés d'intervenir, dit AxeMan en insistant sur le 'nous'.

Wood et Félix se regardèrent et acquiescèrent brièvement avant de sortir leurs baguettes pour se préparer à une éventuelle intervention.

- Et vous penseriez vraiment nous en empêcher ? railla l'autre. Après ce que vous avez dit tout à l'heure ?
- Oui, répondit simplement AxeMan.
- Très bien. Dans ce cas, j'accepte votre défi. Mais si jamais vos amis interviennent, vous le regretterez amèrement.
- Vous de même. Au premier qui demande l'arrêt ou qui est inconscient. Interdiction de tenter de tuer de quelque manière que ce soit son adversaire. Dans ce cas, le contrat sera nul et non avenu. Il y a suffisamment de morts comme ça ces derniers temps.

L'homme et AxeMan sortirent une baguette et, tandis que la foule créait une espèce de cercle autour d'eux deux, ils se saluèrent.

- Combien de temps ça va durer, tu penses ? demanda Félix à Wood.
- Il faut voir s'il veut ou non le jauger. Si ce n'est pas le cas, ce sera rapide.

Ils arrivaient à apercevoir le combat à travers les rangs des personnes réunies autour. Ils commencèrent par se tourner autour sans s'attaquer, se regardant uniquement dans les yeux. Ce fut l'adversaire de AxeMan qui lança le premier sort qui fut dévié à mi-parcours. AxeMan répondit par un simple sort de stupéfixion qui fut également dévié. Les sorts se succédèrent sans que AxeMan ne semblent vouloir mettre un terme rapide au combat, restant toujours à des sorts simples tandis que son adversaires tentait des sorts de plus en plus puissants. Certains des sorts déviés forçaient la foule à se pousser afin de ne pas se faire toucher et des impacts de sorts se creusaient dans les murs alentours. Le combat semblait relativement lent du fait que les combattants passaient beaucoup de temps à se tourner autour sans lancer aucun sort entre deux échanges. Puis, l'adversaire de AxeMan tourna légèrement la tête.

- Non, cria-t-il.

Wood comprit en suivant son regard. Dans le cercle, un des spectateurs avait sorti sa baguette et se préparait à lancer un sort sur AxeMan. Celui-ci se tourna dans cette direction et avant qu'il ne tende le bras dans cette direction, l'homme s'était effondré sur le sol. L'adversaire de AxeMan avait la baguette tendue vers l'homme qui avait tenté d'intervenir et son visage luisait d'une colère non contenue. Il cria un mot et tous commencèrent à s'en aller. Une minute plus tard, il ne restait plus que AxeMan et son adversaire qui avait rangé sa baguette. 
Wood et Félix jugèrent qu'ils pouvaient sortir de leur cachette et se rapprocher à découvert du commissariat.

-... que partie remise, disait l'autre en regardant AxeMan. Il aura de mes nouvelles pour avoir tenté d'intervenir. Quoiqu'il en soit, j'honore toujours mes contrats.
- Et j'honore toujours les miens. Alors partez.

L'autre fit un signe de tête et s'éloigna non sans avoir jeté un regard mauvais à Wood et Félix qui se rapprochaient.

- Alors ? demanda Félix quand ils furent suffisamment près de AxeMan. Tu as fait durer le combat.
- Ouais. J’essayais de savoir d'où il avait obtenu ses informations. Par contre, si jamais je mets la main sur cet imbécile...
- Un combat non fini est un combat raté, en quelques sortes, dit Félix.
- Ouais. Mais revenons-en aux choses sérieuses.
- Comment ça s'est passé ? demanda Wood.
- D'après ce que j'ai compris, aucun policier n'est capable de l'expliquer. Ils l'ont entendu crier et pleurer dans sa cellule. Puis ils l'ont retrouvé mort, tout simplement. Mais il vaut mieux rentrer au commissariat, on risquera moins d'être écouté.

Dans le commissariat, ils trouvèrent les policiers assis, la mine le plus souvent abattue. Ils s'approchèrent de l'endroit où ils étaient réunis.

- Ah, dit l'un d'entre eux. AxeMan. Merci.
- De rien, mais je n'y suis hélas pour rien. Ces gens étaient trop bêtes pour comprendre leur intérêt. Par contre, pourriez-vous raconter une nouvelle fois ce qu'il s'est passé cette nuit. On a été interrompu tout à l'heure...
- Très bien. Alors, la nuit s'est passée normalement. On avait placé Gates dans une cellule à part en lui donnant quelques conforts en plus des autres prisonniers habituels, entre autre, le fait de ne pas fermer sa porte à clé. Après tout, ce n'était pas vraiment un prisonnier. Vers sept heures ce matin, j'ai fait une ronde et tout le monde dormait. C'était une nuit calme, personne n'était venu et on jouait aux cartes dans la salle principale. Quand je suis revenu rejoindre les autres, on a entendu un bruit puis des voix provenant des cellules. Puis on a entendu Gates crié, comme terrorisé. On s'est précipité dans sa cellule pour voir ce qu'il avait et on l'a trouvé recroquevillé dans un coin de la cellule, en larme. Suppliant.
- "Je n'ai pas voulu ce qui s'est passé" qu'il disait, intervint un autre policier. Que des trucs du genre. J'ai pensé qu'il avait eu un cauchemar, ou un truc du genre. Après ce qu'il a vécu, ça n'aurait pas été étonnant. Mais il avait l'air de s'adresser à quelqu'un de présent dans la cellule. Et pourtant, il y avait personne.
- J'ai essayé de lui parler, reprit le premier policier. Quand il m'a aperçu, il m'a demandé de le protéger. Il était complètement en larme et paraissait effrayé. Je lui ai dit de venir nous rejoindre dans la salle principale, mais il refusait de bouger. J'ai voulu l'aider à se lever, mais je me suis à peine penché qu'il a eu un sursaut... et...
- ... et il s'est effondré au sol, compléta un troisième policier. Mort. 
- Et il y a eu cet autre prisonnier en face, qui s'était réveillé entre temps qui s'est mis à hurler qu'on venait de le tuer. Pendant dix minutes, il n'a pas cessé de hurler. Et à peine une demi-heure plus tard, il y a eu ce groupe de Cognards qui a débarqué devant le commissariat juste après que vous soyez arrivé, ajouta-t-il en regardant AxeMan.
- Inexplicable, dit un des policiers à voix basse.
- Où se trouve le corps de Gates à présent ? demanda Wood.
- Au sous-sol, répondit un des policiers.

Wood, Félix et AxeMan laissèrent les policiers et se dirigèrent vers les cellules. Ils trouvèrent une cellule ouverte qu'ils jugèrent être celle qui avait été assignée à Gates. En face, se trouvait une cellule avec un unique prisonnier. Celui-ci les regarda entrer dans la cellule sans rien dire, puis se rapprocha de la porte quand il se rendit compte que AxeMan l'observait avec insistance tandis que les deux autres fouillaient la cellule.

- Vous n'trouv'rez rien là-d'dans, commença le prisonnier d'un ton bourru.
- Vraiment ? dit AxeMan.
- Ouais, répondit le prisonnier avec une lueur dans le regard, ils ont déjà tout nettoyé pour éviter qu'on trouve des preuves.
- Est-ce que vous pourriez nous raconter ce que vous avez vu et entendu ?
- C'que j'ai vu, c'est que quand ce policier a tendu la main vers le prisonnier, il est tombé au sol pour ne plus s'rel'ver. Et ça m'suffit.
- Et, vous n'avez rien vu d'autre ? Par exemple, avant l'arrivée des policiers ?
- Nan.
- Franchement, je vous avouerais que je déteste que l'on me mente, dit AxeMan d'un ton calme. Qu'avez-vous vu avant l'arrivée des policiers ?
- Rien, j'vous dis !
- ... et surtout pas dans un cas comme celui-ci, dit AxeMan les dents serrées.

Wood tourna la tête pour regarder ce que faisait AxeMan. Il se trouvait devant la porte de la cellule du prisonnier et le regardait directement dans les yeux. Il retourna son attention vers la cellule, laissant AxeMan faire usage de la légilimancie pour tirer des informations utiles de ce prisonnier. 
La cellule était relativement petite, mais on trouvait un faible mobilier : un lit et une armoire. Le lit n'avait pas l'air bien confortable, mais les policiers avaient fourni de quoi le rendre plus confortable pour Gates. Une couverture en boule se trouvait dans le coin de la cellule et tandis que Félix allait fouiller ce qui se trouvait dans l'armoire, Wood alla ramasser la couverture. En la dépliant, il entendit un bruit semblable à celui d'un bout de bois tombant au sol. Il jeta la couverture sur le lit et ramassa ce qui venait de faire ce bruit et resta quelques secondes à l'observer, incapable d'en croire ses yeux. Félix le rejoint et en voyant ce qu'il tenait, ouvrit des yeux ronds.

