jeudi 7 avril 2011

Gd02 - Réunion d'urgence

Chapitre 12

Réunion d'urgence

Scandale au commissariat


Ces derniers temps, certaines personnes perdent foi envers le Temple. Il n'est pas besoin de rappeler cette vague d'attentats touchant la capitale et de laquelle un nombre grandissant de personnes pensent que le Conseil ne fait rien pour les empêcher. Un nouveau drame a touché l'Empire et il semble que la crédibilité du Temple chute encore plus après celui-ci.
En effet, il ne s'agit pas moins d'un prisonnier ayant été retrouvé mort dans une cellule du commissariat. Bien entendu, la police s'est tenue de tout commentaire, mais des sources fiables nous forcent à croire qu'il y a plus dans tout cela qu'elle ne voudrait nous faire croire.
Que penser en effet de la réaction du Premier Consul, aperçu en milieu de matinée au commissariat et qui dit que toute la lumière sera faite sur l'affaire ? Que penser du fait que le Premier Consul soit venu en personne au commissariat ?
A ces deux questions, on peut répondre sans trop de difficulté que cette affaire d'assassinat cache une affaire bien plus grave que ce que l'on veut nous faire croire. Pourquoi le Premier Consul se déplacerait-il pour une simple et sombre affaire de ce genre quand on sait que ses seules apparitions en public de ces cinq dernières années n'ont été dues qu'à la vague d'attentats nous touchant ? Tout simplement parce que ce meurtre y est lié.
En effet nos sources nous confirment que le prisonnier retrouvé mort n'était autre que le survivant du dernier attentat en date et qu'il avait été placé au commissariat dans un but de protection. Il semble évident que de nombreuses personnes demanderont des comptes à la police et au Conseil pour avoir manqué à leurs engagements et peut-être pour avoir perdu la dernière source d'information en date qui aurait pu leur permettre de résoudre l'affaire connue actuellement comme "l'affaire des attentats" (pour plus de détails, voir les éditions précédentes).
"Si la police n'est plus capable de protéger les habitants, je ne sais pas comment nous allons faire", "Nous ne sommes en sécurité nulle part, désormais"... Tant de réflexions récoltées sur le terrain après l'annonce de cet assassinat. Car il ne fait aucun doute dans l'esprit populaire que les responsable de la mort de ce témoin sont aussi responsables des attentats, et cela ne rassure pas les gens, car qui aurait pu s'introduire aisément dans le commissariat ? Certaines de ces réflexions ont même été à l'origine du départ précipité de plusieurs personnes de l'Empire. "Nous pensions à partir depuis le début des attentats, mais ce manque de sécurité grandissant ont accéléré notre décision" nous ont déclaré les émigrants.
Car il va de soi que quelqu'un qui fait sauter votre maison et qui vous pourchasse encore après est loin d'être rassurant, et nous risquons fort de voir la liste des départs s'allonger dans les prochaines semaines.


Le Premier Consul s'arrêta de lire et jeta le journal sur la table en bois autour de laquelle le Conseil des Cinq était réuni. Il laissa quelques secondes s'écouler tout en regardant le journal d'un air contrarié, les sourcils froncé et le regard sombre comme pour attendre que les murs immense de la pièce arrêtent de faire écho au bruit sec du papier.
En fait, tous autour de la table semblaient abattus. Le Fondateur se tenait les deux coudes posés sur la table, ses mains entrecroisées devant sa bouche, ces dernières ne pouvant masquer un tic au niveau de la lèvre supérieure, les sourcils froncés et pensifs. Nast se tenait également les deux coudes posés sur la table, les mains se tenant le front, les yeux fermés. Wood et Félix avaient un regard pensif mais l'expression de leurs visages reflétait un sentiment d'impuissance et AxeMan était affalé sur sa chaise, le regard perdu sur le journal, les bras pendant le long des pieds de son siège. Tous accusaient le coup de ce qui s'était produit douze heures plus tôt, au commissariat.
Il n'avait pas été possible qu'ils se réunissent plus tôt car le Conseil, composé de cinq Consuls s'étaient réunis dans le Temple et les non-membres n'étaient pas autorisés à y assister. Ils avaient discuté, semblait-il, des débuts d'émigration et des risques que cela représentait pour l'Empire ainsi que de diverses affaires de moindres importances. En fait, dans tout ce contexte de plus en plus sombre, les réunions hebdomadaires du Conseil étaient les seules choses qui semblaient raccrocher le Temple aux us d'avant les attentats.
Finalement, après environ une minute de silence, le Premier Consul reprit la parole.

