mercredi 29 juillet 2009

GdO 2 - La pire chose qui soit arrivée à l'Empire

Chapitre 4

La pire chose qui soit arrivée à l'Empire

Wood fut le premier à s'installer dans la Salle de Détente du Quartier-Général des Gardiens, comme il le faisait à chaque fois qu'il y avait un attentat, afin d'attendre le restant du 'Conseil des cinq'. Il alla se servir une tasse de café noir afin de pouvoir tenir durant les prochaines heures après avoir dormi à peine deux heures dans la nuit et surtout afin d'avoir quelque chose à faire.
Certes, six heures était l'heure à laquelle il était habitué à être réveillé quand il y avait un attentat, mais il risquait de ne jamais s'y faire, et moins à l'horaire qu'à ce que cela voulait dire quant à ce qu'il allait devoir faire.
Lors de la première explosion, les Gardiens n'avaient pas été envoyés sur place, car à l'époque on ignorait toute l'ampleur qu'allait prendre l'évènement et seuls les Policiers avaient été dépêchés sur le site de l'explosion. Rien n'avait été découvert sur place sauf des corps calcinés et déchiquetés. Aucun mouvement suspect n'avait été rapporté par les habitants du voisinage, aucun témoignage portant sur la possible présence d'une autre personne sur les lieux et il avait été conclu à un accident, même si la Police avait gardé un bureau ouvert pour toute déposition relative à l'évènement.
Trois jours plus tard, une autre maison explosait et de nouveau seule la Police fut envoyée sur place et tout était semblable à la fois précédente explosion : aucune trace montrant la présence de quelqu'un d'autre, aucun témoignage, aucun survivant. Cependant, Nast avait demandé le soir même une réunion d'urgence du Conseil des cinq pour leur faire part de ses soupçons quant au fait qu'il trouvait deux explosions suspectes dans la même semaine et que tout semblait s'être produit de la même manière. Il expliqua qu'il considérait que si le doute aurait été permis si la deuxième explosion n'avait pas eu lieu, il considérait à présent que la probabilité d'avoir à faire à des accidents était faible. Suite à cette réunion, il fut décidé que le Conseil des cinq se chargerait personnellement de cette affaire étant donné les moyens supérieurs dont il disposait.
Et quatre jours plus tard, Wood fut réveillé vers six heures du matin pour se rendre sur le site d'une nouvelle explosion qui fut désignée désormais sous le terme d'attentat et il était convaincu qu'il se souviendrait jusqu'à la fin de sa vie de ce qu'il découvrit ce matin-là et il y pensait à chaque fois qu'il était réveillé le matin pour des raisons similaires.
La vision de la maison, ouverte, béante qui laissait, rien qu'à cela, présager de la violence de l'explosion. Le toit de la maison encore intact mais la façade détruite et désormais inexistante sur laquelle quelques flammèches dansaient encore sur les poutres calcinées qui dépassaient. La fumée qui s'en échappait. Il avait été prêt à ce qu'il s'attendait à voir, mais le fait de le voir est tout autre que celui de s'y préparer. D'après les registres de la capitale, la maison était le logement d'une famille de quatre personnes et ils ne déduisirent que tous étaient morts que quand ils découvrirent un septième bras, écrasé sous un pan effondré de plafond.
S'il se souvenait de la présence de personne d'un grand nombre de personnes devant la maison quand il était arrivé sur place, il n'arrivait pas à se souvenir de leur présence à sa sortie. Tout ce qui suivit la découverte du corps, qu'ils considérèrent être celui du père, déchiquetés par la violence de l'explosion : un torse ouvert rattaché à une unique jambe et un morceau de mâchoire inférieure, restait flou dans l'esprit de Wood. Il se souvenait être sorti et ce qu'il savait ensuite était qu'il était assis devant une tasse de café dans la Salle de Détente du Quartier Général à côté de Félix qui semblait être dans un état semblable au sien.
Ils avaient fini tant bien que mal par s'habituer à voir cela à force de voir toujours des scènes semblables, mais ils espéraient au plus profond d'eux-mêmes à chaque fois que l'attentat suivant serait celui qui permettrait d'identifier le coupable et de mettre un terme à tout cela.
Un bruit de pas dans le Salle de Détente. Wood sortit de ses pensées et vit Félix entrer avec une mine sombre et sut qu'il pensait à la même chose que lui : ils avaient espéré la veille que les attentats n'auraient plus lieu, que le meneur avait été le responsable derrière les attentats. Mais il semblait que cet espoir ait été vain et que le vrai coupable courait encore, quelque part en ville... ou ailleurs.

- Encore une mauvaise journée qui s'annonce, dit Félix en s'asseyant à la table de Wood.
- Ouais, répondit Wood en levant à peine les yeux de sa tasse encore pleine. Trois maisons. Ca fait combien de morts, ça ? ajouta-t-il, sa voix s'élevant en une sorte de colère. Combien de temps cela va-t-il durer ? Il... Il considère vraiment la vie si mal que ça ?
- Je ne sais pas, dit Félix à mi-voix en hochant la tête. Je ne sais pas.
- C'est même sûr, dit le Fondateur qui venait de rentrer dans la salle et qui paraissait également exténué. Et cela durera jusqu'à ce qu'on lui mette la main dessus. Et il aura intérêt à avoir une très très bonne excuse.
- Un "je suis désolé, je ne l'ai pas fait exprès" ne suffira sans doute pas, dit Félix alors que le Fondateur s'asseyait à la table.
- Je ne sais même pas si je le laisserais parler si je le voyais là, devant moi, dit Wood en regardant intensément sa tasse. Je ne sais même pas comment je réagirais.
- Personne ne le sait, dit le Fondateur. Est-ce que je lui donnerais une chance de s'expliquer ? Et d'ailleurs, qui sait comment lui réagirait ? Aurait-il envie de s'expliquer ?
- Je suppose que oui, dit AxeMan en entrant dans la pièce. S'il détruit petit à petit la capitale, et donc l'Empire, il doit forcément avoir une raison. Et il voudra certainement la révéler, histoire que l'on se sente coupable de tout ça, avant d'aller dans la tombe.
- Parce que tu connais une raison valable qui expliquerait que quelqu'un puisse se mettre à tuer à ce point-là ? demanda Wood sans lever les yeux de sa tasse. Une raison qui fasse oublier à ce point son humanité à quelqu'un ?
- Je... non, je ne crois pas, dit AxeMan en restant debout à côté de la table. Il y a bien eu des cas de mages noirs accomplissant des attentats à droite et à gauche pour leur plaisir personnel, mais même eux revendiquaient ces attentats.
- Des mages noirs..., dit Félix. Comme si on avait besoin de ça...

Ils restèrent autour de la table sans rien dire pendant plusieurs minutes, plongés dans leurs pensées. Ce silence fut brisé par l'arrivée de Nast suivi de près par le Premier Consul. Ils allèrent se servir une tasse de café noir pour passer la fatigue due à la nuit qui était encore gravée sur le visage de chacun. Une fois leurs cafés servis, le Premier Consul et Nast allèrent s'asseoir avec les autres.

- Une très mauvaise journée en perspective, dit le Premier Consul sans autre préambule. D'après nos rapports préliminaires, trois maisons ont été détruites dans l'explosion, ce qui laisse supposer beaucoup de choses quant à la puissance du sort utilisé.
- Et aussi quant à ce que l'on risque d'y découvrir, dit Wood à mi-voix en fixant sa tasse toujours pleine.
- Oui, dit sombrement le Premier Consul, aussi.
- Le premier rapport de la Police indique une grande explosion dans le rue du Saule Cogneur vers six heures moins dix ce matin, dit Nast. Conformément aux règles, la fouille n'a pas été effectuée avec trop de minutie afin de conserver les lieux dans l'état où ils ont été découverts avant votre arrivée. Pour l'instant, aucun témoignage particulièrement intéressant n'a été repéré.
- Bon, dit le Premier Consul. Je pense que vous connaissez vos occupations pour la journée. Avec cependant un petit changement. Félix, tu mèneras la fouille de la maison avec Wood et ton poste habituel sera pris en charge par AxeMan. AxeMan, tu t'occuperas de l'interrogatoire des personnes qui seront massées autour du lieu de l'attentat. Ce serait bien le diable si personne n'avait la moindre information intéressante à nous transmettre. Même si cela a été le cas toutes les fois précédentes, ajouta-t-il à mi-voix. Nast, tu t'occuperas de la fouille du quartier avec quelques Policiers. Il faut absolument en laisser au commissariat, avec tout ce tremblement, je redoute de plus en plus de voir des petits malins tenter de profiter de la situation.
- Et vous ? demanda AxeMan. Qu'allez-vous faire ?
- Comme à chaque fois, nous allons tous aller là-bas pour une visite préliminaire, puis nous repartirons pour le Temple afin d'écouter les conversations se déroulant autour du lieu de l'attentat et pour identifier d'éventuelles baguettes que vous découvririez dans les ruines. Une d'entre elles, s'il y en a, pourrait être celle du coupable. Mais pour l'instant, nous n'avons jamais retrouvé la moindre baguette intacte.
- Très bien, dit AxeMan.
- Bon, plus vite on s'y met, mieux cela vaudra, dit le Premier Consul en se levant. Les balais sont rangés à l'endroit habituel.

Tous se levèrent, même Wood dont le regard semblait toujours vide. Il ne faisait pas attention à ce qui l'entourait et ne vit pas AxeMan s'approcher de lui alors qu'il marchait derrière le groupe qui se dirigeait vers la sortie du bâtiment.

- Ca va ? demanda AxeMan d'un ton légèrement inquiet.
- Je... oui, dit Wood.
- On ne dirait pas, pourtant.
- C'est juste que... parfois, je me demande si tout ce que nous faisons sert vraiment à quelque chose.
- C'est-à-dire ?
- En moins d'un mois j'ai vu une trentaine de cadavre, déchiquetés, mutilés par l'explosion, méconnaissables. Des hommes, des femmes, des enfants... Et... parfois j'ai l'impression que tout ça me tue de l'intérieur. Nous sommes face à un fou psychopathe et s'il y avait eu la moindre chance de l'identifier, on l'aurait déjà fait en un mois...
- Et ?
- Et je me demande vraiment si ça vaut la peine de continuer à se lever ! dit Wood en levant brusquement la tête pour regarder AxeMan dans les yeux. Il va finir par détruire toute la capitale, ce n'est qu'une question de temps, et il ne se laissera pas identifier ! Tu n'as pas vu les corps !
- Non, admit AxeMan. C'est si moche que ça ?
- Pire que tout ce à quoi j'aurais pu m'attendre, et à chaque fois je me surprends presque à espérer que... que la fois suivante, c'est ma maison qui sera prise pour cible, que tout ça s'arrête une bonne fois pour toute et que je n'ai plus à être témoin de tout cela, à y assister, impuissant, incapable d'aider en aucune manière.
- Je ne sais pas trop quoi dire, dit AxeMan. Seulement qu'il faut tenir le coup.
- Et comment ? Plus rien ne m'arrête vraiment ici ! Rien ! Mis à part un travail dans lequel je me plonge de plus en plus afin d'éviter d'avoir à penser au reste ! Plus rien d'agréable en soi qui puise me retenir réellement !
- Eh bien, commença AxeMan, tu pourrais toujours...
- Oui, peut-être, dit Wood en secouant la tête et en semblant revenir à lui. Mais passons. Allons-y, ou sinon ils vont finir par nous attendre.