- Mais, qu'est-ce que c'est que cette histoire, dit-il à mi-voix.
- Si je le savais..., répondit Wood.
- Arrêtez ça, dit brusquement la voix du prisonnier.
- Dans ce cas, dites la vérité ! s'exclama AxeMan.
- Très bien. Mais vous allez encore m'traiter d'menteur.
- On verra bien.
- Eh bien, j'ai été réveillé par des voix dans la cellule d'en face. Et j'y ai vu quelqu'un qui parlait à l'autre là.
- A quoi ressemblait-il ?
- Je ne sais pas ! J'étais allongé à l'autre bout de la cellule, il faisait sombre, il me tournait le dos et il portait une cape noire avec une capuche.
- Bien. Et ensuite ?
- Ensuite, il a tendu la main vers le prisonnier puis lui a donné quelque chose puis il a disparu avec un pop.
- Il a... quoi ? demanda AxeMan avec incrédulité.
- Il a disparu, comme j'vous l'dit ! Si je savais pas qu'c'était impossible, j'dirais bien qu'il a transplané !
- Très bien, dit AxeMan à mi-voix. Merci.

Il se tourna vers les autres.

- Nous nageons en pleine histoire de fou, leur dit-il.
- Bien plus que tu ne le crois, dit Wood en lui donnant ce qu'il avait trouvé.
- Comment... mais c'est complètement fou...
- Et pourtant, c'est bien la baguette qui avait été volée hier, dit Wood. 
- Suis-je vraiment le seul à trouver qu'il y a quelque chose qui cloche dans tout ça ? demanda Félix.


samedi 19 septembre 2009

GdO 2 - Déjà eu pire

Chapitre 10

Déjà eu pire

- Je sais que c'est la deuxième réunion de la journée, commença Nast, mais nous avons eu un témoignage par rapport aux avis de recherche posés hier.

Les six membres du conseil des cinq se trouvaient réunis dans la salle du conseil du Temple suite à une demande expresse de Nast. C'était la fin de l'après-midi et le soleil commençait à décliner à l'horizon, tandis que de légers nuages commençaient à couvrir le ciel. 
Wood et Félix avaient été en train de discuter dans la salle de détente du quartier général des gardiens quant à la journée et surtout par rapport au survivant de l'explosion tandis que AxeMan était, semblait-il, resté chez lui durant toute la journée. Et même si son visage paraissait aussi déterminé que d'habitude, on pouvait s'apercevoir qu'il était plus pâle que d'habitude et que son visage était marqué de tics. Les deux Consuls quant à eux étaient restés en majeure partie dans le Temple à observer les environs du lieu de l'attentat.

- Ca ne fait rien, répondit le Premier Consul. Tant que cette situation de crise durera, nous resterons disponible pour toute information que tu pourras juger utile.
- Du moment que cela fasse avancer l'enquête, acquiesça Nast, il vaut mieux se partager les informations dont nous disposons, en effet.
- Et donc, qu'est-ce que le témoignage a donné ? demanda le Fondateur. Une crise de paranoïa ?
- Non, répondit Nast. Enfin, si. Nous y avons eu droit durant toute la journée. Des personnes venant nous voir car ils ont croisé cette personne dans la rue. Etrangement, tous à la même heure. Mais nous avons eu, entre autre, le témoignage de quelqu'un qui connaissait cette personne et qui nous a donné son nom.
- Ah, une bonne nouvelle, donc, dit Félix.
- Oui. Donc, notre homme s'appellerait John Harrow. Et d'après cette même personne, il aurait disparu depuis environ sept mois.
- Ce qui paraitrait logique, dit le Fondateur en se levant. Il a été banni de l'Empire à ce moment-là. Je reviens, je vais tester le Mur.

Il sortit de la salle. Wood et le reste des occupants attendirent qu'un son se mette à sortir des murs du Temple, mais ils attendirent en vain. Finalement, le Fondateur revint en secouant la tête.