- J'aimerais que l'on m'explique d'où, et surtout de qui, ce journaliste tient toutes ses informations, dit-il lentement lançant un regard circulaire dans un calme froid qui dénotait une colère contenue ce qui n'était pas courant chez le Premier Consul.
- Je ne sais pas, dit AxeMan alors que les autres secouaient la tête.
- Non seulement cet article contient des données sensibles de l'enquête, continua le Premier Consul sur le même ton, mais il contient également suffisamment de matière pour faire peur aux gens. Et pas leur faire peur dans le sens les faire agir prudemment, mais dans le sens les faire agir de manière irréfléchie. Même s'il ne dénonce pas directement, ce journaliste attaque suffisamment clairement les policiers, et cela risque de mener à des actions identiques à celles que vous avez eues à mener ce matin.

Personne ne répondit, car personne ne voyait quoi répondre. Il y avait eu des fuites, c'était évident. Or, peu de personnes étaient au courant de tout ce qui touchait de près à l'enquête. Mis à part le Conseil des cinq, il n'y avait pour ainsi dire que les policiers. Et ce fait rendait les décisions à venir d'autant plus difficile que cela pouvait jeter un voile de suspicions sur eux derrière lequel ils risquaient de ne plus se faire confiance. Et il semblait que le Premier Consul l'avait compris.

- Bon, reprit celui-ci sans changer de ton, je ne sais pas si la personne qui a donné ces informations au journaliste se trouve ici, mais si jamais c'est le cas, qu'il se dénonce immédiatement.

Il jeta un regard circulaire dans la salle et personne ne répondit. Il respira bruyamment en observant attentivement les réactions de chacun, les sourcils froncés. Il était clair qu'il ne s'attendait pas à ce que le responsable se dénonce, mais qu'il espérait déceler un signe indiquant une possible culpabilité.