Wood et AxeMan sortirent de la salle et rejoignirent les autres qui étaient regroupés à côté d'une petite bâtisse en bois située à la droite directe de la sortie du Quartier Général. Le temps était toujours à l'orage et des trombes d'eau se déversaient sur le sol et sur le Conseil des cinq. 
Nast étaient en train de prendre un balai tandis que Félix se trouvait déjà sur l'un d'entre eux. Wood et AxeMan allèrent en prendre un chacun et se placèrent dessus à attendre que tout le monde soit prêt à partir. Wood et Félix ne portaient pas la robe des Gardiens car elle aurait été trop reconnaissable pour le public et y allait le visage découvert, ce qui était quelque chose d'assez nouveau pour Félix qui avait passé de moins en moins de temps sous forme animale ces derniers temps dû au fait qu'il avait souvent besoin de converser avec les autres pour discuter des dernières trouvailles sur les attentats.

- Allons-y, dit le Fondateur après un regard rapide vers l'endroit où se tenaient Wood et AxeMan. Rue de Saule Cogneur, quartier nord.

Tous décolèrent dans l'orage et le vent et volèrent, le visage fouetté par la pluie, en ne voyant presque pas l'endroit vers lequel ils se dirigeaient. Ils volaient en formation serrée afin de ne pas se perdre de vue les uns les autres. Ils arrivèrent cinq minutes plus tard dans la rue indiquée et atterrirent dans de grandes éclaboussures de boue dues au sol terreux du chemin.
On pouvait distinguer des grandes formes noires à droite et à gauche, les silhouettes des maisons formant la rue. Toutes semblaient être construites en contact avec leurs voisines. A la lueur d'un éclair, ils aperçurent un attroupement de personne regroupé devant un ensemble de ruines fumantes. Le Fondateur se retourna vers les autres et ce qu'il dit fut étouffé par le bruit du tonnerre, mais personne ne lui demanda de répéter. L'endroit ne s'y prêtait guère entre autre à cause du bruit du vent qui soufflait et de ce qu'ils avaient à découvrir.
Alors qu'ils approchaient du lieu où les gens étaient regroupés à observer des ruines fumantes sous la pluie, les curieux les aperçurent et pour certains, ils s'écartèrent pour laisser passer le groupe, tandis que d'autre se précipitaient vers Nast pour lui demander s'il comptait arrêter les responsables ou pas ou pour savoir où en était l'enquête. 
Le groupe put finalement passer et rentra dans la maison centrale, celle où semblait s'être produit l'explosion. Le Fondateur s'arrêta pour discuter rapidement avec le policier qui surveillait l'entrée tandis que le reste du groupe rentrait, mis à part Nast qui s'arrêta avec son oncle pour parler au planton.
A l'intérieur, le sol était jonché de débris de toute sorte : morceau de bois, de plâtre, de verre, ... Les plafonds s'étaient effondrés par endroit et les trous formés s'ouvraient sur un morceau de toit ouvert par lequel la pluie s'infiltrait. Le groupe se regroupa à l'abri sous un morceau de plafond encore intact pour parler rapidement.

- Bon, commença le Premier Consul. Tout d'abord, il nous faut identifier le cadavre principal, ensuite, on avisera.
- Le cadavre principal ? demanda AxeMan. Qu'est-ce que c'est ?
- A chaque fois, parmi tous les cadavres trouvés dans les ruines, on en a trouvé un qui était beaucoup plus touché que les autres, répondit le Fondateur.
- On retrouve des cadavres quasiment intacts, continua le Premier Consul. Mais il y en a toujours un qui est beaucoup plus... amoché que les autres.
- On a plusieurs hypothèses là-dessus, dit Félix. Mais pour l'instant, nous n'avons la preuve d'aucune d'entre elles.
- Mais dans tous les cas, il faut que l'on sache quel est le corps le plus touché, dit le Premier Consul. Cela permet d'amener les questions sur cette personne en particulier lors des interrogatoires des gens. Et cela te regarde donc directement AxeMan, vu que c'est toi qui te chargeras d'interroger les voisins réunis dehors.
- D'accord, acquiesça AxeMan en regardant autour de lui.
- Ce trou dans le plafond indique que l'explosion a eu lieu à cet endroit là, dit Wood en indiquant le trou qui se trouvait à peu près au-dessus d'eux. A en juger par le trou dans le toit, l'explosion a eu lieu à l'étage. Je vais mener les recherches à l'étage.
- Je t'accompagne, dit le Fondateur.
- Pendant ce temps, je vais regarder rapidement dans le rez-de-chaussée, dit Félix.

Félix partit en direction d'une pièce voisine accompagné de AxeMan tandis que le Fondateur et Wood partait en direction des escaliers qui étaient parfaitement visibles du fait de l'effondrement du mur qui se trouvait devant. Alors qu'ils montaient prudemment l'escalier, ils entendirent un grand bruit dans la pièce qu'ils venaient de quitter. Ils jetèrent un coup d'œil et virent le Premier Consul soulever un des morceaux du plafond effondré à l'aide de sa baguette.
Wood arriva à l'étage pour découvrir que la sortie des escaliers était bloquée par un pan de mur qui avait été projeté. Il fut obligé de passer par le trou du mur qui s'ouvrait sur la maison adjacente et de contourner par là pour atteindre le premier étage de la maison principale.
Le fait que l'explosion s'était produite là était incontestable : aucun mur n'avait résisté et Wood et le Fondateur se trouvaient face à une immense pièce à l'endroit où de nombreuses pièces et chambres avaient dû se trouver auparavant. Au centre, on trouvait un trou dans le sol au-dessus duquel le toit s'était effondré. Le Fondateur s'avança en enjambant les débris de murs et de bois que l'on trouvait partout sur le sol et se pencha par le trou du sol par lequel on devinait que le Premier Consul s'occupait à fouiller sous les morceaux de plafond.

- Alors, tu trouves quelque chose ? lui demanda le Fondateur.
- Pour l'instant, une… une jambe, dit le Premier Consul sombrement. Ou plutôt... un morceau de jambe... Pris entre deux morceaux de plafond. Et vous ?
- Nous sommes face à une sorte de désert, répondit le Fondateur. Aucun mur. Rien. Mais on va chercher des traces des cadavres et éventuellement de survivants. Même si j'ai... bien peur que cela ne se produise pas.

Wood était passé derrière le Fondateur pour se rapprocher de ce qui lui semblait être un lit détruit. Le sol était quasiment effondré entre lui et le lit mais il parvint tant bien que mal à l'atteindre. Un morceau de mur était tombé sur le lit et Wood sortit sa baguette pour le déplacer et le poser sur le sol à côté. Sur le lit, se trouvait le corps d'une femme qui, s'il n'y avait pas les tâches de sang qui recouvraient son corps, n’aurait pu qu’être endormie. Wood contourna le lit pour se rapprocher du corps et s'agenouilla à côté. Les yeux de la femme étaient ouverts mais le regard était vide et indiquait clairement qu'elle était morte. Wood posa quand même sa main sur son cou pour tentant de sentir un pouls mais il ne sentit rien. Elle était morte, mais elle semblait ne pas être morte directement de l'explosion mais écrasée par le mur qui l'en avait protégé. Si cela se trouvait, elle était morte à peine quelques minutes plus tôt.

- Vous trouvez quelque chose, là haut ? demanda le Premier Consul.
- J'ai trouvé une baguette, répondit le Fondateur. Je ne sais pas si on en tirera quelque chose, mais ça vaut la peine d'essayer.
- Très bien. Wood ?
- Je... commença Wood.

Il hésitait à donner un ordre qui lui semblait inutile, mais en même temps...

- Je crois que je l'ai trouvé, coupa la voix de Nast.
- Qui ? demanda le Premier Consul.
- Le cadavre principal. Dans un tas de morceaux provenant du plafond. Du moins, c'est ce que je suppose du peu que j'ai retrouvé.
- Et il s'agit de... ?
- Je pense qu'il s'agit du mari, dit Wood en se levant finalement du bord du lit. J'ai trouvé sa femme sur le lit. Son cadavre est intact.
- Dans ce cas, il faudra se concentrer sur la recherche des dernières activités d'Allan Smith, dit le Fondateur. AxeMan, tu as bien compris ?
- Tout à fait, vint la voix de AxeMan. J'y vais tout de suite.
- Félix, dit Wood alors que tous les autres se dirigeaient vers la sortie.
- Oui ? répondit celui-ci.
- Va fouiller la maison de gauche pour rechercher des survivants.
- J'aimerais aussi qu'il y en ait, Wood. Mais tu as vu l'ampleur des dégâts ? Comment quelqu'un pourrait-il en être protégé ?
- La femme de ce Smith semble avoir été protégée de l'explosion par le mur, mais elle a été écrasée par un morceau de mur. Elle... semble être morte il y a très peu de temps.
- Bien compris, dit Félix d'une voix un peu plus vive dans laquelle on pouvait discerner un semblant d'espoir.
- Et ça fait la deuxième fois que je suis arrivé trop tard pour sauver quelqu'un, continua Wood plus pour lui-même que pour Félix. Et j'ai l'intention que cela reste la dernière fois.

Félix qui regardait par le trou dans le plafond vers Wood acquiesça d'un signe de tête pour lui faire comprendre qu'il comprenait parfaitement puis partit rapidement en direction d'une des maisons adjacentes tandis que Wood se dirigeait vers l'autre.


samedi 18 juillet 2009

GdO 2 - Sombre situation

Chapitre 3

Sombre situation

Les derniers insurgés s'en allaient en jetant un regard derrière eux vers l'entrée du Temple devant lequel se tenaient encore Wood, Félix et AxeMan. A cette distance, ils ne pouvaient pas entendre ce que les trois hommes se disaient, mais ils pouvaient apercevoir la mine sombre de deux d'entre eux et la mine perplexe du troisième homme. Ils apercevaient aussi deux hommes, un en robe blanche et un en robe écarlate s'approcher d'eux.

