dimanche 24 mai 2009

GdO 1 - Seuls

Chapitre 13

Seuls

- Il faudrait peut-être que tu penses à nous exposer ton plan, je pense, dit Félix à AxeMan avec une légère irritation dans la voix, une fois que le Fondateur fût parti. Après tout, j'ai cru comprendre qu'on allait y être relativement présents...
- Bon, répondit AxeMan. Très bien. Je suppose que vous avez compris ce qu'il s'est passé à l'instant.
- De ce que j’ai compris, répondit Wood, tu as créé une rupture parmi les Gardiens, tu as fait comprendre à Whyte que sa place n’était plus là. J’avoue que je n’ai pas tout compris, notamment sur le pourquoi Whyte est partie, mais… 
- Aucune réelle importance, dit AxeMan en éludant la question. La majorité d'entre eux ne sont pas très puissants, et je pense que la nouvelle que nous savons qu'ils existent, et du fait que nous savons un grand nombre de choses à leur sujet créera une sorte de mouvement de panique chez eux, ce qui aura comme conséquence de venir nous 'réduire au silence'.
- C'est joyeux, ça, commenta Wood.
- Nous réduire au silence, hein ? Tu penses qu'ils vont venir nous tuer ? demanda Félix en croisant les bras.
- Je pense qu'ils essaieront de nous capturer, dans un premier temps, pour pouvoir nous interroger sur ce que nous savons. Mais je pense également que leur attaque sera relativement désorganisée, à cause de leur panique, et qu'elle arrivera ici.
- Et cela signifie quoi, exactement ?
- Qu'ils n'auront pas de plan réellement prédéfini, tandis que nous, nous les attendrons de pied ferme sur notre terrain. Nous aurons l'avantage.
- Et...euh, à combien estimes-tu leur nombre ? demanda Félix d’un ton un peu incertain.
- Une trentaine, environ, mais comme je l'ai dit, sauf Ford, le Saigneur et peut-être deux trois autres, ils ne sont pas puissants.
- Et que faut-il en attendre ? Une attaque immédiate ?
- Je ne sais pas trop, mais je pense qu'ils tenteront quelque chose dans moins d'une semaine.
- Eh bien, déclara Félix, dans ce cas, il nous faut nous préparer.
- Si vous voulez vous entraînez, allez-y, pour ma part, je dois aller faire quelque chose en ville.
- Faire quoi ?
- Je vous en parlerai plus tard, pour ma part, je vous laisse.

AxeMan se leva et sortit de la pièce, non sans attirer une bouteille de bièraubeurre avant de partir. Wood et Félix se regardèrent et haussèrent les épaules.
Le soir arriva rapidement, et le temps resta au beau fixe. Wood alla faire une ronde autour du Temple et commença par se rendre au Dôme du Savoir au crépuscule. Plusieurs personnes discutaient de leur interprétation d’un livre à tendance mystique qu'ils venaient de lire, mais quand Wood entra dans le Dôme elles s'interrompirent et le prirent à partie au sujet de certains livres usés qu'il devenait presque impossible de lire. Il calma les esprits en prenant les livres en question avant de repartir, non sans entendre des murmures qui ressemblaient très fortement à « il faut les secouer pour qu'ils se bougent », et fut donc obliger de repasser par le Quartier Général afin d'y déposer les parchemins qu'il avait récupéré.
Celui-ci était vide à cette heure-ci et il alla déposer les parchemins dans la cellule de restauration la plus proche avant de ressortir. Quand il ouvrit la porte, il vit une silhouette au bout de la rue, au carrefour menant à la rue interdite. Ils s'observèrent un instant sans que Wood puisse identifier la personne puis la silhouette partit en courant dans la Rue Interdite. Wood se précipita à sa poursuite en sortant sa baguette et, quand il arriva au niveau du carrefour, ne vit personne dans la rue. Il avança prudemment en scrutant du mieux qu’il le pouvait le moindre recoin pendant quelques mètres, puis, des deux côtés de la rue:

- STUPEFIX.

Deux voix venaient de crier cette incantation au même moment et Wood eut juste le temps de se jeter en avant quand les deux sorts se rencontrèrent au milieu de la rue, ricochant et allant se perdre parmi les maisons délabrées. Wood se retourna et vit, de chaque côté de la rue, une personne, la baguette pointée vers lui. Il pointa alors sa baguette vers l'un d'entre eux au moment où chacun relança le sort.

- STUPEFIX, crièrent quatre voix à l'unisson.

Wood reçut l'un des sorts des assaillants tandis que le second alla s'écraser sur la maison d'en face et que les deux attaquants s'effondrèrent, chacun atteint par un Stupéfixion.
Wood fut sorti de l'effet du sort et regarda autour de lui en respirant profondément. Il vit Félix qui portait un des corps sur son épaule. Celui-ci se retourna vers Wood :

- Bon, je ne t'ai pas réanimé pour rien, dit-il avec un sourire. Aide-moi à nettoyer cette rue.
- Oui, oui. Merci, dit Wood en se relevant.

Il se dirigea vers le second corps et le mit sur son épaule.

- Je dois avouer, continua Félix, que pour un sort jeté aussi rapidement, tu as très bien visé. Et je dois avouer que voir trois personnes tomber en même temps, touchées par un Stupefix, ce n'est pas donné à tout le monde.
- Comment as-tu fait pour être là à temps ?
- Je faisais une ronde pas loin et je suis passé juste à côté quand ces abrutis ont lancé leur sort.
- Si ça commence comme ça, ça va devenir de plus en plus risqué de faire des rondes seul.
- Oui, il faudra en parler avec AxeMan, mais on risque de devoir faire les rondes ensemble.

Quand ils arrivèrent à l'entrée de la rue, ils déposèrent les corps sur le sol et lancèrent un sort d'amnésie dessus. Ils restèrent à côté pendant quelques secondes.

- Bon, je pense qu'on peut les laisser comme ça, dit enfin Wood. Il y aura bien quelqu'un qui les découvrira à un moment ou à un autre.
- C'est exactement ce que je pensais, dit Félix avant de se métamorphoser en tigre et de repartir vers le Temple.

Wood retourna au quartier-général avant d’aller faire une ronde. Il passa une grande partie de la nuit à surveiller la cour du Temple sans incident. Vers deux heures du matin il aperçut une ombre bouger dans la Rue Interdite et se rapprocha prudemment. Une fois arrivé derrière, il pointa sa baguette vers la silhouette.

- Halte, cria-t-il. Qui va là ?
- Du calme, répondit l'ombre d’une voix fatiguée en se retournant. Ce n'est que moi.
- AxeMan, soupira Wood en rangeant sa baguette. Ca t’a pris tant de temps que ça ?
- Moui. J'ai fait un petit tour dans le Temple et en ville. Je vais aller prendre quelques petites choses au QG et me calmer un peu les nerfs avant de rentrer me coucher. 
- Très bien. Je pense que je vais rentrer chez moi, la soirée m'a un peu épuisé.
- Ah ?
- Disons que la Milice semble vouloir éliminer, ou du moins capturer, les gardiens un par un. Par surprise.
- Ah ? Nous verrons ça demain.
- Bien.

Wood rentra chez lui tandis qu'AxeMan partit vers le quartier-général. En passant devant le miroir, Wood aperçu les cernes qu'il avait. Et avec les nuits qu'ils risquaient de faire, ça ne risquait pas de s'arranger, pensa-t-il.
Le lendemain, en sortant de chez lui, Wood croisa Félix qui sortait lui aussi de chez lui et ils se rendirent ensemble au quartier-général. Quand ils entrèrent dans la salle de détente, ils trouvèrent AxeMan en train d'y prendre son petit-déjeuner. Ils n'eurent pas besoin de croiser son regard pour comprendre qu'il venait de se passer quelque chose de grave, comme si les murs étaient dotés d'une certaine intelligence, l'air était encore lourd, et électrique.

- Un problème, AxeMan ? demanda Félix.
- Non, il reviendra bientôt la queue entre les jambes.
- Qui ça ?
- Asseyez-vous, je vais vous expliquer, c'est assez long... quoique... le plus simple serait que vous le regardiez par vous-mêmes.

AxeMan se leva et se dirigea vers une table sur laquelle se trouvait une pensine et, après avoir porté sa baguette à sa tempe, y fit tomber un filament argenté.

- Allez-y. Je connais déjà toute l'histoire, et je n'ai pas envie de la revivre une fois encore.

Wood et Félix se rapprochèrent de la pensine et y aperçurent une vue du dessus de la salle d'entraînement. Ils se penchèrent et tombèrent dans la pensine pour se retrouver à côté d'AxeMan en train de s'entraîner, ou plutôt après s'être entraîné.


* * *


 AxeMan était épuisé, mais assez satisfait de lui. D’un mouvement imperceptible de sa baguette, il fit apparaître une faible lueur, suffisante pour se diriger dans le Quartier Général. Il faudrait franchement penser à installer des bougies un peu partout. Dommage que l’électricité n’ait pas un fonctionnement convenable en présence de trop de magie…
Il se dirigea calmement vers la salle de détente, désireux de prendre une bièraubeurre, au calme, avant d’aller se coucher. Le feu était encore allumé dans la cheminée, comme cela était souvent le cas. Mais lorsqu’il aperçut le Fondateur dans un fauteuil, il fronça les sourcils en comprenant que sa journée n’était pas encore terminée. Le Fondateur prit la parole dès qu’il le vit :

- Il parait que des histoires intéressantes se sont produites dans le Quartier Nord ? demanda-t-il d’un ton enthousiaste.
- Euh…
- Mon neveu m’a dit que tu saurais tout me raconter, et même me montrer…
- Euh…
- Alors ? le pressa le Fondateur.
- Oui, euh, deux minutes si tu permets, je me prends une bièraubeurre, ensuite je m’assois, et après ça je te répondrai. J’ai travaillé toute la journée, je me suis entraîné toute la soirée, et là, maintenant, je suis épuisé…
- Oui d’accord. Bon, fais vite quand même. J’ai hâte de tout savoir…, dit-il d’un ton enjoué mais néanmoins menaçant.