- Très bien, dit-il finalement en reprenant un ton un peu plus amical. Parlons justement de ces évènements. Si j'en crois votre rapport, dit-il en regardant Félix, Wood et AxeMan, Gates serait mort sans raison apparente ?
- Oui, répondit Félix. D'après les policiers, il avait un comportement digne de quelqu'un qui venait d'avoir un cauchemar atroce, ce qui, vous en conviendrez, serait logique dans son cas.
- C'est-à-dire ? s'enquit Nast. Quel genre de comportement ?
- Il suppliait quelqu'un, sans aucun doute se femme et son enfant, qu'il n'avait pas voulu ce qu'il s'était passé.
- Je vois. Ensuite ?
- C'est là que ça devient complètement étrange et... aberrant... Gates meurt brutalement. D'après l'autopsie, il n'est pas mort d'une crise cardiaque ou de quelque chose dû à un excès de stress. Il est en bonne santé, bien que mort. Un peu comme s'il avait reçu un avada kedavra. Seulement, il n'en est rien et ce d'après tous les témoins dont nous disposons. A moins, bien sûr, de disposer d'un moyen de faire des sortilèges de mort invisible, ce qui, à ma connaissance, est impossible.
- A la mienne également, intervint AxeMan d'un ton sombre. Il n'existe aucun autre moyen que l'avada kedavra pour tuer quelqu'un sans autre dommage infligé que la mort. Bien entendu, de nombreux autres sorts existent pour tuer les gens avec plus ou moins de souffrances et plus ou moins rapidement, mais aucun d'entre eux ne fait que la victime n'implore pardon à des personnes qui ne sont pas là auparavant... et bien entendu, aucun d'entre eux ne fait de sort invisible...
- Donc, dit le Fondateur, pour résumer, il a été tué par un avada kedavra, mais qui venait d'on ne sait où et qui était invisible ?
- C'est à peu près ça, oui, dit AxeMan en inclinant la tête.
- Seulement, on sait qu'il y a eu intervention extérieure avant la mort de Gates, dit Wood.
- En effet, dit Félix. D'après le prisonnier en face de la cellule de Gates, il y aurait eu quelqu'un dans la cellule de celui-ci quelques minutes à peine avant qu'il ne meure.
- Allons bon, dit le Fondateur. Et qui serait cette personne ?
- Impossible à savoir, répondit Félix en secouant la tête. Il aurait porté une cape noire avec capuche. Un peu comme la personne qui se serait trouvé en compagnie de Harrow dernièrement.
- Ne sautons pas aux conclusions, dit Nast. Les personnes portant des capes noires avec capuche ne se limitent pas à une seule et unique personne.
- En effet, acquiesça le Premier Consul. Après tout, les Gardiens possèdent également des capes noires pour, il me semble que vous les nommez ainsi, vos opérations de nuit.
- Cela fait longtemps que nous n'en faisons plus, dit Wood légèrement sur la défensive. Elles se sont surtout limitées à la période de la Milice, même s'il nous arrive de la ressortir de temps en temps.
- Ce n'était pas une accusation, dit le Premier Consul, mais une simple constatation. En tout cas, pour en revenir à notre affaire, il y a donc bien eu intervention extérieure. Que se sont-ils dit ?
- Alors là, c'est impossible à savoir, dit AxeMan. Notre témoin ne s'est réveillé qu'à la fin de la discussion, si jamais il y en a eu une. Par contre, et c'est là que les choses prennent une tournure réellement folle, cet inconnu à donner ceci à Gates, dit-il en posant la baguette trouvée sur la table, avant de transplaner.

Il y eu un silence choqué qui suivit cette déclaration. Le Premier Consul et le Fondateur eurent le regard figé, les yeux écarquillés pour le Premier Consul et les sourcils froncés pour le Fondateur, sur la baguette au moment où AxeMan l'avait sortie, mais ils restèrent statufiés au dernier mot prononcé par AxeMan.

- Pardon ? dit finalement le Premier Consul la gorge sèche. Il a transplané ?

AxeMan acquiesça d'un signe de tête.