- Non, dit-il, rien.
- Dans ce cas, on peut faire une croix sur cette hypothèse, dit AxeMan.
- Pas totalement, dit le Premier Consul. Il est possible, si c'est lui qui est derrière tout ça, qu'il ne vienne dans la capitale uniquement pour accomplir ses méfaits, la portée d'écoute du Temple ne dépassant pas les limites de l'Empire.
- En tout cas, intervint Nast. Nous avons reçu un autre témoignage concernant ce Harrow. Un qui semble, en tout cas, plus crédible que la majorité des autres témoignages que nous avons reçu.
- Oui ? demanda le Fondateur.
- Quelqu'un affirme avoir aperçu Harrow en compagnie d'une personne vêtue d'une cape noire au niveau de la sortie Nord de la capitale il y a trois jours. D'après ses dires, ils auraient eu une violente altercation, mais notre témoin n'a pas vu plus la suite de cette dispute car il rentrait chez lui et que les disputes dans les rues sont "monnaies courantes par là-bas".
- Et il aurait reconnu ce... Harrow en voyant les affiches ? demanda le Fondateur d'un ton dans lequel perçait l'incrédulité.
- C'est ce qu'il semblerait. Nous avons accordé un peu plus de crédit à ce témoignage car il ne consistait pas à l'éternel "coupable qui me suis partout, où que j'aille", expliqua Nast. Là, il s'agissait d'une rixe. Pas en pleine rue, car cela avait lieu un peu après la sortie de la ville, mais presque. Et avant la pose des affiches. C'est-à-dire que la personne avec qui il se serait battu ne l'aurait pas pris à partie à cause de cela.
- Ca reste maigre, malgré tout, dit le Fondateur.
- Ca n'en reste pas moins intéressant, dit Félix. Car dans le cas où le témoignage est vrai, pourquoi se serait-il battu avec quelqu'un dans l'Empire alors que, comme on vient de l'observer, il ne réside pas dans l'Empire ? D'ailleurs, le témoin a-t-il pu identifier son interlocuteur ?
- Non, répondit Nast. Il portait une cape noire, avec une capuche rabattue sur le visage.
- Bien entendu, dit AxeMan. C'est très pratique. "J'ai vu quelqu'un avec votre coupable, mais je ne sais pas qui c'est. Bah ouais, il avait une capuche".
- Cela peut-être assez crédible suivant l'heure, dit Félix en se tournant vers Nast en l'interrogeant du regard.
- Vers vingt-deux heures, répondit celui-ci à la question non-posée. En gros, il faisait nuit.
- Donc, c'est crédible, conclut Félix. Dans ce cas, pourquoi se serait-il battu ?
- Bonne question, dit Wood. Lutte de pouvoir, peut-être ?
- Tu supposerais donc qu'ils sont plusieurs derrière cette affaire ? demanda AxeMan.
- C'est une suggestion, rien de plus. Il est possible, en effet, que les deux personnes ait été derrière toute cette affaire et qu'ils aient eu des désaccords.
- C'est une possibilité, en effet, acquiesça le Premier Consul. Ou alors, il rodait dans la ville et quelqu'un l'a pris à partie pour cette raison, croyant qu'il voulait cambrioler quelqu'un.
- Ouais, dit AxeMan. En gros, on ne peut rejeter aucune hypothèse, mis à part celle disant qu'ils jouaient à la corde ensemble.
- Autre chose ? demanda le Fondateur en se tournant vers Nast.
- Non, répondit celui-ci. Mais avec la situation actuelle, une personne potentiellement menacée de mort, il valait mieux prévenir que le seul suspect potentiel a été, ou aurait été, vu en ville.
- D'ailleurs, intervint Félix en se redressant, en ce qui concerne notre homme, notre... survivant...
- Oui ? demanda le Fondateur.
- Déjà, connait-on son nom ?
- D'après les registres, oui, répondit le Premier Consul. Andrew Gates.
- Bien. Donc, que va devenir Gates ? Il va passer une nuit en cellule pour diverses raisons, mais ensuite ? Il vient de perdre sa famille dans des circonstances horribles. Il ne va pas en plus devoir rester en cellule éternellement ?
- En fait, nous sommes en train de rechercher une maison inhabitée dans laquelle il pourrait loger sous protection policière, dit Nast. Malheureusement, ça ne court pas les rues. On a, d'après nos dernières recherches, quatre maisons de ce type, et elles sont toutes dans des quartiers plutôt... malfamés, dirais-je...
- Vraiment aucune ne pourrait convenir ?
- Eh bien, si en plus de veiller à ce que le coupable ne vienne pas pour le tuer, il faut également veiller au fait que le voisinage ne le cambriole pas... sans compter le fait que la police est assez mal vue dans ces quartiers... D'ailleurs, ils ont tellement mauvaise réputation que certaines sont restées à l'abandon depuis plusieurs années. Par exemple, une des maisons du quartier des Sombrals n'est plus habitée depuis deux ans et dans le quartier du Cognard, une maison n'est plus habitée depuis plus de six ans...
- Ca doit être la mienne celle-ci, dit AxeMan. Déjà, quand je l'avais prise, elle était restée inhabitée depuis un certain temps. Pourtant, quand les voleurs se prennent une bonne décharge due à un sortilège de défense, ils ne reviennent plus, ajouta-t-il en haussant les épaules.
- Quoi qu'il en soit, conclut Nast, si nous cherchons à protéger Gates, il est hors de question de le mettre dans un quartier sensible.
- Je comprends, dit Félix.
- Dans ce cas, intervint AxeMan, il y a toujours les maisons de la rue interdite qui sont, me semble-t-il, sûres et ne sont pas toutes occupées.
- Peut-être, dit le Premier Consul. Mais quoi qu'est pu endurer cet homme, il ne faut pas qu'il puisse connaître ce qui se passe ici. Au cas où vous l'auriez oublié, vous n'avez aucune existence officielle, hors celle que vous avez dans le Dôme. Vous êtes censés être presque au plus bas niveau de l'échelle. Et ce secret doit subsister. Notre coupable est quelqu'un qui, il l'a prouvé, est très déterminé dans ses actes, même s'il semble agir un peu au hasard. Mais le simple fait qu'il revienne sur les lieux du crime pour venir rechercher une baguette est la preuve qu'il cherche avant tout à finir son travail. A ne laisser aucune trace derrière lui. Il finira par retrouver Gates, où qu'il soit. Et il possède un moyen de s'introduire dans les lieux sans qu'on le repère, donc cela fonctionnera ici aussi. Il découvrira que les Gardiens ne sont pas ce qu'ils prétendent être et comme il semble vouloir foutre la merde au plus haut point dans l'Empire, je pense qu'il ne se privera pour le révéler, d'une manière ou dune autre.
- D'ailleurs, dit AxeMan tandis que le Premier Consul s'arrêtait de parler, j'ai un peu réfléchi à cette histoire de baguette.
- Comme un peu tout le monde, je suppose, dit le Fondateur en se tournant vers lui. Et où en es-tu arrivé ?
- A la solution la plus simple possible, dit AxeMan. L'endroit n'a pas dû rester plus de cinq minutes entre le moment où nous sommes partis vers l'hôpital et le moment où vous êtes arrivés. Or, si on suppose que les policiers n'ont en effet laissé passer personne et que personne d'invisible n'est passé, cela indiquerait que l'un des policiers sur place a récupéré la baguette avant de retourner à son poste.
- Pardon ? dit Nast. Un des policiers serait lié à tout ça ?
- Ce n'est qu'une hypothèse, dit AxeMan en haussant les épaules. Mais comme toutes les autres, nous ne pouvons l'exclure totalement.
- De toute façon, tout le monde pourrait être le coupable, dit le Premier Consul. Si ça se trouve, vous le croisez tous les jours, dans la rue, au magasin, où je ne sais où. Comment réussir franchement à trouver quoi que ce soit à partir de là ?
- Mais en tout cas, dit Wood, on sait qu'il se trouvait près du lieu du crime ce matin. Ou du moins qu'il y a de grandes chances que quelqu'un de lié au crime se soit trouvé là-bas ce matin.
- Et donc ? demanda le Fondateur.
- Donc, il était peut-être sur les lieux des attentats toutes les fois précédentes, suggéra Wood en se tournant vers AxeMan avec un regard interrogateur.
- Non, répondit celui-ci sans attendre la question. Il n'y avait personne de commun entre les gens réunis devant l'explosion de ce matin et celle de la dernière fois. Ce n'est pas très étonnant en soi, étant donné que les deux endroits sont très éloignés.
- Dans ce cas, il faudrait peut-être faire une enquête discrète au sein de la police, dit le Premier Consul en soupirant. Mais l'image de la police a déjà souffert il y a six ans, et nous serions dans l'impossibilité de lui cacher la vérité ce coup-ci.
- Très bien, dit Nast. Mais ça risque de prendre du temps.
- Dans ce cas, ça remet un peu en cause la sécurité de Gates au commissariat, non ? dit Félix.
- Oui, en effet, dit le Premier Consul. Cependant, il est trop tard pour changer d'avis pour ce soir. Il sera changé de lieu dès demain à la première heure. Dans le même temps, et afin d'éviter les risques inutiles, tu feras en sorte que tous les policiers présents sur les lieux de l'attentat ce matin ne soient pas de service cette nuit, Nast, ajouta-t-il en se tournant vers lui.
- Très bien, dit Nast en regardant sa montre. Je pense qu'il suffira de leur donner une pause pour se remettre de ce matin. En tout cas, il va falloir que j'y aille, ajouta-t-il en se levant. L'heure tourne et il va falloir transférer Gates depuis l'hôpital.
- Très bien, dit le Premier Consul. Avant de partir, je voudrais vous dire quelque chose.

Il attendit que tout le monde se tourne vers lui avant de continuer de parler.

- Comme vous ne l'ignorez sans doute pas, l'Empire est petit, en fait réduit à la capitale. Mais sa population de plusieurs milliers d'habitants permet de ne pas trop se lasser de l'endroit. Cependant, les attentats portent un grand coup au moral de l'Empire. Pendant que le Fondateur était à l'hôpital tout à l'heure, un groupe de personnes est venu sur la Place de l'Ecoute pour dire que si nous n'arrêtions pas ces attentats, ils quitteraient l'Empire.

Le Fondateur baissa la tête et fixa la table avant se s'enfouir la tête dans les mains.

- Ce n'était qu'un groupe d'une dizaine de personnes, continua le Premier Consul, mais je crains fort que ce ne soit que le début d'une vague d'émigration. L'Empire vit sa période la plus sombre depuis sa création, et il faudra faire preuve de rapidité pour réussir à le sauver. Les gens vivent dans la peur de mourir demain. Je dois avouer que je n'avais jamais rien vu de pareil depuis l'époque où le Fondateur a décidé de quitté le monde connu pour aller s'isoler, à l'époque où ce mage noir faisait régner la terreur sur l'ensemble de l'Europe.

Le Premier Consul se tut quelques instants. Le Fondateur avait toujours le visage enfoui dans ses mains.

- On ne pouvait pas dire que l'Empire allait bien, certes, avec ses révoltes à tout-va, reprit le Premier Consul. Mais l'Empire aurait pu y survivre. Seulement là, si nous n'y prenons pas garde, tout va se désagréger.
« Si je vous dit cela, c'est pour vous faire bien apprécier la situation dans laquelle nous nous trouvons. L'Empire n'a aucune existence "officielle" pour le monde extérieur et la majorité des sorciers n'en a jamais entendu parler. Nous sommes seuls face à cette agression.
- Au moins, dit AxeMan, quand il ne restera que sept personnes dans l'Empire, on saura que la septième est le coupable.
- Maigre consolation, soupira le Premier Consul. Vous pouvez disposer.

Tous se levèrent tandis que Nast se dirigeait d'un pas rapide vers la sortie du Temple. De son côté, AxeMan se levait avec une légère grimace, sa main esquissant un geste vers sa poitrine. Le Premier Consul se dirigea vers la boule de verre à travers laquelle les Consuls pouvaient observer ce qui se passait sur la place est tandis que le Fondateur, lui, resta assis, le visage entre ses mains. Félix se leva et s'étira puis se dirigea vers la sortie du Temple d'un pas lent. Quant à Wood, il suivit le mouvement et sortit à son tour du Temple et rejoignit Félix et AxeMan qui discutaient en se dirigeant vers le quartier-général.
Le ciel s'était assombri par la nuit qui approchait et les rares nuages présents semblaient annoncer une nuit toute aussi froide que celle qui précédait. Et la température ne manquait pas de leur rappeler que l'automne était bien entamé et ne demandait qu'à se terminer pour laisser place à l'hiver.
La discussion que tinrent les trois hommes passa de l'affaire courante à des souvenirs communs en passant par diverses anecdotes s'étant déroulées durant les rondes des Gardiens ou durant les recherches magiques effectuées par AxeMan ces six dernières années.