- Et vous n'avez réellement aucune information sur la personne à la base ces attentats ? demandait AxeMan en haussant les sourcils.
- Si c'était le cas, intervint le Premier Consul, nous l'aurions déjà retrouvé, arrêté et chassé de l'Empire. Tu n'es pas sans savoir que l'étape la plus difficile est l'identification avec les moyens dont nous disposons.
- Et ce n'est pas vraiment comme si on ne t'avait pas mâcher le travail, il y a six ans, dit le Fondateur qui, pour la première fois de la nuit, semblait relativement calme.
- C'est-à-dire ? demanda AxeMan.
- Eh bien, je t'avais fourni les noms des principaux membres de la Milice, donc l'identification des autres partait sur de meilleures bases que pour nous en ce moment.
- Vous n'avez donc aucune base ?
- Mis à part que cette personne semble vouloir détruire l'Empire, non, répondit le Fondateur.
- Et après tout, ça ne s'écrit pas sur le visage des gens, ajouta Wood. Ford était loin de dire qu'il voulait renverser le Temple.
- Une personne voulant détruire l'Empire ? dit AxeMan à mi-voix. Et Tolmok, où en est-il ? Il me paraît avoir un bon profil, ne serait-ce que pour vouloir mettre le chaos.
- C'est une des premières personnes à qui nous avons pensée, répondit le Premier Consul. Cependant, nous l'avons gardé sous surveillance pendant près d'une semaine et il était chez lui durant l'un des attentats, donc nous avons abandonné sa piste.
- Des restants de la Milice cherchant à se venger, peut-être ? suggéra AxeMan.
- Je ne pense pas, dit Félix. Ford est mort, la majorité a été exilée et les rares qui restent dans l'Empire ne se souviennent plus de ce qu'il s'est passé.
- Si l'on excepte le Saigneur dont on ignore ce qu'il est devenu, intervint Wood. Il avait déjà disparu avant la fin.
- Je ne sais pas s'il reviendrait, dit le Premier Consul. Je pense que les gens se souviennent de lui et il n'était pas trop apprécié.
- Et donc, vous ne pouvez rien faire ? demanda AxeMan.
- Pour l'instant, notre seule possibilité est d'attendre que le coupable se tue en accomplissant son sort, dit le Premier Consul. Ou alors, que quelqu'un vienne témoigner. Un témoin, un survivant, quelqu'un, je ne sais pas...
- Mais cela n'est pas encore arrivé, dit le Fondateur. Et s'il continue à se montrer aussi doué dans ce qu'il fait, on risque de ne jamais réussir à l'attraper. Et je pense que ça vaudra mieux pour lui, ajouta-t-il à mi-voix.
- Et si on l'attrape, ça vaudra mieux pour nous, dit le Premier Consul. Plus vite on l'a, plus vite on sera débarrassé de ce poids supplémentaire sur nos épaules. Des gens qui vont jusqu'à nous accuser d'être les responsables des attentats car on n'arrive pas à mettre la main sur le responsable.
- Vous avez essayé des prior incantatem massifs ? demanda AxeMan.
- Oui, répondit le Premier Consul d'un ton las. Nous avons demandé la baguette de tous ceux qui acceptaient de se prêter à l'opération afin d'une vérification rapide au commissariat. Aucun résultat, ajouta-t-il alors que le vent commençait à souffler, ramenant des brasses de feuilles mortes dans leur direction.
- Naturellement, tout le monde ne s'est pas présenté, dit le Fondateur. Certaines personnes refuseront toujours d'aider de manière passive ou active lors d'une enquête et se complairont à dire que la Police est incapable de faire son travail tout en refusant de l'aider.
- Oui, confirma le Premier Consul. C'en est apeurant par moment. Mais bon... maintenant que nous en avons terminé avec la révolte, il faut recommencer à s'occuper de ça.
- Le meneur vous a accusé d'être à l'origine des attentats, si j'ai bien compris ? demanda AxeMan.
- Oui, répondit Félix. Il ne l'a pas dit aussi clairement, mais l'idée est là.
- Et...

A ce moment, Nast, qui avait accompagné les insurgés en bas du plateau venait de réapparaitre au niveau sur le chemin, à la sortie du bois entourant le Temple. Le Fondateur quitta le groupe afin d'aller rejoindre son neveu avec qui il commença à parler tandis qu'AxeMan reprenait sa phrase.

- Et comment aurait-il prouvé que vous étiez responsables ? demanda-t-il.
- Je ne sais pas, admit Félix. Il devait s'attendre à ce que les attentats s'arrêtent juste après nous avoir capturés. Je pense que ça lui aurait suffi.
- A moins que..., commença AxeMan à voix basse.
- A moins que quoi ? demanda Wood.
- A moins qu'il ne sache avant même d'attaquer que les attentats s'arrêteraient, dit AxeMan en fronçant les sourcils.
- Tu veux dire qu'il était sûr de ce qu'il avançait ? demanda Félix.
- Je pense plutôt, dit Wood, qu'il veut dire que le meneur savait que les attentats s'arrêteraient car il en était à l'origine. 
- C'est ça, confirma AxeMan. Peut-être a-t-il cherché à détourner l'attention...
- ... ou alors, intervint le Premier Consul, il fait les attentats, accuse les Consuls, marche sur le Temple et, ô miracle, les attentats s'arrêtent tout seul, comme preuve du bien-fondé de son action.
- Dans ce cas, dit Félix, je n'aurais pas vu un tel manipulateur depuis Tolmok. Et pourtant, il avait du niveau.
- Je ne sais pas si c'est vérifié, dit le Premier Consul, mais c'est possible. Malheureusement, le seul moyen de vérifier, c'est d'attendre de voir si un nouvel attentat se produit. Tout en continuant notre enquête, ça va de soi.
- Bon, interrompit le Fondateur qui était revenu à proximité du groupe, accompagné de Nast. Nast vient de me rapporter que tous les insurgés avaient été raccompagnés en bas du plateau.
- Oui, confirma son neveu. Nous avons fait suivant la routine, on a séparé les amnésiques afin d'éviter qu'ils ne soupçonnent quelque chose trop rapidement à être en si grand nombre, et les autres ont été raccompagnés. Normalement, on a fini notre nuit.
- Et ce n'est pas un mal, dit Félix en s’étirant. Les journées chargées comme celle-ci me porteraient presque sur les nerfs.
- Il nous reste un détail à régler, dit le Premier Consul. Je propose d'aller directement à votre quartier-général, ajouta-t-il à l'adresse de Wood et Félix, ça évitera de retourner dans le Temple. On se lasse un peu de ces effets "douche écossaise".

Le groupe partit le long du chemin, allant contre le vent qui soufflait désormais assez fort, faisant claquer les capes des Gardiens et des Consuls et voler les feuilles mortes autour d'eux. Le temps annonçait un orage qui se devait de succéder celui qui venait de se produire en ville. Après le bois, ce fut la rue interdite qu’ils durent traverser sous des rafales de plus en plus violentes faisant claquer les volets dégondés des anciennes maisons de bois bordant la route dans un vacarme qui ressemblait à celui des revenants de ces demeures trainant des chaînes derrières eux.
Ils attinrent le bâtiment qu'ils rejoignaient alors qu'un éclair pouvait être aperçu, se détachant nettement à l'horizon, suivi peu de temps après par un tonnerre assourdissant, mais ne purent éviter les premières gouttes de l'averse qui commença à tomber. La porte se referma sur un nouvel éclair et ils se dirigèrent vers la salle de détente dans laquelle ils trouvèrent trois des cinq Gardiens : Bill, Luce et Antoine, qui semblaient fêter la victoire du soir.

- Hé, cria Bill en voyant le groupe rentrer dans la salle, même les Consuls sont venus. Venez, allez, il faut fêter ça.
- On viendra dans un instant, Bill, dit le Premier Consul. On a quelques petites choses à régler.
- Ed et Cécile ne sont pas avec vous ? demanda Félix.
- Non, répondit Antoine avec un sourire en coin, ils sont partis fêter ça à leur manière chez eux.
- Très bien, dit le Premier Consul en s'asseyant à une table. Bon, maintenant, AxeMan, parlons de ce que nous te devons.
- Ah, dit AxeMan en s'asseyant également, imitant les autres. Eh bien, vous me devez en grande partie la victoire de ce soir, ajouta-t-il simplement.
- Et nous ne sommes pas prêts de l'oublier. Que souhaites-tu pour tes services rendus ? J'ai tendance à penser que l'argent n'est pas ce qui t'intéresserait le plus, je me trompe ?
- Non, en effet, répondit AxeMan. Je trouve que la moindre des choses serait de m'autoriser à revenir dans l'Empire.
- Je le pense aussi, dit le Premier Consul. Fondateur ?
- Eh bien, commença lentement celui-ci, les meurtres commis restent accomplis car nul ne peut inverser la mort, et je pense que, si les familles étaient au courant, elles insisteraient pour que tu ne reviennes jamais dans l'Empire. Cependant, sans toi, nous serions dans de mauvais draps... et tu as réussi à te contenir tout à l'heure pour ne tuer personne, ce qui évite de grandes complications...
- Ce n'est pas comme si j'avais des pulsions qui me poussaient à vouloir tuer, dit AxeMan.
- Quoi qu'il en soit, je pense qu'il ne serait que justice que tu sois à nouveau accepté dans l'Empire, conclut le Fondateur.
- Par contre, continua le Premier Consul, il me semble, si je t'ai bien saisi, que tu recherches un défi à ta hauteur, n'est-ce pas ?
- On peut voir les choses comme ça, oui, acquiesça AxeMan.
- Qu'as-tu en tête exactement ? demanda le Fondateur au Premier Consul en fronçant les sourcils.
- Eh bien, au vue de ce que tu as fait ce soir, peut-être serait-il bon que tu rejoignes notre Conseil d'urgence.
- Et en quoi est-ce un défi ? demanda AxeMan tandis que le Fondateur semblait interloqué par la proposition du Premier Consul.
- A cause de ce que cela peut impliquer, dit le Premier Consul. Tu te placerais, entre autre, à la tête de toutes les affaires urgentes de l'Empire avec nous, en ce moment ce serait sur l'affaire des attentats et ce ne sera pas de tout repos.
- Ce qu'il a fait ce soir suffirait à ce que tu veuilles le prendre avec le Conseil des Cinq ? demanda le Fondateur d'un ton surpris. 
- Oui, il a des talents indéniables et il pourrait nous aider plus que ce qu'il vient de faire.
- Il a montré des talents de stratège et de combattant ce soir, pas d'enquêteur. Et c'est de ce dernier dont nous aurions besoin.
- Il a pourtant enquêté sur la Milice il y a six ans, objecta le Premier Consul.
- Il a surtout surveillé la Milice, il connaissait déjà l'identité de deux d'entre eux, ça lui donnait une base solide.
- J'ai identifié le reste des membres de la Milice sans autre aide que le mur de l'Ecoute, intervint AxeMan. J'ai également identifié leurs lieux de rendez-vous, j'ai réussi à déterminer des lieux où ils prévoyaient d'attaquer les gens afin d'éviter que cela ne se produise. Mais à par ça, je n'ai pas fait grand-chose dans cette enquête, je dois le reconnaître.

Le Fondateur ne répondit pas, mais continua de froncer les sourcils. Apparemment, il était prêt à accueillir AxeMan dans l'Empire, mais le fait de l'accepter à nouveau comme quelqu'un d'entièrement dénué des crimes qu'il avait commis lui semblait dur.

- Si une telle proposition t'était faite, repris le Premier Consul en direction de AxeMan, accepterais-tu ?
- Quel est le défi, là-dedans ? redemanda AxeMan. Enquêter n'a rien du défi que je cherche.
- J'imagine très bien, dit le Premier Consul. Mais j'ai tendance à penser que le coupable est quelqu'un qui, si on le découvre, ne se laissera pas capturer si facilement que ça. Peut-être tentera-t-il de se faire exploser avant son arrestation s'il voit que nous nous rapprochons de lui.
- Je ne sais pas, dit AxeMan à mi-voix. D'après ce que vous avez décrit, cette personne me semble plutôt être un lâche et elle ne me semble poser aucun grand défi en cas de capture. Il opère dans l'ombre et anonymement. De la première approche que j'en fais, il me semble être quelqu'un qui a peur d'être pris.
- Vraiment ? dit le Fondateur. Je ne pense pas que quiconque souhaiterait être capturé, donc ce dernier point était facilement trouvable.
- Peut-être, dit AxeMan. Mais notre homme, ou notre femme, agit simplement. Sans rien d'autre autour. Sans s'identifier. Pourtant, les révoltes ont toujours un leader qui se démarque facilement. Lui, non.
- Il se doute peut-être que s'il s'identifiait, il serait facilement trouvable, suggéra le Fondateur.
- Il pourrait se donner un faux nom, je ne sais pas. Quelque chose que le mur ne puisse pas localiser.
- En effet, admit le Fondateur.
- Mais il agit, simplement, continua AxeMan. Sans revendication, sans rien. Pourquoi ?
- Personne n'en sait rien, dit Wood. A part le coupable lui-même, je pense.
- Je ne vois qu'une seule solution qui expliquerait ça, dit AxeMan. La destruction pour le plaisir de la destruction. Et très franchement, j'ai très envie de savoir pourquoi quelqu'un ferait ça. Même Ford et sa Milice étaient plus civilisés.
- Cela veut-il dire que tu acceptes ? demanda le Premier Consul.
- Eh bien, oui, je pense, confirma AxeMan.
- As-tu un endroit pour loger ? demanda le Fondateur.
- Eh bien, si vous n'avez pas vendu la maison où j'habitais après que j'ai quitté les Gardiens, oui.
- Ne préfèrerais-tu pas revenir habiter dans ton ancienne maison, celle où tu vivais pendant que tu étais un Gardien ?
- Cela signifie-t-il que vous l'avez vendue ?
- Ca ne répond pas à la question.
- Eh bien, si cela signifie un logement gratuit, ça pourrait m'intéresser, oui.
- Eh bien dans ce cas, la maison est à toi.
- Mais pourquoi insister à ce point ? demanda AxeMan en haussant les sourcils.
- Pour des raisons pratiques, dit le Fondateur. Il faut que nous soyons tous proche les uns des autres en cas de réunion dans l'urgence. Dans ces cas-là, plus nous nous réunissons rapidement, mieux cela vaut.
- Logique, concéda AxeMan.
- Bon, dit le Premier Consul en se levant, eh bien, vu que tout cela est réglé, je pense que nous pouvons clore cette nuit. Demain, tu iras avec Wood sur les sites des différents attentats et il t'expliquera sur place de quoi il retourne, plus en détail que ce que nous avons fait pour l'instant.
- Et si jamais il y a des points qui restent dans l'ombre après tout ça, dit Nast en se levant également, n'hésite pas à passer au commissariat. Je te fournirai tous les détails qui te manqueraient.
- Très bien, dit AxeMan.
- Et je pense que l'on fera un point demain soir, dit le Fondateur en se dirigeant vers la porte, suivi du Premier Consul et de Nast. Donc, rendez-vous demain soir devant le Temple.
- D'accord, dirent Wood, Félix et AxeMan ensemble.
- Bonne nuit, dit le Premier Consul.

Les trois hommes sortirent de la salle alors qu'un éclair illuminait la fenêtre et le bruit de la fermeture de la porte fut étouffé par le tonnerre qui suivit.

- Ils ne chôment jamais ? demanda AxeMan.
- Pas en ce moment, non, confirma Wood.
- Mais ils sont largement moins stressés que ces derniers jours, maintenant que cette histoire de révolte est terminée.
- Ils auraient mieux fait de rester avec nous pour terminer la nuit, soupira AxeMan en attirant une bouteille de bièraubeurre et en se levant. Ils ont dû oublier que des festivités avaient lieu.

Wood et Félix se levèrent alors que AxeMan se dirigeait vers l'endroit où Bill, Luce et Antoine fêtaient la victoire et ils les rejoignirent alors que AxeMan engageait la conversation avec les trois Gardiens.

- ... et quand avez-vous été recruté ? demandait AxeMan au groupe.
- Il y a un peu moins de six ans, pour ma part, répondit Bill. En remplacement de Gardiens qui étaient partis à cette époque. Toi, ce Bones et Whyte, je crois. J'ai été recruté en même temps qu'Ed.
- Ed ? demanda AxeMan en se tournant vers Antoine, croyant sûrement qu'il s'agissait de lui.
- Non, Ed est avec Cécile, chez eux.
- Il y a un couple parmi les Gardiens ? dit AxeMan en se tournant vers Wood et Félix qui avaient chacun récupéré une bouteille de bièraubeurre entre-temps.
- Oui, répondit Wood. Cécile a été recrutée par Ed, justement, il y a environ deux ans. Entre autre pour les sentiments qu'il y avait entre eux. Mais elle n'en reste pas moins une excellente Gardienne.
- D'accord, je vois, dit AxeMan. Et donc, tu as été recruté quand ? demanda AxeMan à Antoine.
- Il y a six mois, dit Antoine en souriant. Je suis le dernier arrivé.
- Et... ? commença AxeMan en se tournant vers Luce.
- Il y a tout juste trois ans, répondit celle-ci.
- Je suppose que vous ne vous attendiez pas à quelque chose dans ce genre, quand vous avez été recruté.
- En fait, on se doutait chacun d'une partie de la vérité derrière ces "chargés d'entretien", dit Bill. Et c'est en partie à cause de cela que le travail nous a été proposé. 
- Oui, confirma Luce. J'ai personnellement demandé à Wood de m'expliquer pourquoi il se trouvait là quand je me suis retrouvé au milieu d'une embuscade de voleurs dans la ruelle de la Magie Noire du quartier marchand. Et surtout si le fait d'apparaître vêtu d'une cape noire et d'arrêter les voleurs était le deuxième emploi des "chargés d'entretien". Le surlendemain, je faisais partie de ces fameux "chargés d'entretien".
- Un scénario que j'avais déjà vécu, dit Wood, mais de l'autre côté. Dans la majorité des cas, ça s'est passé comme ça. J'ai recruté Ed et Luce de cette manière.
- J'ai été recruté de la même manière, ou presque, mais par Félix, indiqua Bill. Et j'ai recruté Antoine.
- Et Ed a recruté Cécile, dit Antoine en souriant.
- Mais nous avons subi une perte, indiqua Luce. Lors de la précédente révolte, il y a un peu plus de six mois. On a perdu Leanne.
- Perdu ? s'étonna AxeMan. De quelle manière ?
- Elle... eh bien elle avait une tactique à chaque fois qui était de mené un petit groupe de Policiers avec elle pour prendre les adversaires à revers. Malheureusement, cette fois-là, elle s'est également fait prendre à revers. Quelques membres du groupe étaient restés en arrière et... ce n'était pas des tendres. Un seul sort de déflagration a suffi et Leanne, ainsi que les quatre Policiers l'accompagnant sont morts.
- Et les responsables... ?
- Ont été exilés définitivement de l'Empire, répondit Bill, avec un serment inviolable effectué et un effacement de mémoire. Je crois que c'est la pire peine ayant jamais été prononcée contre quelqu'un.
- Désormais les membres du groupe qui ont jeté le sort sont des morts en sursis sans même le savoir, dit Wood. Parleraient-ils une seule fois de ce soir-là, même s'ils ne savaient pas de quoi il retournait, ils mourraient.
- Ca fait combien de personnes ? demanda AxeMan.
- Trois, répondit Félix. Et d'après nos rapports, au moins deux sont déjà morts.
- Un châtiment brutal, dit Wood.
- Et les autres insurgés de l'époque ? Qu'ont-ils dit ? demanda AxeMan.
- Ils ne souhaitaient pas que le sang coule, dit Luce. Comme la plupart d'entre eux, d'ailleurs. Le meneur a condamné leur action, même s'il a trouvé la peine infligée trop forte.
- Dites, intervint Antoine, on pourrait parler de choses plus joyeuses. On est censés fêter notre victoire.

Ils se séparèrent tous quelques heures plus tard, alors que l'orage extérieur tonnait encore. Wood rejoint sa maison afin de récupérer d'une journée qui avait été harassante malgré quelques points positifs tels que le retour de AxeMan et le fait que la révolte avait été vaincue.
Il fut réveillé quelques heures plus tard par des coups sourds. Le coup de tonnerre qui suivit lui fit imaginé qu'il avait rêvé mais les coups continuèrent et il descendit de son lit, mit une robe de chambre et descendit l'étage afin d'aller ouvrir à la personne qui frappait à sa porte. Il trouva le Premier Consul sur le pas de la porte, détrempé à cause de l'averse, un air sombre sur le visage.

- Ah, Wood, enfin, dit le Premier Consul. Désolé de te réveiller si tôt, mais il y a une nouvelle fois urgence.
- Encore un attentat ? demanda Wood d'une voix ensommeillée.
- Oui, confirma le Premier Consul. Dans le quartier-nord.
- Elle a quelque chose de spéciale ?
- Il semblerait que l'explosion ait été plus forte que d'habitude. Trois maisons ont été détruites.
- Très bien. Je m'habille et j'arrive. Quelle heure est-il ?
- Six heures.
- Le responsable de tout ceci ne respecte vraiment rien. Il ne pourrait pas dormir, comme tout le monde ?


vendredi 10 juillet 2009

GdO 2 - Interrogatoire

Chapitre 2

Interrogatoire

AxeMan fit disparaître les haches qui bloquaient les insurgés alors que le groupe de Gardiens et de Policiers s'approchait d'eux. Pendant ce temps, Wood et Félix passaient rejoignaient l'entrée du chemin. En montant, ils croisèrent les Policiers qui continuaient de descendre, sans aucun doute pour aller s'occuper de leurs collègues et des insurgés qui se trouvaient au bas de la falaise tandis que les Gardiens s'occupaient de ceux qui gisaient sur le chemin. Seulement trois des Gardiens étaient encore debout. L'un d'eux étaient occupé à ligoter les insurgés encore conscients et les deux autres remontaient les corps de ceux qui étaient évanouis.

- Alors Bill, demanda Wood à celui qui s'occupait de ligoter la personne qu'il considérait comme le meneur, comment ça s'est passé ?
- Dans l'ensemble, ça allait, répondit Bill dont le visage était perlé de sueur. On a été un peu surpris sur le début car on n'a pas tout de suite envisagé de lancer des sorts défensifs.
- Mais quelle idée, aussi, intervint Félix. Ne jamais sous-estimer l'adversaire, Bill. Jamais.
- Peut-être, mais on pensait arriver par surprise et avoir l'initiative, mais il semblerait que nous ayons été repéré avant d'arriver et Ed et Luce sont tombés à leur première attaque avec trois autres Policiers.
- Maigre consolation, maugréa le meneur de la révolte. Combien étiez-vous, sans indiscrétion ?
- Un trentaine, en tout, répondit Bill.
- Être battu par trente alors que l'on est cent-cinquante, ça remet en place, dit simplement le meneur. Mais, il ne me semble pas que vous soyez des Policiers, ajouta-t-il à l'adresse de Wood. Je crois plutôt vous avoir vu dans le Dôme en tant que ‘chargé d'entretien’.
- C'est tout à fait exact, répondit Wood.
- Puis-je vous demander exactement de quoi il retourne ?
- Normalement, voyez-vous, c'est à nous de poser les questions, répondit Wood avec un sourire. Mais peut-être pourrez-vous en poser quelques unes pendant votre interrogatoire.
- D'ailleurs, je pense que nous allons finir par être en retard, indiqua Félix. Ils aiment bien commencer rapidement après les évènements, histoire qu'on en ait fini à l'aube.
- Très bien, dit Wood. Allons-y. Bill, ajouta-t-il en se tournant vers le troisième Gardien, essayez de faire en sorte qu'il ne reste aucune trace de ce qu'il s'est passé cette nuit.
- Comme d'habitude, répondit Bill. Tout le monde doit être regroupé devant le Temple, je suppose.
- Oui, et veillez à les regrouper comme prévu afin de pouvoir s'y retrouver.
- Très bien.

Wood et Félix commencèrent à avancer avec le meneur de la révolte qui ne montra aucune résistance, mais une résignation évidente au sort qui l'attendait.

- Où a lieu cet interrogatoire demanda-t-il alors qu'ils arrivaient au sommet du plateau ?
- Dans le Temple, répondit Wood.
- Et... qui m'interrogera ? demanda à nouveau le meneur après une brève hésitation.
- Normalement, nous, le chef de la Police et les deux principaux Consuls.

Le meneur ne dit rien mais continua de marcher entre les deux Gardiens. Wood l'entendit déglutir avant de reprendre la parole.

- Et quelle est cette histoire de regroupement ?
- Ca, je pense que vous le saurez bien assez tôt, dit Félix alors qu'ils sortaient du bois pour déboucher en vue du Temple. 

Devant le bâtiment, s'alignaient déjà plusieurs rangées de corps inconscients parmi lesquels les rares insurgés encore conscients étaient assis et regardaient les Policiers, qui allaient et venaient avec des corps, avec appréhension. Certains des insurgés gémissaient alors qu'ils se réveillaient, courbaturée pour certains à cause de la chute, bien qu'amortie, qu'ils avaient faite. Ceux qui étaient éveillés regardaient leur meneur passer en direction du Temple, encadré par Wood et Félix, avec des expressions de défiance ou d'inquiétude. Certains huèrent même les deux Gardiens.
Quand Wood et Félix arrivèrent au niveau de la porte du Temple, le meneur des insurgés avait pâli, de la sueur perlait sur son front et il semblait déglutir de très nombreuses fois. Il semblait véritablement inquiet du sort qui pouvait l'attendre à l'intérieur du Temple. Quand Félix le saisit par le bras, il sursauta et faillit crier de peur. Mais Félix n'avait que l'intention d'avoir un contact avec lui qui pour qu'il traverse la porte avec lui quand il entrerait dans le Temple, car Wood et Félix, même s'il n'était pas membre du Conseil permanent avait reçu, avec Nast, l'autorisation de rentrer dans le Temple sous la condition de ne pas profiter de la situation pour utiliser les capacités du Temple à leur propre profit.
Félix posa la main sur la porte du Temple en même temps que Wood et la sensation de chaleur, indicative du sortilège posé sur la porte, commença à se faire sentir et le meneur parut légèrement décontenancé par l'effet. Alors que la sensation de chaleur allait être remplacé par l'effet de froid précédent l'entrée dans le Temple, Wood sentit une main se refermer sur son bras et il regarda rapidement par-dessus son épaule pour apercevoir AxeMan qui se tenait, souriant, à côté de lui avant d'être propulsé en sa compagnie à l'intérieur du Temple.
Alors qu'ils atterrissaient à l'intérieur du Temple, Félix soutenant le meneur afin d'éviter qu'il ne tombe, Wood se retourna vers AxeMan qui ne semblait pas le moins du monde se sentir coupable d'avoir en quelque sorte forcé l'entrée du Temple.

- Tu n'as pas pu t'en empêcher ? demanda Wood en se baissant pour ramasser sa baguette.
- Non, en effet, répondit AxeMan en ramassant les siennes. Mais ça faisait tellement longtemps que je n'étais plus rentré ici.
- Je sais. Seulement, tu n'es pas censé venir avec nous.
- Comme si je m'en souciais, dit AxeMan en haussant les épaules.
- En tout cas, beau combat, continua Wood.
- Exactement, ajouta Félix en commençant à avancer vers la salle du Conseil. Tu as le don de retourner les combats perdus d'avance à notre avantage.
- Oui, confirma simplement AxeMan en suivant Félix. J'aurais bien aimé y prendre une part plus directe, mais mes expériences personnelles me disent qu’il faut parfois ne pas se surmener, termina-t-il en se massant la poitrine avec une légère grimace.
- Tu as toujours mal ?
- Oui. J'avais pensé que la douleur finirait par rester constante et que je m'y habituerais... 
- Et ce n'est pas le cas ? demanda Wood.
- J'en avais eu l'impression ces dernières années, mais depuis quelques mois, j'ai l'impression que la douleur empire.
- Et tu n'as toujours pas réussi à identifier de quel sort il s'agissait ? demanda Félix en ouvrant la porte de la salle du Conseil.
- Hélas non. Le seul moyen serait de demander directement à Ford, mais ça m'est un peu difficile.
- Un peu, en effet, acquiesça Wood. Mais...
- Puis-je savoir ce qu'il fait ici ? demanda le Fondateur qui se trouvait dans la salle du Conseil en indiquant AxeMan.
- Il vient assister à un interrogatoire, indiqua AxeMan en retrouvant un sourire qui s'était un peu effacé avec leur discussion courante. Je pense qu'après les services rendus à la communauté, tout ça, je peux avoir une compensation.
- Tu en auras une, intervint le Premier Consul, mais pour l'instant, tu n'es pas autorisé à entrer dans la salle du Conseil...
- Et d'ailleurs, l'interrompit le Fondateur, comment es-tu entré dans le Temple ? Ton autorisation t'avait été retirée !
- Tu sais comment c'est, dit AxeMan. On voit quelqu'un entrer, on se précipite, on trébuche malencontreusement en l’attrapant au moment où il traverse... ce genre de choses, quoi… Mais j'attendrai dehors, ne vous en faites pas. J'espère seulement que votre café est meilleur que la dernière fois.

Le Fondateur ferma la porte sur AxeMan puis se retourna vers la table en demi-cercle qui avait été installé pour l'occasion de l'interrogatoire.

- Bon, dit-il, et maintenant qu'on s'y mette. Félix, fais s'asseoir le prisonnier sur sa chaise et prends ta place. Et la même chose pour vous tous, ajouta-t-il à l'adresse des autres.
- Pas la peine d'être brutal à ce point, dit Félix en s'exécutant.

Il fit s'asseoir le meneur des insurgés sur le siège qui se trouvait du côté droit de la table pendant que le Premier Consul s'installait au milieu de l'autre côté, le Fondateur à sa droite puis Nast qui était déjà sur place depuis un certain temps. Wood s'assit à sa place habituelle à l'extrémité gauche de la table, laissant une place entre lui et le Premier Consul pour Félix. Tous étaient tournés vers le meneur des insurgés. Ce fut le Premier Consul qui commença à parler.

- Veuillez décliner votre identité, dit-il à l'adresse du prisonnier.
- Je pense que vous la connaissez déjà, répondit-il d'un ton de défi.
- Veuillez simplement répondre à la question, je vous prie, continua le Premier Consul sans perdre contenance.
- Si vous y tenez. Matthias Neustadt.
- Très bien, dit le Premier Consul en hochant la tête. Vous devez sûrement connaître les raisons de votre présence ici ?
- J'imagine très bien lesdites raisons. Cela doit sans doute être dû à l'armée que j'avais levée pour tenter de vous atteindre.
- Vous imaginez très bien, coupa le Fondateur.
- Et je suppose que vous voulez savoir ce que... mais que ? demanda Neustadt en s'interrompant alors que sa voix semblait amplifier et sortir des murs même du Temple.
- Je reviens, indiqua Wood alors que sa voix également était amplifiée.

Il se leva et sortit de la salle du Conseil et s'avança vers le mur qui se trouvait en face devant il trouva sans aucune surprise AxeMan à côté d'une porte ouverte sur un mur.

- Désolé, dit celui-ci avec un sourire, j'avais oublié ce détail.
- Tu m'excuseras de ne pas vraiment te croire, dit Wood en souriant.
- Et si tu pouvais fermer la porte, intervint la voix du Fondateur résonnant des murs du Temple, ça nous arrangerait.
- Sans aucun problème, dit AxeMan en sachant parfaitement que le Fondateur ne pouvait pas l'entendre de là où il était. Tu me feras un résumé quand ce sera fini, ajouta-t-il à l'adresse de Wood alors qu'il refermait la porte donnant sur le mur de l'Ecoute.
- Ne t'en fais pas, ce sera fait. Espionner l'intérieur du Temple est moins pratique que d'espionner divers endroit de la capitale, pas vrai ?
- Je m'en suis rendu compte. On se revoit tout à l'heure.

Wood repartit dans la salle du Conseil où personne ne semblait avoir bougé depuis qu'il était parti, si ce n'était l'expression sur le visage du Fondateur, et se rassit à sa place.

- Nous pouvons reprendre, dit Wood.
- Très bien, dit le Premier Consul. Donc, ajouta-t-il en se tournant vers Neustadt, qu'étiez-vous en train de dire ?
- Euh..., hésita celui-ci, je suppose que vous voulez savoir ce que j'ai pu dire à ces personnes pour qu'elles acceptent de me suivre ?
- En effet, répondit le Premier Consul. Mais tout d'abord, j'imagine que vous souhaiteriez connaître un peu plus précisément la teneur des évènements de la nuit et pourquoi vous avez été battu ?
- Je..., commença Neustadt hésitant. Je voudrais bien le savoir, oui.
- Dans ce cas, je vais laisser la parole aux intéressés, dit le Premier Consul en se tournant vers Wood et Félix.
- Le début me concernant, commença Wood, je vais donc commencer. Comme vous l'avez remarqué, je fais partie du personnel travaillant entre autre au sein du Dôme du Savoir à la fois comme surveillant des lieux et comme restaurateur des livres. Un jour, alors que j'avais été envoyé cherché un livre que l'on nous avait signalé comme endommagé dans le Dôme, j'ai surpris la conversation que deux personnes tenaient à une table. J'imagine que vous comprenez que l'une d'entre elles était vous-même.

Neustadt acquiesça.

- Ce que vous ne pouviez pas savoir alors que vous teniez votre discussion pour essayer de faire en sorte que la personne avec qui vous discutiez vous rejoigne dans votre lutte, c'est que je fais partie d'un groupe de personnes chargées de la surveillance et de la sécurité proche du Temple.
« Je suis donc retourné d'où je venais pour avertir qu'une révolte - ou quoi que ce fût - était en route.
- Nous avions reçu le message, continua Félix, malheureusement pour une surveillance active d'une personne, nous avons besoin de son nom, ce que l'examen préliminaire apporté par Wood à votre égard ne contenait pas. Nous avons donc envoyé un autre de nos membres afin de réussir à espionner la fin de votre conversation pour connaître votre nom. Ce que nous avons obtenu. Cela se passait il y a trois semaines.
- Oui, dit Neustadt, je vois à peu près. J'ai passé très longtemps dans le Dôme à chercher des gens pour me rejoindre.
- Depuis, à l'aide de -
- Toujours aussi mauvais votre café, dit soudain la voix de AxeMan depuis les murs du Temple.
- Donc, reprit Félix avec un large sourire en se retenant avec peine de rire alors que le Fondateur quittait la pièce avec une intense expression de colère sur le visage, depuis, à l'aide du Mur des Ecoutes du Temple, dont vous venez de tester diverses utilisations, nous avons écouté certaines de vos réunions afin d'avoir le maximum de renseignements sur les actions que vous comptiez entreprendre et nous avons su à peu de choses près combien vous étiez et quand vous comptiez agir.
- Mais, l'interrompit Neustadt, la date n'a été décidé qu'hier. Comment avez-vous pu vous organiser aussi vite ?
- Nous avons différents moyens pour cela, dit Nast alors que le Fondateur revenait dans la salle du Conseil. Depuis une crise ayant eu lieu il y a six ans, les Policiers et les Gardiens du Temple sont en contact étroit pour prévenir les révoltes et les tentatives de renversement du Temple.
- Une crise il y a six ans ? dit Neustadt.
- Une affaire qui a, pour certaines raisons, été cachée au public et qui concernait une tentative du putsch interne. Cette crise a eu des débouchés plus ou moins tragiques et nous faisons tout pour que cela ne se reproduise plus.
- Cela a-t-il un rapport avec cet ancien Consul, Ford, que vous mentionniez tout à l'heure ?
- Oui, répondit le Premier Consul. Maintenant, nous vous avons éclairci sur les évènements du mieux que nous le pouvions, avez-vous d'autres points d'ombre ?
- J'aurais imaginé que c'était vous qui posiez les questions... dit Neustadt.
- Cela viendra, ne vous en faites pas, mais il y a une contrepartie pour vous de toute façon. Alors ?
- Non.
- Bien, dans ce cas, veuillez nous dire ce qui a convaincu tant de personnes de rejoindre votre cause contre nous.
- Les attentats, dit simplement Neustadt.
- Veuillez développer.
- Il me semble que la capitale est touchée par des attentats depuis environ un mois.
- C'est tout à fait exact, dit le Premier Consul en fronçant les sourcils.
- Avez-vous obtenu des résultats par rapport à ces attentats ?
- Nous vous l'aurions fait savoir. Ces attentats sont une crise et toute fin de crise officielle est annoncée aux habitants.
- Êtes-vous sûr de mettre tous les moyens que vous pouvez dans cette enquête ?
- Nous avons mis tous les moyens que nous pouvions pour cela.
- Mais pourtant, vous avez réussi à m'espionner pour tout deviner.
- Parce que nous savions qui était à la base, et donc qui espionner. Nous ne pouvons pas nous permettre d'écouter chez toutes les personnes vivant dans l’Empire, ne serait-ce que d'un point de vue éthique.
- La fin ne justifie-t-elle pas les moyens ?
- Vous rendez-vous compte de ce que cela représenterait ? Si jamais la personne fait ses coups seules, il faudrait écouter des milliers de personnes afin de déterminer ce qu'elles font. Il est en plus probable que chaque personne écoutée soit potentiellement le coupable en train de faire une activité sans aucun rapport. La probabilité que nous le trouvions de cette manière est nulle.
- N'avez-vous pas, tous, dit lentement Neustadt en les regardant successivement dans les yeux, quelque intérêt à ce que le coupable ne soit pas trouvé ?
- Sachez, monsieur Neustadt, intervint le Fondateur d'un ton sec, que l'Empire a été créé grâce à moi à l'origine. Je n'ai aucun intérêt à voir quelqu'un le détruire et je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour que cela ne se produise pas.
- Je vous comprends tout à fait, lui accorda Neustadt. C'est un peu comme un enfant, n'est-ce pas ?
- Oui.
- J'ai aussi une fille et je comprends ce que vous devez ressentir à voir quelqu'un tenter de détruire votre œuvre. Et je suis sûr que vous avez tous des arguments pour prouver que vous n'avez rien à voir avec tout ça, mais on trouve sûrement des arguments pour l'autre sens.
- Donc, reprit le Premier Consul, pour résumer, vous avez convaincu ou persuader les gens que nous étions responsables des attentats ?
- Oui.
- Et qu'aviez-vous l'intention de faire une fois le Temple entre vos mains ?
- Vous faire avouer, dit simplement Neustadt.
- Je vois.
- Malheureusement, nous comptions énormément sur l'effet de surprise et plusieurs d'entre nous n'avaient accepté de venir ce soir qu'à cause de cela et elles ont paniqué très vite. Les gens qui me suivaient n'étaient pas formés pour combattre comme le sont vos défenseurs.
- Bien, dit le Premier Consul en hochant la tête. Je pense que nous avons fait le tour de la question. Avez-vous encore des questions ? ajouta-t-il en regardant les quatre personnes à sa gauche et à sa droite.
- Oui, dit le Fondateur. Si on vous laissait en liberté, seriez-vous prêt à recommencer ce que vous avez tenté de faire ?
- Oui, sans aucun doute.
- Je n'ai plus de question.
- Aviez-vous l'intention de tuer quelqu'un ? demanda Wood.
- Non.
- Dans ce cas, pourquoi amener autant de monde ?
- Je me doutais que des personnes défendraient le Temple et il me fallait des gens avec me battre contre elles.
- Ce sera tout pour moi, déclara Wood.
- D'autres questions ? demanda le Premier Consul en regardant le reste de la table. Dans ce cas, vous voici devant un choix monsieur Neustadt.
- C'est-à-dire ?
- Toute personne faisant partie d'une rébellion vaincue - excusez le terme - peut choisir la manière dont il repart, sachant qu'aucune ne vous permettra de raconter ce que vous savez autour de vous.
- Je vois.
- Nous vous laissons le choix entre subir un sortilège d'amnésie pour vous faire oublier ce qu'il s'est passé ce soir, ajouté à un sort de modification de souvenirs afin d'être sûr que les souvenirs liés à votre tentative actuelle de révolte soit étouffés.
- Et l'autre solution ?
- Vous pouvez également faire un Serment Inviolable par lequel vous vous engagez à ne pas chercher à divulguer ce que vous avez appris ce soir, à ne plus chercher à mener une révolte contre le Temple et à ne pas chercher à discuter, à part avec un des nous cinq, de tout ce qui est lié à cette affaire.
- Je vois, dit Neustadt.
- Vous comprenez, j'espère, pourquoi nous cherchons à faire en sorte que les révoltes ne se reproduisent plus. Les deux méthodes ont leurs inconvénients. La première vous fait perdre ce que vous avez vécu dernièrement et la seconde risque, au moyen d'un mauvais réflexe, de vous faire mourir un peu tout le temps, mais vous gardez tout ce que vous savez.
- Je serais d'avis de lui effacer la mémoire, intervint le Fondateur.
- Et pourquoi cela ? demanda le Premier Consul.
- Il connait tout nos secrets et il semble déterminé. Il trouvera sûrement un moyen de contourner un éventuel Serment Inviolable. Ou alors il trouvera un autre moyen de lancer une armée sur le temple.

Il y eut un débat entre le Premier Consul et le Fondateur, le premier étant pour laisser le choix à Neustadt et le second étant pour la prévention en appliquant un sort d'amnésie à Neustadt. Finalement, ce fut le Fondateur qui gagna et il fut décidé que Neustadt serait soumis à un sortilège d'Amnésie, après quoi les six personnes sortirent de la salle du Conseil et se dirigèrent vers l'entrée du Temple et ils sortirent tous.
Devant le Temple, deux groupes de personnes étaient formés, chacun encadré par la moitié des effectifs des Policiers et des Gardiens. Wood s'approcha de Bill.

- Ils sont regroupés par choix ? lui demanda-t-il.
- Oui. On les a interrogés rapidement et ceux qui voulaient témoigner ont été entendus rapidement.
- Très bien. Je suppose que ce groupe-là regroupe ceux qui sont volontaires pour le serment inviolable ? demanda Wood en indiquant un groupe qui ne devait contenir qu'un dixième des insurgés.
- Oui, ils sont au courant des risques encourus.
- Merci, dit Wood en lui souriant. Dans ce cas, il faut passer aux déclarations d'usage. Félix, ajouta-t-il en se tournant vers celui-ci, c'est à toi.
- Bon, commença Félix à l’adresse des personnes regroupées. Je sais que tout ce qui va suivre, vous y avez consenti contre votre gré, je vais donc faire une dernière mise au point. Ceux qui sont à ma gauche, vous avez choisi que tous vos souvenirs de ce soir allaient être effacés et que vos souvenirs allaient être modifiés afin de ne pas avoir à aller trop loin dans l'effacement pour éviter que vous ne tentiez à nouveau le même coup. Ceux qui sont à ma droite, vous avez choisi de conservé vos souvenirs, mais allez faire le Serment Inviolable de ne pas en parler à qui que ce soit, mis à part, si vous le souhaitez, à l'un de nous cinq.

Félix fit un geste pour se montrer lui, Wood, Nast, le Premier Consul et le Fondateur.

- Tout le monde est bien conscient de cela ? demanda Félix. Très bien. Nous commencerons, pour moins de risques pour ceux qui feront un serment inviolable, par les sorts d'amnésie. Dans ce cas, il est temps de finir d'écrire les évènements de la nuit. Mesdames et messieurs, merci pour votre participation. 

Félix resta sur place avec Wood alors que les Policiers et les Gardiens, à l'exception de cinq personnes pour garder l'autre groupe, se dirigeaient vers le plus grand des deux groupes pour commencer à lancer des sorts d'amnésie.

- Vivement que tout ça soit fini, soupira Félix.
- Ouais, confirma Wood. Avec les attentats, on avait bien besoin d'une révolte pour nous occuper encore plus.
- D'ailleurs, dit la voix de AxeMan qui venait de sortir du Temple et qui se stabilisait pour l'atterrissage, vous pourriez m'en dire plus là-dessus ?
- On ne sait pas grand-chose, justement, répondit Wood. La première fois, il y a eu une explosion violente dans une maison, aucun survivant. On a pensé à un accident. Seulement, quelques jours plus tard, une autre maison a volé en éclat.
- Et depuis un mois, on a une à deux fois par semaine des maisons qui explosent, continua Félix. Jamais aucun survivant, jamais aucun témoin de personne bizarre venant sur place. Il est tout à fait possible qu'il possède une cape d'invisibilité et il nous serait très difficile de le repérer. Et le fait que l'on ne connaisse pas le responsable et que l'on ne dispose pas de la moindre piste n'arrange pas nos affaires.
- Je vois, dit AxeMan.
- Et c'est loin d'être beau à voir, continua Félix d'un ton sombre. Peut-être une des pires choses qui soient arrivées à l'Empire.

Ils regardèrent tous les trois les Policiers passer entre les rangs des insurgés en lançant des sorts d'Amnésie et, à chaque sort lancé, la personne était raccompagnée jusqu'au chemin du Dôme. Puis quand ils eurent terminés avec le premier groupe, chaque policier s'agenouilla devant un des insurgés tandis qu'un Gardien faisait le témoin du serment.

- Combien y'a-t-il de perte dans les gens qui font le serment inviolable ? demanda AxeMan.
- Pour l'instant, zéro, répondit Félix.
- Et j'espère vraiment qu'on en restera là, ajouta Wood alors que le dernier serment inviolable était lancé.

samedi 4 juillet 2009

GdO 2 - Un Appel dans la Nuit

Chapitre 1

Un Appel dans la Nuit

Une nuit sans lune venait de tomber sur l'Empire. Devant l'entrée du Temple, cinq hommes étaient regroupés. Deux d'entre eux portaient une robe rouge, l'un les cheveux auburn, l'autre, les cheveux châtains rayés de mèches brunes. Wood et Félix, deux des Gardiens. Les seuls d'entre eux qui restaient depuis l'époque de la crise avec la Milice. A côté d'eux se trouvait un homme en robe bleue : Nast, chef de la Police et neveu du fondateur. Son oncle, en robe écarlate, était l'homme qui avait été, en quelque sorte, à l'origine de l'Empire. Et enfin, un homme en robe blanche, le Premier Consul.

- Bon, disait celui-ci, on a du nouveau sur la nouvelle révolte.
- Ils ne chôment pas de ce côté-là, en tout cas, dit Félix. A peine une finie qu'une autre apparaît. On est en à combien en six ans ?
- C'est la douzième, répondit le Fondateur.
- C'est bien ce qu'il me semblait, dit Félix, un sourire aux lèvres.
- Ce n'est pas le moment de faire de l'esprit Félix, rétorqua le Premier Consul. Tu sais très bien que c'est à cause de cela que ce conseil d'urgence à été créé.
- Très bien, dit Félix en levant les mains en signe d'apaisement.
- Combien sont-ils ? demanda Nast.
- D'après nos Ecoutes, ils seraient au moins cent.
- Une centaine ? dit Wood. Mauvais, très mauvais. Même avec l'effet de surprise, on ne peut pas espérer tenir... 
- Et il est trop tard pour aller chercher du renfort, dit le Premier Consul. Engager quelqu'un et l'entraîner… ça prendrait largement plus des deux heures qu'il nous reste.
- A moins de demander de l'aide à quelqu'un de déjà entraîné.
- Je sais à qui tu penses, dit le Fondateur. Mais il a quitté l'Empire...
- Parce que vous l'en avez chassé, répliqua Félix. Il avait sauvé l'Empire et...
- Ne confond pas tout, le coupa le Fondateur. Il a été banni de l'Empire pour une raison bien précise.

Personne ne répondit. C'était vrai que AxeMan avait été banni de l'Empire pour une raison précise et valable : un meurtre. Pas volontaire, mais un meurtre tout de même.
Un mois après la chute de la Milice, une révolte menée par Chris Tolmok, le Meneur Fou, avait marché sur le Temple. En venant en aide aux défenseurs, AxeMan avait invoqué une hache grâce à un sort qu'il affectionnait particulièrement et l'avait envoyée vers les insurgés. Trois d'entre eux ne s'étaient pas écartés à temps et avaient été tranchés et tués par la hache.
Leurs morts avaient été camouflées en disant qu'ils avaient quitté l'Empire et en effaçant les souvenirs de tous les autres insurgés présents. Ce dernier point aurait été accompli de toute manière afin d'éviter que la population ne prennent conscience que les « chargés d'entretien » n'étaient autre que la garde rapprochée du Temple. Cependant, cela avait décidé les Consuls à bannir AxeMan de l'Empire afin d'éviter un nouvel accident du genre et pour ne pas avoir à révéler la vérité.
Mais tout cela ne resta pas sans conséquence car les familles des morts ne voulaient pas croire que ceux-ci avaient décidé de quitter l'Empire et cela avait engendré une nouvelle révolte. Depuis, même si les raisons initiales avaient disparu de l'esprit collectif, les révoltes s'étaient succédées dans l'Empire et ce, dans le seul but de renverser le Temple.

- Je sais, dit finalement Félix. Mais c'est la seule personne suffisamment compétente pour cela.
- Il s'est entraîné durant ces six années, dit Wood alors qu'aucun des deux Consuls ne répondait. Si jamais il était puissant avant, ce n'est rien à côté de ce qu'il est actuellement.
- Je suppose que vous savez où il est ? demanda finalement le Premier Consul.
- Oui, répondit Wood.
- Très bien, dans ce cas, allons le chercher tout de suite.
- Je m'y oppose, coupa le Fondateur.
- Pourquoi cela ? s'étonna le Premier Consul.
- Parce que je n'ai pas envie de me retrouver une nouvelle fois avec des cadavres en morceau sur les bras, et toutes les conséquences qui vont avec.
- Nous n'avons pas le choix, Fondateur, trancha le Premier Consul.

Ils se regardèrent tous les deux dans les yeux, le Premier Consul un peu dans le rôle d'un père cherchant à convaincre un enfant capricieux refusant l'évidence que garder un dragon chez soi n'est pas une bonne idée.

- Quand doivent-ils passer à l'action ? intervint Wood.
- Cette nuit, vers minuit, répondit le Premier Consul.
- Dans ce cas, vous n'avez pas de temps à perdre.
- Très bien, dit finalement le Fondateur. Allons le chercher, s'il n'y a vraiment que ce moyen.
- Où est-il ? demanda le Premier Consul.
- On va vous y emmener, dit Wood. Mais ne vous attendez pas à un accueil chaleureux de sa part.
- Ce n'est pas ce que nous allons chercher.
- Par contre, dit Félix, je vous conseille de vous changer. Deux Consuls se promenant dehors cette nuit, je ne pense pas que ce soit une bonne idée. Je vais vous chercher des capes noires, vous pourrez passer inaperçus comme ça.

Félix partit en direction du quartier général des Gardiens à travers le jardin qui entourait le Temple. Le reste du groupe partirent le long du chemin de pierre.

- Nast, dit le Premier Consul, pendant ce temps, tu réunis les Policiers et les Gardiens devant le Temple. Nous devons être prêts.
- Très bien, dit Nast avant de partir en courant le long de la route.

Lorsqu'ils attinrent l'entrée de la rue interdite, ils virent Félix arriver en courant en tenant deux capes noires qu'il tendit aux deux Consuls. Ceux-ci les enfilèrent alors qu'ils descendaient le chemin le long de la falaise entourant le plateau du Temple.

- Je n'arrive pas vraiment à comprendre ce qu'ils nous reprochent tous, dit le Premier Consul alors qu'ils traversaient la Place Est. Nous sommes à l'écoute de leurs demandes, nous les laissons libres de leurs vies...
- Mais vous avez le pouvoir, dit Wood. Ce sont toujours les premiers qui reçoivent les coups.
- Se rendent-ils simplement compte de tout ce que cela implique ? Gérer l'Empire est loin d'être de tout repos. Il faut toujours être prêt à écouter l'un d'entre eux, prendre des décisions dont l'impact pourrait être désastreux...
- Non, je ne pense pas. Mais ne sombrez pas trop vite dans le désespoir.

Ils attinrent l'Arche Est, un des quatre arches de l'Empire, un des quatre moyens de sortirent de l'Empire, et la traversèrent. Wood transplana avec le Premier Consul tandis que Félix transplanait avec le Fondateur. Ils arrivèrent à l'entrée d'un village sombre et, plus loin dans la rue, on pouvait apercevoir un bâtiment dont les fenêtres étaient éclairées.

- C'est un village de sorcier ? demanda le Fondateur en entrant dans le village, suivi des trois autres.
- A moitié, répondit Félix. Mais l'endroit où nous allons est invisible pour les Moldus.
- D'accord, et quel est cet endroit ?
- La taverne locale, répondit Félix en s'arrêtant devant le bâtiment aux fenêtres éclairées.

Le Premier Consul s'approcha de la fenêtre pour regarder à l'intérieur. La taverne était presque vide. Seul trois clients étaient encore présents. Deux d'entre eux étaient endormis sur leur table, une bouteille de whisky pur feu vide à côté d'eux, et le dernier était assis seul, une bouteille de bièraubeurre à la main. Celui-ci était AxeMan.

- Oui, je le vois, dit le Premier Consul.
- Je pense qu'il vaudrait mieux que ce soit vous qui vous en chargiez, dit Wood.
- Je le pense également. Attendez-nous ici.
- En fait, j'avais plutôt l'intention d'aller boire un verre.
- Moi aussi, dit Félix avec un sourire.

Ils entrèrent tous les quatre dans la taverne et, alors que le Premier Consul et le fondateur se dirigeaient vers la table de AxeMan, Wood et Félix se dirigeaient vers le bar, suffisamment près de l'endroit où se trouvait AxeMan pour pouvoir entendre la discussion. Après avoir commandé une bièraubeurre chacun au tavernier, ils se retournèrent afin d'observer les évènements. 
Les deux Consuls s'étaient assis à la table de AxeMan et le Premier Consul avait commencé à lui parler. Il était difficile de voir si AxeMan écoutait ce qu'il disait car il ne semblait par leur accorder la moindre attention, en buvant sa bièraubeurre.

- ...et ce soir –, disait le Premier Consul.
- Combien ? demanda brusquement AxeMan.
- Pardon ?
- Combien sont-ils ?
- Cent, cent-cinquante.
- Je vois, dit AxeMan. Vous venez donc me chercher alors que la situation est déjà désespérée...
- Nous n'avons pas le choix !
-... et pourtant, vous m'avez chassé...
- Tu sais très bien pourquoi nous l'avons fait ! répliqua sèchement le Fondateur.
- Parce que trois abrutis n'ont pas eu la jugeote de comprendre qu'une hache, c'est dangereux, dit AxeMan d'un ton amer. Oui, je sais. Je n'ai jamais eu l'intention que cela arrive et vous le savez également.
- Mais pourtant, continua le Fondateur, tu ne rêves que d'utiliser tes sorts mortels et –
- Ca suffit Fondateur, coupa le Premier Consul. Nous ne sommes pas ici pour ça.
- Et dans ce cas, demanda AxeMan en haussant les sourcils, pourquoi êtes-vous venus ?
- Tu le sais très bien dit le Fondateur d'un ton acerbe, mais tu aimerais tellement nous l'entendre dire, n'est-ce pas ?
- Fondateur, s'il te plaît, ne complique pas les choses, trancha le Premier Consul avant de se tourner vers AxeMan. Oui, nous avons besoin de toi, AxeMan.
- Pour cette révolte, ou pour l'autre ?
- Je pense que nous ne sommes en présence que d'une seule révolte.
- Voyez-vous, je ne considère pas le fait de perpétrer des attentats dans l'Empire comme étant autre chose qu'une révolte.
- Comment es-tu au courant de cela ? demanda le Fondateur.
- J'ai mes sources, répondit simplement AxeMan.
- Quoiqu'il en soit, interrompit le Premier Consul, parler de ça ne nous avancera pas. Alors, allons droit au but. Es-tu d'accord ?
- Cent-cinquante contre combien ? demanda AxeMan après avoir bu une gorgée de sa bouteille de bièraubeurre.
- Sept gardiens et vingt policiers.
- Un vrai massacre en quelques sortes... Très bien, laissez-moi le temps de finir mon verre et j'arrive.

Le Premier Consul et le Fondateur se levèrent et se dirigèrent vers la porte pour attendre AxeMan, qui finissait sa bièraubeurre, à l'extérieur.

- Il a accepté plus vite que je ne pensais, souffla Félix à l'oreille de Wood.
- Il savait que le temps était compté, répondit Wood. S'ils étaient venus plus tôt, il les aurait fait mariner plus longtemps.
- Ils sont nerveux, non ? demanda AxeMan qui les rejoignait au niveau du comptoir.
- Un peu, confirma Wood. La situation de l'Empire n'est pas la meilleure qui soit actuellement.
- Je sais, je sais... On y va ?
- Il vaut mieux, je pense, dit Félix. Essaie de ne tuer personne tout à l'heure, ajouta-t-il avec un sourire.
- Je n'en ai jamais eu l'intention.

Ils sortirent de la taverne et rejoignirent les deux Consuls qui les attendaient à l'extérieur du bâtiment et transplanèrent directement devant l'Arche Est. Le Fondateur et le Premier Consul ouvrirent la marche et furent les premiers à traverser l'arche.

- Il y a eu d'autres révoltes auparavant, non ? demanda AxeMan alors que lui-même traversait l'arche.
- Oui, une douzaine, confirma Wood.
- Combien étaient-ils à ces moments-là ?
- Une trentaine au maximum. Contre ce nombre, l'effet de surprise créer par la révélation que nous soyons les défenseurs du Temple suffisait à prendre le dessus.
- Ils avaient quoi comme raison, à ces moments-là ?
- Je ne sais pas. Ca ne représente quasiment rien dans la population de l’Empire.

Ils avançaient le long de la place Est. Minuit approchait et l'endroit était totalement désert et silencieux, à part pour les cinq hommes en capes noires qui y avançaient. Tous, sauf le Fondateur, avaient rabattu leurs capuches. Ils passèrent devant l'estrade qui servait à quiconque dans le peuple voulait s'adresser au Temple.
En arrivant au croisement menant le long de la route montant vers le Temple, ils virent, sur la route menant aux quartiers résidentiels, arriver un immense groupe de personne.

- Voilà nos 'amis', murmura le Premier Consul.

AxeMan s'arrêta un instant pour les observer, suivi dans ce mouvement par ses compagnons.

- Avez-vous déjà commencé à penser à un plan ? demanda-t-il.
- J'y ai un peu réfléchi, répondit Wood. Le meilleur endroit est, je pense, dans la montée vers le plateau. Mais, même ainsi, nous ne serions pas assez nombreux.
- Ont-ils l'intention de faire un arrêt au commissariat ?
- Non, pas cette fois-ci, dit le Premier Consul. Ils ne semblent en vouloir qu'aux Consuls.
- D'accord. Alors, vous deux, dit AxeMan en se tournant vers les Consuls, remontez sur le plateau et allez dire aux Gardiens et aux Policiers d'attendre dissimulés en haut de la route et surtout de ne pas agir avant d'en recevoir l'ordre.
- Très bien, dit le Premier Consul en fronçant les sourcils. Mais évite la légilimancie de cette manière à l'avenir.
- Ensuite, retournez au Temple.
- Nous pouvons encore défendre le Temple. Nous sommes loin d'être mauvais en magie.
- Possible, mais c'est vous qu'ils veulent. Et nous n'avons pas le temps de discuter.
- Très bien, concéda le Premier Consul en partant rapidement vers le plateau, suivi par le Fondateur.
- Vous deux, continua AxeMan en se tournant vers Wood et Félix, vous attendez en bas de la falaise. Je pense que vous saurez quand intervenir.
- Pas de problème, dit Félix alors que Wood observait le groupe d'insurgés qui se rapprochaient.
- Et toi ? demanda-t-il. Tu vas faire quoi ?
- Moi, je monte. Le chemin est raide et étroit, un endroit où les gens n’aimeraient pas faire de mauvaises rencontres. Personnellement, j'ai une grande envie d'observer tout ça d'en haut, ajouta-t-il avec un sourire avant de partir dans le sillage des deux Consuls.

Wood et Félix se dirigèrent dans un coin sombre pour se dissimuler. De l'endroit où ils se tenaient, ils pouvaient voir le groupe qui s'approchait du chemin menant en haut du plateau.

- On a toujours l'impression que ça l'amuse, tout ça, non ? dit Félix à voix basse alors que le groupe commençait à monter.
- Je pense que ça ne changera pas, il a toujours été comme ça, répondit Wood. Je pense qu'il est temps de suivre leur progression afin d'assurer leurs chutes...

Ils s'appliquèrent des sorts de Désillusion qui les rendirent presque invisible et avancèrent le plus discrètement possible le long de la falaise en restant à niveau avec l'avancée des insurgés. Les sorts, plus l'obscurité quasi-totale due à l'absence de lune les rendaient quasiment indétectables. Puis ils s'arrêtèrent, faisant écho au groupe qui venait de faire la même chose. Des murmures s'élevaient dans leurs rangs et Wood comprit que cela était dû à l'apparition de deux formes brillantes qui ressemblaient immanquablement à des haches au sommet de la falaise, juste au-dessus de leurs positions.

- Il a deux baguettes maintenant ? s'étonna Wood à voix basse.
- Il a toujours aimé en rajouter un peu, répondit la voix Félix d'un ton amusé à moins d'un mètre de lui.

Les haches descendirent soudain le long de la falaise. Une se plaça devant le groupe et l'autre derrière. Les deux tournoyaient à une vitesse extrêmement élevée.
Les murmures du groupe s'élevèrent, un jet de lumière rouge partit dans la direction d'où les haches étaient venues mais ne rencontrèrent aucun obstacles et l'un des insurgés s'avança vers la hache qui les empêchait d'avancer.

- Je serais vous, dit la voix d'AxeMan, je n'avancerai plus. Une hache, ça peut être dangereux.
- Qui êtes-vous ? demanda une voix depuis le groupe par-dessus les murmures.
- Vous n'avez aucun intérêt à le savoir. Ce que je voudrais, c'est parler à votre meneur.
- C'est moi, répondit la même voix. Que me voulez-vous ?
- Simplement vous dire qu'il est dans votre intérêt de vous rendre.
- Et pourquoi cela ? demanda le meneur par dessus des murmures de railleries et d'autres, plus rares, de panique.
- Tout simplement parce que vous ne pouvez ni avancer, ni reculer. Vous pouvez toujours essayer de sauter pour partir, mais je vous le déconseille.

Cependant, certains des insurgés, parmi les plus paniqués, avaient déjà tenté leurs chances avant que AxeMan ait fini de parler. Une dizaine d'entre eux sautèrent dans le vide et, en dessous, Wood et Félix n'eurent qu'à ralentir leur chute puis à les stupéfixer ensuite, avant même qu'ils n'aient touché le sol.
Les rayons de lumière des sorts utilisés par Wood et Félix ne passèrent pas inaperçus des insurgés et révéla leur position. Pour cela, une fois qu'ils eurent fini, ils se déplacèrent afin de ne pas être localisés.

- D'accord, reprit la voix du meneur après avoir demandé au reste du groupe de rester calme, vous êtes bien préparés. Mais vous êtes seul là-haut et, si j'ai bien compté, ils ne sont que deux en bas et nous, nous sommes toujours une centaine.
- Seulement, vous n'avez aucune possibilité de mouvement et vous ne pouvez pas nous voir. Alors, rendez-vous !
- Non, cria le meneur.
- Dans ce cas... ALLEZ-Y, cria AxeMan.

Les insurgés, comprenant sans difficulté qu'il s'agissait d'un signal d'attaque, se mirent à lancer des sorts. Ceux qui le pouvaient, c'est-à-dire ceux qui se trouvaient à bord de falaise, lançaient des sorts en bas de la falaise, vers l'endroit où ils supposaient que Wood et Félix se trouvaient. La majorité des sorts tombèrent loin d'eux et le nombre de sorts qu'ils eurent à arrêter était relativement faible. Les autres insurgés lançaient des sorts vers l'endroit d'où était venue la voix de AxeMan. Cependant, les sorts ne trouvèrent pas leur cible. Certains touchèrent la falaise dont des fins morceaux tombèrent. Les autres se perdirent dans le ciel.
Puis une pluie de sorts tomba du haut de la falaise, à une vitesse surprenante même pour quelqu'un qui utilisait deux baguettes et d'autres personnes tombèrent de la falaise, soit parce qu'elles s'y jetaient, prises de panique, soit parce qu'elles avaient été touchées par un sort qui les avaient propulsé en l'air. Ce fut à Wood et Félix de ralentir la chute de ces personnes tout en faisant en sorte de mettre hors d’état de nuire les personnes qui étaient encore conscientes.
Les insurgés surent toutefois où se trouvait AxeMan et leurs sorts se concentrèrent vers lui et Wood aperçut deux boucliers apparaître devant l'endroit où AxeMan se trouvait. Dans le même temps, les Gardiens et les Policiers arrivèrent depuis la route et commencèrent à lancer des sorts vers les insurgés. Pris au dépourvu, d'autres paniquèrent et se lancèrent dans le vide et furent ainsi réceptionnés par Wood et Félix qui avaient à ralentir la chute de quelques Policiers et Gardiens qui furent fauchés par les attaques des insurgés restant.
Bientôt, seule une dizaine de ces derniers étaient encore debout.

- STOP ! cria le meneur qui faisait partie des insurgés restant. Nous nous rendons !

A ce cri, les sorts s'arrêtèrent de tous les côtés.

- Dans ce cas, répondit la voix de AxeMan, lâchez vos baguettes sur le sol.

Il sembla que le mener hésita quelques secondes, puis Wood entendit le bruit d'une dizaine de baguettes qui furent lâchées au même moment heurter le sol.