- On est sûr de ça ? demanda le Premier Consul.
- Le témoin en est sûr en tout ca, dit AxeMan. Je n'ai obtenu cela que par utilisation de la légilimancie.
- Le sort d'anti-transplanage est-il en train de faiblir ? demanda le Premier Consul en se tournant vers le Fondateur.
- Normalement, les sorts de ce type à grande échelle ont une durée d'efficacité maximale d'environ cinquante ans. Il y a donc peu de risque de ce côté-là. Quand je fais quelque chose, je le fais bien.
- Bien, soupira le Premier Consul. Et est-il possible de... contourner le sort ?
- De ce que je sais de type de sort, non, dit AxeMan. Même s'il reste possible qu'une grande puissance magique puisse réussir à le faire au prix d'un grand effort de volonté, mais les risques encourus seraient tellement importants que cela découragerait de toute façon. Rare sont les gens qui ont envie de se retrouver en morceau un peu partout sur la zone d'effet du sort.
- Et donc, cela signifierait que nous avons à faire à quelqu'un d'extrêmement puissant en magie ? demanda le Premier Consul. Comme si c'est cela qui pourrait rassurer la population, ajouta-t-il à mi-voix.
- Et aussi à quelqu'un dont la logique m'échappe, intervint Wood.
- Et pourquoi donc ? demanda le Fondateur.
- Pourquoi rendre sa baguette à Gates ?
- Il avait l'intention de faire accomplir un attentat dans le commissariat, peut-être, suggéra Nast. Et pour cela, Gates avait besoin d'une baguette qui lui obéisse.
- Mais, dans ce cas là, pourquoi finalement le tuer ? Sans même le laisser accomplir l'acte, si c'était réellement ce qu'il voulait ?
- Peut-être n'a-t-il pas réussi à prendre le contrôle de son esprit une deuxième fois, dit Nast.
- Ce qui voudrait dire, dit lentement le Fondateur en ayant les mains devant la bouche comme une prière et les yeux fermés, qu'une personne suffisamment puissante pour passer outre mon sort d'anti-transplanage serait incapable de lancer un sort d'Imperium ? Alors qu'elle y arrive, semble-t-il, depuis plus d'un mois maintenant ?
- Sinon cela signifierait qu'il est simplement venu lui rendre sa baguette, alors qu'il avait pris des risques énormes pour nous la prendre, avant de le tuer, répondit Nast. Je suis désolé, mais cette hypothèse me paraît absurde !
- De toute façon, dit AxeMan, tout est absurde dans cette affaire. Et ce, depuis le début.
- Que veux-tu dire par là ? demanda le Fondateur en ouvrant les yeux.
- Eh bien, que ce soit les derniers évènements en date qui frôlent les sommets de non-sens, le simple fait de tuer sans but apparent, et pourtant de manière totalement organisée, est absurde. Même Tom Jedusor en son temps n'a pas fait ça et pourtant ses motivations étaient les plus connes qui soient ! Non, lui laissait une trace qui permettait de l'identifier, quelque chose d'autant plus efficace pour semer la terreur ! L'ennemi inconnu fait moins peur que l'ennemi connu. Le premier n'existe parfois même pas pour la population, ses actes sont de pures coïncidences. Et dans notre cas, il a fallu plusieurs semaines pour que la majorité des gens comprennent que tout était lié. L'ennemi connu fait peur, car les gens voient de quoi il est capable car ils ont la possibilité de voir quels évènements lui sont dus...
- Où veux-tu en venir AxeMan ? demanda le Fondateur.
- Que le seul but que je pourrais voir derrière ces attentats, derrière les actions de cette nuit, est la terreur sur la population. Sinon, à quoi bon aller tuer le rescapé dans sa cellule ? Or, ce que l'on retrouve sur les lieux des attentats est digne de l'œuvre d'un psychopathe, pas de quelqu'un de réellement organisé du fait de l'absence de signature. Et un psychopathe ne tue pas pour faire peur, mais pour son propre plaisir.
- S'il laissait des traces, il serait identifié, dit le Premier Consul.
- Je ne parle pas de laisser son nom sur une feuille de papier. Ce serait la dernière des choses à faire et même le dernier des abrutis le sait... quoique..., ajouta-t-il à mi-voix. Toujours est-il qu'il suffirait d'une marque quelconque sur place, un dessin, un signe magique, pour que le psychopathe devienne meurtrier organisé. Et semeur de terreur. Jedusor mettait une marque des ténèbres au-dessus de ses agissements. Quelque chose que ne dévoilait pas le nom, mais que tout le monde savait à qui associer et qui déclenchait une vague de peur rien qu'à l'apercevoir.
- Et donc, dit le Fondateur, tu es en train de dire que nous avons affaire à quelqu'un qui agit de manière stupide pour atteindre son but ?
- Son but supposé. Mais oui, en substance, c'est ça. Car pourquoi donner cette baguette, bordel ? A quoi est-ce que ça lui sert ? Tuer Gates, passe encore, c'est compréhensible, mais lui rendre sa baguette ? Ca, ça me...
- Et quelqu'un a-t-il d'autres hypothèses à proposer ? demanda le Premier Consul après quelques secondes.

Quelques têtes furent secouées en signe de dénégation puis Wood vit le Fondateur se pencher vers le Premier Consul pour lui parler à l'oreille. Ce dernier écoutait avec attention ce qu'il disait en ayant une moue sceptique tandis que le Fondateur continuait de parler en bougeant ses mains. Ils eurent ensuite une discussion à voix basse à la fin de laquelle le Premier Consul hocha légèrement la tête. Le Fondateur se rassis normalement sur sa chaise, les sourcils froncés.

