GdO 1 - L'ours grogne

Chapitre 1

L'ours grogne

- Arrêtez de croire ce que vous raconte le pouvoir en place, il nous cache la vérité. Mon but n'est pas de chercher à prendre le pouvoir, mais de chercher des explications 

Wood venait de rentrer dans l'Empire, et les premières choses qu'il entendit en rentrant dans la capitale furent des éclats de voix.

- Il est hors de question que nous soyons tenus dans l'ombre. Tout acte a une cause et je ne souhaite connaître que celle-ci.

La première chose qu'il vit fut un homme, brun, les cheveux mi-longs, debout sur une estrade au milieu de la place, entouré par la foule. Apparemment, il venait juste de commencer son discours et l'atmosphère se tendait.

- Qu'il soit bien clair que je ne bougerai d'ici qu'une fois que toute cette affaire sera éclaircie.

Et il se tut. Wood aurait pensé, au vue de l'ardeur avec laquelle il avait parlée, qu'il s'exprimerait plus longuement sur les raisons qui l'ont poussée sur cette estrade. Néanmoins, il semblait qu'il avait touché une partie de la foule car des petits groupes s'étaient formés afin, apparemment, de discuter à propos de ce que l'homme venait de dire. 
Il restait cependant qu'il ne comprenait pas les causes de cette agitation et qu'il tenta de demander à quelqu'un ce qu'il se passait, mais aucun groupe ne le laissa se joindre à eux. Il entendit tout de même des bribes de conversation parmi tout le brouhaha ambiant.

-Qu'est-ce que ça veut dire ?
-Laisse tomber, il divague.
-Mais quand même...
...

-Que faut-il faire ?
-Attendre les déclarations officielles qui ne devraient pas tarder...
...

-Il a raison, le Temple nous ment...
-Il ne l'a jamais fait jusqu'à présent, pourquoi le ferait-il maintenant ?
...

Le Temple... le lieu central de l'Empire. Là où siégeaient les membres du Conseil. C'était un lieu visible par tous dans la capitale, car situé au centre d'un plateau entouré d'une falaise. Tout ce que l'on savait, c'est que la Salle du Conseil, lieu où les lois étaient votées, s'y trouvait. Il s'agissait aussi du nom pour désigner l'ensemble des personnes siégeant au Temple, le Conseil.
Rien dans ces discussions ne laissait entrevoir ce qui pouvait avoir déclenché cet émoi parmi la population. Wood décida d'aller à la taverne. Il n'y avait jamais mis les pieds, mais il en avait toujours entendu vanter son ambiance, et il se dit qu'avec toute cette agitation, cela serait un bon endroit où aller.
Il se dirigea donc vers la taverne sans se hâter en passant par la route principale qui quittait la place où il était arrivé en se dirigeant vers le Sud. De temps à autre, des personnes passaient en courant à côté de lui et manquaient de se cogner, sûrement afin d'aller transmettre les dernières nouvelles de la place principale.
Peu de temps après, il atteignit la porte de la taverne, un bâtiment relativement large et qui était assez vieux. La salle intérieure était remplie de table ronde et au fond de la salle se trouvait le comptoir à côté duquel l'unique personne se trouvant dans la taverne était assise. C'était un homme assez grand, les cheveux châtains, qui tenait une bouteille de bièraubeurre à la main. Quand il entendit la porte s'ouvrir, il se retourna, mais eut l'air surpris et légèrement déçu, comme s'il s'attendait à voir quelqu'un d'autre. Cependant, il s'approcha de Wood la main tendue et les sourcils néanmoins froncés :

- Bonjour.
- Bonjour, répondit Wood en lui serrant la main. C'est désert ici.
- Un peu, dit l'homme avec léger sourire. Même le tenancier n'est pas là cet après-midi, il est parti juste après m'avoir servi. Alors naturellement, si vous êtes venu boire un coup, vous êtes mal tombé.
- Non. En fait, je cherche plutôt à découvrir cette ville... enfin 'découvrir'... je devrais plutôt dire redécouvrir.
- Redécouvrir ? demanda l'homme en haussant les sourcils.
- Oui... En fait, ça fait dix ans que je suis parti de l'Empire et je cherche à y trouver mes marques, pour m'installer.
- Ce n'est pas un mauvais choix de s'installer dans l'Empire. La plupart des gens sont sympathiques et il n'y pas de gros problèmes. Puis-je vous demander pourquoi vous étiez parti ?
- Vous pouvez. Je n'étais pas resté très longtemps... en fait, je venais à peine d'arriver dans l'Empire quand il a fallu que je rentre chez moi à cause de problèmes familiaux. J'avais un peu oublié l'Empire et je m'en suis souvenu, pas grand-chose de vraiment intéressant.
- Je vois. Et votre première impression en arrivant ?
- Je dirais... agité.
- Agité ? s'étonna l'homme en fronçant de nouveau les sourcils.
- Oui, répondit Wood en haussant les épaules, il y avait de l'agitation sur la place publique. Un homme qui dénonçait je ne sais quels actes inexpliqués...
- Et... les gens avaient l'air intéressés par ce qu'il disait ? demanda l'homme en paraissant lui-même intéressé.
- Assez, je dois dire. Aux dernières nouvelles, ils attendent une déclaration venant du Temple.
- Ah... fit l'homme en fronçant encore plus les sourcils et en se passant la main devant la bouche. Ce doit être pour ça que...
- Quoi ?
- Non, rien. J'ai vu des gens passer en courant devant la taverne, ils devaient sûrement aller transmettre les nouvelles.
- Sûrement.
- Au fait, dit l'homme en détendant son visage, je m'appelle AxeMan. 
- Enchanté. Je suis Wood.
- Oui. Sinon, qu'est-ce qui se passe dans l'Empire ?
- Beaucoup trop de choses ne méritant pas l'intérêt et trop peu le méritant. La vie se déroule normalement, malgré quelques problèmes de voisinages, de plus en plus fréquents ces derniers temps.
- Vraiment ?
- Oui. La capitale ne cesse d'accueillir des nouveaux habitants qui ont entendu parler de l'Empire et qui viennent visiter la capitale. Certains réservent des chambres à l'hôtel, n'y restent qu'un jour en prenant soin de faire un peu de bruit, puis s'en vont. D'ailleurs, si je peux vous demander, comment avez-vous entendu parler de l'Empire ?
- Dans un livre. Je ne pourrais pas me rappeler son nom, mais il parlait de l'Empire comme un havre de paix et donnait l'emplacement de l'Arche donnant sur la place publique.
- Je vois. C'est devenu de plus en plus rare que les gens entendent parler de l'Empire de cette manière, même si c'est comme ça que j'en ai entendu parler. On trouve de plus en plus de personnes arrivant grâce au bouche à oreille, même si certaines personnes arrivent au hasard.
- Au hasard ?
- Oui, ils se trouvent devant une des Arches et la traversent sans savoir ce qu'elles sont. Par exemple, l'alchimiste de la ruelle adjacente est arrivé comme ça, mais...

AxeMan s'interrompit en regardant dehors. Wood regarda également mais ne vit que plusieurs passants devant la taverne, certaines qui couraient encore. La plupart des personnes n'étaient pas habillées avec des robes de sorciers, mais une des personnes qui venait de passer devant la taverne portait une robe écarlate.

- Bon, reprit AxeMan. Je suis désolé de partir comme ça, mais il faut que j'y aille.
- Ah, d'accord.
- Je suis ravi d'avoir fait votre connaissance Wood.
- Moi de même.

AxeMan ouvrit la porte, puis se retourna.

- Si jamais vous souhaitez visiter la ville, je vous conseille de vous adresser au guide touristique, trois portes plus loin en descendant la rue. Il n'a pas énormément de travail et sera ravi de vous faire visiter la ville.

Puis il sortit de la taverne. Wood le vit regarder autour de lui, puis partir en courant dans la direction du Temple.
Comme il ne restait plus personne dans la taverne et que le bar était fermé, sans compter le fait que l'agitation de la rue faisait que les gens n'allaient pas à la taverne en priorité, Wood décida de sortir et de continuer la visite de la ville et se dirigea donc vers l'endroit que le dénommé AxeMan lui avait désigné. C'était un bâtiment en pierre extrêmement mal entretenu : certaines pierres ne se trouvaient plus dans le mur, mais gisaient au sol et il manquait plusieurs lettres à l'enseigne.
Quand Wood entra, il vit un homme blond, les cheveux en bataille, avec une barbe de trois jours endormit derrière le comptoir sur lequel se trouvait quelques brochures vantant les mérites de la capitale.
Wood s'approcha du comptoir en marchant dans une couche de poussière de plusieurs millimètres et toussota afin de réveiller la personne qui dormait. Celle-ci sursauta et regarda autour d'elle et, quand ses yeux tombèrent sur Wood, eut l'air relativement surprise, comme si elle ne s'attendait pas à voir un client.

- Bonjour, dit l'homme en baillant. Si vous cherchez l'épicerie, elle se trouve sur la rue principale. Vous remontez la rue et tournez à droite, troisième enseigne à partir de là.
- Non, répondit Wood en secouant la tête, en fait je viens pour visiter la ville.
- Quoi ? dit l'homme en regardant Wood les yeux écarquillés. Euh... bien entendu, je veux dire, ajouta-t-il avec un air plus professionnel. Tout de suite ?
- Si cela ne vous dérange pas dans la gestion de vos... clients, répondit Wood avec un sourire en coin en regardant vers la couche de poussière s’accumulant dans la salle.
- Oh, nous ne sommes pas dans une période touristiques, les clients ne sont pas encore là.
- Bien sûr. Et quand s'agit-il d'une période touristique ?
- Eh bien... euh... à un autre moment. Si vous voulez bien me suivre... ajouta l'homme en se levant.

Ils sortirent du bâtiment et le guide commença à parler.

- Nous nous trouvons donc dans le quartier marchand de la capitale, commença-t-il en remontant la rue. Vous pourrez trouver ici toute sorte de magasin ainsi que la taverne, dit-il en pointant le bâtiment dont Wood était sorti quelques minutes plus tôt.
- Je connais, dit Wood.
- Dans ce cas, vous connaissez son ambiance, ses bièraubeurre, son whisky pur feu et tout ce qui a fait sa réputation.
- Pas vraiment, mais ça ne fait rien.
- Hmm, très bien. Continuons. Nous arrivons de nouveau sur la rue principale. Vous y trouverez les magasins principaux : animalerie, épicerie, boucherie... tout ce dont on peut avoir besoin, dit le guide en tournant à gauche.
- Les bâtiments ne semblent pas en très bon état, fit remarquer Wood à la vue de la pierre usée qui constituait les différents bâtiments de la rue.
- Pas trop, en effet, mais ils tiennent debout.
- Et dans les ruelles comme celle-ci ? demanda Wood en indiquant une route sombre qui serpentait sur leur droite.
- Différents commerces moins réglementaires, si vous voyez ce que je veux dire… magie noire, nécromancie et autres, pour ne citer que les magasins de magie. Officiellement, ces magasins sont interdits, mais tant qu’aucun problème ne survient à cause d’eux, le Temple et la Police fermera les yeux.
« Ah, maintenant, la fin du quartier marchand, donnant sur un parc public, ajouta le guide en montrant une étendue d'herbe sur laquelle quelques arbres étaient plantés. D'habitude, on peut trouver de nombreuses personnes dessus, mais il semblerait qu'aujourd'hui personne ne s'y trouve.
- Finement observé, dit Wood en esquissant un sourire en observant le parc désert.
- Bien, bien, bien... continuons, voulez-vous. Nous entrons maintenant dans le quartier des affaires, le lieu où la majorité des habitants de la ville travaille. Avant que vous ne me fassiez la remarque, vous pouvez remarquez que les bâtiments de ce quartier sont beaucoup mieux entretenus que dans le quartier marchand.
- Je vois, dit Wood. Et ce bâtiment ? ajouta-t-il en pointant vers un bâtiment dans lequel on pouvait apercevoir des personnes vêtues d'une robe bleue avec une baguette blanche sur la poitrine et qui possédaient une ceinture à laquelle était accrochée une gaine qui semblait destinée à leur baguette.
- Il s'agit du commissariat, répondit le guide. C'est là que travaillent les policiers et que sont emprisonnés les prisonniers.
- Je sais à quoi sert un commissariat.
- Dans ce cas, continuons la visite.

Ils traversèrent, à la sortie du quartier des affaires, un autre jardin public dans lequel se trouvaient plusieurs personnes qui y mangeaient ou y dormaient. Ce jardin donnait sur un quartier constitué de maisons et d'immeubles bien entretenus.

- Nous sommes maintenant dans un des quartiers résidentiels, dit le guide. C'est ici qu'une partie de la population habite (Wood leva les yeux au ciel). On peut trouver un second quartier résidentiel un peu plus loin. Ils disposent tous les deux d'une police de quartier destinée à encadrer les tensions qu'il peut y avoir entre les deux quartiers.
- Les… tensions ?
-Les deux quartiers disent qu’ils se font la guerre, mais ils insistent également sur le fait que c'est plus pour s'amuser et que ce n'est pas à prendre au sérieux.
- Dans ce cas, pourquoi mettre une police de quartier pour encadrer les tensions ?
- Parce que certaines personnes semblent penser qu'il ne s'agit pas d'un jeu, ce qui a abouti à quelques débordements. Notamment un nouveau gang dans cette zone, dans la rue des Cognards.

Ils traversèrent les deux quartiers résidentiels en croisant plusieurs personnes arrivant de l'est de la ville. Wood et le guide se trouvaient au Nord de la ville et descendaient la route vers l'est de la ville.

- A votre gauche, la place Est de la capitale, qui sert de lieu de communication entre le Temple et la population. Là-bas, tout le monde est autorisé à proposer des lois, des demandes, des enquêtes importantes au Temple, et normalement, ils réagissent assez vite. Si jamais une grande partie de la population est d'accord avec ce qui est demandé, il y a de grande chance que le Temple accède à la requête.
- Je vois. C'est pour ça... marmonna Wood.
- Quoi ?
- Non rien, dit Wood en pensant à l'homme qui avait parlé sur l'estrade sur cette même place le matin même et qui avait donc simplement formulé une requête au Temple.
- Bien, dans ce cas, montons, dit le guide en indiquant une route à leur droite.
- Vers le temple ?
- C'est bien ça. Nous allons emprunter la seule route qui monte sur le plateau du Temple. Celui-ci est entièrement entouré de falaises, comme vous vous en êtes sûrement rendu compte, et seul un passage à l’Est permet d'y monter.
- J'avais vu, en effet, soupira Wood.

Ils suivirent la route qui partaient de celle qui sortaient de la place Est et qui contournait la falaise jusqu'à atteindre la route qui montait sur le plateau. Ils atteignirent alors un embranchement. Sur leur droite se trouvait la continuation de la route dans une rue dans laquelle toutes les maisons étaient en bois et semblaient sur le point de s'effondrer et sur leur gauche se trouvait un chemin en pierre qui entrait dans un parc luxuriant dans lequel de nombreux chants d'oiseaux pouvaient être entendus.

- Donc, reprit le guide, sur votre droite, la Rue Interdite. Seules les personnes autorisées peuvent y pénétrer, à gauche, la route du parc du Temple. C'est par là que nous allons.
- Très bien, dit Wood. Et qui sont les personnes autorisées à rentrer dans la rue interdite ?
- Aucune idée. Mais vu les maisons qui s'y trouvent, on ne doit pas y trouver grand-chose d’intéressant. Si vous me demandez, je suis absolument certains qu'il s'agit de la rue où se trouvent les premières maisons de l'Empire, celle où le Fondateur et sa femme se sont installés.
- Le Fondateur ?
- L'homme qui a été, parait-il, à l'origine de l'Empire.
- Est-il encore vivant ?
- Je ne suis même pas sûr qu'il est vraiment existé, et de plus, l'Empire a été créé il y a tellement longtemps que cela m'étonnerait. Vous feriez bien de vous arrêter à l'endroit où nous nous rendons, vous pourriez vous documenter un peu.
- Merci, soupira Wood alors qu'ils arrivaient à un croisement.
- Sur votre gauche, entre les arbres, vous pouvez apercevoir le Temple, indiqua le guide. Dans le style temple grec, en marbre avec des colonnes partout, vous ne trouverez pas mieux.

Wood observa la forme blanche qu'il était possible d'apercevoir à travers la végétation. Il vit une forme marron dans l'édifice qui lui semblait être la porte.

- Est-il possible d'aller voir de plus près ? demanda Wood.
- Absolument pas, répondit le guide. La seule partie du parc autorisée au public, c’est le chemin sur lequel nous nous trouvons et l'endroit vers lequel nous nous dirigeons. D'ailleurs, si ça ne vous dérange pas, continuons.
- Très bien, je vous suis.

Ils continuèrent à avancer parmi les arbres le long du chemin. Ils finirent par atteindre un bâtiment en forme de dôme. Son toit était doré et demi-sphérique et ses murs, apparemment en marbre, formaient un cercle.

- Voici le Dôme du savoir, reprit le guide. A l'intérieur, vous trouverez tous les parchemins, grimoires ou manuscrits que vous pouvez chercher. Si jamais vous voulez vous documentez sur l'Empire, c'est ici que vous pouvez le faire. Et naturellement, prière de ne pas faire trop de bruit.
- Une bibliothèque, en quelques sortes.
- Tout à fait. Mais les gens qui s'y rendent sont assez rares. Mais bon, la visite s'arrête ici. Si vous avez d'autres questions, vous savez où me trouvez.
- Je n'y manquerai pas, dit Wood.
- Et n'oubliez pas le guide, dit celui-ci en tendant la main.
- Je me disais aussi, marmonna Wood en donnant une pièce d’or au guide.
- Bonne fin de journée, monsieur.
- A vous aussi.

Le guide repartit le long du chemin, laissant Wood devant le Dôme. Le soleil semblant être sur le point de se coucher, Wood décida de retourner vers la place Est afin d'avoir les dernières nouvelles de ce qui avait débuté le matin, et peut-être ainsi comprendre de quoi tout cela retournait. Quand il l'atteignit, une personne vêtue d'une robe blanche ceinte à la taille par une ceinture semblable à celle des Policiers se trouvait au milieu de la foule et semblait être en train de faire une déclaration. Il avait des cheveux bruns assez courts et portait un bouc.

-... et c'est pourquoi le Conseil vous fait savoir qu'il a bien reçu vos revendications. L'enquête qu'impliquent celles-ci prendra, et j'espère que vous le comprendrez, du temps. Il vous est donc demandé de ne pas attendre une réponse immédiate mais de patienter quelques jours. Le Temple vous fera parvenir la date à laquelle il s'exprimera sur le sujet. Je vous remercie de votre attention.

Puis, il transplana, sans aucun doute vers le Temple. Les discussions reprirent autour de Wood qui comprit entre autre que l'homme en blanc qui venait de parler était le porte-parole du Temple. Certains semblaient satisfaits de la déclaration et se préparaient à attendre l’enquête tandis que d'autres, dont le locuteur du matin, émettaient l'hypothèse que ce temps à attendre n'était que la preuve du laxisme dont faisait preuve le Temple par rapport à l'affaire présente. Néanmoins, ils se résignèrent finalement à attendre.
Pour sa part, Wood se dirigea vers le Quartier Marchand, où se trouvait une auberge, le bâtiment d'aspect le plus austère du quartier du fait de ses fenêtres dont les volets s'ouvraient et se fermaient à leur guise et de l'obscurité qui semblait régner à l'intérieure, afin de prendre une chambre pour la nuit.

- Pour combien d'temps ? demanda le vieil homme grisonnant qui tenait l'auberge.
- Je ne sais pas. Il faut que je voie si la ville me plaît avant d'envisager de séjourner ailleurs qu'ici.
-Ouais, ben moi j'vous dis : c'est pas l'meilleur moment pour s'plaire dans la ville. J'ai jamais vu les gens aussi tendus d’puis... Ben en fait, j'crois qu'c'est la première fois que j'les vois aussi tendus.
-Je vois. Je vais donc rester ici jusqu'à ce que la situation se pose et me permette de juger l'état normal de la ville.
-Et ça f’ra combien de temps, ça ?
-Je n'en ai aucune idée.
-Ben, moi non plus !
-Bon, eh bien, disons... je prends une chambre pour une semaine.
-Très bien, ça vous fera quatre pièces d’or et trois de bronze.
-Voilà, dit Wood.
-Bon. Voilà votre monnaie ainsi que la clé de la chambre. Deuxième étage, troisième porte à gauche.
-Merci.

Wood monta les escaliers qui grinçaient à chaque pas et atteint sa chambre au fond d'un couloir aussi sombre que le tapis qui se trouvait au sol semblait vieux. La chambre était assez vaste et contenait un lit, d'apparence délabrée, une table de chevet, une table, une chaise et un miroir, tous ayant l'apparence d'objets âgés. Il soupira en réfléchissant à la situation de l'Empire en observant le visage aux cheveux auburn qui le regardait dans le miroir.
Puis, il secoua la tête et s'allongea sur un lit plus confortable que son état délabré ne laissait l'imaginer tout en se demandant s'il n'aurait finalement pas mieux fait de ne pas revenir. Ou tout du moins, de décaler un peu son retour. Car tomber au milieu de ce qui lui semblait être un début de révolte n'était pas vraiment ce qu'il considérait comme un bon moment.