- ... et d'ailleurs, disait ce dernier en s'arrêtant devant la porte de sa maison, je m'étais arrêté à Poudlard en début septembre pour y regarder quelques uns des livres qu'ils ont dans leur réserve. Pendant que je lisais, trois gamins ont tenté de me chiper ma baguette. Ils y ont réussi d'ailleurs, mais quand je l'ai repris à l'aide de mon autre baguette, ils se sont arrêtés et m'ont regardé avec des yeux ronds, comme ça. Un peu comme si ils n'avaient jamais croisé quelqu'un qui utilisait deux baguettes.
- Dans le même temps, on ne peut pas trop leur en vouloir, dit Félix en souriant.
- Admettons, dit AxeMan. Mais ensuite, ils m'ont demandé quelle matière j'enseignais. Parce qu'en fait, ils m'avaient pris pour un prof et avaient voulu faire une blague à l'un d'entre eux. Sûrement des premières années. Non, mais, vous me voyez prof, vous ? demanda-t-il l'air incrédule avec uniquement les coins de la bouche qui trahissait un certain rire.
- Non, dit Wood. 
- Ensuite, tout dépend de ce qu'on veut leur enseigner, naturellement.
- Bûcheron, par exemple, suggéra Wood.
- Pas faux, dit Félix avec une moue appréciative clairement rieuse, tu pourrais leur apprendre le maniement de la hache, je pen... ah, raté, dit-il en se baissant pour éviter un poing qu'un AxeMan rieur lui avait décoché.
- Franchement, dit AxeMan en souriant, arrêtez un peu de racontez n'importe quoi à ce sujet.
- Le plus simple serait d'aller parler de tout ça à l'intérieur du quartier-général, dit Wood.
- Pas ce soir, en tout cas, dit AxeMan. J'ai des choses à faire. Peut-être demain.
- Des choses à faire ? demanda Félix. Et de quel ordre ?
- D'ordre personnel pour certaines..., répondit AxeMan, et non personnel pour d'autres.
- Avec une telle description, on ira loin, dit Wood.
- Disons que ce soir, j'ai quelque chose qui m'en empêche et que j'espère que demain soir, ça ne m'en empêchera plus.
- Ca, c'est la partie personnelle, susurra Félix à l'oreille de Wood en souriant.
- La partie non personnelle ne vous intéresse pas, par contre, dit AxeMan en toussant, sa main partant une nouvelle fois vers sa poitrine mais s'arrêtant en cours de route. Pas pour l'instant, en tout cas.
- Tout de suite, tout devient beaucoup plus clair, dit Félix.
- Bah, fit AxeMan. On ne change pas les vieilles habitudes, pas vrai ? Allez, bonne soirée à vous.
- Bonne soirée, répondirent Wood et Félix.

AxeMan se tourna et se dirigea vers la porte de sa maison tandis que Wood et Félix se dirigeaient vers le quartier général des Gardiens. Ils entendirent AxeMan jurer à mi-voix puis entendirent sa porte claquer.
Quand ils entrèrent dans la salle de détente, ils trouvèrent Ed et Bill réunis autour d'une table. Ils les appelèrent dès qu'ils rentrèrent.

- He, dit Bill, alors il parait que vous avez retrouvé un survivant ?
- Ouais, dit Wood en allant s'asseoir à leur table.
- Ce doit être la première bonne nouvelle depuis le début de la vague d'attentat, non ?
- Et de loin, confirma Félix. Mais bon, il y a d'autres complications qui apparaissent à chaque qu'une bonne nouvelle arrive.
- En tout cas, vous avez bien mérité de vous reposer un peu, dit Ed.
- Ouais, dit Bill. Vous passez tous le plus clair de votre temps sur cette affaire. Tenez, ajouta-t-il en faisant venir quatre bouteilles de bièraubeurre sur la table.
- Merci bien, dit Félix en souriant. Où sont les autres ?
- Cécile et Luce sont en patrouille dans le parc, répondit Ed en prenant une des bouteilles, et Antoine est de sortie en ville.

Tout en buvant sa bièraubeurre, Félix se pencha vers Wood et lui souffla à l'oreille :

- Pas une trop mauvaise journée, non ?

Wood repensa à ce qui s'était passé durant la journée. Gates avait survécu. Ils connaissaient enfin le mode opératoire du coupable. Wood avait eu un match ex-æquo avec son souvenir qui l'avait un peu lâché depuis ce matin-là mais qui restait néanmoins présent. Ils s'étaient fait voler une baguette sous leur nez.
Wood soupira.

- Ouais, dit-il. Il y a déjà eu pire.

mardi 15 septembre 2009

GdO 2 - Révélations

Chapitre 9

Révélations

Cela faisait plusieurs heures que Wood attendait dans la chambre du rescapé de l'explosion quand la porte s'ouvrit, laissant passer le Fondateur, tandis que derrière lui, Wood apercevait le même guérisseur que précédemment qui s'éloignait. Le Fondateur referma la porte derrière lui et observa la chambre. Son regard s'arrêta sur le lit quelques instants, puis il se dirigea vers Wood.

- Alors ? demanda-t-il à voix basse. Quelque chose se nouveau ?
- Absolument pas, répondit Wood, également à voix basse. Ni intrusion forcée, ni réveil du patient. Somme toute, je viens de passer trois heures d'un ennui relativement profond.
- Oui, mais pour sa sécurité, il vaut mieux que quelqu'un soit là.
- Je sais. Et sinon, de votre côté, ça avance ?
- Non, dit le Fondateur. Rien sur cette baguette volée et il ne reste rien dans la maison qui puisse nous révéler des pistes intéressantes. En fait, la seule piste que nous ayons, c'est lui, ajouta-t-il en indiquant le survivant allongé sur le lit.
- Etrange de se dire que l'enquête repose sur lui, dit Wood. Je me demande ce qu'il en penserait si jamais il en était conscient...
- Aucune idée. Quoi qu'il en soit, plus il se réveillera vite, mieux ça vaudra...
- Ouais, pour une raison ou une autre.
- Et sinon, j'ai remarqué que AxeMan passait son temps avec sa main sur la poitrine tout à l'heure. Qu'est-ce qui lui arrive ?
- Eh bien, commença Wood. C'est juste un vieux souvenir d'il y a six ans... ça lui prend de temps à autre, mais rien de grave.

Wood ne savait pas vraiment quoi dire à ce sujet. Il était vrai que jusque là, du moins dans ce que AxeMan lui avait dit, il n'y avait pas à s'en inquiéter, mais d'après ce qu'il avait pu observer le matin-même, il y avait de grandes chances pour qu'il y ait beaucoup plus à s'en faire que ne le disait AxeMan. Cependant, il ne savait ce qu'il pouvait dire à ce sujet au Fondateur. Après tout, si AxeMan avait eu l'intention de le mettre au courant plus avant, il l'aurait fait lui-même, donc il s'en tiendrait aux faits connus de tous.

- Sa blessure faite par Ford ? dit le Fondateur en haussant les sourcils. J'espère pour lui qu'elle n'empire pas.
- Elle est restée la même durant six ans, alors je ne vois pas pourquoi ça changerait maintenant.

A ce moment, ils entendirent un léger bruit provenant de lit. L'homme bougeait légèrement et ils pouvaient distinguer que ses yeux était ouverts et parcouraient la pièce rapidement.

- Ah, dit Wood. Si tu pouvais aller chercher un guérisseur pour lui dire qu'il est réveillé, ajouta-t-il en se tournant vers le Fondateur.
- Je... très bien.

Le Fondateur sortit de la chambre, suivi de yeux par l'homme qui se trouvait dans le lit dont Wood se rapprochait et que s'assit sur une chaise qu'il amena à côté du lit. L'homme, après avoir retiré ses yeux de la porte fermée, les tournait à présent vers Wood. Sa bouche tremblait légèrement, comme s'il cherchait à parler sans arriver à trouver ses mots.

- Où suis-je ? arriva-t-il enfin à dire.
- A l'hôpital, répondit doucement Wood. Vous vous êtes trouvé sur le lieu d'une explosion, mais nous sommes parvenus à vous trouver alors que vous étiez encore en vie.
- Une... une explosion ? murmura l'homme.

Wood acquiesça d'un signe de tête.

- Et... comment va ma famille ?... ma femme ? ... mon fils ? ...
- Malheureusement, ils sont morts dans l'explosion.

Wood s'attendait à ce que l'homme fonde en larmes ou à ce qu'il exprime un chagrin extérieur quelconque, mais il se laissa simplement retombé sur son oreiller, le regard vide fixé vers le plafond. Il resta plusieurs secondes dans cette position puis regarda son bras droit. Ce fut après s'être aperçu de son absence qu'il parla de nouveau.