- Bon, dit le Premier Consul en se levant. La réunion est terminée pour ce soir. Vous pouvez disposer. AxeMan, ajouta-t-il en se tournant vers lui, si tu pouvais rester un instant, le Fondateur et moi devons nous entretenir de... différentes choses avec toi.
- Hmhm, fit celui-ci en haussant les sourcils. Pas de problème.
- N'oublie pas la taverne de ce soir, lui dit Félix.
- Ne t'en fais pas, dit AxeMan en souriant.

Wood, Félix et Nast se dirigèrent vers la sortie tandis que AxeMan et les deux Consuls restaient dans la salle du Conseil.

- Sale affaire, tout de même, dit Nast une fois sortis dans la nuit. Je me demande comment on va avancer dans tout ça.
- On finira bien par y arriver, dit Wood, le groupe se dirigeant vers la forêt entourant le Temple. Comparé à ce dont on disposait il y a trois jours, on a avancé d'un grand pas.
- Malheureusement, j'ai l'impression que ce pas, comme tu dis, nous amène dans un labyrinthe, soupira Nast.
- C'est le risque. Tout ce que j'espère c'est que nous ne sommes passés à côté de rien d'important.
- On aura du mal à le savoir, dit Félix alors que le groupe sortait du bois et arrivait à la route descendant du plateau. Mais arrêtons de parler de cette affaire pendant quelques temps. Tu nous rejoins à la taverne, Nast ? On s'y est donné rendez-vous ce soir avec AxeMan, histoire de tenter de penser à autre chose, justement.
- Malheureusement, non, dit Nast en tournant son regard vers le ciel étoilé. Je suis de service ce soir.
- Dommage, dit Wood. Tu nous accompagneras bien jusque là, quand même ?
- Je devrais pouvoir le faire, dit Nast en souriant. Mais j'hésite sur un point.
- Lequel ?
- Je vous fais boucler pour corruption ou pour entrave à la justice ? demanda-t-il avec un éclat de rire.

Ils attinrent la taverne une dizaine de minutes plus tard en discutant de tout et de rien. Nast laissa Wood et Félix devant la porte tandis qu'il repartait de son côté. Ils entrèrent dans une taverne bondée et s'assirent à une table encore vide tandis que les autres clients discutaient, titubaient et se disputaient. AxeMan arriva environ une demi-heure plus tard, l'air sombre et préoccupé.

- Eh bien, dit Félix alors que AxeMan s'asseyait, qu'est-ce qu'ils te voulaient ?
- Quelque chose que..., commença AxeMan d'un ton las. En fait, je préférerais ne pas en parler.
- Très bien, dit Félix. Mais tu devrais essayer de faire ce pourquoi on s'est donné rendez-vous ici.
- Oui, dit AxeMan à mi-voix. Je devrais.
- Essaie de te détendre, juste ce soir, dit Félix en lui tendant une bouteille de bièraubeurre.
- J'aimerais bien.
- Tu sais ce qu'il te faudrait ?
- J'ai une vingtaine d'idées concernant ce qu'il me faudrait, dit AxeMan en esquissant un sourire, mais je doute que ce tu veuilles me proposer en face partie, donc dis toujours.
- Eh bien, dit Félix en se baissant vers lui et en baissant la voix, une petite révolte. Tu en sors toujours ragaillardi.
- En partie, alors, dit AxeMan en se massant la poitrine.
- En tout cas, dit Wood, tu as le sourire dans ces cas là.

Ils essayèrent de le dérider pendant une bonne demi-heure, mais n'y parvinrent pas : AxeMan gardait toujours un air préoccupé, inquiet et sombre. L'esquisse de sourire obtenu précédemment fut ce qu'ils obtinrent de plus avancé. AxeMan prit congé au bout de cette demi-heure en disant qu'il lui fallait s'occuper de quelque chose d'important, laissant Wood et Félix seuls à la table.