AxeMan ne dit rien, il ne laissa rien paraître sur son visage, mais il n’en pensait pas moins. L’absence de patience du Fondateur, alors qu’il était épuisé, le contrariait quelque peu. D’autant que le matin encore, ils s’étaient disputés car AxeMan n’avait pas suivi les plans du Fondateur. Cela cachait forcément quelque chose.
 Ce sentiment disparut bien assez vite à la première gorgée de bièraubeurre. Il sentait néanmoins le regard du Fondateur rivé sur lui, même s’il lui tournait le dos. Il se retenait pour ne pas lui demander de partir. Il but quelques gorgées, les savourant un peu plus à chaque fois, alternant avec quelques pas lents vers son fauteuil favori. À peine fut-il assis dans ce fauteuil que le Fondateur relança la conversation aussi sec :

- Bon, alors, tu vas me raconter ce qui s’est passé ?
- C’est dans le quartier Nord, tu sais, ce n’est pas vraiment mon quartier.
- Tu es au courant pourtant, à ce qu’il m’a dit.
- Tu sais bien qu'ici, je suis l'informateur, répondit prudemment AxeMan, c’est mon métier depuis que tu m'as donné l'accès au Temple.
- Et donc ?
- Rien de plus que des ragots stupides, dit AxeMan en haussant les épaules. Des histoires de couples à la noix, rien de bien passionnant.
- Il m’a dit que tu avais des preuves visuelles…
- N’y a que ça qui t’intéresse ? grogna AxeMan à la limite de l’intelligible. C’est pour ça que tu es venu me voir ?
- Oui.

AxeMan resta de marbre. Le Fondateur qui le pousse, malgré lui, d’accord, mais qui le pousse tout de même, dans la guerre. Et voilà qu’il s’intéresse à des balivernes pareilles. Finalement, il sortit lentement sa baguette magique de sa poche, en approcha l’extrémité du haut de son front, et en sortit un filament.

- Tiens, voilà, dit-il en déposant le souvenir dans un verre.
- Tu étais sur place ?
- Bien sûr que non, j’ai bien autre chose à faire.
- Mais alors comment tu as récupéré ça ?
- Je suis un trafiquant de l’information. Je sais m’emparer de ce que je peux vouloir.
- Alors ça t’intéressait aussi ?
- Très franchement, non. Mais certains points sans intérêt peuvent parfois receler des mines d’or.
 - Et est-ce le cas ?
- Absolument pas, répondit AxeMan en jetant la bouteille vide dans la poubelle à cinq mètres de lui.

Le Fondateur se leva, alla chercher une pensine enfermée dans un des placards de la salle de détente, puis revint devant AxeMan en le laissant déposer le filament dans la pensine. Il plongea ensuite avidement, tête la première, dans la pierre gravée de runes. 
AxeMan se leva pour chercher une autre bièraubeurre. Il avait du mal à comprendre l’intérêt réel du Fondateur pour ça. Après tout, Ford pouvait avoir les passe-temps qu’il souhaitait, du moment que ses partenaires étaient consentantes. C’est dans le cas contraire qu’il devait agir.
D’ailleurs, à ce sujet, il n’arrivait pas à comprendre comment il pouvait en être arrivé à afficher un tel mépris envers les victimes. Cela avait bien failli causer le départ de Wood, il l’avait parfaitement vu ce soir-là. Pour Félix, peut-être moins, mais il arrivait mieux à cacher ses sentiments tandis que lui, il jouait au dur… Au final, ce qui comptait, c’était que les victimes, anciennes et potentielles ne risquent rien. D’une certaine façon, il se foutait pas mal de ce qui pouvait arriver au Temple…. 
Et pourtant… il se comportait exactement dans l’autre sens… Il imaginait déjà ce que pourrait dire Wood là-dessus. Qu’il ne voulait pas admettre que sa préoccupation principale était pour le peuple, et qu’il sa cachait derrière de faux prétextes pour ne pas avoir à se l’avouer.
De foutues belles conneries, ouais, pensa-t-il en débouchant une quatrième bièraubeurre.
Lorsque le Fondateur revint, de nombreuses minutes plus tard, AxeMan en était déjà à sa cinquième bièraubeurre. Certains auraient dit à AxeMan qu’il buvait trop en voyant les bouteilles vides qui s’empilaient dans la poubelle, mais le Fondateur ne s’en souciait guère :

- Mouais, c’est pas terrible, dit-il en s’asseyant. Je pensais qu’elles étaient mieux que ça.

AxeMan ne jugea même pas utile de répondre.

- Vraiment pas terrible, ça me dégoûte d’eux en fait. Et ce souvenir t’importe tant pour que tu le gardes ?
- Je t’ai déjà dit que le point de vue artistique de la chose ne m’intéressait absolument pas. Mais je n’ai aucune envie de me soumettre à un Effacement de mémoire rien que pour ça, répondit AxeMan un sourire aux lèvres avant de boire une nouvelle gorgée. Enfin bref, et sinon, comment ça va ?
- Je m’ennuie un peu en ce moment. Et puis, la Milice n’a pas cessé de grandir…
- Oui, mais ça j’y travaille, le coupa AxeMan. On en a parlé ce matin.

Il n’avait pas envie de revenir là-dessus. 

- Et que fais-tu donc exactement ? le pressa le Fondateur.
- Ecoute, je sais ce que tu veux. Alors, non, je n’arrêterais pas le tout maintenant !
- Vous n'avez pas les capacités...
- Je les ai. Et crois-moi, ils tomberont tous. Même si je dois y laisser ma vie, je mettrai fin à la Milice.
- AxeMan, je ne doute pas du fait que tu sois un grand sorcier, mais tu ne parviendras jamais seul...
- Je ne suis pas seul. Félix et Wood sont avec moi. Ils gagnent en puissance de jour en jour, même si je suis obligé de ralentir la vitesse de mes sorts pour laisser une chance à Wood de tenir le coup. Mais ils progressent tous les deux.
- Trop lentement. La ville sera en ruines avant que vous ne puissiez faire quoi que ce soit.
- Sauf qu'on n'est pas ici dans un camp d'entraînement. S'ils passent leur temps à s'entraîner, au lieu d'entretenir les écrits du Temple, les autres imbéciles finiront par s'en rendre compte. Tu n'es pas sans savoir que Bones est avec eux ?
- Oui, je le sais bien, et...
- Il faudra le faire partir de cette équipe un jour ou l'autre. Tu n’as même pas mis ton veto à son entrée…
- …je n’ai pas répondu quand lors du vote. Ford l’aurait fait rentrer sans me demander mon avis de toute façon.
- Tu aurais pu donner ton veto ! Enfin bref, ce qui est fait est fait, maintenant nous devons faire avec. Mais pour l'instant, tant qu’il sera là, on ne peut pas faire ce qu'on veut dans ce bâtiment. Il faut rester couvert. Ford est très souvent présent dans le Temple. J'ai failli me retrouver nez à nez avec lui l'autre jour. On ne peut pas se mettre à découvert aussi vite...
- Mais vous n'arriverez jamais à rien en continuant comme ça.
- Tu ne cherches pas à nous aider non plus. Mais tu sais tout aussi bien que moi que quelques rares policiers ne font pas partie de la Milice, et que, mieux, deux de ces policiers aimeraient autant que nous mettre fin à tout ça. Ils pourraient nous être d'une aide précieuse.
- Mais tu souhaiterais mettre en péril la vie de mon neveu ?
- Il est d’accord, dit AxeMan en haussant les épaules. ET tout ça, c’est pour sauver l’Empire, ta création, je te rappelle.
- Et c'est à cinq que tu comptes livrer bataille ? Sais-tu combien ils sont dans la milice ?
- On m'a parlé d'une trentaine. Mais tu sais tout aussi bien que moi que nombre d'eux sont terriblement faibles...
- Tu me sembles les sous-estimer un peu.
- Ah, excuse-moi, reprit AxeMan en levant les yeux vers le plafond. J'ai oublié de préciser : terriblement faibles comparés à moi.
- Deviendrais-tu orgueilleux ? demanda le Fondateur avec une intonation menaçante dans la voix.
- Simplement réaliste, répondit AxeMan en haussant les épaules. Nous serons bientôt prêts, fais-moi confiance.
- Si tu es si fort que ça, pourquoi ne vas-tu pas en attaquer quelques uns dès maintenant ?
- Ils ne sont pas stupides. Je ne peux les attaquer que dans ce parc, dans le reste de la ville, je serais bien trop à découvert...
- Et alors ?
- Si un policier est abattu dans le Parc, ils ne seront pas bien longs à savoir qu'il s'agit soit d'un autre policier, soit d'un Gardien, soit d'un Consul. L'enquête les mènerait rapidement à nous. 
- Je croyais que tu voulais une guerre ouverte ? lança le Fondateur.
- Quand nous serons prêts, répondit AxeMan en ne prêtant aucune attention au sarcasme. Et je suis en train de mettre un plan sur pied.
- Quel plan ? demanda le Fondateur d’un ton où la menace était palpable.
- Il n'est pas nécessaire que je t'en parle pour le moment, dit AxeMan en haussant les épaules.
- Quel plan, AxeMan ? répéta le Fondateur d’un ton encore plus menaçant.
- Il n'est pas nécessaire que je t'en parle pour le moment, répéta AxeMan en détachant chaque mot.
- Tu refuses de me le dire ? demanda le Fondateur d’un ton plus froid que ce qu’AxeMan l’aurait cru capable de faire.
- Oui. Que ça te plaise ou non. Tu aurais pu mener cette bataille. Tu as refusé de le faire. Tu veux rester en marge. Alors restes-y.
- Que veux-tu dire par là ?

AxeMan aurait pensé que son ordre aurait été relativement simple à comprendre, mais il semblait que le Fondateur fut incapable de le comprendre.

- Tu m’as donné le commandement des opérations, dit lentement AxeMan en serrant la bouteille vide si fort que ses jointures était apparentes, alors laisse-moi faire.
- J’ai l’impression que tu veux lancer une bataille entre toi et eux.
- Exactement.
- Je ne veux pas une bataille de front avec bain de sang à la clé.
- Qu’est-ce que tu veux alors ? laissa s’échapper AxeMan à moitié malgré lui. Tu ne fais que me parler de ton fichu plan ! J’attends encore d’en voir la couleur. Mais en fait, tu es un passif, ajouta-t-il avec une rancune qu’il n’arrivait plus vraiment à maîtriser. Tu veux la fin de la Milice, mais tu ne fais rien contre elle. Tu ne veux pas de Bones, mais tu l’acceptes quand même. Tu m'as donné les rennes de l'opération. Maintenant, tu n'as plus ton mot à dire.
- Ne me parle pas sur ce ton ! dit le Fondateur en criant presque. Tu me dois le respect, je t'ai donné l'accès au temple, c'est grâce à moi que tu en es arrivé là.
- Tu n'avais qu'à pas le faire, maintenant tant pis pour toi.
- Je t'interdis de mettre cette opération sur pied, cria le Fondateur en se levant.
- J'aimerais bien que tu tentes de m'en empêcher, répondit AxeMan en plissant les sourcils.
- Tu oses me menacer ?
- Tant que tu ne seras pas assez stupide pour t'opposer à moi.
- Ton orgueil est sans limite...
- ...tout comme la stupidité et l'arrogance de la milice... mais ils ne tarderont pas à frapper à ta porte, persuadés que tu les empêcheras de prendre le contrôle du temple à la loyale, et j'espère pour toi qu'à ce moment-là tu ne seras pas trop loin de nous...
- Qu’est-ce que tu veux dire par là ?
- Que le sang va couler, d’un côté, de l’autre, des deux… Il faudra un exemple, obligatoirement. Et que si tu ne restes pas de notre côté, ils te tomberont dessus.

Le Fondateur ne répondit pas. Sa bouche tressautait légèrement sous l’effet d’un tic nerveux et de la colère qu’il n’essayait même plus de dissimuler. Il fit un léger mouvement avec sa main, comme pour saisir sa baguette, puis se ravisa.

- Tu n'es pas celui que je croyais, lâcha-t-il avec dégoût.
- Je mènerai ma mission à bien, répondit AxeMan. On ne peut pas les arrêter à la loyale. Et ils t'attaqueront de front lorsqu’ils se rendront compte que tu as voulu leur mettre des bâtons dans les roues, ce qui ne saurait tarder.
- Imbécile ! cracha le Fondateur. Et que comptes-tu faire après, en supposant que tu parviennes à les neutraliser ? Prendre le pouvoir ?

AxeMan ne put retenir un éclat de rire dédaigneux.

- Comme si ça m'attirait...
- À voir ton arrogance, j'en suis persuadé.
- Comment oses-tu me juger ? Est-ce que j'ai montré par le passé un intérêt pour le pouvoir ? Jamais !
- Tu es égoïste, tu ne penses pas aux autres, aux conséquences sur la population d’un tel évènement.
- Bien sûr que j’y pense ! répondit AxeMan en criant presque en se levant brusquement. Et je ne suis pas égoïste !
- Tu ne recherches que la gloire personnelle.
- Je ne cherche ni la gloire, ni le pouvoir, répondit AxeMan en se maîtrisant du mieux qu’il le pouvait pour ne pas attaquer tout de suite le Fondateur. Tu sais bien que j’ai toujours travaillé caché, sans demander la moindre reconnaissance.
- Ceux qui parviennent à leurs fins sont ceux qui cachent le mieux leur jeu, persiffla le Fondateur. Preuve en est que tu étais sur le point de réussir...
- ...je réussirai.
- Assez ! hurla le Fondateur. Je ne veux plus t'entendre ! Tu me dégoûtes !

Il précipita sa main vers sa poche, mais en même temps, AxeMan tendit le bras en avant et sa baguette apparut dans sa main. Le Fondateur stoppa son geste. Le bon vieux tour fonctionnait toujours.
La tension était à son comble. Leurs yeux lançaient des éclairs. Eux, jadis alliés, les meneurs de cette lutte contre la Milice, semblaient devenir les plus grands ennemis du monde. Le Fondateur lui lança, faute de mieux, le regard le plus haineux dont il était capable, puis pivota sur lui-même et sortit sans un mot. AxeMan le regarda s'éloigner puis, une fois celui-ci hors de son champ de vision, il retourna s'asseoir dans son fauteuil, non sans s’être servi une sixième bièraubeurre au préalable.
Il rumina pendant de longues minutes. La longueur de cette journée, cette dispute avec cette personne dont il avait été très proche par le passé… Il regrettait un peu cette dispute, mais le Fondateur s’était permis de l’attaquer, de le juger, sans raison valable. Tant pis pour lui. Il resta dans ce fauteuil, et décida de dormir dedans cette nuit, trop fatigué, moralement comme physiquement, pour rentrer chez lui…
Il lança la bouteille dans la poubelle, mais celle-ci tomba à côté et se brisa dans un grand bruit de verre qui résonna longtemps dans la salle et bien plus longtemps dans son crâne.


* * *


Wood et Félix sortirent de la pensine et se tournèrent vers AxeMan, qui les attendait, une bièraubeurre à la main. Si quelque chose avait plus être plus bruyant, ce fut le silence qui s'ensuivit. Chacun semblait comprendre ce qu'il convenait de faire, et ce sans même ouvrir la bouche. Ce fut finalement Wood qui brisa le silence.

- Mais, si nous perdons le soutien du Fondateur pour le plan...
- ...alors nous nous en passerons, l'interrompit AxeMan. Nous agirons quand même, et cela même si le Premier Consul devait retirer l'accord qu'il a conclu avec le Fondateur lors de la création des Gardiens. Nous restons des Gardiens, mais si besoin en est, nous défendrons le Temple dans l'ombre, sans que personne ne le sache. Nous avons une mission, j'ai donné ma parole, et je la tiendrai...

A ce moment, Félix se retransforma en tigre et la porte s'ouvrit, laissant entrer Ford. Il portait toujours la robe blanche des Consul, mais il avait l'air fatigué comme les cernes qu’il arborait le prouvaient.

- Bonjour, messieurs, dit-il en se dirigeant vers le groupe.
- Bonjour.
- Je voudrais savoir quelque chose, commença-t-il d’une voix fatiguée, j'ai trouvé deux hommes stupéfixés à l'entrée de la rue interdite, et ils ne semblaient pas se souvenir de la manière dont ils étaient arrivés là. J'en ai donc déduit qu'ils vous avaient rencontrés.
- Depuis quand laissons-nous les gens stupéfixés durant toute la nuit, dehors ? demanda Wood.
- C'est ce que j'aurais voulu savoir.
- Eh bien, il me faut avouer que je ne sais pas ce qu'ils faisaient là-bas.
- Ils se seront peut-être fait attaquer cette nuit, en revenant du Dôme, dit AxeMan. Après tout, nous ne pouvons pas faire des rondes tout le temps.
- Je le conçois, en effet. D'autant plus que j'ai appris la démission de Whyte. C'est bien dommage, je dois dire, elle faisait du bon travail.
- Oui, ça, vous pouvez le dire, dit AxeMan, elle restait toute la journée dans une cellule de restauration et ne faisait rien d'autre. Par contre, pour ce qui est de la surveillance du Temple...
- Elle faisait partie de la première génération des Gardiens, si vous voyez ce que je veux dire, dit Ford en se tournant vers Félix. Elle avait fait son choix, vous aussi vous l'aviez fait, même si je ne vous ai jamais vu en humain pour me le dire de vive voix.

Félix laissa échapper un léger grognement.

- Mais bon, je suppose que je vais vous laisser, ajouta Ford. Le Fondateur a réuni le Conseil et il n'a pas voulu dire quand cette réunion allait prendre fin.
- Eh bien, bonne journée.
- Merci, vous aussi, répondit Ford avant de faire volte-face et de sortir.

A peine la porte se fut-elle refermée que Félix se retransforma en humain.

- Mais pourquoi diable te transformes-tu toujours quand quelqu'un arrive ? demanda AxeMan en levant les yeux au plafond.
- Un réflexe, répondit Félix. Mais Ford me rappelle un fait dont il faut parler. La Milice, ou tout du moins certains de ses membres, a attaqué Wood durant une ronde hier soir. Heureusement, je me trouvais non loin, mais j'ai tendance à penser que faire des rondes seul n'est pas une bonne idée.
- Ah ? Je dois avouer que... même si cela est signe d'une certaine panique, je m'attendais à un mouvement plus important.
- Cela, nous y aurons droit, dit Wood. Mais quand leurs tentatives de guérilla seront toutes restées vaines. Après seulement, nous aurons le droit à une attaque plus massive.
- Eh bien, nous les attendrons. Il va falloir nous entraîner un peu, mais il va également falloir patrouiller de manière plus régulière, afin d'éloigner les "curieux". Quant à la restauration, on peut la laisser à -

A ce moment, Félix se transforma une nouvelle fois et la porte s'ouvrit, laissant place à Bones.

-Déjà levé ? demanda celui-ci. 
-Eh oui, répondit AxeMan. Ici, on se lève plus tôt que dans les cimetières.

mercredi 20 mai 2009

GdO 1 - Rupture

Chapitre 12

Rupture

- La situation ne s'améliore pas, dit AxeMan d’un ton sombre.
- C'est-à-dire ? demanda Wood.
- Eh bien...

AxeMan hésita un peu avant de continuer. La nuit était tombée depuis plusieurs heures. Ils ne se trouvaient pas dans la taverne, et il n'était donc pas sûr de parler à haute voix de la Milice. De plus, Wood et AxeMan s'étaient croisés lors d'une simple ronde autour du Temple, et se trouvaient en extérieur.

- Eh bien, commença AxeMan après avoir jeté un coup d’œil autour d’eux, nos... amis... - ou du moins leur influence - s'étend. En plus d'avoir placé quelqu'un d'entre eux parmi nous, ils se sont arrangés pour placer quelqu'un dans la police privée des quartiers résidentiels.
- Et ça leur apporte quoi exactement ?
- Pardon ? demanda AxeMan avec incrédulité.
-Ce que je veux dire c'est... d'accord, ils se trouvent partout, et tout ça. Mais au niveau de leur plan, qu'est-ce que ça peut bien faire qu'ils aient quelqu'un dans la police privée ?
- Hmm... Déjà, ça leur prouve à eux qu'ils sont capables de faire un peu ce qu'ils veulent dans l'Empire – avec un Consul parmi eux, en même temps. Ensuite, ça doit leur servir à préparer les gens en douceur au changement qu'ils vont essayer d'instaurer.
- Et quand ce changement doit-il avoir lieu ?
- Je ne sais pas, mais j'ai le sentiment que c'est pour bientôt. Ils ont quelqu'un à presque tous les postes importants. Si jamais on avait agit de manière plus directe, on aurait pu empêcher, ou du moins ralentir de manière plus efficace, ce processus, mais je crains que ce soit désormais inévitable. Ils ne leur manquent que des informations précises sur nos activités, et malgré leurs infiltrés, ils n'obtiennent pas assez d'informations.
- Euh...
- Bones aurait pu être une bonne recrue s'il n'était pas l'un des leur, et s'il ne possédait pas cette faculté extrêmement irritante de sortir un jeu de mot sur ses pierres tombales toutes les deux phrases. Il sait assez bien se battre, mais pas encore assez pour tenir plus de quatre sortilèges contre moi... 
- Euh, tu as bien dit : "leurs infiltrés", non ?
- Ouais... mais demain est un autre jour, et je pense que le papier que je vais aller afficher fera lever quelques sourcils...
- Un papier ?
- Moui. Le résultat d'une discussion avec une peintre qui propose quelques conseils pour nous faciliter la tâche... dans notre travail de restauration...
- Ah bon ? demanda Wood en haussant les sourcils. Et de quoi s'agit-il exactement ?
- Chaque chose en son temps. Je pense que l'on peut considérer ça comme... ah, comment dire... un moyen pour montrer que la confiance n'est pas à donner à la légère...
- Fais attention, dit Wood en esquissant un bâillement. Tu te mets à parler par énigme.
- Déjà, je parle, jusque là, c'est rassurant, dit AxeMan en esquissant un sourire. Ensuite, de là à dire que je parle par énigmes... de toute façon, demain tu comprendras ce que j'ai voulu dire, si ce n'est déjà fait...
- Mais...
- Bonne nuit.

Et AxeMan continua vers la quartier-général des Gardiens en laissant Wood, relativement songeur, devant sa maison.
Le lendemain, en allant dans la salle de détente du quartier-général, Wood se dirigea vers le panneau d'affichage à côté duquel se trouvaient déjà AxeMan et Félix, sous forme humaine. Il s'approcha pour lire la note affichée par AxeMan.



Suite à une discussion avec une personne souhaitant nous aider dans notre travail hier, dans le Dôme, je fais suivre la proposition suivante :
Certains livres sont extrêmement abîmés, et cela peut prendre longtemps pour les réparer entièrement et pour s'assurer qu'ils sont en bon état, un exemple étant l'Histoire de l'Empire (qui reste un très bon client : 17 fois au dernier compte) et certains lecteurs semblent se plaindre du fait que les images des livres que nous laissons sur place puisse faire mal aux yeux à force de lectures trop longue.
La proposition est donc la suivante : quand le livre est jugé trop long à restaurer ou en trop mauvais état pour l'être rapidement, le découper en autant de morceaux qu'il y a de Gardiens et chacun restaurera une des parties, ce qui devrait avoir pour effet de multiplier d'autant la vitesse de restauration du livre.
Naturellement, ensuite il faut reconstituer le livre, mais cela fonctionnera comme une restauration normale, donc pas d'inquiétude à avoir là-dessus.
Voilà la proposition, place à la discussion.
AxeMan



- Et la discussion doit avoir lieu quand ? demanda Wood après la lecture de la note.
- De préférence quand tous les Gardiens seront là, répondit Félix. Mais je pense que ce ne sera pas la peine d'attendre le Fondateur, il a toujours pris des horaires assez libres.
- Tiens donc, Félix qui parle d'horaires libres ? dit la voix remplie de sarcasmes de Whyte. Comme quoi tout peut arriver.
- Je ne pense pas, répondit Félix en haussant les épaules. Par exemple, je pense que tu n'arrêteras jamais de me mépriser.
- Sait-on jamais ? Et que faites-vous près de panneau d'affichage ? demanda-t-elle en se rapprochant.
- Si tu venais voir par toi-même, ce serait plus simple.
- J'y suis déjà, comme tu peux le voir. Bon, voyons voir... Tiens, l'écriture de AxeMan...
- ...l'écriture la plus connue du QG..., murmura AxeMan d'une voix à peine audible en levant les yeux au plafond.
- ...l'écriture la plus connue du QG..., continua Whyte qui semblait ne pas avoir entendu. Bon, tant pis...
- Incroyable, elle vient à peine de se lever et elle est déjà d'humeur exécrable, murmura AxeMan en soupirant.
- Exécrable ? continua Félix avec un sourire. Au contraire, je la trouve adorable pour l'instant.
- Bon, dit Whyte d'une voix forte en finissant de lire. AxeMan, je sais que tu as déjà eu des mauvaises idées, comme la fois où tu avais organisé un tournoi de duel...
- Ton exemple préféré, indiqua AxeMan en souriant. Tu oublies toujours de mentionner la fois où j'ai tenté d'afficher le plus de notes possibles sur le tableau, celle du concours de plus gros buveur de bièraubeurre, celle de...
- C'est bon, l'interrompit Whyte avec colère. Eh bien, permets-moi de te dire que celle-ci est encore pire. Je n'ai jamais rien lu d'aussi débile.
- Et en quoi est-ce débile ? demanda Wood.
- Tout d'abord, si on ne trouve pas la motivation suffisante pour restaurer un parchemin seul, ce n'est même plus la peine de rester parmi nous, et si, en plus, cette motivation arrive en parlant de détériorer un livre que l'on doit restaurer, c'est vraiment le comble de l'absurdité.
- Mais ce qui compte est le résultat au bout du compte, non ? continua Wood. Si le parchemin, après être passé ici en ressort normalement, où serait le problème ?
- Et quand on s'engage à faire quelque chose et qu'on ne s'y tient pas, tu ne trouves pas qu'il y a un problème ? Non mais franchement, par moment je me demande si vous n'êtes pas ici simplement pour le plaisir de parader devant le Temple avec une robe rouge...
- Mouais..., commença AxeMan en ignorant Félix qui semblait participer à un défilé de mode en montrant bien la robe rouge des Gardiens qu’il portait. Tu sais, Whyte, je ne sais pas si parader est le meilleur terme pour ce que l'on fait... premièrement, les gens n'ont aucune reconnaissance pour le travail que l'on peut faire ; et deuxièmement, à quoi bon parader si c'est pour le faire devant personne ? L'autosatisfaction a ses limites.
- Bien sûr, quand on sait le travail qu'ont fournir certains, dit-elle en regardant Félix, on peut douter un peu de ce que tu viens de dire...
- Pour ta gouverne, Whyte, dit Félix en arrêtant de parader, je restaure bel et bien des manuscrits.
- Je veux des preuves !
- Je n'en ai aucune à te donner, dit-il en haussant les épaules. Mais j'ai, entre autre, restaurer l'Histoire de l'Empire lors de son premier, de son septième et de son quinzième passage chez nous.
- Etant donné le temps que tu passes sous forme animale, tu ne dois pas avoir pu restaurer beaucoup d'autres parchemins...
- Parce que tu crois vraiment que je reste en permanence sous forme de tigre ? répliqua Félix en se retenant pour ne pas hausser le ton. Ne t'arrive-t-il jamais de te dire que je reprends apparence humaine lorsque je m'occupe d'un parchemin ?
- Eloignons-nous un peu, chuchota AxeMan à l'oreille de Wood. Je sens que c'est parti pour une petite dispute.

Wood et AxeMan s'éloignèrent un peu du tableau d'affichage et allèrent s'asseoir à une table éloignée du tableau d'affichage. AxeMan regarda Félix et Whyte qui se disputaient.