- Ce n'était pas un rêve, murmura-t-il.

Il resta comme cela, à marmonner toujours la même phrase jusqu'à ce que le Fondateur revienne, accompagné du guérisseur qui semblait avoir été assigné à ce patient. Le guérisseur alla au côté du rescapé.

- Comment vous sentez-vous ? demanda-t-il.
- Joyeux, répondit l'homme d'un ton qui ne l'était pas du tout sans bouger la tête. Très joyeux.
- Et si vous répondez honnêtement ? 
- Heureux, peut-être ? dit l'homme de plus en plus sombrement.
- Je ne sais pas, c'est à vous de me le dire.
- C'est pourtant comme ça qu'il faudrait que je me sente aujourd'hui, marmonna l'homme d'un ton lointain. Oui... C'est ça... Heureux...
- Et pourquoi devriez-vous vous sentir heureux ? demanda le guérisseur en lui prenant le pouls.
- C'est la tradition. C'est toujours ce qu'on se souhaite.
- Ce qu'on se souhaite ? dit Wood. A quelle occasion ?
- Je... je ne sais pas, dit l'homme en fixant toujours le plafond. Je ne sais plus. 

Il se recommença à prononcer toujours la même phrase : "ce n'était pas un rêve" sans s'arrêter. Il semblait ne plus avoir conscience de ce qui l'entourait. Le guérisseur pria Wood et le Fondateur de sortir de la pièce pour permettre au blessé de se reposer. Ils étaient presque sur le pas de la porte que l'homme marmonna autre chose, toujours plus pour lui-même que pour d'éventuels interlocuteurs.

- Diruption Maximus est la formule, disait-il d'une voix vide.
- Qu'est-ce que vous dites ? demanda Wood d'une voix forte en se retournant.
- Oui, c'est ça, continuait l'homme sans réagir à ce que Wood avait dit. Conserve-le au bout de la baguette et amplifie-le.

Wood s'était rapproché du lit sous les protestations vaines du guérisseur afin d'écouter attentivement ce que le survivant était en train de dire. Il avait reconnu ce qu'il avait dit au début et il voulait savoir ce qu'il allait pouvoir dire d'autre. Et pendant ce temps, l'homme continuait de marmonner, le regard vide fixé sur le plafond.

- Utilise un sort d'amplification de puissance, disait-il. Extensio Potentia. Autant de fois que possible... 

Wood écoutait et avait l'impression de commencer à comprendre ce qu'il se passait. Ou du moins, une partie de ce qui avait pu se passer.
L'homme tourna la tête vers Wood et le regarda dans les yeux.

- C'est mon anniversaire aujourd'hui, vous savez ? dit-il.
- Ah, dit Wood sans savoir quoi répondre.
- Oui, continua-t-il. J'ai eu trente-quatre ans tout à l'heure. N'est-ce pas une raison de se réjouir ?
- Je... peut-être, oui.
- N'est-ce pas une raison de se réjouir d'avoir une femme et un fils qui sont restés éveillés toute la nuit pour attendre mon retour d'une réunion de travail pour me fêter mon anniversaire ? demanda-t-il d'un ton sombre, distant.

Pour toute réponse, Wood se contenta de faire un signe de tête pour indiquer qu'il était d'accord avec ce qu'il venait de dire.

- Et pourquoi cela devait-il arriver aujourd'hui, dans ce cas ? demanda-t-il.
- Je ne sais pas, répondit Wood.

L'homme tourna de nouveau la tête vers le plafond.

- Excusez-moi, dit la voix du guérisseur à l'oreille de Wood. Mais il faudrait vraiment partir à présent. Il a besoin de se reposer.
- Je sais, dit Wood. Peut-être bien plus que vous ne pouvez l'imaginer.
- Que voulez-vous dire ?
- Une intuition. J'aimerais rester seul avec lui.

Le guérisseur regarda Wood en fronçant les sourcils. Puis il regarda l'homme allongé sur le lit.

- Très bien, dit-il. Mais uniquement vous. Et vingt minutes au maximum.
- D'accord, dit Wood. Merci.

Le guérisseur sortit, emmenant le Fondateur avec lui, ou plutôt forçant le Fondateur à sortir en même temps que lui, laissant Wood seul avec le blessé. Celui regardait toujours le plafond, ses lèvres bougeant légèrement, mais aucun son ne s'en échappant. Il resta comme ça plusieurs minutes.

- Excusez-moi, dit Wood. J'aurais une question à vous poser.

L'homme sembla l'entendre. Il cilla puis tourna la tête vers Wood.

- Oui ? demanda-t-il. Vous voulez savoir si je sais qui a tué ma femme et mon fils, je suppose ?
- Oui, dit Wood. Si cela ne vous...
- Je sais qui les a tué, soupira l'homme. Je le sais.
- Et, dans ce cas, de qui...
- J'étais retenu jusqu'à cinq heures du matin en réunion à mon travail, commença à raconter l'homme d'une voix monocorde. Une histoire de fraude qui a occupé mon bureau. A cinq heures, je suis parvenu à me libérer. Je savais que ma femme m'attendrait pour m'accueillir. Elle avait dit qu'elle le ferait.
« En chemin, j'ai perdu conscience de ce que je faisais. J'ai sûrement continué à marcher jusqu'à chez moi, ça ne fait aucun doute. Mais je n'étais plus seul. Il y avait cette voix dans ma tête. Une voix qui paraissait sympathique, amicale. Qui me libérait de tous mes soucis. Elle m'indiquait la marche à suivre. Rien n'avait d'importance que de suivre ce qu'elle me disait.
« Et puis, elle s'est mise à me dicter des sorts : "Lance ce sort, à présent. Diruption Maximus est la formule. Oui, c'est ça. Conserve-le au bout de la baguette et amplifie-le. Utilise un sort d'amplification de puissance, disait-il. Extensio Potentia. Autant de fois que possible... " Je lui obéissais. Elle pensait à ma place.
« Et là, j'ai entendu un cri. Un cri déchirant. Et je connaissais la voix. Je la connaissais très bien. Je suis sorti de ma torpeur. Je n'entendais plus la voix de ma tête, mais devant moi se tenaient ma femme et mon fils. Elle criait. Et elle me regardait en criant. Et là, j'ai vu ma main levée. Et ma baguette dans ma main. Devant elle, se trouvait une sphère. Comme le soleil, en plus petit. Je n'ai pas réfléchi. J'étais sur le pas de ma chambre. Je me suis réfugié derrière le mur. Mais la sphère suivait ma baguette. Et elle rétrécissait. J'ai... j'ai fait la seule chose à laquelle j'ai pu penser, j'ai voulu me débarrasser de ma baguette de l'autre côté du mur. J'avais complètement oublié que ma femme et mon fils s'y trouvaient. Et là, il y a eu un bruit assourdissant. Et je me suis réveillé ici, il y a peu, vous trouvant devant moi, à me poser des questions. Qui êtes-vous ?
- Je fais partie du groupe chargé d'enquêter sur les attentats qui touchent la ville depuis quelques temps, répondit Wood.

Celui-ci avait écouté ce que l'homme venait de raconter et un certain nombre de choses s'en trouvait expliquées. Mais il manquait toujours un point important.

- Est-ce que vous avez croisé quelqu'un sur le chemin, en rentrant chez vous ? demanda-t-il.
- Non, répondit l'homme. Non, je ne crois pas.
- Et... cette voix ? Pourriez-vous la reconnaître si vous l'entendiez à nouveau ?
- Je ne sais pas. S'il vous plaît, j'aimerais me reposer.
- Oui, dit Wood en se dirigeant vers a porte. Je comprends parfaitement.
- Est-ce que vous savez ce que je vais devenir ?
- Je n'en ai aucune idée, dit Wood. Cela dépendra de ce que nous déciderons.
- Bien, dit l'homme d'un ton distant. Bien.

Wood sortit de la chambre et se précipita vers la sortie de l'hôpital, hélant le Fondateur au passage et lui disant de se rendre au Temple le plus vite possible. Celui-ci sortit de l'hôpital en même temps que Wood et tandis que Wood décollait dans la direction de la maison ayant subie l'attentat, le Fondateur décolla dans la direction du Temple.
Wood atterrit dans la rue à quelques distances de la foule regroupée près de la maison. Il y entra sans faire attention à la foule et trouva Félix occupé à fouiller le salon. Il lui dit de partir vers le Temple puis ressortit et essaya de localiser AxeMan parmi les personnes réunies devant la maison, mais n'y parvint pas. Il s'éloigna alors puis décolla en direction du Temple devant lequel il atterrit très peu de temps après. Il posa son balai au sol puis rentra dans le Temple. Après avoir ramassé sa baguette, il se dirigea dans la salle du conseil dans laquelle se trouvaient déjà le Premier Consul, le Fondateur, Nast et AxeMan.

