samedi 18 avril 2009

GdO 1 - Le Saigneur

Chapitre 7

Le Saigneur

L'orage qui avait commencé continuait depuis une semaine et la surveillance des abords du Temple n'était pas des plus simples car il était difficile de distinguer les silhouettes parmi les trombes d'eau qui tombaient d'un ciel qui semblait ne plus jamais vouloir redevenir bleu. Car même malgré le fait que les arbres protégeaient un minimum de la pluie, les trombes parvenaient à percer le feuillage. 

Wood venait de faire une ronde autour du bâtiment et partit faire un tour en ville pour, entre autre, aller faire des courses après être passé chez lui rapidement afin de retirer les traces de boues qu'il s'était fait sur l'avant de sa robe en glissant dans l'herbe mouillée du parc du Temple.
Les rues de la capitale étaient vides sauf si l'on considérait les quelques courageux qui couraient dans la rue, le manteau au-dessus de la tête, bravant les éléments afin de se rendre au magasin le plus proche.
Alors qu'il passait devant l'hôtel où il avait dormi durant les premiers temps, l'hôtelier lui fit signe de la main. Wood le vit et, en soupirant, rentra dans l'hôtel pour saluer l'hôtelier (et surtout discuter avec lui – car il savait qu’il n’allait pas y échapper - comme celui-ci adorait le faire avec n'importe qui).

- Alors m'sieur, comment vous allez c'jour ? demanda-t-il dès que Wood eut passé la porte.
- Bien, et vous ? répondit Wood du ton le plus jovial qu'il pouvait.
- Oh, vous savez, pas pire que d'habitude. Et comment ça s'passe vot' boulot ? Vous aimez travailler avec les chargés d'entretien ?
- Tout à fait. Je dois avouer que, même s'il ne le paraît pas au premier abord, ce métier est très enrichissant.
- Z'êtes si bien payé qu'ça, m'sieur ? demanda l'hôtelier en haussant les sourcils.
- Ce n'est pas ce que je voulais dire. En fait, le métier est très intéressant.
- Et au niveau d'vot' salaire m'sieur ?
- Bah, un salaire moyen, dit Wood en haussant les épaules. Comme vous devez vous en doutez, ils ne vont pas se ruiner pour leurs... chargés d'entretien.
- Et vot'logement vous convient m'sieur ?
- Eh bien... ce n'est pas le grand luxe, mais on s'y fait à force.
- Si c'est pas indiscret, est-ce que j'peux vous d'mander où vous habitez ?
- Euh... vous voyez la Rue Interdite juste à côté du Temple ?
- Celle avec les maisons dans un tel état que même les termites en veulent plus ?
- Voilà, eh bien les... chargés d'entretien habitent dans les premières maisons de la rue.
- Vous vous moquez de moi, m'sieur ?
- Est-ce que j'ai une tête à mentir ?
- Non, mais ces maisons sont tell'ment..., commenta l'hôtelier avec ce qui semblait être un sourire goguenard. Et vous êtes sûr de ne pas vouloir loger à l'hôtel, m'sieur ?
- Parfaitement.
- Mais, le confort y s'rait nett'ment meilleur.
- Je n'en doute pas, mais, voyez-vous, je n'ai pas le choix en ce qui concerne mon logement. Il m'est imposé.
- Mais, par le temps qu'il fait, vous d'vez être inondé.
- Bah, vous savez, on s'y fait à force, dit Wood d'un ton indifférent. Et puis, on trouve toujours un endroit sec.
- Bon, bon. En tout cas, à chaq'fois que j'vous voie, il y a quelqu'chose qui n'tourne pas rond en ville...
- Vraiment ? s'étonna Wood.
- Oui. Quand vous êtes arrivés, il y avait une sorte de révolution et c'était la première fois que je voyais ça et maintenant, il y a un orage qui n'veut pas partir...
- Euh... dites-moi, vous vous souvenez de tout le monde comme ça ?
- Parfait'ment bien. T'nez, indiqua l'hôtelier en montrant une femme relativement âgée qui passait devant la vitrine de l'hôtel, vous voyez la femme qui passe d'vant l'hôtel, elle passe son temps à perdre ses chats. D'ailleurs, un jour, elle en a r'trouver un chez l'marchand d'animaux, et il était à vendre. Elle a fait un scandale énorme. Et l’marchand qui lui sout'nait qu'il avait r'trouvé l'animal dans la cage en compagnie des autres chats le matin-même et qu'il n'savait comment il était arrivé là...
« D'ailleurs, ce même marchand part certaines nuits pour aller à la chasse afin de trouver des animaux pour sa boutique. Eh bien, figurez-vous qu'une nuit, y’a pas si longtemps, il est rev'nu en boitant et incapable de s'souv'nir ce qu'il avait fait pendant la nuit. Je suis sûr qu'il était tombé sur un scarabée doré. Vous savez qu'ils peuvent lancer des sorts qui mélangent ceux de Jambencoton et d'Amnésie ? En tous cas, ça correspond à c'qu'il avait le pauvre bougre. D'ailleurs, quand je dis pauvre, c'est une façon de parler parce qu'il gagne bien sa vie. 
« Eh ! s'interrompit l'hôtelier en montrant un homme et une femme qui passaient en courant devant l'hôtel. Vous voyez le couple qui passe dehors, eh bien c'est justement chez lui qu'ils se sont rencontrés. Ils voulaient tous les deux ach'ter une salamandre de feu, mais il n'en restait plus qu'une à la boutique alors ils ont commencés à s'disputer pour savoir qui aurait cette pauvre salamandre. Et là, vous n'me croirez jamais, mais deux s'maines plus tard, ils étaient ensemble. C'est incroyable c'genre de choses, n'est-ce pas ? C'est un peu comme dans toutes ces histoires de Moldus, les contes à faire, j'crois...
-Conte de fée, lui indiqua Wood.
-Voilà, c'est ça. Mais toutes les histoires ne sont pas aussi roses que ça, m'sieur. Déjà, leur salamandre est morte moins d’une semaine plus tard et… Tenez, y'a un couple qui habitait pas loin qui...

Wood écoutait l'hôtelier débiter son histoire en l'écoutant d'une oreille quelque peu distraite. Il se contentait d'acquiescer de temps à autre d'un simple hochement de tête. Cet homme avait une mémoire monstrueuse et était capable de rendre compte de quasiment tous les faits et gestes des gens, bien qu'il se basait essentiellement sur ce que les personnes concernées - ou non - lui disaient. Mais il arrivait tout de même à un degré de précision élevé quant aux activités de chacun dans l’Empire.
Néanmoins, en ce qui concernait les Gardiens, il semblait ne pas avoir de connaissances particulières, et il s'en tenait à la version officielle. Celle-ci avait été dite à Wood assez rapidement, notamment en ce qui concerne les logements. Les Gardiens ne logeaient pas, comme le voulait la rumeur dans les maisons délabrées de la rue interdites, mais dans les maisons près de leur quartier général, qui présentaient l'avantage, entre autre, de ne pas prendre l'eau par temps pluvieux.
L'hôtelier continua de parler pendant de longues minutes sans s'interrompre ni même réfléchir à ce qu'il disait, reprenant à peine son souffle mais ne semblant pas en manquer, parlant de différents ragots actuels de l’Empire et d'une personne qu'il soupçonnait de vouloir faire tuer sa tante en passant par une sombre affaire de chaudron qui fuyait.

- ...et là, tenez-vous bien m’sieur, dit l'hôtelier d'un ton théâtral, il n'est plus jamais retourné chez lui.
- Ah... Bon, je suis désolé de partir comme ça, mais j'ai à faire.
- Ca n'fait rien, m'sieur. Ca fait toujours plaisir de parler à des personnes intéressées.

Enfin débarrassé de lui, pensa Wood une fois de retour sous la pluie, je ne sais pas qui lui a lancé un sort de bavardage à sa naissance, mais c'était une très mauvaise idée
Il fit rapidement ses courses puis retourna vers le Temple avec ses provisions dans un sac à dos « sans-fond », qui, contrairement aux croyances ne pouvaient pas contenir une quantité illimitée de choses, mais qui avait l’avantage de bien les protéger de la pluie. Alors qu'il montait le chemin menant au sommet du plateau du Temple, la pluie redoubla d'intensité et la visibilité baissa d'autant. Il accéléra sa marche à la limite du pas de course tout en longeant au plus près le mur formé par la falaise à sa droite afin d'être sûr de ne pas se trouver trop près du point de chute. Quand il arriva à l'entrée de la rue interdite, un éclair zébra le ciel et fut immédiatement suivit par le tonnerre. A la lueur de l'éclair, il lui sembla avoir aperçu une silhouette quelques mètres devant lui dans la rue et il se dirigea vers l'endroit où il avait entrevu l'ombre car toute personne autre qu'un Gardien ou qu'un Consul n'était pas autorisée à rentrer dans la rue interdite.
Mais la pluie tombait avec de plus en plus d'intensité et le vent se mit à souffler, si bien que Wood ne put conserver son rythme de marche, le vent le ralentissant et la pluie lui fouettant le visage si bien qu'il était obligé de froncer les yeux pour que les gouttes ne lui rentrent pas directement dans les yeux. Un nouvel éclair illumina les alentours et, dans le peu qu'il pouvait voir, Wood ne distingua aucune silhouette. Mais, ne pouvant aller plus loin du fait de l'orage, et bien qu’il se trouvait à moins de cent mètres de sa destionation, il fut contraint de se réfugier dans la plus proche des maisons délabrées, dans l'espoir d'une éventuelle accalmie.
A l'intérieur, les murs en bois étaient dans un état qui permettait au vent de passer, même quand le mur paraissait hermétique. De tels morceaux de murs étaient très difficiles à trouver dans cette maison et la pluie en profitait pour passer elle aussi par les fentes et les pans de murs manquant. Wood finit par trouver un endroit à peu près sec et qui n'était pas touché par le vent dans un coin de la maison qui devait autrefois être un salon car une vieille table en bois accompagnée de deux chaises du même âge s'y trouvait. Une grosse fissure parcourait le bois de la table et il manquait le dossier de l'une des deux chaises. Il s'assit à côté de la table, sur la chaise qui était dans le meilleur état et sortit un jeu de cartes moldues afin de s'occuper en attendant.
La maison autour de lui grinçait avec le vent qui lui-même sifflait en s'infiltrant par les fentes du bois et il se rendit compte qu'il était heureux qu'il ne logeât pas là car il lui aurait été impossible ne serait-ce que de dormir à cause du bruit que faisait le vent et de celui que faisait la maison à cause du vent. 
Cependant, parmi tous ces bruits, il lui sembla entendre un bruit semblable à des pas de pas au-dessus de lui et il se leva tout en sortant sa baguette afin d'aller vérifier la source de ce bruit. Au moment où il se levait, il entendit un bruit semblable dans la salle voisine et, allant voir, vit une branche d'arbre, probablement tombée d'un arbre bordant la maison, au sol, jouant avec le vent. Il soupira avant de monter à l'étage. Il n'y vit personne qui aurait pu produire les bruits de pas. Il ne vit également aucun objet ou meuble qui auraient pu produire ce son, le premier étage en étant vide.
Wood redescendit et retourna dans la salle où il s'était installé. Quand il y arriva, il eut la surprise de voir un homme portant la robe bleue des policiers installé à la table sur la chaise que Wood venait de quitter en train de finir la partie de solitaire qu'il avait commencé. Il avait un visage fin et ses cheveux bruns étaient détrempés.

- Excusez-moi, s'exclama Wood.

L'homme se retourna et Wood reconnut en lui le Saigneur. Celui-ci était assis et paraissait assez décontracté malgré l'orage qui grondait et le fait qu'il était complètement détrempé, ses yeux brillait d'un éclat d'une joie qui différait de la joie que l'on pourrait qualifier de normale, et il souriait.

- Oui ? répondit-il d'un ton décontracté tout en semblant jauger Wood du regard.
- Qu'est-ce que vous faites ici ?
- C'est exactement la question que j'aimerais vous poser, répliqua le Saigneur en conservant son sourire.
- Je suis chez moi, il me semble.
- Chez vous ? 

Le Saigneur haussa les sourcils tout en regardant autour de lui avec un sourire moqueur.

- Dans ce cas, excusez-moi de vous le dire, mais vous vous contentez de peu en ce qui concerne le mobilier.
- On fait ce qu'on peut avec ce qu'on a, répliqua Wood.
- Bien entendu, sourit le Saigneur. Mais ne restez pas debout comme ça, ajouta-t-il en indiquant le second siège, asseyez-vous.
- C'est étrange, dit Wood en haussant les sourcils mais en s'asseyant tout de même, mais quand quelqu'un s'introduit chez moi, j'aurais imaginé que c'était à moi de l'inviter à s'asseoir.
- Bien entendu, bien entendu, fit celui-ci tout en mélangeant le jeu de carte. Une petite bataille explosive pour tuer le temps ?
- Pourquoi pas. Seulement, ces cartes ne sont pas magiques.
- Eh bien, nous nous contenterons d'une simple bataille, répondit le Saigneur en souriant alors qu'il distribuait. C’est moins passionnant, mais…
- Soit. Une bataille, alors. Mais cela ne répond pas à ma question.
- Oh, naturellement, naturellement, dit le Saigneur en souriant toujours. Eh bien, je faisais une ronde dans le coin, et j'ai été surpris par l'intensité soudaine de la tempête et je me suis réfugiée dans la première maison que j'ai pu atteindre.
- Je vois, marmonna Wood tout en posant une carte sur la table. Vous avez donc pu atteindre en premier la troisième maison de la Rue Interdite ? Ah, bataille, ajouta Wood à mi-voix en retournant sa carte.
- En quelque sorte, admit le Saigneur sans se défaire de son sourire. Je dois vous avouer également que j'ai toujours été très curieux de savoir où les personnes qui restaurent les manuscrits du Dôme logent.
- Eh bien, maintenant, vous le savez.
- Oui, bien entendu, bien entendu. Mais j'espère que vous ne m'en voulez pas pour m'être introduit de telle manière chez... ah... chez vous ? Bataille.
- Je dois avouer que j'ai été un peu surpris de vous trouvez assis à ma table -
- ... Qui est, avec ces deux chaises, le seul meuble que vous possédez, dit le Saigneur d'un ton abrupt sans pour autant perdre son joie, la lueur de joie s'intensifiant dans son regard.
- Pardon ?
- Vous ne pouvez quand même pas me dire, dit le Saigneur d'un ton innocent en conservant son sourire, que vous dormez à même le sol ? Bataille.
- Je pense que mon mobilier ne regarde personne d'autre que moi, n'est-ce pas ?
- Bien entendu, bien entendu, mais de là à avoir un tel manque des choses les plus... nécessaires...
- Et vous-même, vous êtes au courant que vous enfreignez la loi rien qu'en étant ici ?
- J'ai déjà enfreint la loi tellement de fois lors de certaines de mes enquêtes, qu'une fois de plus ne sera rien.
- Parce que vous enquêtez en ce moment ?
- Ce n'est pas tout à fait ce que je voulais dire...
- Ou alors, enfreignez-vous la loi à d'autres moments que durant vos enquêtes ? Bataille.
- Bien, bien, bien, dit le Saigneur à mi-voix en perdant pour la première fois son sourire. Si vous me permettez l'expression, jouons cartes sur table, ajouta-t-il d'un ton sec.
- Et à quel propos ?
- Ne vous moquez pas de moi, vous savez très bien que vous n'habitez pas ici.
- Vraiment ? railla Wood. On m'en aurait informé, à moins que le hibou qui transporte la lettre ne se soit perdu avec cette tempête.
- Bon, je vois le truc, dit le Saigneur d'un ton sec en posant son tas de cartes. Je vais donc y aller franchement : où logez-vous, ainsi que tous vos collègues Gardiens ?
- Pardon ? dit Wood en posant lui aussi son tas de carte.
- Vous m'avez parfaitement compris.
- Et en quel honneur voulez-vous savoir cela ?
- Bien, bien, bien. Je vais jouer votre petit jeu également.
- Si vous voulez, mais vous ne jouez plus à la bataille ? demanda Wood en arborant un sourire semblable à celui que le Saigneur avait quelques minutes auparavant.
- Au diable, la bataille ! 
- Comme vous voudrez, dit Wood en regroupant toutes les cartes pour les remettre en tas. Que disiez-vous ?
- Vous et les chargés d'entretien vous donnez bien le nom de Gardiens entre vous, n'est-ce pas ?
- En quoi cela vous intéresse-t-il ?
- Est-ce le cas ?
- Si ça l'est, est-ce un crime ?
- Non, mais...
- Dans ce cas, oui, nous nous donnons le nom de Gardiens.
- Et Gardiens de quoi ?
- Eh bien, Gardiens du Dôme, des écrits qu'il contient. Un nom un peu grandiloquent, je vous l'accorde.
- Ne serait-ce pas plutôt Gardien du Temple ?
- Mais, pourquoi une telle idée ? C'est à vous de protéger le Temple, pas à nous.
- Nous sommes d'accord sur ce point. Où logez-vous ?
- En quoi est-ce que cela est important ?
- C'est à moi d'en juger.
- Si vous le dites, répondit Wood tout en conservant son sourire.
- Bon, vous le prenez comme ça, s'énerva le Saigneur en se penchant sur la table. Alors, est-il vrai que vous logez plus loin dans la rue interdite dans des maisons d'aspect neuf ?
- Vous savez, il n'est pas bon de s'énerver comme ça.
- Répondez !
- Vous semblez suffisamment sûr de vous-même pour ne pas avoir besoin de réponse.
- Bien, et est-il vrai que vous complotez pour prendre le pouvoir ?
- Quoi ? dit Wood d’un ton innocemment étonné.
- Ca vous étonne que je le sache.
- Oh, répondit Wood avec un grand sourire, ce n'est pas ça. Mais vous m'annoncez tellement de choses sur notre compte qu'il va me falloir en informer les autres.
- Les autres ?
- Eh bien oui, les autres Gardiens. Ca va leur faire un choc quand je vais leur dire que nous avons changé de lieu d'habitation et que nous complotons des choses horribles...
- Vous vous foutez de moi, c'est ça ? explosa le Saigneur.
- Je me posais exactement la même question.

Le Saigneur se mit la main devant les yeux et respira profondément. Puis, quand il sembla quelque peu calmé, il reprit.

- Bon, ça ne fait rien, j'ai quand même vos aveux.
- Mes aveux ? s'étonna Wood. A quel sujet ?
- Au sujet de votre lieu de logement.
- Vraiment ?
- Vous ne m'avez pas démenti.
- Ca avait l'air de vous faire tellement plaisir que je n'ai pas osé le faire.
- Bon, je vois, dit le Saigneur en mettant sa main dans sa poche. Tant pis, mais je pense que je ne tirerai rien de plus de vous. Bon, eh bien il vous reste le fait que vous oublierez bien vite m'avoir raconté tout ça.
- Vous m'enlevez les mots de la bouche.
- Pardon ?
- Eh bien, en ce qui concerne le fait que vous ne vous souviendrez de rien de ce que vous m'avez dit.
- Ben voyons, je ne pense pas que... bon sang, où est...
- Vous cherchez peut-être ceci ? dit Wood en sortant deux baguettes de dessous la table.
- Ma ba... Comment avez-vous... ?
- Je vous avais dit qu'il n'était pas bon d'être aussi énervé, vous n'avez même pas senti quand j'ai Attiré la baguette qui se trouvait dans votre poche.
- Soit, vous marquez un point, mais ce n'est que partie rem -
- Oubliettes, dit Wood en pointant sa baguette vers le Saigneur qui eut un regard vide pendant quelques instants. Je suis vraiment désolé de vous couper la parole, mais vous êtes vraiment épuisant à force. Bon, je vais faire un geste, je vous raccompagne à l'entrée de la rue, l'orage s'est légèrement calmé.

Wood ramena le Saigneur à l'entrée de la rue interdite puis retourna le long de la rue pour atteindre le quartier général des Gardiens. Dans la salle de détente, il trouva AxeMan et Félix en train de discuter à propos de leur dernier combat d'entraînement qui semblait avoir été encore gagné par Félix. Wood alla les rejoindre et leur raconta sa rencontre avec le Saigneur. Les deux autres semblèrent assez intéressés par ce que Wood leur disaient, puis quand celui-ci eut fini, il leur demanda :

- D'après vous, comment a-t-il su où nous vivions en réalité et notre activité ?
- C'est assez troublant, en effet, dit AxeMan d’un ton trop neutre. Les seuls au courant de nos agissements sont les Gardiens et le Temple. En même temps, je ne sais pas en quoi savoir cela devrait l'inquiéter. Il devrait être content, en tant que policier, de ne pas être le seul à s'occuper du Temple...
- Moui, dit Félix d'un air songeur. Mais il y a également cette accusation de complot contre le Temple... Tu as eu raison dans ce que tu lui as dit, Wood, j'aime bien être au courant de mes activités...
- Cette accusation est d'autant plus intéressante, continua AxeMan, quand on voit qui la fait...
- C'est-à-dire ? demanda Wood.
- Eh bien, c'est quand même le Saigneur, le policier qui n'a jamais été capable de ne pas violer la loi dans n'importe laquelle de ses enquêtes...
- ... et qui s'en vante, ajouta Wood. Il avait presque l'air fier quand il m'a dit cela tout à l'heure.
- Je pense qu'il avait prévu de te soumettre au sortilège d'Amnésie depuis le début. Il n'était pas question, je pense, de te laisser partir en sachant un certain nombre de choses dont il est accusé mais dont personne n'a jamais réussi à avoir la preuve.
- Mais s'il sait tout ce qu'il m'a dit, ne serait-il pas plus sûr de lui changer ses souvenirs ? demanda Wood.
- Peut-être que si, dit Félix. Mais le Fondateur se refuse d'utiliser de telles méthodes.
- Mais nous effaçons bien quelques souvenirs...
- ... mais de là à les changer. Non, nous sommes là pour défendre l'accès au Temple, pas pour rendre les gens dociles.
- Je comprends...

A ce moment, Félix se transforma en tigre et la porte de la salle de détente s'ouvrit et un homme vêtu de la robe blanche du Conseil entra. Il avait les cheveux bruns mi-long et un bouc. Wood reconnut en lui le porte-parole du Conseil, Robin Ford. Celui-ci regarda autour de lui et aperçu les deux Gardiens humains et le tigre assis à une table au fond de la salle et discutant à voix basse. Il les rejoint tout en faisait un détour par la machine à café pour s'en servir une tasse. 

- Eh bien, messieurs, dit-il en s'asseyant à leur table, comment allez-vous ?
- Très bien Robin, répondit AxeMan. Et vous ?
- Mon moral va mieux que le ciel, heureusement.
- Ce n'est pas trop dur. Il nous fait se crise depuis une semaine et il ne semble pas vouloir redevenir normal d'ici longtemps.
- Bah. Ca finira par passer. Sinon, avez-vous des activités bizarres à rapporter au Conseil ?
-Eh bien... commença Wood qui fut interrompu par un coup de pied d'AxeMan dans les tibias.
-Non, finit celui-ci. Rien de particulier, à part deux-trois gamins qui viennent ici par jeu...

Wood regarda AxeMan et celui-ci fit secoua la tête de manière quasiment imperceptible.

- Très bien, dit Ford en buvant son café. Mais, vous vouliez dire quelque chose, non ? ajouta-t-il en se tournant vers Wood.
- Eh bien, je me demandais s'il était vrai que notre café était meilleur que celui du Temple ?

Ford haussa les sourcils mais sourit.

- Oui, répondit-il après avoir fini sa tasse. La qualité est de loin supérieure, je n'ai toujours pas compris pourquoi d'ailleurs, on se fournit au même endroit... Sûrement un coup du Fondateur, je pense, mais je n’ai pas encore réussi à le prendre la main dans le sac. Bon, je ne vais pas abuser plus longtemps de votre hospitalité, ajouta-t-il en se levant.
- Eh bien, au revoir, dit AxeMan.

Ford sortit de la salle et ils entendirent la porte d'entrée du bâtiment s'ouvrir puis se fermer. Wood se tourna vers AxeMan.

- Pourquoi m'as-tu empêché de lui parler du Saigneur ?
- Pour plusieurs raisons.
- Qui sont... ?
- Tout d'abord, nous évitons de parler de toutes les intrusions, et plus particulièrement de celles des policiers.
- Et pourquoi ?
- Parce que, dans leur règlement, il n'est pas interdit aux policiers de rentrer dans la rue interdite ou de pénétrer dans l'enceinte du Temple. C'est dans notre règlement qu'il est marqué que toute autre personne qu'un Gardien ou que le Conseil ne peut avoir accès à ces endroits.
- Donc, le Saigneur ne faisait rien d'illégal en se rendant dans la rue interdite.
- Pas de son point de vue, mais du nôtre, si. Par contre, il lui est quand même interdit de pénétrer dans les maisons de la rue.
- Et il ne nous faut pas rapporter au Temple ce genre d'agissement ?
- Pas quand le Temple ignore que nous plaçons un sort d'amnésie même sur les policiers.
- Je vois... Et les autres raisons ?
- Pour ça, je ne pense pas que nous soyons au meilleur endroit. Rejoins-moi ce soir à la taverne. Nous y serons plus à l'aise pour parler.

1 commentaire:

Tocsin a dit…

Un détail qui m'a échappé lors du chapitre précédent est que le terme animagus peut ne pas être compris de ceux ne connaissant pas l'univers de Harry Potter. En gros, il s'agit de personnes pouvant se transformer en animal à volonté. L'animal dépendant de la personne concernée.

Suite à ces explications éprouvantes, je rajouterai tout de même que l'histoire avance. Et c'est au chapitre 18, il me semble, que la guerre nucléaire aura lieu. Donc, s'il y a des fans de grosses explosions, c'est dans encore quelques chapitres...

(C'est faux, hein)

Bonne lecture,

Tocsin