- Ils ont toujours été en pareils termes ? demanda Wood.
- On peut dire ça comme ça. Disons qu'ils font tous les deux partie de la première génération de Gardiens, expliqua AxeMan en regardant les deux Gardiens s’expliquer. Alors, on ne leur a pas expliqué la teneur exacte de la mission au moment de l'embauche, si tu vois ce que je veux dire.
- Je pense voir. On leur a présenté le job comme la simple restauration des livres.
- Tout à fait cela, acquiesça AxeMan. Ils étaient trois à s'être présentés et a avoir été pris.
- Trois ? Félix, Whyte et toi ?
- Non, moi j'ai été recruté par Félix. Un peu comme toi par moi, je l’ai été à peine quelques semaines après mon arrivée… Quoiqu’il en soit, le troisième est parti en mission hors de l'Empire, il n'est jamais revenu. Ca arrive relativement souvent que des citoyens de l'Empire partent, donc ça ne surprend pas trop. Enfin bon, toujours est-il que le Fondateur leur a annoncé qu'il fallait également patrouiller autour du Temple et éloigner les curieux, sans plus entrer dans les détails. 

Il s’arrêta quelques secondes pour observer Félix et Whyte qui avaient toujours des mots. De ce que Wood put entendre, Whyte mettaient en doute les capacités intellectuelles de Félix de par le fait qu’un tigre n’est pas très intelligent.

- Whyte a considéré cela de manière assez mitigée, continua AxeMan après avoir soupiré. Elle ne s'occupe pas des rondes et passe son temps libre à la restauration des livres... et donc elle ne peut leur apporter aucun renseignement intéressant...
- Leur... ? demanda Wood.
- Oui, confirma AxeMan avec un haussement d’épaules. Mais elle ne s’est pas présentée pour la même raison que notre 'cher' Bones. Elle est ici pour le métier, et pour restaurer... pas pour informer nos amis. Contrairement à Bones, qui est là pour trouver des infos sur nous. Et c'est ce qui fait qu'elle considère toutes les personnes qui ne s'adonnent pas à la restauration comme des personnes qui n'ont rien à faire ici. Et comme Félix est arrivé en même temps qu'elle, et qu'il a accepté devant elle de restaurer, elle n'arrive pas à supporter ça, que quelqu'un qui a été embauché pour restaurer les manuscrits ne fasse pas que ce pourquoi il a été officiellement embauché. Malgré le fait qu'il fasse ce pourquoi il a été officieusement embauché.
- N'y a-t-il pas également le fait qu'il passe plus de temps en tant que Tigre ?
- Un peu, mais elle passe plus de temps à le critiquer sur ce point, c’est vrai.
- Par contre, commença Wood -
- TU AS PEUT-ÊTRE UNE VIE A CÔTE, MAIS MOI AUSSI, criait Whyte. IL FAUT QUE JE M'OCCUPE D'UN CERTAIN NOMBRE DE CHOSES. MON HYPPOGRIFFE, PAR EXEMPLE. ET CA NE M'EMPÊCHE PAS DE FAIRE MON TRAVAIL !!!
- Par contre, reprit Wood, pourquoi ne m'as-tu pas parlé de Whyte plus tôt ?
- Eh bien, elle n'a jamais été une grande menace pour nous. Elle n'a jamais apporté d'informations importantes au Saigneur, et puis -
- ET IL EST OU CELUI QUI A EU CETTE IDEE FOIREUSE ? AH, TOI, IL FAUT QUE TU T'EXPLIQUES SUR LA MANIERE DONT TU AS PU AVOIR CETTE IDEE.
- Oh, dit AxeMan d’un ton neutre en regardant Whyte dans les yeux. Moi, je n'ai pas eu cette idée. C'est à la suite d'une discussion avec la peintre, Hélène, qui a émis cette proposition pour nous aider.
- ET QU- Hélène, tu as dit ? dit Whyte en semblant perdre contenance. Mais...

A ce moment, la porte s'ouvrit et Bones entra dans la pièce en arborant son habituel sourire. Ce qui détourna l’attention de tout le monde et notamment celle de Whyte de l’apparent étonnement qui se lisait sur le visage de AxeMan.

- Dites donc, il se passe quelque chose ici ? Vos cris -
- ... réveilleraient un mort, l'interrompit AxeMan, on sait.
- Bon, reprit Whyte en se retournant rapidement vers AxeMan, je sais ce qu'il me reste à faire.

Et elle partit en direction de la porte. Quand elle passa à côté de Bones, celui-ci sembla vouloir lui parler, mais elle fit mine de ne pas s'en rendre compte et sortit.

- Que se passe-t-il ? demanda-t-il en direction des Gardiens restant dans la salle. Seuls les morts m'ont déjà ignoré de la sorte.

AxeMan se retourna vers lui.

- C'est très simple. Fin de l'acte 2, dit-il en regardant Bones directement dans les yeux avec un air grave.
- Fin de...

Le sourire de Bones sembla diminuer puis il se retourna à la suite de Whyte avec un juron.

- Je ne sais ce qu'il a compris, dit AxeMan. Mais il a au moins compris qu'elle démissionnait.
- On en sera débarrassé, comme ça, dit Félix qui venait d'arriver à la table de Wood et AxeMan.
- Alors, pas trop énervé ?
- Si. Un petit combat me détendra les nerfs.
-D'accord, j'attends voir si Whyte repasse nous dire adieu et je viens.

Ils entendirent des bruits de pas qui passaient devant la porte ainsi que des voix étouffées, que les trois Gardiens identifièrent comme celles de Whyte et de Bones, sans pour autant comprendre ce qu'ils disaient. AxeMan se leva et ouvrit la porte de la salle au moment où la porte du quartier-général se refermait. Il accéléra le pas pour sortir à son tour, suivit de Wood et Félix. Ils aperçurent Whyte et Bones une quinzaine de mètres plus loin.

- AU REVOIR, WHYTE, cria AxeMan.

Celle-ci se retourna et, après quelques hésitations, répondit à AxeMan.

- DEBUT DE L'ACTE 3, AXEMAN !!! JE VOUS PROMETS BIEN DU PLAISIR !!!
- NOUS L'ATTENDONS AVEC IMPATIENCE, répondit AxeMan, puis, en se tournant vers Félix et Wood. Bon, au moins l'un des deux a compris ce que je voulais dire, me semble-t-il. Je ne pense pas me tromper en annonçant un mouvement rapide dans peu de temps et -
- AxeMan, l'interrompit le Fondateur qui venait de sortir de la maison la plus proche du bâtiment. Suis-moi, je dois te parler.
- D'accord, soupira AxeMan. Bon, Félix, pour notre combat, c'est raté, essaye avec Wood.

AxeMan et le Fondateur rentrèrent dans le quartier-général, laissant Wood et Félix ensemble.

- Bon, dit Félix en haussant les épaules, si tu es intéressé.
- Pas de problème, répondit Wood.

Ils allèrent dans la salle d'entraînement et se battirent en un duel qui se termina quelques minutes plus tard par une victoire relativement serrée de Félix. A la suite du combat, Wood se dirigea vers la salle de détente et, par une porte entrouverte, il entendit la discussion qui se déroulait à l'intérieur.

- ... pas la question, disait le Fondateur.
- Bien sûr que si, répondit AxeMan. Vous passiez votre temps à retarder tout, sans pour autant empêcher leur extension.
- Je sais ce que je faisais. De cette manière que tu juges trop passive, aucun combat n'aurait eu lieu -
- Parce qu'ils auraient eu tellement d'influence qu'ils auraient pu faire ce qu'ils voulaient sans combattre !
- Ils n'ont aucune légitimité !
- Et alors ? S'ils veulent prendre le pouvoir, il leur faut être patient. Ils auraient attendu le temps qu'il fallait. Votre méthode était mauvaise. Ce qu'il fallait, c'est s'attaquer à la racine, dès le début. Ou du moins plus tôt.
- Et que crois-tu avoir fait, là ? Non seulement tu m'annonces qu'ils enquêtaient sur nous, mais maintenant, ils peuvent être quasiment sûrs de ce qu'ils soupçonnaient !
- Ils savent que certains sont au courant. Ils vont commettre des erreurs.
- De quel genre ?
- Nous n'aurons pas besoin d'aller chez eux, ils viendront, de manière précipitée et nous pourrons les avoir.
- Tu ne me disais pas qu'ils étaient désormais trop nombreux pour être affrontés de face ?
- Mais là, nous serons chez nous.
- Bon, coupa le Fondateur en s'approchant de la porte. Vous serez mieux dedans que dehors pour écouter, dit-il à Wood et à Félix après avoir ouvert la porte.
- Et que comptez-vous faire ? demanda AxeMan au Fondateur.

Celui-ci ne répondit pas et alla près de la fenêtre et se mit à observer l'extérieur.

- Que comptez-vous faire ? insista AxeMan.
- Par moment, j'imaginais les Gardiens d'un point de vu extérieur, commença le Fondateur d'une voix neutre en regardant toujours par la fenêtre. Je voyais une longue table avec à son bord, un homme qui se fait appeler le Fondateur.

Wood ne comprenait pas ce que faisait le Fondateur. Il regarda Félix en quête de réponse et celui-ci haussa simplement les épaules.

- Au plus près de lui, continua le Fondateur se trouvait un homme travaillant relativement peu et prêt à tout pour plaire au Fondateur.
« A côté, se trouvait une femme blonde en train de restaurer un parchemin avec zèle et regardant l'autre bout de la table avec un regard noir.
« Et à l'autre bout, se trouvait un Trio, agissant ensemble, en union, surveillant en permanence les deux personnes précédentes et le Temple.

Le Fondateur baissa les yeux, soupira puis tourna les yeux vers les trois Gardiens.

- Messieurs, si vous êtes sûrs de ce que vous faites, faites-le. Agissez de votre côté, mais ne trahissez pas ce pour quoi vous vous êtes engagés. Si jamais vous échouez, réessayez. Réessayez,  quoi qu'il arrive.


dimanche 17 mai 2009

GdO 1 - Bones

Chapitre 11

Bones

- Excusez-moi, messieurs.

La voix enjouée qui les interrompit, ils ne la connaissaient que trop bien. Ils se retournèrent pour faire face au Saigneur accompagné de deux autres policiers.

- Oui ? demanda AxeMan sans paraître étonné.
- Tout d’abord, je veux que vous sachiez que votre… message… nous est bien arrivé, répondit le Saigneur en souriant en s’adressant à Wood. Votre refus est malheureux, bien entendu, mais vous ne nous étiez pas indispensable.
- Vous m’en voyez navré, répondit Wood.

Cela faisait deux jours qu’ils avaient mis les Miliciens stupéfixés dans la cabane. AxeMan n’avait, jusque là, ramené aucune des réactions que la Milice aurait pu avoir face à cela, mais il était resté persuadé, et Wood aussi, que celle-ci l’allait pas en rester là.
Ils se trouvaient actuellement devant la porte du Dôme alors qu’ils s’y rendaient pour une garde. Et ils ne pouvaient rien faire contre le Saigneur actuellement car il ne se trouvait pas dans un secteur interdit.

- Pas de quoi être navré, pourtant. Même s’il est vrai qu’avoir quelqu’un d’efficace parmi vous nous aurait été grandement utile. Si je me… ha, souviens bien, vous aviez bien manœuvré lors de notre rencontre.
- Merci, répondit Wood d’un ton méfiant.
- Bien entendu, notre partie de carte n’est pas finie. Mais que voulez-vous… je n’aime pas ces jeux où l’issue est décidée d’avance.
- Où voulez-vous en venir, exactement ? demanda AxeMan sans hausser la voix bien qu’il ait sans aucun doute compris le principal du message.
- Simplement vous dire que vous n’allez plus avoir à vous inquiéter de moi… directement en tout cas. Après… combien de fois, déjà ? Quinze ?
- Dix-sept, corrigea AxeMan.
- Dix-sept fois, admit le Saigneur, vous devez commencer à en avoir assez de me voir fureter partout, n’est-ce pas ?
- Pas trop. C’est la force de l’habitude…
- Bien entendu. Toujours est-il que je ne viendrais plus, les informations sont toujours meilleures quand on sait comment les obtenir, n’est-ce pas ? Sur ce, bonne journée.

Le Saigneur leur adressa un salut tirant sur la révérence puis s’éloigna en riant à gorge déployée. Les deux Gardiens le regardèrent jusqu’à ce qu’il disparaît après un tournant.

- Mauvaises nouvelles, commença doucement AxeMan.
- Hmm, fit Wood. Depuis quand peut-on retrouver la mémoire après un Effacement ?
- Je ne sais pas, dit AxeMan en haussant les épaules. Il y a différents sorts qui permettent d’explorer la mémoire, mais ils laissent les gens à l’état de légume… Mais ce n’est pas le plus important.
- Ah non ?
- Non, je connais le Saigneur. Il est sûr de lui, en toute occasion, un peu orgueilleux, aussi. (Wood ne put que hocher la tête pour confirmer… il le savait déjà) Et il vient nous annoncer qu’il ne nous surveillera plus… Il a une idée en tête et je dois absolument savoir de quoi il parlait… On se revoit plus tard.

AxeMan laissa Wood devant le Dôme et partit le long du chemin mais tourna vers le Temple au lieu de suivre le Saigneur. Sa méthode de renseignement, naturellement…
Wood, quant à lui, entra dans le Dôme. Celui-ci contenait à peu près autant de personnes que d’habitude, c’est-à-dire quasiment personne. Félix, sous forme animal, se dirigea vers lui quand il arriva au niveau du coin d’où il surveillait. Ils hochèrent la tête et se croisèrent, Wood prenant la place de Félix et ce dernier sortant du Dôme.
Il y avait quand même quelque chose qui ne cessait de l’intriguer dans ce qu’avait dit le Saigneur : le fait qu’il se souvenait à nouveau des altercations qu’il avait eues avec des Gardiens. Car AxeMan avait raison : les rares moyens qui existaient pour explorer les souvenirs effacés ne permettaient non seulement pas à la personne de profiter de ces souvenirs, mais celle-ci finissait presque tout le temps dans un état où la mort serait préférable. Il était tout à fait possible qu’il bluffât, mais il avait montré qu’il savait ce qu’il s’était passé lors de sa confrontation avec Wood.
Au final, peut-être que cela n’avait pas beaucoup d’intérêt, mais cela voulait peut-être dire que la Milice voulait rattraper le retard d’informations qu’elle avait à propos des Gardiens.
La fin de l’après-midi se passa sans autre problème et il était en train de ranger les livres que les gens n’avaient pas remis à leurs places quand AxeMan entra dans le Dôme.

- Alors ? demanda Wood.
- Alors, ils nous réservent une petite surprise, voilà tout, répondit AxeMan en haussant les épaules. Pas de quoi fanfaronner, en fait. D’ailleurs, justement quelque chose à propos de laquelle il ne faut pas fanfaronner…
- En clair… ?
- Tu verras bien assez tôt, je pense.
- Mouais…, fit Wood en remettant le livre qu’il tenait sous le bras à sa place.
- Rangement des livres ? demanda AxeMan.
- On aurait pu croire qu’ils finiraient par comprendre qu’ils doivent les ranger eux-mêmes.
- Il faut le leur dire.
- Tu crois quoi ? Bien sûr que je leur dit. « Je ne vais quand même pas faire votre boulot à votre place », « Il faut quand même que vous méritiez votre salaire », récita Wood en prenant différentes voix. Un jour, ils vont finir par se prendre un sort…
- Certaines choses ne changeront pas, dit AxeMan en regardant les livres ouverts qui trainaient sur les tables. Nous sommes des incapables, tu te souviens ? Nous ne méritons que le mépris… Tiens, il y en a qui lisent le livre de l’Alchimiste ? ajouta-t-il d’une voix distraite en apercevant le dit livre.
- Mouais, il traine là depuis ce matin.
- Hmm, fit AxeMan en regardant page ouverte. Eh bien, j’ai l’impression que l’Alchimiste aura bien aidé nos amis, au final. Regarde ça.
- « Potion pour retrouver la mémoire », lut Wood. Et pourquoi irait-il écrire ça, aussi.
- N’oublie pas qu’il était au courant de tout. De toutes les méthodes d’un côté comme de l’autre. Et l’effacement de mémoire est un point très utilisé chez eux… mais aussi chez nous. S’il comptait à ce que les gens puissent témoigner des sévices subis, il fallait trouver un moyen de leur faire retrouver la mémoire. Malheureusement, cela risque de changer un peu la donne, si nos amis l’ont aussi…
 
Il soupira puis entreprit d’aider Wood à finir de ranger les livres. Quand ils sortirent, le soleil n’était pas encore couché, mais était déjà bas et dans l’alignement de la Rue Interdite qu’ils parcoururent en regardant leurs ombres s’étaler devant eux.
Quand ils atteignirent le quartier-général des Gardiens, ils se dirigèrent vers la salle de détente qu’ils trouvèrent remplie. Tout le monde s’y trouvait, et même plus. Le Fondateur, Whyte et Félix, toujours sous forme animale, étaient assis autour d’une table et discutaient avec Ford et une autre personne, au sourire rieur mais aux yeux trop observateur, que Wood pensait avoir déjà vu quelque part.

- Ah, vous voilà, s'exclama le Fondateur. Venez vous asseoir, Ford nous a déniché un nouveau postulant.

Wood ne put s’empêcher de lever les sourcils. D’habitude, à ce qu’il avait compris, c’était les Gardiens qui se chargeaient de recruter les nouveaux Gardiens…

- En effet, confirma Ford. C'est une personne que j'ai vu aller de nombreuses fois au Dôme et j'ai pensé qu'elle serait intéressée par la restauration des livres.
- Oui, dit l'homme, je dois avouer que la lecture m'a toujours intéressée, de même que connaître ce que les autres peuvent penser. C'est toujours plus intéressant que de lire les épitaphes sur les pierres tombales... Bien que certaines ne manquent pas de piments.

Cette boutade fit soupirer AxeMan et sourire le Fondateur. Whyte, Ford et Wood restèrent de marbre, mais ce dernier réussi à savoir où il avait déjà vu l’homme. Il travaillait au cimetière de la ville.

- Et puis, les pierres tombales ne s'usent pas aussi vite que les manuscrits, ajouta le Fondateur en souriant.
- Il y a de ça, en effet, répondit l’homme en semblant absolument ravi de l’intérêt du Fondateur. Mais le problème vient du fait que les épitaphes ne sont jamais très longues et on en a très vite fait le tour. Le taux de renouvellement n'est pas suffisamment élevé pour qu'on s'y intéresse éternellement.
- Je comprends, dit le Fondateur. L'as-tu testé ? demanda-t-il à Ford.
- J'ai testé tous les domaines qui pouvaient me venir à l'esprit, oui.
- Dans ce cas, on va voir ça aux voix.
- Vous faites des votes pour accepter de nouveaux membres ? s’étonna Ford.
- Pas d'ordinaires. Mais nous ne sommes pas dans une période où nous avons absolument besoin d'un nouveau membre. Whyte ?
- Il semble intéressé et motivé. Je suis pour, ça pourra nous changer de certains, répondit celle-ci avec un regard en biais vers Félix qui lui rendit un regard plus meurtrier que ce que Wood aurait cru un tigre capable de faire.
- Bien, AxeMan ? demanda le Fondateur sans prêter attention à la remarque de Whyte.
- Aucune contre-indication, je dirais. Mais j'aimerais quand même tester moi-même certains... points...
- On verra ça plus tard. Wood ?
- Plutôt pour, il semble motivé et il semble montrer un intérêt pour les écrits du Dôme.
- Bien, dans ce cas, bienvenue parmi nous, dit le Fondateur en serrant la main à l'homme.
- Tout le plaisir est pour moi. C'est un peu comme découvrir avec émotion sur une pierre tombale que l'on n'avait encore pas aperçue. On a le cœur qui se serre. Mais le tigre ne vote pas ?
- Je ne crois pas, répondit AxeMan d’un ton neutre.
- C’est dommage, il est mignon pourtant.
- Si je dois te traduire le grognement et le regard, dit AxeMan toujours d’un ton neutre, c’est « approche, et on verra si, toi, tu restes aussi mignon ».
-Bon, dit le Fondateur brusquement pour briser le silence qui suivit cette remarque, nous ferons les réjouissances plus tard. Pour l'instant, suis-moi, je vais te donner ta robe.

Le Fondateur et la nouvelle recrue sortirent et laissèrent les autres seuls. AxeMan prit Wood à part et l'invita à aller dans la salle d'entraînement. Une fois qu'ils y furent, AxeMan commença à parler.

- Alors ?
- Alors quoi ?
- La... surprise de nos amis, qu'en penses-tu ?
-Tu ne veux pas dire que... ?
- Si, répondit sombrement AxeMan avec un semblant de sourire. Je te présente Bones, ami de fossoyeur, amateur d'humour noir et, pendant son temps perdu, membre de la Milice.
- C'est une plaisanterie ?
- Non. Ils espèrent sans doute avoir les informations qu'ils n'ont pas pu obtenir d'une autre méthode, ou alors de manière incomplète ou infructueuse par d’autres personnes...
- Et le Fondateur ne s'est pas opposé à ça ? s’étonna Wood.
- Je l’ai averti tout à l’heure et il ne m’a pas semblé vouloir s’y opposer ouvertement. Mais tu remarqueras qu'il ne s'est pas prononcé lors du vote. Il y avait deux voix pour, et une neutre. En gros, la majorité avait déjà gagné. Seulement, pour lui, Bones ne vient que pour chercher des informations dans les livres... Il n'est pas au courant de l'enquête...
- Peut-être que maintenant il faudrait le...
- Et il n'a pas à l'être... du moins, pas pour l'instant. Mais nous parlerons de ça plus tard, acheva AxeMan alors que la porte s'ouvrait, laissant place au Fondateur et à Bones qui avait revêtu sa robe rouge. Alors, comment se sent le nouveau ? demanda AxeMan en se tournant vers Bones.
- Parfaitement bien. Cette robe est beaucoup plus confortable qu'un cercueil. Pour bouger, bien entendu. Bien que, naturellement, je n'ai jamais essayé de me vêtir d’un cercueil.
- D'autant plus qu'on n'a, normalement, pas besoin de bouger dans un cercueil, ajouta Wood en haussant les sourcils.
-Tout à fait. Sauf pour les vampires, paraît-il, dit Bones. Pire que les moustiques, ceux-là...
-Bon, dit AxeMan en allant se placer dans une des Cages de l'Esprit, eh bien, je vais passer à mon test. Si tu veux bien t'avancer en face de moi.


Erratum - Chapitre 5

Petit passage rapide pour indiquer que, lors de sa publication, il manquait environ la moitié du chapitre 5. Cette erreur est désormais corrigée et le chapitre est donc disponible en intégralité (enfin).

lundi 11 mai 2009

GdO 1 - Intervention nocturne

Chapitre 10

Intervention nocturne

Une semaine que Wood avait été mis au courant de l'existence de la Milice par AxeMan. Une semaine qu'il avait été mis au courant que Ford se doutait de quelque chose à cause de AxeMan. Il s'était demandé pourquoi Ford n'avait pas dit directement au Saigneur que les Gardiens étaient chargés de protéger le Temple, ce à quoi AxeMan lui avait expliqué ce en quoi consistait le Serment des Consuls.

- Les Consuls ne peuvent pas parler des mesures mises en place pour leur propre protection, lui avait-il expliqué. Ils doivent le promettre et cela est assuré magiquement par la suite. Ils peuvent seulement en parler entre eux ou avec ceux qui ont pour mission cette protection. Ford ne peut pas, même s'il le voulait, expliquer la nature des Gardiens à la Milice. Mais, par contre, il peut leur demander d'en apprendre plus par eux-mêmes.

Toujours était-il qu'il était arrivé dans l'Empire à peine plus de deux mois auparavant et qu'il se retrouvait pris dans une sombre affaire d'intrigue de pouvoir... Et il ignorait ce qu'il convenait de faire. Il était tenté de partir, il ne pouvait pas se le cacher, mais pour une raison qu'il ne pouvait s'expliquer, il n'en avait pas vraiment envie.
Il fut tiré de ses réflexions lorsque la porte du Dôme s'ouvrit. Il leva la tête depuis le coin sombre où il était posté pour regarder qui venait d'entrer. Il reconnut l'homme de petite taille comme le marchand d'animaux magiques dont AxeMan lui avait parlé et qui faisait, d'après lui, partie de la Milice. Il l'observa passer entre les lecteurs en cherchant manifestement quelqu'un autour de lui. Cela serait assez étonnant que deux Miliciens choisissent de faire une réunion dans le Dôme alors qu'il était sous la surveillance des Gardiens et que les premiers avaient des doutes sur ces derniers... Mais il fut encore plus étonné quand l'homme se dirigea vers lui après l'avoir aperçu.

- Excusez-moi ? demanda l'homme à voix basse.
- Quoi ? répondit Wood.
- J'irai droit au but. Il parait que vous avez eu une discussion il y a une semaine à la taverne avec un de vos collègues. Un certain AxeMan, me semble-t-il.

Il s'arrêta un instant dans l'espoir, sûrement, d'obtenir confirmation. Celle-ci ne vint pas, Wood étant resté silencieux.

- La demande de ceux qui m'envoient est simple, reprit l'homme. Ils veulent que vous nous transmettiez le contenu de votre discussion.

Nouvelle pause. Toujours aucune réponse.

- Il est bien entendu que, si vous nous la donniez, vous avez notre assurance que, au moment décisif, vous ne courrez aucun problème. Et peut-être même qu'une nouvelle amitié sera possible.

Une nouvelle pause. Wood ne répondit toujours pas.

- Le problème, je me doute, est de trahir votre serment. Mais à à peine plus de deux mois de votre entrée, je ne pense pas que vous soyez lié de manière permanente à vos collègues. Quelque soit la manière dont ceux-ci vous ont parlé de nous, il vaut mieux faire partie du camp vainqueur à la fin, n'est-ce pas ?
- Monsieur, finit par dire Wood, je sais que la manière dont je me tiens dans l'ombre me donne des airs de conspirateur, mais vous savez ce que l'on dit ? Les plaisanteries les plus courtes sont les meilleures. Et je vous demanderais donc de me laisser tranquille.
- Bien sûr, reprit l'autre. Mais si vous veniez à changer d'avis, un simple souvenir dans une bouteille de verre, dans le trou du plancher de la cabane qui se trouve au pied de la falaise, à l'arrivée de la route au bas de celle-ci fera l'affaire.

Et il s'en alla. Wood le suivit des yeux tandis qu'il se dirigeait vers la sortie. Il ne semblait pas particulièrement mal à l'aise. Pas sûr de lui, non plus. Toujours était-il qu'il venait de proposer à Wood de trahir les Gardiens... mais il était quand même étrange qu'il sache ne serait-ce que le fait qu'il ait eu une discussion avec AxeMan...
D'ailleurs, en parlant du loup... alors que le marchand d'animaux sortait du Dôme, AxeMan entra, s'arrêtant quelques instants pour observer, l’air surpris, l'homme qui s'en allait. Puis il entra en fermant la porte derrière lui et se dirigea directement vers Wood.

- Qu'est-ce qu'il voulait ? demanda-t-il directement.
- On verra ça ailleurs, répondit Wood.
- Très bien, répondit AxeMan en hochant la tête. Sinon, ce soir, rendez-vous à la tombée de la nuit dans le quartier nord, rue de la salamandre. Et emporte la cape noire.

Il regarda autour de lui rapidement.

- Et pas un mot de ça à qui que ce soit, ajouta-t-il à voix basse.
- D'accord.

AxeMan hochant légèrement la tête puis repartit. Il semblait donc qu'il y ait une intervention nocturne. Wood n'y avait jamais participé et la seule dont il avait été témoin remontait à avant son entrée chez les Gardiens. Il fallait voir ce que ça donnait... et, en ça, il eut des surprises, mais pas toujours bonnes.

Il se rendit à l'heure dite dans le quartier résidentiel. La nuit tombait rapidement. A l'entrée de la rue, il croisa AxeMan. Celui-ci ne lui dit rien mais lui fit signe de le suivre. Ils allèrent ainsi dans une ruelle sombre et attendirent, cape noire et capuches relevées. Ils attendirent pendant de longues minutes pendant lesquelles Wood se demanda ce qu'ils attendaient exactement. Sûrement une attaque de la Milice, mais...
Il vit alors passer un couple. AxeMan, qui était resté immobile jusque là, se mit à regarder le long de la rue principale. Wood l'imita et vit arriver un groupe de quatre hommes qui rejoignirent le couple.

- Excusez-moi, dit l'un des quatre.

Wood reconnut la voix comme étant celle du policier dont il avait perturbé les plans, quelques mois plus tôt. Le couple s'arrêta.

- Oui ? demanda l'homme.
- Il fallait que je vous parle.

L'homme ne répondit pas tout de suite. Il sembla tenter de voir s'il connaissait la personne qui l'abordait. La nuit était d'un noir d'encre et sa tâche n'en était pas facilitée.

- Ah, c'est vous, répondit-il enfin. Qu'est-ce que vous voulez ?
- Bonne question, dit le policier. Qu'est-ce qu'on veut, exactement, les gars ? ajouta-t-il en se retournant vers le groupe.

Il n'y eut pas de réponse précise, juste un échange de rires qui résonnèrent étrangement et longuement dans l’obscurité. Wood pouvait deviner, aux légers mouvements du couple, qu'il était mal à l'aise. Puis, finalement, le policier s'intéressa de nouveau à eux. L'obscurité l'empêchait de distinguer avec précision, mais il sembla à Wood que le policier montrait la femme...

- Elle, dit-il.
- Pardon ? Je ne comprends pas ce que--

Un jet de lumière rouge apparut et disparut brusquement. L'homme s'écroula sur le sol.

- Après tout, ce n'est pas comme si je vous demandais l'autorisation.

De ce que Wood distingua, la femme ne chercha pas à s'enfuir ou à crier. Probablement un sort de Silence...

- Allez, beauté, dit le policier. On va chez toi.

Tandis que le policier faisait passer la femme devant en la poussant, il vit que l'un des autres s'occupait de faire léviter l'homme derrière eux. Wood regarda AxeMan.

- Et on intervient quand ? demanda-t-il.
- Quand personne ne pourra nous reconnaître ou nous apercevoir, répondit simplement Axeman en fixant le groupe.

Une des bases des Gardiens, comme lui avait expliqué AxeMan, était de garder le secret sur leurs véritables fonctions. Il supposait donc qu'intervenir en pleine rue risquait d'attirer l'attention des gens habitant à proximité. Il semblait que les Miliciens pensaient la même chose en voulant accomplir leur forfait dans un lieu fermé.
AxeMan finit par sortir de la ruelle tandis que le groupe entrait dans une des maisons. La porte se referma derrière eux et une des fenêtres s'illumina. Les deux Gardiens arrivèrent à leur tour au niveau de la maison. AxeMan s'approcha de la fenêtre tandis que Wood allait à la porte, baguette en main. Alors qu'il allait l’ouvrir, AxeMan interrompit son geste.

- Non, lui dit-il. Pas encore.
- Tu plaisantes, j'espère ? Quand comptes-tu intervenir ?
- Quand personne ne pourra nous reconnaître ou nous apercevoir, dit AxeMan une nouvelle fois d'un ton neutre.

Wood ne comprenait pas, les Miliciens étaient dans la maison. Personne d'autre qu'eux ne pourrait les y apercevoir... Et pendant ce temps, à l'intérieur, ils...

- Attends, dit soudain Wood en craignant comprendre. Tu ne veux quand même pas attendre qu'elle ne soit plus en état de nous reconnaître quand même.
- D'habitude, ils les Stupéfixent toujours avant. Pour l'instant, ils s'amusent autrement. Ils lui font peur en visitant…
- Et donc, on va attendre ? Pourquoi ne pas la stupéfixer toi-même pendant que tu y es !

AxeMan tourna la tête vers Wood. Il le regarda en haussant les sourcils. Puis il hocha la tête, sortit sa baguette et se dirigea vers la porte. Il ouvrit celle-ci et, juste après, un rayon rouge jaillit de sa baguette. Il semblait que AxeMan ait pris Wood au mot et ait stupéfixé la femme.
Des cris de protestations s'élevèrent dans la maison, faisant écho à ceux que Wood aurait voulu lancé s’il n’était pas resté simplement bouche bée, tandis que d'autres rayons rouges sortirent de la baguette d'AxeMan. Quatre tirs. Quatre bruits de chute. Wood, quant à lui, était resté pétrifié sur le seuil quand AxeMan avait lancé son sort sur la victime.

- Entre, lui dit AxeMan qui se trouvait au milieu de la pièce où se trouvaient les six corps.

Wood ne réagit pas tout de suite mais finit par entrer et ferma la porte derrière lui. Pendant ce temps, AxeMan s'affairait sur les Miliciens, sans doute en train de leur effacer leurs derniers souvenirs.

- Pourquoi l'avoir stupéfixée ? finit par demander Wood d'une voix qui lui parut lointaine.
- C'était ton idée, dit AxeMan avec un sourire. Je dois avouer que ça a bien servi pour les surprendre et me permettre de tous me les faire après.
- Mais... on n'a fait pas ça pour les protéger de la Milice ?
- Non, pas eux, répondit simplement AxeMan.
- Qui alors ? répéta Wood avec incrédulité.
- Le Temple.
- Mais…

AxeMan se tourna vers lui et le regarda dans les yeux.

- Nous sommes les Gardiens du Temple, pas les Gardiens du Peuple, dit-il simplement.
- Et en quoi faire ça protège le Temple ?
- Penses-tu vraiment que nous sommes suffisamment nombreux pour vaincre la Milice ? demanda AxeMan en indiquant les Miliciens. Combien sommes-nous ? Trois ? Quatre ? Et Eux ? Plus de vingt, presque trente. Tu penses que nous avons la moindre chance si nous les attaquions de face ?
- Et en quoi cette attaque nous donne une chance ? Ils font toujours partie de la Milice, non ?
- Peut-être, mais la Milice voit, depuis quelques mois, revenir toutes leurs attaques nocturnes bredouilles et, surtout, amnésiques quant à ce qui s'est passé. Et je peux te l'assurer, ils ont peur, pas tous, mais un grand nombre d’entre eux. Et c'est peut-être ça qui nous donnera une chance.
- Et à quel prix va-t-on l'obtenir cette chance ?
- On n'a jamais fait d'omelettes sans casser d'œufs.
- Mais--
- Je pense savoir quel est le problème, alors je vais être clair. Le grand combat des bons contre les méchants, ce n’est pas ici qu’il a lieu. Ici, c’est les Gardiens contre la Milice, compris ? Tu peux toujours te dire ça, si ça te permet de te sentir mieux. Mais personnellement, je n'ai pas besoin de me justifier pour ça. 

Wood ne répondit pas. AxeMan venait de répondre à la question qui lui pressait les lèvres. Et pourtant, même s’il ne fallait pas considérer la Milice comme le Mal, pour reprendre ce que AxeMan avait dit, de telles attaques nocturnes de leur part…

- Il y a des membres de la Milice qui sont contre ces opérations nocturnes, si tu veux savoir, dit AxeMan comme pour répondre à la question que Wood ne posait pas. Je me contente de faire la mission pour laquelle les Gardiens ont été créés : empêcher la Milice d'arriver à ses fins et protéger le Temple.
- Les ordres du Fondateur ne sont-ils pas de se contenter d'empêcher les Miliciens d'approcher du Temple ?
- Le Fondateur m'a assuré, il y a sept mois de cela, quand il m'a informé de l'existence de la Milice, qu'il avait un plan pour se débarrasser de la Milice. Et en sept mois, je ne l'ai pas vu faire une seule action dans ce sens car non seulement, ils comptent de plus en plus de monde, mais ils sont également de mieux en mieux placés dans l’Empire. J'applique uniquement la méthode que je juge la plus efficace.
- Donc le Fondateur n'est pas au courant des nos... interventions nocturnes ?
- Non. Et il n'a pas à l'être. Il préfère se cantonner à une défense qui ne servira à rien. Il n'a aucun esprit tactique. Il a voulu les Gardiens pour lutter contre la Milice, il aura sa lutte. Mais vu qu’il a choisi de rester à l’écart…
- Ca fait quand même pas mal de choses que tu lui caches, non ?
- Et alors ? Du moment que je lui apporte les résultats…


A ce moment, AxeMan regarda en direction de la fenêtre et sembla se rendre compte de l’endroit où ils se trouvaient. Et cet endroit n’était aucunement un endroit hors d’atteinte d’une Ecoute du Mur… Il se retourna vers les corps. Avec l’aide de Wood qui semblait se remettre, il effaça les souvenirs de tous les inconscients et plaça le couple assis sur un canapé. Puis, il fit léviter les quatre corps des Miliciens et sortit, réveillant de loin de couple en fermant la porte.
AxeMan continua de marcher avec les corps qui flottaient devant lui et traversa la ville endormie comme ça. Wood pensa que pour quelqu’un qui voulait à tout prix ne pas être aperçu, il s’y prenait assez mal en cet instant…

- Qu’est-ce que tu vas faire de… ? commença Wood.
- Je pense connaître l’endroit idéal pour les déposer, répondit AxeMan. Il est simplement dommage que nous soyons si loin.

Ils finirent par parvenir à une espèce de cabane délabrée qui se trouvait sous la route qui montait vers le plateau du Temple. La cabane dans laquelle les Miliciens avaient demandé à Wood de déposer le souvenir contenant sa discussion avec AxeMan.
Celui-ci laissa les corps tomber lourdement sur le sol puis ferma la porte branlante. Puis il fit s’effondrer la cabane d’un mouvement fluide de sa baguette avec de s’éloigner en se frottant les mains.

- Bon, bien sûr, ils ne trouveront pas ce qu’ils t’ont demandé, mais ils auront quelque chose, dit AxeMan en riant presque.
- Tu ne crois pas que ça va nous dénoncer ?
- Il est temps qu’ils comprennent qu’on ne plaisante plus.
- Ouais…, fit Wood à mi-voix d’un ton songeur… Mais, sinon, si tu veux être discret, il y avait sûrement un autre moyen que de se promener avec eux devant nous dans la moitié de la ville, non ?
- Peut-être, dit AxeMan en haussant les épaules. Mais que veux-tu, je ne touche pas les déchets, c'est salissant.