- Ah, Wood, dit le Premier Consul quand celui-ci entra. Le Fondateur nous a dit que tu voulais une réunion d'urgence.
- Oui, en effet, dit Wood à moitié essoufflé.
- Le survivant de l'attentat de ce matin a donc révélé quelque chose d'utile ?
- On peut le dire, acquiesça Wood. Aussitôt que Félix sera là, je vous exposerai les faits.
- Je suis là, dit Félix qui venait d'entrer dans la salle du conseil. Je suppose qu'on peut donc commencer.
- Très bien, dit Wood.
- Et donc ? demanda le Fondateur.
- Et donc, l'Imperium.
- L'Impérium ? répéta le Fondateur.
- Oui. On tenait une partie de la vérité depuis un certain temps. Les personnes devenant les "cadavres principaux" sont belles et bien celles qui font exploser. Mais il nous manquait la raison. On pensait à un réseau développé de personnes. Mais en fait, à chaque fois, elles se sont retrouvées à accomplir l'acte sous la contrainte d'un Impérium.
- Et comment peux-tu en être aussi sûr ? demanda le Fondateur.
- J'ai déjà été soumis à un Impérium et je sais reconnaître ses effets quand on me les décrit. Un sentiment d'absence. Une voix intérieure pensant pour nous, nous dictant nos actes. Tout ça, notre homme l'a vécu ce matin.
- Et dans ce cas, il a dû te dire comment il a pu survivre ?
- Oui, acquiesça Wood. Sa femme et son fils ont crié quand il a commencé à jeter le sort et ça l'a tiré de son état second dans lequel l'imperium le plongeait.
- Dans ce cas, l'imperium lancé ne devait pas être extrêmement puissant, dit AxeMan. Il est rare que quelqu'un puisse se libérer si facilement de l'emprise de ce sort.
- D'après ce qu'il a dit, c'est le fait d'entendre sa femme crier qui l'a fait sortit. Il obéissait à une voix, mais il en a entendu une qu'il connaissait mieux à côté.
- Ouais, admettons, dit AxeMan. Et il sait quels sorts il a utilisé ?
- Il se souvient de ce que la voix lui a dit, dit Wood. Il a utilisé un sort d'Hyperexplosion auquel il a ajouté des amplificateurs de puissance.
- Un sort d'Hyperexplosion ? dit Nast. En quoi cela consiste-t-il exactement ?
- Disons que le lanceur produit une espèce de source d'énergie à l'aide de sa baguette et cette source finira par exploser quand elle se sera contractée totalement. Un sort d'assez haut niveau.
- Je vois, dit Nast. Et donc, il faut que la personne qui ait lancé l'Imperium puisse connaître ce sort.
- Oui, dit AxeMan. Une méthode d'ailleurs assez astucieuse d'envoyer quelqu'un à la mort à notre place. Si l'imperium lancé est suffisamment puissant, la personne agira exactement comme le lui dit le lanceur. Et il n'aura qu'à décrire exactement la manière de lancer le sort pour que l'autre puisse le faire.
- Mais cela nécessite un sort qui n'admet aucune perturbation extérieure, dit Félix. La moindre pourrait faire échouer le sort que la victime doit lancer.
- En effet, confirma AxeMan. Cela suppose que nous avons à faire à quelqu'un qui sait ce qu'il fait avec ses Imperium. Mais ce qui m'inquiète le plus, c'est cette histoire de sorts d'amplification de puissance. C'est un sort que très peu de personnes connaissent.
- Et en quoi consiste-t-il exactement ? demanda le Premier Consul.
- C'est assez difficile à expliquer, car cela dépend énormément du sort sur lequel on l'emploi, expliqua AxeMan. Mais dans la majorité des cas, comme son nom l'indique, il ne fait qu'augmenter la puissance du sort. Cependant, il sera très dur à utiliser dans la plupart des cas, car il faut l'utiliser sur le sort avant qu'il n'ait fait ce qu'il devait faire. En gros, cela s'applique bien dans le cas de l'Hyperexplosion car le sort reste en suspens quelque temps, et on a tout le loisir d'en augmenter la puissance avant l'explosion.
- Je vois, dit le Premier Consul. Autrement dit, nous avons à faire à quelqu'un qui peut avoir une forte puissance magique, mais qui à également une forte connaissance dans les sorts de très haut niveau.
- Reste-t-il une possibilité pour qu'il mente et qu'il essaie de se couvrir en inventant cette histoire ? demanda le Fondateur.
- Je ne sais pas, répondit Wood. Si je devais me prononcer, je dirais qu'il dit la vérité. Il semblait ne plus vraiment avoir l'envie de continuer, si vous voyez ce que je veux dire.
- Bien. Reste maintenant la question de ce que nous allons faire de lui.
- C'est-à-dire ? demanda Félix.
- Le peuple réclame un coupable depuis un certain temps et nous avons quelqu'un qui avoue avoir tué sa femme et son fils dans l'un de ces attentats. Si la rumeur se répand, il sera pris pour cible par la population, de toute façon. Alors qu'en faisons-nous ?
- Il pourrait rester à l'hôpital, suggéra Nast. Sous la protection de la police.
- Non, dit le Fondateur. L'hôpital n'est pas un endroit adapté pour garder quelqu'un à l'écart des autres dans son propre intérêt. Il risquerait d'y avoir des dégâts collatéraux trop importants et, de plus, les guérisseurs ne sont pas des guerriers et n'ont pas appris particulièrement à se battre.
- Dans ce cas, il y a toujours le commissariat, dans une des cellules, suggéra AxeMan. Ce ne sera pas bien accueillant, mais il y aura toujours plusieurs policiers à proximité pour assurer sa protection.
- Oui, dit le Fondateur. Et si les gens se posent la question, ils auront l'impression que l'on fait enfin quelque chose, ça les calmera peut-être.
- Bon, dans ce cas, tout le monde est d'accord pour le commissariat ? demanda AxeMan.
- Pas d'objection, dit le Premier Consul.
- Pas plus, dit Wood.
- De même, dit Félix.
- Il faudra lui trouver une cellule pour lui seul, mais on devrait pouvoir s'arranger, dit Nast.
- Bien, et sinon, toujours aucune nouvelle de la campagne de recherche ?
- Non. Mais on finira bien par avoir quelque chose d'intéressant et surtout d'exploitable.
- Bon, dans ce cas, la réunion est terminée, déclara le Fondateur. L'homme ayant survécu à l'attentat de ce matin sera transféré durant la soirée dans une des cellules du commissariat dans laquelle il passera la nuit et, si son état de santé le lui permet, il y restera jusqu'à ce que toute menace pouvant peser sur lui ait disparu. Messieurs, vous pouvez disposer.


lundi 7 septembre 2009

GdO 2 - Disparitions

Chapitre 8

Disparitions

Wood ne savait pas ce qui l'étonnait le plus quand il sortit de la maison accompagné de AxeMan, un brancard de fortune qu'il avait fait apparaître entre eux deux. Etait-ce le silence total des personnes réunies devant la maison durant les premiers instants, comme s'ils étaient surpris que quelqu'un fût retrouvé vivant ? Etait-ce les cris qui se déclenchèrent peu après quand les gens prirent conscience de ce qui se trouvait sur le brancard en lévitation, comme s'ils reprochaient, pour certains, de n'avoir retrouvé qu'un seul survivant ? Ou était-ce l'écart que firent les gens quand ils passèrent avec le brancard à travers la foule grossissante, quand certains détournèrent les yeux afin de ne pas voir la personne étendue inconsciente ? 
Une chose était sûre, l'homme avait perdu une grande quantité de sang, et il avait besoin de soins appropriés, bien plus que les quelques sorts que Wood effectua sur le moignon saignant de l'homme. Il devait être amené à l'hôpital, qui se trouvait de l'autre côté de la ville. Pour l'y emmener rapidement, Wood et AxeMan avait fait apparaître un brancard sur lequel ils avaient déposé le survivant et l'y avaient fermement attachés afin d'éviter qu'il ne puisse en tomber. La respiration de l'homme était saccadée, mais il ne semblait pas être conscient. AxeMan avait lancé un sort de lévitation sur le brancard et lui et Wood s'étaient dirigés vers la sortie de la maison, non sans prendre les balais qu'ils avaient déposés à l'entrée et ils étaient ressortis affrontés la foule et le froid.
Une fois dans la rue, ils attachèrent le brancard à l'avant et à l'arrière de chaque côté à un balai afin d'assurer son maintien une fois qu'ils seraient en l'air. Et ils décolèrent, laissant derrière eux la scène de l'attentat qui venait de se produire, le froid de la pré-aube leur mordant le visage et toutes les parties découvertes. Wood se tourna vers le brancard qui volait entre leurs deux balais. Celui-ci tremblait légèrement, due à la vitesse. Ils avaient fait de leur mieux pour protéger l'homme qui y était étendu du froid qu'il aurait à subir durant le voyage, mais il fallait espérer que cela serait suffisant.
En retournant la tête pour regarder de nouveau devant lui, il s'aperçut qu'ils étaient en train de survoler le plateau et la rue donnant sur le quartier général des gardiens. Il apercevait des mouvements devant le bâtiment, à proximité de ce qui lui semblait être le local à balais. Félix, Nast, le Premier Consul et le Fondateur semblait être sur le point de partir se rendre sur les lieux de l'attentat. Ils devaient se demander où lui et AxeMan se trouvaient à l'heure actuelle, se doutant sûrement qu'ils étaient partis directement sur la scène du crime. Quoi qu'il en soit, ils avaient laissé des instructions aux policiers qui se trouvaient sur place, comme les avertir de l'endroit où ils se trouvaient, du fait qu'ils avaient trouvé un survivant dans les décombres et que, de ce fait, ils n'avaient pas poussé les fouilles très loin, suffisamment néanmoins pour trouver tous les corps.
AxeMan cria quelque chose par dessus le sifflement du vent qui hurlait dans leurs oreilles et il pointa devant lui. Wood regarda dans la direction indiquée et aperçut l'hôpital qui se rapprochait d'eux rapidement. La rue devant était encore déserte et ils purent s'y poser sans trop de problème, le brancard oscillant légèrement entre eux. Ils le détachèrent rapidement des balais, puis se dirigèrent avec vers l'entrée de l'hôpital. Le hall d'entrée était presque désert et leur entrée ne passa pas inaperçue.
Ils avaient à peine atteint le centre du hall qu'une guérisseuse se précipita vers eux. Ils lui expliquèrent la situation le plus rapidement et le plus clairement possible. La guérisseuse acquiesça d'un signe de tête puis se tourna en emmenant le brancard en appelant certains de ses collègues.
Laissés seuls dans le hall de l'hôpital, Wood et AxeMan soufflèrent légèrement.

- Une bonne chose de faite, dit AxeMan en allant s'asseoir sur une des séries de sièges se trouvant là.
- Ouais, dit Wood en s'essuyant le front. Tu penses qu'il se sortira ?
- Très franchement, je n'en sais rien, admit AxeMan. La médecine ne fait pas partie des branches de la magie que j'ai pu étudier. Mais il m'avait quand même l'air salement amoché. Il a perdu une main, il s'est reçu un mur, il a perdu énormément de sang... C'est... surprenant qu'il ait réussi à tenir aussi longtemps, déjà.
- Au moins, on aura fait ce qu'on pouvait, dit Wood qui se sentit étrangement plus léger après avoir prononcé ces mots même s'il était toujours extrêmement sombre.
- Ouais, acquiesça sombrement AxeMan. Malheureusement pour lui, nous n'avons pas pu sauver sa famille... sa femme... son fils...

Wood se tourna pour regarder vers l'extérieur. Le temps s'éclaircissait, preuve de la montée du soleil.

- Par contre, reprit AxeMan, il va falloir l'interroger une fois qu'il se réveillera.

Wood se retourna vers AxeMan. Celui-ci se massait la poitrine à l'endroit où Wood savait que se trouvait sa blessure.

- Et étant donné qu'il semble être le plus touché dans l'explosion, il y a de grandes chances qu'il soit le "principal" de l'attentat, continua AxeMan. Il aura donc des choses assez intéressantes à nous révéler, normalement.

Wood avait oublié ce détail. Il était resté fixé sur le fait de trouver des survivants et il y avait réussi. Par contre, il en avait presque oublié le fait qu'ils se trouvaient tous en plein milieu d'une enquête de très haute importance et qu'un survivant avait de grandes chances de pouvoir apporter des témoignages plus qu'intéressants, d'autant plus si le survivant en question était, comme AxeMan l'avait souligné, le "principal" de l'attentat.
A cet instant, un guérisseur passa entra dans le hall et, après l'avoir rapidement parcouru des yeux, se dirigea vers Wood et AxeMan.

- Excusez-moi, messieurs, commença-t-il, c'est bien vous qui venez d'amener un blessé ?
- Oui, répondit AxeMan en se relevant et en se massant toujours la poitrine.
- Bien, dans ce cas, je me dois de vous dire que vous l'avez amené au bon moment. Dix minutes de plus, et il n'aurait pas tenu. Quoi qu'il en soit, son état est désormais stable et sa vie n'est plus en danger.
- Peut-on lui parler ? demanda AxeMan.
- Pas en ce moment, dit le guérisseur en secouant la tête. D'une part, il est toujours inconscient ; d'autre part, il est encore extrêmement faible. Il a perdu une énorme quantité de sang, et nous sommes dans l'incapacité d'en produire par magie.
- Vraiment ? s'enquit Wood.
- Oui. Et croyez bien que de nombreuses personnes ont essayé. Mais le sang à une nature intrinsèquement magique, impalpable, certes, mais bien présente. Et c'est quelque chose que nous sommes incapables de reproduire.
- D'accord. Et quand pourrons-nous passer pour lui parler ? demanda Wood.
- Difficile à dire. Même impossible. Il vaudrait mieux que l'un d'entre vous reste ici et nous vous avertirons quand il se réveillera.
- Malheureusement, nous sommes très occupés, dit AxeMan. Nous repasserons d'ici une à deux heures.
- Très bien, dit le guérisseur. Puis-je vous demander ce que vous avez à la poitrine ?
- Hmm ? Oh, rien, dit AxeMan. Une simple démangeaison.
- Vraiment ? demanda le guérisseur en observant AxeMan. Très bien, comme vous voudrez.
- Bien, dans ce cas, nous reviendrons tout à l'heure.

AxeMan et Wood se dirigèrent vers la sortie de l'hôpital et montèrent sur leurs balais.

- Tu ne souhaites pas qu'ils t'aident ? demanda Wood. Pour ta douleur ?
- Je suis déjà allé les voir il y a un peu plus de six ans, et ils avaient été incapables de me dire de quoi il s'agissait. Je ne vois pas pourquoi il y réussirait maintenant, dit AxeMan en regardant la main dont il s'était servi pour se masser la poitrine. Et puis...
- Oui ? s'enquit Wood.
- J'ai parfois l'impression de commencer à comprendre de quel sort il peut s'agir.
- Et de quoi s'agirait-il ?
- Rien de bien méchant, répondit AxeMan d'un ton neutre. Il faudrait penser à rejoindre les autres.

Ils décollèrent et se dirigèrent vers le quartier résidentiel où s'était produit le dernier attentat. Ils y arrivèrent rapidement, trouvant sur place une foule un peu plus nombreuse que lors de leur départ avec le survivant. Ils atterrirent dans la rue à côté de la foule puis entrèrent dans la maison sans prêter attention à ce que les curieux pouvaient leur dire. A l'intérieur de la maison, près du lieu où ils avaient trouvé le survivant, ils virent que le reste du conseil de cinq les attendait.

- Eh bien ? demanda Félix.
- Il s'en sortira, répondit Wood. De peu.
- C'est une bonne chose, dit le Premier Consul, mais pourquoi n'êtes-vous pas venus nous avertir lorsque l'attentat a eu lieu ?
- Je n'y ai pas pensé, admit Wood.
- Vous avez attendu ensemble ? demanda le Fondateur.
- Non, on s'est croisé en route, répondit AxeMan. Quoi qu'il en soit, vous avez trouvé des choses ici ?
- Pas vraiment, dit Nast. Il y a les deux corps restants ainsi que la main près des débris.
- Dans ce cas, vous avez également trouvé la baguette, dit AxeMan. Je pense qu'elle pourra être intéressante.
- Nous n'avons trouvé qu'une baguette près du corps de la femme, indiqua le Fondateur. Le fils était trop jeune pour être en possession de sa propre baguette. Par contre, je doute que nous tirions quelque chose de bien révélateur de la baguette de cette femme, ajouta-t-il.
- Mais il y avait une baguette avec la main, dit AxeMan.
- Avec la main ? demanda Nast. C'est-à-dire ? A côté de la main ? Dans ce cas, elle aura pu rouler sous les décombres, ajouta-t-il en regardant dans la direction de la main.
- Non, corrigea AxeMan. La main tenait la baguette et... 

Il s'interrompit en regardant la main qui se trouvait, toujours en très mauvais état, sur le dos. Wood comprit ce qui troubla AxeMan. Tout à l'heure, la main se trouvait paume contre terre, la baguette parfaitement enserrées dans les doigts.

- Vous avez touché à la main ? demanda AxeMan d'une voix légèrement tremblante.
- Non, répondit Félix. On l'a laissé telle qu'elle était lors de notre arr...

AxeMan se précipita vers le trou dans le mur et regarda vers l'extérieur.

- EH ! cria-t-il. Depuis tout à l'heure, vous n'avez laissé entrer personne dans cette maison ?

Wood entendit une voix lui répondre sans parvenir à comprendre ce qu'elle disait.

- Et personne n'a tenté de rentrer ? 

Nouvelle réponse inaudible.

- Aucun mouvement suspect à l'intérieur de la maison ? Rien qui puisse indiquer que quelqu'un soit rentré, disons, en étant invisible ?

Encore une fois, il y eu une nouvelle réponse.

- Bon, très bien, dit AxeMan avant de se retourner vers les autres. Nous avons un gros souci, annonça AxeMan d'un ton soucieux en se rapprochant d'eux à travers le sol jonché de débris.
- Lequel, exactement ? demanda le Fondateur.
- Nous nous sommes fait voler la baguette que tenait cette main, dit AxeMan d'un ton lourd en montrant la main. Et il y avait de grandes chances que ce fut celle du "principal" de cet attentat.
- Mais comment a-t-on pu se faire voler quelque chose au sein même de ce lieu ? demanda Nast. Il était protégé par les policiers durant le court moment où personne n'était là.
- J'ai l'impression que nous avons à faire à quelqu'un de tenace, dit AxeMan. Qui n'hésite pas à revenir sur les lieux de ses actes quand il pense que quelque chose pourrait l'incriminer s'y trouve.
- Dans ce cas, il faut envoyer des policiers protéger le survivant à l'hôpital, dit Wood d'un ton pressant
- Et pourquoi ? demanda le Fondateur.
- Parce que si le coupable n'hésite pas à venir récupérer des choses ici, il pourrait très bien tenter de réduire au silence une personne qui pourrait être en mesure de l'incriminer.
- Nous ne sommes même pas sûr qu'il s'agisse bien du coupable qui soit venu voler cette baguette, dit le Fondateur. Et puis, en quoi pourrait-elle l'accuser ?
- L'accuser, je ne sais pas, dit Félix. Mais si jamais on parvenait à en tirer quelque chose, on pourrait rejeter des hypothèses. Et... dans le cas de l'une d'elle... on saurait quel sort est réellement utilisé lors des attentats.
- D'ailleurs, intervint le Premier Consul en se tournant vers Nast. Vous avez des résultats pour cette campagne de recherche ?
- En un après-midi, ça aurait été étonnant, dit Nast en secouant la tête.
- Tant pis, dit le Premier Consul. Wood, tu retournes à l'hôpital et tu te postes devant la chambre du survivant. On t'enverra quelques policiers rapidement. Félix, tu continues de fouiller cette maison. AxeMan, tu vas interroger les gens dehors. Nast, tu vas patrouiller les environs et rechercher des traces pouvant indiquer des déplacements récents vers où depuis cette maison.
- Très bien, dit ce dernier avant de partir.

Wood et AxeMan se dirigèrent une nouvelle fois vers la sortie de la maison et s'arrêtèrent sur le pas de la porte.

- Essaie de ne pas le laisser se faire tuer, dit AxeMan à mi-voix en se tenant la poitrine.
- C'est exactement ce que je comptais faire, lui dit Wood.
- Bien, dit AxeMan en souriant. Pendant ce temps-là, il va falloir que je questionne cette foule, ajouta-t-il en montrant les gens regroupés autour de la maison avec une main. Pour entendre quoi ? Que le Temple ne fait pas son travail, sans aucun doute...
- Ils vont même réussir à te reprocher d'avoir sauvé quelqu'un, tu ver...

Wood s'interrompit. Il venait de voir la main, côté paume, d'AxeMan. Ce dernier s’en rendit compte et tenta de la mettre rapidement dans sa poche, mais Wood avait quand même eu le temps de voir ce qu'il y avait sur sa main.

- Tu es sûr que..., commença Wood.
- Ne t'en fais pas, dit AxeMan d'un ton qu'il voulait rassurant. Ce n'est rien.
- N'essaie pas de me faire croire ça, protesta Wood. Ta main est complètement recouverte de sang...
- J'ai... j'ai vu ça, déglutit AxeMan. Sûrement le sang du survivant. Il avait le bras qui coulait à flot et... et j'ai dû le tenir pendant le vol.
-... de sang frais, non séché, compléta Wood.
- Tu devrais te dépêcher d'aller à l'hôpital, Wood, dit AxeMan en se dirigeant vers la foule.
- Oui, dit Wood d'un ton distant en observant AxeMan. Oui, sûrement.

Wood s'éloigna à son tour de la maison et, une fois dans la rue, monta sur son balai et décolla en direction de l'hôpital. La situation semblait s'accélérer à de nombreux points de vue. Une baguette disparaissait, ce qui faisait qu'une personne était sûrement menacée de mort. Et cela, sans qu'ils aient la moindre idée de celui qui était derrière tout ça.
D'un autre point de vue, il y avait la vieille blessure de AxeMan qui semblait se rouvrir, même si celui-ci se refusait à l'admettre. Et puis il y avait aussi lui, qui venait de sortir d'une sorte de combat intérieur. Mais pas de vainqueur à proprement parler.
Il atterrit devant l'hôpital et y rentra après avoir laissé son balai dans le local à balais prévu à cet effet. Le guérisseur avec qui ils avaient parlé peu de temps auparavant se trouvait là et celui-ci vint à sa rencontre.

- Vous arrivez trop tôt, commença celui-ci, il ne s'est toujours pas réveillé.
- Je ne suis pas là pour ça, lui dit Wood.
- Ah ?
- Nous avons de fortes raisons de croire que la vie de l'homme que nous avons amené tout à l'heure est menacée, dit rapidement Wood. Et j'ai été envoyé afin d'assurer sa sécurité. Des policiers devraient arriver très bientôt pour me prêter main-forte.
- Bien, dit le guérisseur en haussant les sourcils. Si vous voulez bien me suivre, je vais vous mener à sa chambre.

La chambre du survivant de l'attentat se trouvait au quatrième étage. Ils l’atteignirent après avoir monté de longs escaliers étrangement calmes et sans aucun doute sous l'effet d'un sort d'étouffement de bruit.

- Voici sa chambre, dit le guérisseur en indiquant la porte portant le numéro 413.
- Très bien, dit Wood. Il vaudrait mieux que je me trouve à l'intérieur de la chambre, pour des raisons de sécurité.
- Dans ce cas, ne faites pas de bruit, dit le guérisseur d'un ton légèrement réprobateur.
- J'y veillerai.

Wood rentra dans la chambre. Elle était plutôt petite et entièrement blanche. Près d'un mur, se trouvait un lit dans lequel se trouvait l'homme qu'ils avaient sorti des décombres il y avait peu. Il était toujours inconscient. Wood alla s'asseoir sur une chaise qui se trouvait en face du lit et prit le journal qui se trouvait sur une table basse et commença à le lire.
Rien de bien intéressant se trouvait dans le journal. A part le mécontentement grandissant de la population face aux attentats et l'avis de recherche passé la veille, rien ne s'y trouvait. Et ce n'était pas l'article sur une femme capable de parler avec les oiseaux qui allaient changer son avis sur la question.
Quelque minutes après qu'il avait commencé à lire, le guérisseur entra dans la pièce et lui indiqua à voix basse que deux policiers étaient arrivés pour assurer la protection du patient. Wood acquiesça et alla demander aux policiers de surveiller l'extérieur de la chambre et le couloir pendant que lui surveillait l'intérieur.
Il passa bien quelques heures à patienter dans la chambre, sortant des fois pour aller chercher un café, demandant au passage à un policier de prendre sa relève à l'intérieur de la chambre en attendant qu'il revienne. Au final, il ne se produisit rien de très intéressant qui aurait pu indiquer une menace quelconque envers l'homme étendu sur le lit.