- Je ne sais pas ce qu'ils lui ont raconté tout à l'heure, dit Félix, mais ça n'a pas eu l'air de lui faire du bien.
- Hmhm, fit Wood. De toute façon, cette affaire nous a tous touché. Le Fondateur perd son sens de l'humour, le Premier Consul s'énerve de plus en plus facilement alors que ça ne lui arrivait jamais auparavant, Nast est débordé de travail...
- Je passe de moins en moins de temps en tigre, dit Félix. Avant, je restais sous cette forme quasiment tout le temps. En moyenne quatre heures humaines par jour. Maintenant, si jamais je reste animal plus d'un quart d'heure, c'est étonnant en soi. Et toi... disons que ta perte t'a presque eu.
- Je sais, dit sombrement Wood.
- Tu t'en sors, finalement ?
- Plus qu'avant, en tout cas. Mais il n'en reste pas moins qu'ils seront vengés.
- Et ensuite ?
- Ensuite ?
- Quand tout ça sera fini.
- Eh bien, dit Wood en ayant un semblant de rire, ils pourront enfin reposer en paix.
- Ce n'est pas ce que je voulais dire. Tu penses que tu t'en remettras quand ce sera fini ?
- Eh bien..., commença Wood en soupirant. Il m'est absolument impossible d'envisager que l'on sortira de cette affaire, en fait.
- Ok, dit Félix en hochant la tête. J'ai l'impression que l'on a totalement raté le but fixé par cette sortie, ajouta-t-il avec un sourire.
- J'en ai aussi l'impression, dit Wood. On a qu'à rentrer.
- Après tout, pourquoi pas.

Ils sortirent de la taverne et prirent le chemin menant au plateau. La nuit était sans nuage et froide et l'aurait déjà été sans le vent qui soufflait en plus. Devant eux, une personne dont ils ne distinguaient qu'une silhouette sombre et qui était également sortie de la taverne peu de temps avant eux avançait d'un pas rapide.
Wood et Félix discutait en avançant d'un pas rapide également. Le froid leur mordait le visage et les extrémités et ils avaient relevé le col de leurs capes afin de se protéger du vent. Devant eux, la silhouette s'était immobilisée et semblait hésiter dans ses pas. Wood fit signe à Félix et ils s'arrêtèrent à quelques mètres derrière.

- Regarde, dit-il à voix basse en montrant la silhouette du doigt. Qu'est-ce qu'il a ?
- Je ne sais pas, répondit Félix. Plutôt étrange. On dirait presque que... il repart d'un pas plus sûr, on dirait. Pourtant, il est trop tôt pour...
- Là, dit Wood en montrant un pas de porte situé dans l'ombre de la lune. Il y a quelqu'un.
- Ok, dit Félix à mi-voix. Tu pars à la poursuite de l'homme à la conduite étrange, moi je m'occupe de celui sur le pas de la porte
- D'accord.

Wood partit au pas de course à la suite de la silhouette qu'ils avaient aperçus hésiter. Il entendit Félix courir également. Il entendit d'autres bruits de pas au pas de course. La silhouette qu'il poursuivait avançait normalement, mais se mit à courir quand il s'en fut rapproché encore plus. Il parvint cependant à le dépasser. L'autre s'arrêta et le fixa d'un regard vide puis sortit sa baguette.
Wood sortit la sienne également.

- Posez votre baguette, dit-il en pointant la sienne vers l'individu.

L'autre ne réagit pas. Il restait sur place, comme dans un film qu'on aurait mis en pause.

- Posez votre baguette, répéta Wood en avançant d'un pas.

L'autre bougea enfin. Il leva sa baguette mais ne la pointa pas vers Wood. Il la pointa directement vers sa propre tête. Wood comprit ce qu'il allait faire, mais trop tard. Alors qu'il lançait un Désarmement, une violente détonation retentit juste devant lui. Wood fut projeté contre le mur de la maison la plus proche. Sous la violence du choc, il perdit connaissance.

Aucun commentaire: